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Les Confessions Crépusculaires De Jacques Chirac


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Le Monde 10/02/2007

C'est un extraordinaire document. Jacques Chirac a rencontré à plusieurs reprises cet été, puis une dernière fois en janvier, le journaliste Pierre Péan, qui confessa François Mitterrand dans Une jeunesse française (Fayard, 1994). Il en est résulté un autre livre, L'Inconnu de l'Elysée, qui sera publié chez le même éditeur, le 17 février. L'hebdomadaire Marianne (daté 10-16 février) s'est assuré l'exclusivité de ses bonnes feuilles, parues samedi. Elles recèlent des scoops, quelques arrangements avec l'histoire et permettent de mieux lire l'actualité.

A dix semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat s'exprime sur le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. Il remet les choses à leur place. Alors qu'il parle pour la première fois de sa fille Laurence, minée depuis l'âge de 15 ans par l'anorexie - "c'est vraiment le problème de ma vie" -, Pierre Péan l'interroge sur les trahisons politiques au regard de cette souffrance. "Je me fous éperdument que Sarkozy ou tel autre… Je me fous de beaucoup de choses." Il dit encore : "Je suis insensible à la haine et tout aussi insensible au découragement. Je ne crois pas aux sondages, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est ma grande différence avec Sarkozy… Je lui dis toujours : "Arrête de te fier aux sondages !""

Il est vrai que le candidat Chirac ne leur a pas accordé une importance excessive en 1995. Et c'est ancien ! En 1969, Pierre Juillet, au trente-sixième dessous, présente à Georges Pompidou des enquêtes d'opinion déplorables. Au café, où se retrouve l'équipe de campagne, le candidat choisit la terrasse : "Il faut se montrer, avec les sondages que l'on a." Jacques Chirac de rétorquer : "Tout ça ne vaut rien. Vous serez élu." Une petite anecdote que le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, tient de la bouche du président et qu'il a soigneusement rapportée au Monde, il y a peu.

Soyons justes, si les bons sondages de Nicolas Sarkozy l'indiffèrent, le chef de l'Etat reconnaît beaucoup de qualités à son ministre de l'intérieur. "C'est un homme actif, intelligent, un homme politique de premier ordre." En 2002, lorsqu'il l'a nommé ministre de l'intérieur, il a considéré que "c'était un atout pour la majorité et pour la conduite de l'action publique". M. Chirac, qui a souvent reproché au président de l'UMP d'être libéral, atlantiste et communautariste, relève : "c'est une bonne chose, des évolutions de sa part" et "beaucoup de points de convergence".

Sur le communautarisme, "j'ai noté aujourd'hui son adhésion à un principe fondamental à mes yeux : la France n'est pas, et ne sera jamais une addition de communautés. La nation française est une et indivisible". Nicolas Sarkozy est "spontanément plus libéral que moi", souligne aussi le président, portant sur le libéralisme - qu'il appliqua lors des privatisations entre 1986 et 1988 - une cinglante condamnation. "Je suis convaincu que le libéralisme est voué au même échec que le communisme et qu'il conduira aux mêmes excès. L'un comme l'autre sont des perversions de la pensée humaine", dit-il.

Sarkozy l'a ulcéré quand il a critiqué, à Washington, le 12 septembre 2006, l'"arrogance" française et la "grandiloquence stérile" de son pays - il visait Dominique de Villepin - au moment de la crise irakienne à l'ONU. Prudent, M. Chirac se contente de dire qu'il " existe des différences d'approche, s'agissant notamment de la relation avec les Etats-Unis". Il s'explique longuement sur l'Irak, ayant "répété trente-six fois à Bush qu'il commettait une erreur monumentale".

Le président raconte aussi sa version de la prise de la mairie de Neuilly par Nicolas Sarkozy, au nez et à la barbe de Charles Pasqua, en 1983. " J'ai dû rendre un arbitrage. A Pasqua, j'ai dit : "Tu n'iras pas, tu vas laisser ta place à Sarkozy. Il est jeune. Il faut pousser les jeunes". A peine élu, Sarkozy n'a cessé d'expliquer que je n'y avais été pour rien. (…) Cela aurait dû faire tilt…" Bernard Pons a, en fait, souvent raconté que Jacques Chirac l'avait envoyé pour sonder Nicolas Sarkozy. Persuadé de sa détermination à y aller, le président du RPR avait tout simplement laissé faire.

