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Droits De L'homme Et Droit De Propriété


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  • 3 weeks later...
Invité jabial

Et bien voici ce qu'Ayn Rand pensait des Droits de l'Homme. Je dois dire que ce texte me plaît plus à chaque relecture. :icon_up:

Si on veut prôner une société libre - c'est-à-dire le capitalisme - on doit comprendre que son fondement nécessaire réside dans le principe des droits individuels. Si on veut soutenir les droits individuels, on doit se rendre compte que le capitalisme est le seul système qui puisse le faire et les protéger. Et si on veut jauger la relation entre la liberté et les objectifs des intellectuels d'aujourd'hui, on le peut en constatant que le concept des droits individuels est éludé, dénaturé, perverti et rarement discuté, plus remarquablement encore par les soi-disant « conservateurs ».

Les « droits» sont un concept moral, le concept qui fournit une transition logique des principes guidant les actions d'un individu à ceux guidant sa relation avec les autres, le concept qui conserve et protège la moralité individuelle dans un contexte social, le lien entre le code moral d'un homme et le code juridique d'une société, entre l'éthique et la politique. Les droits individuels sont le moyen de subordonner la société à la loi morale.

Tout système politique est basé sur un code éthique. Les éthiques dominantes dans l'histoire de l'humanité furent des variantes de la doctrine altruiste-collectiviste, qui subordonnait l'individu à une certaine autorité supérieure, soit mystique, soit sociale. En conséquence, la plupart des systèmes politiques furent des variantes de la même tyrannie étatique, différant seulement quant au degré mais non quant au principe fondamental, et uniquement distingués par les hasards de la tradition, du chaos, de conflits sanglants et d'effondrements périodiques. Sous ces systèmes, la moralité était un code applicable à l'individu, non à la société. La société était placée hors la loi morale, comme son incarnation, sa source ou son interprète exclusif. Et l'inculcation de la dévotion auto-sacrificielle au devoir social était considérée comme le principal objectif de l'éthique dans l'existence terrestre de l'homme.

Puisque la «société» n'existe pas comme entité et n'est qu'un certain nombre d'hommes individuels, cela signifiait, en pratique, que les dirigeants de la société étaient exempts de la loi morale; soumis seulement aux rituels traditionnels, ils détenaient le pouvoir total et exigeaient une obédience aveugle en s'appuyant sur le principe implicite selon lequel: «Le bien est ce qui est bien pour la société (ou la tribu, la race, la nation), et les édits des dirigeants en sont l'expression ici bas ».

Cela était vrai pour tous les systèmes étatistes, et pour toutes les variantes de l'éthique altruiste-collectiviste, sous sa forme mystique ou sociale. «( Le droit divin des rois» résume la théorie politique de la première, « Vox populi, vox dei» de la seconde. En témoignent la théocratie de l'Égypte, avec le Pharon comme Dieu incarné, la règle majoritaire ou démocratie illimitée d'Athènes, l'État-providence dirigé par les Empereurs de Rome, l'Inquisition du Moyen Age, la monarchie absolue en France, l'Etat-providence de la Prusse de Bismarck, les chambres à gaz de l'Allemagne nazie et les abattoirs de l'Union soviétique.

Tous ces systèmes politiques étaient l'expression de l'éthique altruiste-collectiviste, et leur caractéristique commune est le fait que la société, souverain omnipotent et arbitraire, se tenait au-dessus de la loi morale. Ainsi, politiquement, tous ces systèmes étaient des variantes d'une société amorale.

La réalisation la plus profondémment révolutionnaire des États-Unis d'Amérique fut la subordination de la société à la loi morale.

Le principe des droits individuels de l'homme représentait l'extension de la moralité au système social, en tant que limitation des pouvoirs de l'État, protection de l'homme contre la force brute du collectif, subordination de la force au droit. Les États-Unis furent la première société morale de l'histoire.

