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Alternatives Economiques ou l'économie dans les lycées


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Voici un papier paru dans Alternatives économiques, seul accès à l'économie dans nombre d'établissements de l'Education Nationale

Une bataille politique de grande ampleur s’est engagée autour de la révélation récente des délits d’initiés commis par les dirigeants du groupe EADS. Un gigantesque rouleau compresseur médiatique est déjà en place. Il répète sur tous les tons que cette affaire serait la conséquence de la présence de l’Etat dans un secteur où il n’aurait rien à faire. Il faut dire que les plumitifs chargés de vendre cette fable disposent de commanditaires puissants et fortunés. Le pouvoir sarkozyste d’un côté. Celui-ci veut pousser les feux de la libéralisation et dédouaner au passage des patrons qui comptent parmi les amis personnels et politiques du président de la République. Rappelons qu’Arnaud Lagardère est même intervenu lors d’un meeting présidentiel de Sarkozy, qu’il appelle « son frère ». Les groupes privés impliqués de l’autre. A moins qu’il ne s’agisse des mêmes. Ce même Lagardère est aussi le propriétaire du premier groupe d’édition français, ainsi que d’un immense consortium de presse, premier éditeur mondial de magazines. Il détient notamment Paris Match, le Journal du Dimanche, Europe 1, RFM et une dizaine de chaînes de télévision. Est-ce un hasard si le journal qui semble le plus courageux pour pointer la responsabilité des groupes privés dans ce délit d’initiés est… le Figaro, propriété de Dassault, éternel concurrent de Lagardère ?

La thèse centrale des voyous privés qui se muent en procureurs de la puissance publique est que l’Etat n’est pas intervenu. Mais il n’avait pas le droit de le faire ! Le pacte d’actionnaires mis en place sous la pression des groupes privés qui y sont majoritaires prévoyait explicitement l’interdiction pour l’Etat de se mêler de la gestion de l’entreprise. D’ailleurs la participation de l’Etat a été placée dans une société palier et celle-ci est représentée par Lagardère au Conseil d’administration d’EADS. De même, ceux qui cherchent à accuser l’Etat français d’avoir pris part au délit d’initié parce que l’Agence qui détient les participations de l’Etat (APE) avait suggéré de vendre les actions d’Airbus font mine d’oublier que le rôle de cette agence est justement de proposer à l’Etat de vendre ses participations dès lors que celles-ci atteignent un cours plafond, hors de toute considération sur leur importance stratégique pour le pays ! Dès lors, on comprend que ce n’est pas l’omniprésence de l’Etat qui est en cause mais bien son effacement méthodiquement organisé par les libéraux. Celui-ci a donné aux actionnaires privés les mains libres pour piller le groupe, s’approprier le fruit de décennies d’investissement public et de travail des salariés d’Airbus. Lorsqu’Airbus était un consortium public, il a su révolutionner les standards de l’industrie aéronautique. En moins de 30 ans, Airbus publique a conquis plus de 50% du marché mondial de l’aviation civile. Dès que les actionnaires privés sont arrivés, ils ont exigé une rentabilité supérieure, réclamé des résultats à court terme, gelé les investissements de long terme et vendu leurs parts à la première alerte de Bourse. Ils se sont abattus sur l’entreprise comme des prédateurs affamés, provoquant par leur avidité un désastre industriel et social. Dès 2002, pour nourrir l’appétit des actionnaires, Airbus prévoyait un plan de 6000 licenciements, heureusement bloqué en partie par l’Etat français. Airbus sera d’ailleurs obligée de recruter quasiment autant de salariés deux ans plus tard avec la relance du carnet de commande, le tout au prix d’une grosse perte de savoir faire et d’un énorme gaspillage humain et économique. Aujourd’hui, le plan Power 8 prévoit 10000 nouvelles suppressions d’emplois avec comme unique objectif de dégager une marge bénéficiaire de 2 milliards d’euros par an. Le communiqué du groupe explique d’ailleurs sans complexe qu’« EADS utilise l’EBIT [mesure du profit] comme indicateur clé de ses performances économiques ». Dans cette logique financière, ni la qualité et la sécurité de la production, ni la part de marché de l’Europe face aux Etats-Unis, ni le niveau et la qualité de l’emploi ne sont pris en compte. C’est avec cette logique financière qu’il faut rompre, en redonnant à l’Etat le pouvoir d’imposer la suprématie de l’intérêt général face aux appétits privés dans des industries vitales pour le développement économique,la sécurité du pays, l’emploi. Le pouvoir actuel cherche à faire l’inverse en se réclamant du désastre d’Airbus pour en aggraver les causes. Ce n’est pas un hasard. Si la droite gaulliste pouvait penser une politique industrielle publique, c’est dans un contexte bien particulier. Le patronat français avait été sorti du jeu politique par la Collaboration dans laquelle il avait très majoritairement versé. Dès lors De Gaulle n’était pas le simple jouet des grands patrons. Il pouvait parfois leur tenir tête et réfréner leurs ardeurs. Cela le distinguait par exemple de la droite américaine, dont les liens avec les milieux d’affaire sont carrément consanguins, comme le montre Bush. Mais Sarkozy n’a pas cette indépendance. C’est une action de plus dans le portefeuille de Lagardère. François Delapierre

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Est-ce un hasard si le journal qui semble le plus courageux pour pointer la responsabilité des groupes privés dans ce délit d’initiés est… le Figaro, propriété de Dassault, éternel concurrent de Lagardère ?