Prudence encore sur la trahison de 1995 : "Il y a un défaut que je n'ai pas, c'est celui d'être rancunier. C'est un sentiment qui m'est totalement étranger." Il assaisonne davantage Edouard Balladur, moquant sa vanité. Mais reconnaît que le lâchage du premier ministre de l'époque, dont il raconte précisément les circonstances, lui a " fait de la peine".

Jeter la rancune à la rivière… Une célèbre expression de 1982, lorsque Giscard et Chirac projetaient de se réconcilier lors d'un déjeuner chez Drouant. Cette rivière n'est pas près de couler. Habituellement discret sur son vieil ennemi, M. Chirac se lâche. Il raconte le fameux dîner à Brégançon, où les Giscard avaient convié leur moniteur de ski et sa femme, en compagnie des Chirac. Les uns très habillés, sur la recommandation d'Anne-Aymone, les autres plutôt sport. Et très gênés. " Cela a été affreux. (…) On ne fait pas des choses comme ça. Ou alors on prévient. (…) Les deux invités étaient terrorisés. Vous vous rendez compte : ils se retrouvaient face au président de la République et au premier ministre, et à leurs épouses en robe longue."

Jacques Chirac explique pourquoi il conserve son amitié à Charles Pasqua, malgré ses fréquentations " hautement contestables". Jean-Charles Marchiani, par exemple, que Chirac nomma, à sa demande, préfet du Var : "un grand tort dans ma vie". "Dans toutes les histoires d'otages où il s'est attribué un rôle, c'était largement bidon", révèle-t-il. "Marchiani réclamait sans cesse de l'argent - que je ne lui donnais pas. Pasqua, lui, voulait que je prélève sur les fonds spéciaux de Matignon", ajoute-t-il.

C'est Jean-Marie Le Pen, auquel il fut opposé au second tour de 2002, qui fait l'objet de sa plus grande exécration. "J'ai toujours été allergique au Front national, c'est quasiment physique, je ne peux supporter tout ce qui est racisme et xénophobie", dit-il. Il s'explique sur la sulfureuse photo témoignant de sa poignée de main avec Le Pen, en 1987 - un coup monté par le président du FN, dit-il. Il "charge" aussi Balladur, qui a essayé de le convaincre, comme Pasqua de pactiser avec Le Pen en 1988 : "Cela Edouard, jamais ! On perdra peut-être les élections, mais si on les perd, ce ne sera pas pour cette raison-là."

Ces valeurs allant souvent de pair avec la défense des opprimés, cela donne lieu, chez Jacques Chirac, à des révélations étonnantes. Il dit comment, approché par le roi du Maroc, Hassan II, à la fin des années soixante, il s'était fait le militant discret de l'ANC (African National Congress), le mouvement qui luttait contre l'apartheid en Afrique du Sud. En clair son porteur de valises.

Il prouve son incontestable culture, ayant laissé dire pendant des années qu'il était "un analphabète"… "Je me disais, au moins on me fout la paix, j'ai mon domaine privé". Et ne cache pas son admiration pour François Mitterrand "homme très intelligent et cultivé, pas du tout comme moi" ! Ils font partie du même club, excessivement restreint, des chefs d'Etat réélus. Ils avaient le même conseiller en communication, René Pilhan. Ils ont désormais le même biographe.

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Ne cherchez plus le reponsable de l'antilibéralisme en France :icon_up: Il fait un rapprochement libéraux/communistes et les libéraux feraient bien d'y prendre garde car cette pique prend l'opinion dans le sens du poil, confortée par le militantisme agressif de certains libéraux intolérants, collectivistes utopistes égarés.