Tous les systèmes précédents avaient considéré l'homme comme un moyen sacrificiel pour les fins d'autrui, et la société comme une fin en soi. Les États-Unis considéraient l'homme comme une fin en soi, et la société comme un moyen pour la coexistence pacifique, ordonnée et volontaire des individus. Tous les systèmes précédents avaient considéré que la vie de l'homme appartient à la société, que la société peut disposer de lui à sa guise, et que ses libertés ne sont que des privilèges accordés en vertu d'une autorisation qui peut être révoquée à tout moment par la société. Les États-Unis considéraient que la vie de l'homme est sienne en vertu d'un droit (ce qui signifie: en vertu d'un principe moral et de par sa nature), qu'un droit est la propriété d'un individu, que la société comme telle n'a pas de droits, et que le seul but moral d'un gouvernement est la protection des droits individuels.

Un «droit» est un principe moral définissant et sanctionnant une liberté d'action, pour un homme, dans un contexte social. Il n'y a qu'un seul droit fondamental (tous les autres sont ses conséquences ou corollaires): le droit d'un homme à sa propre vie. La vie est un processus d'action qui s'auto-génère et s'auto-entretient; le droit à la vie signifie le droit de s'engager dans un tel processus, c'est-à-dire la liberté de prendre toutes les actions requises par la nature d'un être rationnel pour la conservation, le développement, l'accomplissement et la jouissance de sa propre vie. Telle est la signification du droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

Le concept d'un « droit » ne se rapporte qu'à l'action, et spécifiquement à la liberté d'action. Il signifie le fait d'être dégagé de la contrainte, de la coercition ou de l'ingérence des autres hommes.

Ainsi, pour chaque individu, un droit est la sanction morale d'un principe positif, c'est-à-dire de sa liberté d'agir selon son propre jugement, en fonction de ses propres objectifs, en vertu de ses propres choix volontaires, non contraints. A ses semblables, les droits d'un homme n'imposent aucune obligation excepté d'un genre négatif: s'abstenir de violer ses droits.

Le droit à la vie est la source de tous les droits, et le droit de propriété est le seul moyen qui en permette la réalisation. Sans droits de propriété, aucun autre droit n'est possible. Puisque l'homme doit maintenir sa vie par son propre effort, l'homme qui n'a aucun droit au produit de son effort n'a aucun moyen de maintenir sa vie. L 'homme qui produit alors que d'autres disposent du fruit de son effort est un esclave.

Gardez à l'esprit que le droit de propriété est un droit à l'action, comme tous les autres: ce n'est pas le droit à un objet, mais à l'action et aux conséquences de la production ou de l'acquisition d'un objet. Ce n'est pas une garantie qu'un homme acquèrera quelque propriété, mais seulement une garantie qu'il la possèdera s'il l'acquiert. C'est le droit d'acquérir, de conserver, d'utiliser et de disposer de biens matériels.

Le concept des droits individuels est si nouveau dans l'histoire humaine que la plupart des hommes ne l'ont pas compris complètement à ce jour. Suivant l'une ou l'autre des conceptions de l'éthique, la mystique ou la sociale, on affirme que les droits sont un cadeau de Dieu; ou un cadeau de la société. Mais, en fait, la source des droits est la nature humaine.

La Déclaration d'Indépendance affirmait que les hommes « sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables ». Peu importe que l'on croie que l'homme soit le produit d'un Créateur ou de la nature, la question de l'origine de l'homme ne modifie pas le fait qu'il est une entité d'un genre spécifique, un être rationnel, qu'il ne peut agir avec succès sous la contrainte, et que les droits sont une condition nécessaire de son mode particulier de survie.

«La source des droits de l'homme n'est pas la loi divine ou la loi politique, mais la loi de l'identité. A est A, et l'Homme est l'Homme. Les droits sont des conditions d'existence requises par la nature de l'homme pour sa propre survie. Si l'homme doit vivre ici-bas, il est en droit d'utiliser son esprit, il est en droit d'agir selon son propre jugement libre, il est en droit de travailler pour ses valeurs et de conserver le produit de son travail. Si la vie sur terre est son but, il a le droit de vivre comme un être rationnel: la nature lui interdit l'irrationnel ». (Atlas Shrugged)

Violer les droits de l'homme signifie le contraindre d'agir contre son propre jugement, ou exproprier ses valeurs. Fondamentalement, il n'y a qu'une seule façon de le faire: par l'utilisation de la force physique. Il y a deux violateurs potentiels des droits de l'homme: les criminels et le gouvernement. La grande réalisation des États-Unis fut d'établir une distinction entre eux, en interdisant au second une version légalisée des activités du premier.