Diable ! Heureusement qu'une entreprise privée est là pour dénoncer un méfait car visiblement on ne peut vraiment pas compter sur l'État impartial et soucieux de l'intérêt général… :icon_up:

Et c'est Alternatives économiques qui le dit. C'est cela qui m'amuse : l'auteur de l'article ne s'aperçoit même pas qu'il démontre pourquoi il est si nocif que l'État se mêle d'économie.

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Voici un papier paru dans Alternatives économiques, seul accès à l'économie dans nombre d'établissements de l'Education Nationale

Si la droite gaulliste pouvait penser une politique industrielle publique, c’est dans un contexte bien particulier. Le patronat français avait été sorti du jeu politique par la Collaboration dans laquelle il avait très majoritairement versé. Dès lors De Gaulle n’était pas le simple jouet des grands patrons. Il pouvait parfois leur tenir tête et réfréner leurs ardeurs. Cela le distinguait par exemple de la droite américaine, dont les liens avec les milieux d’affaire sont carrément consanguins, comme le montre Bush. Mais Sarkozy n’a pas cette indépendance. C’est une action de plus dans le portefeuille de Lagardère.

C'est la réécriture de l'histoire version URSS à ce point. Patrons vichystes vs syndicats résistants, on se demanderait presque comment le CNPF fut fondé par des résistants et comment le dirigeant CGT René Belin s'est retrouvé à Vichy :doigt:

Mais au fait, puisque Bush est l'ami-du-grand-capital-sioniste-international, pourquoi a t'il contribué de manière décisive à faire passer une des législations les plus dures sur l'information comptable des entreprises, législation que même la gauche française n'a pas osé reprendre?

Diable ! Heureusement qu'une entreprise privée est là pour dénoncer un méfait car visiblement on ne peut vraiment pas compter sur l'État impartial et soucieux de l'intérêt général… :icon_up:

:warez:

D'autant qu'Alter Eco a oublié son propre statut, qui est….privé.

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Joli exercice de propagande, malheureusement, ce papier ne sort qu'un tissu de mensonges.

Tout d'abord, avant de parler de pillage d'EADS par des actionnaires privés, l'auteur devrait se souvenir que l'Etat a vendu des participations pour se renflouer, car ses poches sont tout le temps vides du fait de son appétit vampirique pour les dépenses publiques; de fait l'Etat n'a pas le premier sou pour redevenir actionnaire principal d'EADS. L'Etat a ainsi fait d'énormes économies, alors qu'EADS lui assure toujours beaucoup de recettes.

Ensuite, il est absolument faux de dire que l'Etat a perdu la main sur la politique stratégique d'EADS: en fait si l'organisation d'EADS est si déficiente depuis quelques années, ces problèmes trouvent racine dans la friture sur la ligne franco-allemande (les pontes de la boîte ne se font prier pour le dire des deux côtés de la frontière). Ce n'est d'ailleurs vrai ni au niveau de la direction, ni au niveau local, tant EADS est archi-encadré par les pouvoirs publics.

De plus, c'est bien beau de dire qu'on licencie pour satisfaire les appétits des actionnaires, le problème c'est que le marché de l'aéronautique est un marché international et que des concurrents émergent. Sur ce marché, la fluctuation des commandes génère des besoins en main d'oeuvre variables, que le privé peut gérer de manière tout aussi (et même plus) efficiente que le public.

J'ai bien aimé ce passage moi:

Dès que les actionnaires privés sont arrivés, ils ont exigé une rentabilité supérieure, réclamé des résultats à court terme, gelé les investissements de long terme et vendu leurs parts à la première alerte de Bourse.

C'est curieux, car quand on se rappelle les nationalisations des années Mitterrand, on pense:

Dès que l'Etat a nationalisé, il a plombé la rentabilité en réorganisant l'entreprise à des fins politiques, réclamé des résultats à long terme et souscrit des investissements inefficaces, pour revendre ses parts quand la faillite guettait.

et c'est bien plus crédible :icon_up:

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De plus, c'est bien beau de dire qu'on licencie pour satisfaire les appétits des actionnaires, le problème c'est que le marché de l'aéronautique est un marché international et que des concurrents émergent. Sur ce marché, la fluctuation des commandes génère des besoins en main d'oeuvre variables, que le privé peut gérer de manière tout aussi (et même plus) efficiente que le public.

D'autant plus que les victimes de la manipulation dans l'affaire, outre les salariés, sont la majorité des actionnaires… qui paraît il imposent une "dictature" aux entreprises :icon_up:

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De plus, c'est bien beau de dire qu'on licencie pour satisfaire les appétits des actionnaires, le problème c'est que le marché de l'aéronautique est un marché international et que des concurrents émergent. Sur ce marché, la fluctuation des commandes génère des besoins en main d'oeuvre variables, que le privé peut gérer de manière tout aussi (et même plus) efficiente que le public.

Sa montre combien une grande majorité des gens a beaucoup de mal a comprendre que seul une augmentation de l'efficacité permet de faire augmenter reellement les salaires reels… Gagner 2 fois plus pour acheter des trucs 2 fois plus cher (a cause de surefectifs ou de salaires arbitrairemlent trop elevés) n'a que peu d'utilité … les actionnaires n'ont pas grand chose a voir la dedans

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