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Les livres qui comptent


L'affreux

Messages recommandés

Je vous propose un sujet pour présenter et discuter des livres qui vous ont le plus faits progresser. L'objectif est de donner envie de lire, donc évitez de juste mettre un lien amazon, prenez plutôt le temps d'expliquer ce que le livre apporte au lecteur. De plus, évitez la profusion : vous n'êtes pas en train d'énumérer les invités du mariage, vous sélectionnez ici les témoins, ceux qui comptent vraiment.

Et puis ce sera l'occasion de découvrir qui lit plutôt quoi. :icon_up:

Si vous souhaitez ajouter un ouvrage déjà mentionné, n'hésitez pas à le mentionner de nouveau, éventuellement avec une nouvelle explication si celles qui ont été faites ne vous vont pas. Cela devrait rajouter à l'envie de lire.

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Voilà les miens :

Un ouvrage magnifique, historique et humain, qui retrace l'histoire de la traite européenne, des premiers armateurs portugais jusqu'aux abolitions du XIXème siècle. Est abordé aussi le rôle du commerce triangulaire dans le décollage économique de la civilisation occidentale. Un peu d'honnêteté sur cette page de l'histoire européenne, largement occultée par le programme d'histoire de l'éducation nationale française.

=> Les routes de l'esclavage, histoire d'un très grand « dérangement », de Claude Fauque et Marie-Josée Thiel, éd. Hermé.

Un essai d'ethnologie éclairant sur le fonctionnement des échanges économiques et leur rôle social, dans les sociétés primitives. Le point de départ théorique de ce que j'ai compris en Afrique. L'auteur montre notamment comment les prix relatifs des biens peuvent correspondre, vu de l'extérieur, à une répartition qui suit la loi de l'offre et de la demande – c'est à dire à une pénurie relative d'offreurs et de demandeurs en concurrence – alors même que le principe d'établissement des prix est en fait opposé. Attention : un peu long à lire.

=> Age de pierre, âge d'abondance, de Marshall Sahlins, éd. Gallimard.

Un essai passionnant et facile à lire sur les principes qui fondent les systèmes politiques modernes des pays occidentaux. Car les fondateurs n'ont pas voulu construire des démocraties, ils ont construit un type de système mixte aristocratie-démocratie dans un souci d'efficacité et de légitimité. Ensuite seulement le sens des mots à dérapé. Pour comprendre dans quoi l'on vit :

=> Principes du gouvernement représentatif, de Bernard Manin, éd. Flammarion.

La non-violence est une arme qui s'attaque à la légitimité des gouvernements : « It has little to do with shouting slogans and putting flowers in gun barrels. It has everything to do with separating governments from their means of control ». Voilà un livre de combat qui dresse un panorama des conflits du XXème siècle dans lesquels la non-violence a eu un rôle, en en tirant pour chacun les conséquences de ce qui a ou n'a pas fonctionné.

=> A force more powerful, a century of nonviolent conflict, de Peter Ackerman et Jack Duvall, éd. Palgrave.

Les liens Amazon :

Il y en a encore un cinquième : "La Cité de la joie" de Dominique Lapierre, mais je ne l'ai plus sous la main. Quand je le retrouve j'ajoute une présentation.

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Puisqu'il faut faire des choix, je dirais en premier que c'est plus la littérature que les essais politiques ou philosophiques qui m'ont fait progresser. Les essais apportent la connaissance mais ce sont les romans qui vous font changer en profondeur.

L'idiot de Dostoïevsky: la force poétique à l'état brut, le roman russe par excellence (Anna Karénine m'a marqué aussi mais moins puissament). En ce qui me concerne c'est le livre qui m'a fait passer de pro peine de mort à anti peine de mort. Merci au Prince Mychkine et à sa description magistrale des derniers instants du comdamné.

La ligne rouge de James Jones : c'est le plus grand roman de guerre humaniste, halluciné et hallucinant. Une particularité : c'est un exemple unique où le film (de Terrence Malick) et le roman se complètent parfaitement. La déshumanisation de la guerre y est présentée comme jamais (symbolisée par des visages tous interchangeables car couverts de boue dans le film et par la litanie des soldats dans le roman). Un choc esthétique, des personnages charismatiques (Welsh le désabusé héroique, Witt le contemplatif mystique, le colonel Storm qui vit sa guerre comme un accomplissement, l'humanisme du commandant Gaff).