La Déclaration d'Indépendance posa le principe que « pour préserver ces droits, des gouvernements sont institués entre les hommes ». Cela fournissait la seule justification valide d'un gouvernement et définissait son seul but adéquat: la protection des droits de l'homme en le protégeant de la violence physique.

Ainsi, la fonction du gouvernement passa du rôle de dirigeant à celui de serviteur. Le gouvernement fut établi pour protéger l'homme des criminels, et la Constitution fut écrite pour protéger l'homme du gouvernement. La Déclaration des Droits n'était pas dirigée contre les citoyens privés, mais contre le gouvernement - comme une déclaration explicite que les droits individuels priment tout pouvoir public ou social.

Le résultat fut le modèle d'une société civilisée que, pour la courte durée de quelques cent cinquante ans, l'Amérique fut près de réaliser. Une société civilisée est celle dans laquelle la force physique est bannie des relations humaines, et dans laquelle le gouvernement, agissant comme un policier, peut utiliser la force seulement par représailles et seulement contre ceux qui l'ont d'abord engagée.

C'était la signification et l'intention première de la philosophie politique de l'Amérique, implicite dans le principe des droits individuels. Mais elle ne fut pas formulée explicitement, ni complètement acceptée, ni pratiquée avec cohérence.

La contradiction interne de l'Amérique fut l'éthique altruiste-collectiviste. L'altruisme est incompatible avec la liberté, le capitalisme et les droits individuels. On ne peut concilier la poursuite du bonheur et le statut moral d'un animal sacrificiel.

C'est le concept des droits individuels qui avait donné naissance à une société libre. C'est par la destruction des droits individuels que la destruction de la liberté devait commencer.

Une tyrannie collectiviste n'ose pas asservir un pays par une confiscation en bloc de ses valeurs, matérielles ou morales. Cela doit être fait par un processus de corruption interne. De même que dans le domaine matériel le pillage de la richesse d'un pays est accompli en ayant recours à l'inflation de la monnaie - de même aujourd'hui, on est témoin de l'application du processus inflationniste dans le domaine des droits. Le processus entraîne une telle augmentation de « droits » nouvellement promulgués, qu'on ne remarque pas que la signification du concept est en train d'être inversée. Tout comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, ces « droits champignons » nient les droits authentiques.

Considérez le fait singulier que jamais il n'y a eu une telle prolifération, de par le monde, de deux phénomènes contradictoires: de prétendus nouveaux « droits » et des camps de travaux forçés.

Le «truc» fut le transfert du concept de «droit» du domaine politique au domaine économique.

La plate-forme du Parti Démocrate américain de 1960 résume hardiment et explicitement le transfert. Elle déclare qu'une administration démocrate « réaffirmera la déclaration économique des droits que Franklin Roosevelt inscrivit dans notre conscience nationale il y a seize ans ».

Gardez clairement à l'esprit la signification du concept de « droit » lorsque vous lisez la liste que cette plate-forme offre:

  1. Le droit à un emploi utile et rémunérateur dans les industries, les commerces, les fermes ou les mines de la nation.
  2. Le droit de gagner suffisamment d'argent pour pouvoir à une alimentation, des vêtements et des loisirs adéquats.
  3. Le droit de chaque fermier de cultiver et de vendre ses produits à un rendement qui lui assurera, ainsi qu'à sa famille, une vie décente.
  4. Le droit de chaque homme d'affaires, grand et petit, à faire commerce dans une atmosphère delivrée de la compétition déloyale et de la domination des monopoles, ici comme à l'étranger.
  5. Le droit de toute famille à un foyer décent.
  6. Le droit à des soins médicaux adéquats et l'opportunité d'obtenir et de jouir d'une bonne santé.
  7. Le droit d'être protégé adéquatement des soucis financiers de la vieillesse, de la maladie, des accidents et du chômage.
  8. Le droit à une bonne éducation.

Une seule question ajoutée à chacune de ces huit clauses clarifierait le problème: Aux frais de qui?

Emplois, nourriture, vêtements, loisirs (!), foyers, soins médicaux, éducation, etc., ne poussent pas dans la nature. Ce sont des biens et des services produits par lui. Qui les lui procurera?

Si certains hommes sont habilités en vertu d'un droit aux produits du travail d'autres hommes, cela signifie que ceux-ci sont dépourvus de droits et condamnés aux travaux forcés.

Tout prétendu « droit» d'un homme, qui nécessite la violation de celui d'un autre, n'est pas et ne peut pas être un droit.

Personne n'a le droit d'imposer une obligation non choisie, un devoir non récompensé ou une servitude involontaire aux autres. Il ne peut exister un quelconque « droit d'asservir ».

Un droit n'inclut pas sa réalisation matérielle par autrui; il inclut seulement la liberté de prendre toutes les actions nécessaires pour le réaliser, par ses propres moyens et son propre effort.

Observez, à cet égard, la précision intellectuelle des Pères Fondateurs : ils parlaient du droit à la poursuite du bonheur, pas du droit au bonheur. Cela signifie qu'un homme a le droit de prendre les actions qu'il estime nécessaires pour réaliser son bonheur; cela ne signifie pas que les autres doivent le rendre heureux.

Le droit à la vie signifie qu'un homme a le droit de gagner sa vie par son propre travail Cà n'importe quel niveau économique, aussi haut que son habileté le conduira); cela ne signifie pas que les autres doivent lui procurer les nécessités de la vie.

Le droit à la propriété signifie qu'un homme a le droit d'engager les actions économiques nécessaires pour acquérir des biens, pour les utiliser et en disposer à sa guise; cela ne signifie pas que les autres doivent les lui procurer.

Le droit de libre expression signifie qu'un homme a le droit d'exprimer ses idées sans danger de censure, d'ingérence ou de répression par le gouvernement. Cela ne signifie pas que les autres doivent lui procurer une salle de conférences, une station de radio ou une presse typographique pour qu'il puisse exprimer ses idées.

Une entreprise qui implique plus d'un homme nécessite le consentement volontaire de chaque participant. Chacun d'eux a le droit de prendre sa propre décision, mais aucun d'eux n'a le droit d'imposer sa décision aux autres.

Il n'existe pas de «droit à un emploi»; il y a seulement le droit de libre échange, c'est-à-dire le droit d'un homme d'accepter un emploi si quelqu'un choisit de l'engager. Il n'y a pas de « droit à un foyer », seulement le droit de libre échange, qui signifie, dans ce contexte, le droit de se construire un logement ou de l'acheter. Il n'y a pas de « droit à un salaire ou à un prix équitable », si personne ne choisit de le payer, d'engager un homme ou d'acheter son produit. Il n'y a pas de« droits des consommateurs » que ce soit au lait, aux souliers, aux films ou au champagne, si aucun producteur ne choisit de produire de telles choses; il y a seulement le droit de les produire soi- même. Il n'y a pas de « droits » de groupes spéciaux, tels les « droits» des fermiers, des travailleurs, des hommes d'affaires, des employés, des employeurs, des vieux, des jeunes ou des enfants à naître. Seuls existent les droits de l'homme, droits possédés par chaque homme individuel et par tous les hommes en tant qu'individus.

Les droits de propriété et le droit de libre échange sont les seuls « droits économiques » (ce sont, en fait, des droits politiques) et il ne peut exister de «déclaration des droits économiques ». Observez, toutefois, que les défenseurs de ceux-ci n'ont fait que détruire ceux-là.