Choke de Chuck Palahniuk. Il fallait en choisir un mais tout roman de la galaxie Palahniukienne est une arme littéraire de destruction massive. Il dynamite tous les codes et est capable de transformer n'importe quelle expérience de la vie quotidienne et lui faire revêtir une signification métaphysique inattendue. Dans choke la base de l'histoire est la suivante : le héro gagne sa vie en simulant l'étouffement dans des restaurants. Il donne ainsi la possibilité à des gens normaux de vivre leur jour de gloire (en le sauvant). Si vous êtes capables de ne prévoir qu'une fois ce qui va se passer dans la page suivant celle que vous lisez je vous offre le livre. Je ne peux me retenir de citer Survivant (à mon avis les deux meilleurs Palahniuk en tous cas tous deux au dessus de Fight Club qui est largement mieux que le film qui lui même est remarquable).

Middlesex de Jeffrey Eugenides. Le souffle épique de l'émigration d'une famille grecque aux états unis. Le style est fabuleux, Eugenides arrive à garder un ton intimiste en revisitant tout le siècle à travers sa famille (de l'incendie de Smyrne par les Turcs en 1922 aux émeutes raciales de Détroit dans les années soixante en passant par la grande dépression de 1929, la seconde guerre mondiale, la prohibition…) Les métaphores sont puissantes (il s'agit d'un adolescent hermaphrodite qui nait femme pour devenir homme : Calliope est en exil intérieur. C'est une étrangère dans son corps tout comme sa grand-mère est reste une étrangère, une émigrée, dans son nouveau pays). Prix Pulizer en 2003, et pour une fois c'est pas un prix qui ne veut rien dire.

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Les Essais de Michel Eyquem de Montaigne.

Présentation de l'éditeur: "L'un des plus grands livres de sagesse qui soit"

L'édition des Essais par Pierre Villey parue en 1924 en trois volumes, était devenue introuvable elle fut reprise par V. L. Saulnier en 1965, dont la préface explique le choix de P. Villey de l'édition de Bordeaux et le travail minutieux réalisé.

Le travail de Pierre Villey est fondé sur l'édition de Bordeaux en 1588 (2e éd des Essais) enrichie des commentaires manuscrits de Montaigne. Une troisième édition est parue en 1595 après la mort de Montaigne à partir des ultimes notes de Montaigne recueillies par P. de Brach et M. de Gournay qui est longtemps passée comme étant la "version officielle et définitive". Mais l'exemplaire dit de Bordeaux reste la version la plus "authentique" dans la mesure où elle comporte les commentaires manuscrits de Montaigne et corrections pour une "sixième édition" destinée à l'imprimeur.

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Voici quelques livres qui comptent à mon avis :

En matière de poésie : Rainer-Maria Rilke, en tout premier lieu ses Élégies de Duino, vraiment d'outre monde : ce sont des méditations existentielles d'une richesse mystique introuvable à un poète européen, mais en même temps d'une rigueur de raisonnement aristotélique et d'une profondeur typiquement allemande; l'expression intime en vers libres du destin spirituel d'un poète incomparable…. Les sonnets à Orphée, écrits en même temps avec les dernières élégies comme un hommage funèbre à une vieille amie, constitue le deuxième grand chef-d'oeuvre poétique de Rilke.

(lecture en original conseillée car c'est un poète presque intraductible, comme tout bon poète d'ailleurs)

Les Maximes de La Rochefoucauld - probablement le plus brillant livre de son genre et l'un des meilleurs en matière de style, concision et profondeur de toute la littérature française.

Syllogismes de l'amertume de Cioran, un La Rochefoucauld vulgaire…du XXième siècle.

La Révolution russe de Richard Pipes - le meilleur compte rendu que j'ai lu à ce sujet, écrit par un ancien conseiller de Ronal Reagan.

Nietzsche, Par-delà bien et mal, un livre qui ne peut pas te laisser indifférent

Phénoménologie de l'esprit, bon exercice de philosophie ex cathedra

A la recherche du temps perdu, c'est le roman parfait à mon avis. Tout au long du livre, qui commence avec l'infance de Marcel et s'achève avec sa mort, on se sent être placé dans la tête-même du personnage, le suivant se dévélopper "de l'intérieur''…le roman touche tous le thèmes essentiels : l'art, l'amour, la mort…le sens de la vie.

L'illusion statistique de Morgenstern, très bonne analyse des principes economiques faite par un illustre economiste autrichien qui est aussi l'un des pères de la théorie des jeux (le livre est très très rare, mais si qulqu'un en veut une copie éloctronique en anglais…envoyez-moi un MP) :

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