Souvenez-vous que les droits sont des principes moraux qui définissent et protègent la liberté d'action d'un homme, en n'imposant aucune obligation aux autres. Les citoyens privés ne sont pas, les uns pour les autres, une menace à leurs droits et libertés. Un citoyen privé qui recourt à la force physique et viole les droits d'autrui est un criminel, et les hommes ont une protection légale contre lui.

Quels que soient l'époque ou le pays, les criminels n'ont toujours représenté qu'une petite minorité. Et le mal qu'ils ont fait à l'humanité est infinitésimal en comparaison des horreurs (massacres, guerres, persécutions, confiscations, famines, asservissements, destructions massives) perpétrés par les gouvernements dans l'histoire. Potentiellement, un gouvernement est la plus dangereuse menace aux droits de l'homme: il détient un monopole légal sur l'utilisation de la force physique contre des victimes légalement désarmées. Lorsqu'il est illimité et non assujetti au respect des droits individuels, un gouvernement est l'ennemi le plus mortel des hommes. Ce n'est pas comme protection contre des actions privées, mais contre des actions gouvernementales, que la Déclaration des Droits fut écrite.

Maintenant, observez le processus par lequel cette protection se fait anéantir.

Le processus consiste à imputer aux citoyens privés les violations spécifiques constitutionnellement interdites au gouvernement (que les citoyens privés n'ont pas le pouvoir de commettre), libérant ainsi le gouvernement de toutes restrictions à cet égard. Ce transfert devient de plus en plus évident dans le domaine de la liberté d'expression. Pendant des années, les collectivistes propagèrent l'idée que le refus d'un individu privé de financer un opposant est une violation du droit à la liberté d'expression de l'opposant, et un acte de « censure ».

C'est de la « censure », prétendent-ils, si un journal refuse d'employer ou de publier des écrivains dont les idées sont diamétralement opposées à sa politique.

C'est de la « censure », prétendent-ils, si des hommes d'affaires refusent de faire de la publicité dans un magazine qui les dénonce, les insulte, et porte atteinte à leur réputation.

C'est de la « censure », prétendent-ils, si un commanditaire de télévision élève une objection à un outrage perpétré pendant un programme qu'il finance - tel l'incident concernant l'invitation de Alger Hiss pour dénoncer l'ex-vice-président Nixon.

Et puis il y a Newton N. Minow qui déclare: « Les publicitaires, de même que les réseaux et leurs filiales, font acte de censure en rejetant la programmation offerte dans leur région, en se fondant sur les indices d'écoute ». C'est le même M. Minow qui menace de révoquer la licence d'émission de toute station qui ne se soumet pas à ses vues sur la programmation, et qui prétend que cela n'est pas de la censure.

Considérez les implications d'une telle tendance.

La « censure » est un terme qui se rapporte seulement à une action gouvernementale. Aucune action privée n'est censure. Aucun individu ou agence privés ne peut imposer silence à un individu ou supprimer une publication; seul le gouvernement peut le faire. La liberté d'expression des individus privés inclut le droit de ne pas être d'accord avec ses adverssaires, de ne pas les écouter ni les financer.

Mais selon une doctrine telle que la « déclaration des droits économiques », un individu ne peut disposer de ses propres moyens matériels en fonction de ses propres convictions, et doit céder son argent sans discrimination à n'importe quel conférencier ou propagandiste, qui a « droit » à ce qui lui appartient.

Cela signifie que posséder les moyens matériels pour exprimer des idées prive celui qui les possède du droit d'avoir des idées. Cela signifie qu'un éditeur doit publier des livres qu'il considère sans valeur, mensongers ou mauvais; qu'un commanditaire de télévision doit financer des commentateurs hostiles à ses convictions; ou que le propriétaire d'un journal doit laisser n'importe quel voyou dénoncer l'asservissement de la presse en page éditoriale. Cela signifie que certains acquièrent le «droit» à une licence illimitée, alors que d'autres sont réduits à une désespérante irresponsabilité.

Mais puisqu'il est évidemment impossible de fournir un emploi, un microphone ou une chronique à tous ceux qui en font la demande, qui déterminera la « distribution» des «droits économiques» et en sélectionnera les bénéficiaires, alors que les droits des propriétaires auront été abolis? Et bien, M. Minow a indiqué cela très clairement.

Et si vous faites l'erreur de penser que cela s'applique seulement aux gros propriétaires, vous feriez bien mieux de comprendre que la théorie des « droits économiques» inclut le « droit » de tout soi-disant dramaturge, poète beatnik, compositeur de bruit ou artiste fantaisiste abstrait (qui ont une influence politique) au soutien financier que vous ne leur donnez pas en assistant pas à leurs spectacles.

Quelle autre signification peut-on donner aux subventions accordées à ces soi-disant artistes, subventions puisées dans l'argent que vous vous êtes fait confisquer par l'impôt?

Et pendant qu'on proclame les « droits économiques », le concept des droits politiques disparaît. On oublie que le droit de libre expression signifie la liberté de défendre ses propres vues et d'en supporter les conséquences possibles, incluant la dissension, la désapprobation, l'impopularité et le fait d'être laissé pour compte. La fonction politique du « droit de libre expression » est de protéger les dissidents et les minorités impopulaires contre la censure - non de leur garantir le secours, les avantages et les récompenses de la popularité qu'ils n'ont pas acquise.

La Déclaration des Droits stipule : « Le Congrès ne fera aucune loi… réduisant la liberté d'expression, ou de la presse… » Elle n'exige pas que les citoyens privés fournissent un micro à celui qui prône leur extermination, un passe-partout pour le cambrioleur qui cherche à les voler, ou un couteau au meurtrier qui veut leur couper la gorge.

Tel est l'état de l'une des questions les plus cruciales de notre temps: les droits politiques contre les «droits économiques ». Il faut choisir, car les uns détruisent les autres. En fait, les « droits économiques », les « droits collectifs », ou les «droits dans l'intérêt public » n'existent pas. L'expression « droits individuels » est une redondance: il n'y a aucune autre sorte de droits et rien ni personne d'autre pour les posséder.

Ceux qui prônent le capitalisme de laissez-faire sont les seuls défenseurs des droits de l'homme.

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Invité jabial
Bouh, vilaine collectiviss' ! :icon_up:

Aaaah, j'étais sûr que tu relèverais ça. Mais tu n'as pas dû lire la suite : son droit à la vie est clairement et classiquement défini comme un droit à la non-interférence, et non comme un droit aux moyens, même essentiels, de vivre.

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Tous les systèmes précédents avaient considéré l'homme comme un moyen sacrificiel pour les fins d'autrui, et la société comme une fin en soi.

Très très juste :icon_up: L'essence du collectivisme, c'est mettre l'homme au service de la société. L'individualisme, c'est l'inverse.

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Aaaah, j'étais sûr que tu relèverais ça. Mais tu n'as pas dû lire la suite : son droit à la vie est clairement et classiquement défini comme un droit à la non-interférence, et non comme un droit aux moyens, même essentiels, de vivre.

Cela ne veut rien dire "droit à la non-interférence". Tout le monde interfère tout le temps avec autrui. Pour preuve, ce forum !

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Cela ne veut rien dire "droit à la non-interférence". Tout le monde interfère tout le temps avec autrui. Pour preuve, ce forum !

Les interférences interpersonnelles, en régime libéral, sont choisies, voulues, libres. C'est l'idée du "leave me alone".

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Cela ne veut rien dire "droit à la non-interférence". Tout le monde interfère tout le temps avec autrui. Pour preuve, ce forum !

je n'interfere pas avec "ta vie" sur le forum, et certainement pas contre ta volonté

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Les interférences interpersonnelles, en régime libéral, sont choisies, voulues, libres. C'est l'idée du "leave me alone".

Leave me alone n'est pas la quintessence du libéralisme, mais de l'autisme érigé en mode de vie. Désolé, mais non, il y aura toujours des interférences non voulues (ce qui ne veut pas dire nécessairement indésirables).

je n'interfere pas avec "ta vie" sur le forum, et certainement pas contre ta volonté

Si, et inversement. :icon_up:

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Leave me alone n'est pas la quintessence du libéralisme, mais de l'autisme érigé en mode de vie. Désolé, mais non, il y aura toujours des interférences non voulues (ce qui ne veut pas dire nécessairement indésirables).

Let me live my own life (alone, if I want), serait plus exact, il est vrai. Mais seul un régime individualiste permet l'erémitisme. (Merci pour l'orthographe)

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Invité jabial
Cela ne veut rien dire "droit à la non-interférence". Tout le monde interfère tout le temps avec autrui. Pour preuve, ce forum !

Ce forum interfère avec un de tes droits? :icon_up:

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Ce forum interfère avec un de tes droits? :icon_up:

Evidemment, si tu rajoutes des mots… Où ai-je parlé d'interférence avec des droits ? Et quand bien même, dans toute société, il existera nécessairement des droits entrant en collision avec ceux d'autres personnes. Ce n'est pas anormal en soi.

Sans même rentrer dans des considérations juridiques, il y a nécessairement des interférences non voulues dans la vie quotidienne de chacun - et il n'y a rien de choquant à cela, c'est la vie. S'il n'y en avait pas, cela signifierait - par exemple - qu'avant d'aller draguer une nana, un gars devrait lui demander la permission de loin en écrivant "Je peux venir parler avec vous?" en caractères gras sur un panneau. Et encore, il y a interférence du panneau avec les yeux de la fille !

Let me live my own life (alone, if I want), serait plus exact, il est vrai. Mais seul un régime individualiste permet l'ermitisme.

Il me semble que parler d'érémitisme est préférable.

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Invité jabial

Je crois que tu confonds interaction et interférence, et bien sûr que je parlais d'interférence entre Droits. Et je soutiens, moi, que dans une société libre, des Droits légitimes ne peuvent entrer en conflit - c'est-à-dire qu'il n'existe pas de situation où le Droit légitime de l'un viole le Droit légitime de l'autre.

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Pas mal ce texte et plutot d'accord sur l'ensemble (exception de la conception du droit a la vie mais ca c'est normal)

Juste pour revenir sur ce passage que je trouve plutot leger:

«Le bien est ce qui est bien pour la société (ou la tribu, la race, la nation), et les édits des dirigeants en sont l'expression ici bas ».

En témoignent la théocratie de l'Égypte, avec le Pharaon comme Dieu incarné, la règle majoritaire ou démocratie illimitée d'Athènes, l'État-providence dirigé par les Empereurs de Rome, l'Inquisition du Moyen Age, la monarchie absolue en France, l'Etat-providence de la Prusse de Bismarck, les chambres à gaz de l'Allemagne nazie et les abattoirs de l'Union soviétique.

Comment doit-on comprendre "illimitee" pour la democratie athenienne? Il me semble justement que cette democratie etait tres limitee, notamment aux seuls "citoyens".

Parler d'Etat-providence pour Rome me parait etre tout simplement anachronique. Les diverses regions de l'empire romain etaient plutot autonomes, quant au terme de "providence" avec quoi peut-il etre rapproche dans la societe actuelle? jene vois vraiment pas.

Passons sur l'Inquisition au moyen-age qui est bien sur un peu plus complexe qu'une simple application de ce que devait etre le bien divin. Enfin on peut y trouver cet argument en partie.

Enfin, parler d'etat-providence pour la Prusse de Bismarck me parait etre une veritable erreur historique. Ou alors il faut prendre le terme d'une maniere differente de la facon dont nous l'entendons aujourd'hui et donc utiliser une autre definition. Bismarck c'etait tout de meme une quantite de mesure tres liberale sur le plan economique, mesures qui ont contribue d'ailleurs a fournir la capacite d'extension du territoire prussien. Je peine vraiment a y trouver un etat-providence, le terme me parait donc particulierement sur-employe.

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[…] Parler d'Etat-providence pour Rome me parait etre tout simplement anachronique. […]

Trois mots. Lex Sempronia Frumentaria.

Enfin, parler d'etat-providence pour la Prusse de Bismarck me parait etre une veritable erreur historique. […]

Deux mots. Soziale Sicherheit.

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Tu peux developper? (mon latin est nul et je suis une truffe en allemand…)

La soziale Sicherheit bismarckienne, c'est une Sécurité Sociale obligatoire s'occupant de maladie, d'accidents du travail, et de retraite. Ce n'est certes pas la Sécurité Sociale beveridgienne, mais cela a suffit pour ouvrir la boite de Pandore : l'Etat pouvait devenir "protecteur" (au pire sens du terme), et forcer les citoyens à payer.

Pour ce qui est de la Lex Sempronia Frumentaria, due à Caius Sempronius Gracchus (comme quelques autres lois de ce genre, permettant d'acheter le peuple et d'affaiblir le Sénat), elle prévoyait que chaque plébéien de la classe des pauvres recevrait, par mois, aux frais du trésor public, une mesure de froment. Autre loi dues aux Gracques, une loi de redistribution agraire ("au delà de telle surface, je prend tout, et je donne aux pauvres"). Sans parler des largesses impériales.

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Je ne connaissais pas le terme en allemand.

Tout a fait d'accord pour ne pas qualifier l'etat bismarckien de liberal, mais il me semble quand meme exagere de parler d'etat-providence, terme qui englobe un controle quasi-total de l'economie et donc une politique de redistribution generalisee a tous les domaines.

Pour ce qui est de l'assurance-maladie, il y a eu certes imposition par l'etat en Prusse mais la gestion restait le fait des ouvriers eux-memes, donc une certaine autonomie par rapport a ce que l'on peut connaitre aujourd'hui.

Sinon effectivement j'ai omis l'imposition d'un regime d'assurance retraite 100% etatique en fin de siecle, innovateur de ce qui verra le jour par la suite un peu partout.

Enfin dans l'optique de l'appui de sa these, l'usage du terme par Rand me parait effectivement adapte meme si un peu anachronique tout de meme pour Rome.

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De toute façon, le passage de Rand que tu mentionnes est aberrant, tant sont mélangés différents problèmes de gravité très variable.

D'autre part, quand Rand affirme que les Etats-Unis seraient la première société morale de l'Histoire, c'est absurde. Elle ne fait que reprendre une conception très gauchiste de l'Histoire, mais en lui donnant un air plus avenant. Cela me rappelle quelque peu la phrase ronflante "Le bonheur est une idée neuve en Europe" de Saint-Just.

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Je crois que tu confonds interaction et interférence, et bien sûr que je parlais d'interférence entre Droits. Et je soutiens, moi, que dans une société libre, des Droits légitimes ne peuvent entrer en conflit - c'est-à-dire qu'il n'existe pas de situation où le Droit légitime de l'un viole le Droit légitime de l'autre.

Et pourtant, cela arrivera toujours. La justice ne sert pas uniquement à punir les criminels et dédommager les victimes, mais également à trancher des conflits entre honnêtes gens.

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Et pourtant, cela arrivera toujours. La justice ne sert pas uniquement à punir les criminels et dédommager les victimes, mais également à trancher des conflits entre honnêtes gens.

Ce que tu dis ne contredit pas ce que dit Jabial. Le rôle de la justice est de determiner ou se trouve le droit. Deux personnes de bonne fois peuvent être en conflit car elle n'arrivent pas a determiner ou ce situe le droit, ce que permet la justice.

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Ce que tu dis ne contredit pas ce que dit Jabial. Le rôle de la justice est de determiner ou se trouve le droit. Deux personnes de bonne fois peuvent être en conflit car elle n'arrivent pas a determiner ou ce situe le droit, ce que permet la justice.

Si, cela contredit son propos, puisque Jabial n'admet pas que des droits légitimes puissent entrer en conflit.

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Tout à fait, l'évergétisme antique n'a strictement rien à voir avec un quelconque État providence.

La Lex Sempronia Frumentaria n'a pas grand chose à voir avec l'évergétisme antique.

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