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Ne cherchez plus le reponsable de l'antilibéralisme en France :icon_up: Il fait un rapprochement libéraux/communistes et les libéraux feraient bien d'y prendre garde car cette pique prend l'opinion dans le sens du poil, confortée par le militantisme agressif de certains libéraux intolérants, collectivistes utopistes égarés.

Tu veux parler des anarcaps? Mais l'opinion ne les connais pas. Elle ne voit des libéraux que l'épouvantail qu'on lui montre.

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Tiens, ça me fait penser à une anecdote. Las de cacher mon anarchisme orthodoxe à mes cosciencepoteux, il m'arrive de les bousculer un peu. Extrait d'un dialogue avec un pauvre type de 4ème année qui se la joue intello rive gauche pédant :

Lui : Tu vas voter Royal ?

Moi : Non.

Lui : Ah bon ?

Moi : Oui.

Lui : Bah, tu vas voter pour qui alors ?

Moi : Tu vas être surpris.

Lui : Tu es de gauche ou de droite ?

Moi : Ni l'un ni l'autre, je suis tellement libéral que je suis anar depuis pas mal de temps.

Lui : Ah, libéral de gauche alors !

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C'est du lourd :

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac évoque ses divergences avec le candidat de l'UMP à l'Elysée Nicolas Sarkozy, notamment sur le libéralisme, les Etats-Unis et le communautarisme, dans un livre qui lui est consacré.

"Si vous regardez de près, il y a beaucoup de points de convergence mais il y a aussi des différences de sensibilité, notamment sur la vision du monde", explique le chef de l'Etat dans "L'inconnu de l'Elysée", ouvrage du journaliste Pierre Péan à paraître aux éditions Fayard, dont l'hebdomadaire Marianne a publié samedi les "bonnes feuilles".

"Sarkozy est spontanément plus libéral que moi", estime ainsi le président de la République, pour qui le libéralisme est "une forme de déviance".

"Je suis convaincu que le libéralisme est voué au même échec que le communisme et qu'il conduira aux mêmes excès. L'un comme l'autre sont des perversions de la pensée humaine" , explique le chef de l'Etat, concédant toutefois qu'il "caricature à dessein" en faisant cette comparaison.

"Un bon équilibre, inspiré par la sagesse, se situera à mi-chemin des deux systèmes", estime encore Jacques Chirac.

S'il "existe aussi des différences d'approche, s'agissant notamment de la relation avec les Etats-Unis" et "la question du communautarisme", avec Nicolas Sarkozy, il relève cependant - "et c'est une bonne chose" - des évolutions de la part du ministre de l'Intérieur et président de l'UMP.

Jacques Chirac, auquel Nicolas Sarkozy avait préféré Edouard Balladur lors de la campagne présidentielle de 1995, assure d'autre part qu'"il y a un défaut (qu'il n'a) pas, c'est celui d'être rancunier".

Autre divergence relevée par le chef de l'Etat : "Je ne crois pas aux sondages, qu'ils soient bons ou mauvais", affirme-t-il. "C'est ma grande différence avec Sarkozy … Je lui dis toujours : 'Arrête de te fier aux sondages !'"

"C'est un sentiment qui m'est totalement étranger", dit le chef de l'Etat, qui avait finalement remporté la présidentielle de 1995 et laisse toujours planer le doute sur ses intentions pour la prochaine élection

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Tiens, ça me fait penser à une anecdote. Las de cacher mon anarchisme orthodoxe à mes cosciencepoteux, il m'arrive de les bousculer un peu. Extrait d'un dialogue avec un pauvre type de 4ème année qui se la joue intello rive gauche pédant :

Lui : Tu vas voter Royal ?

Moi : Non.

Lui : Ah bon ?

Moi : Oui.

Lui : Bah, tu vas voter pour qui alors ?

Moi : Tu vas être surpris.

Lui : Tu es de gauche ou de droite ?

Moi : Ni l'un ni l'autre, je suis tellement libéral que je suis anar depuis pas mal de temps.

Lui : Ah, libéral de gauche alors !

Y'en a qui remarquent à Science-Po que Royal, c'est l'absolutisme de la connerie?

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J'espère qu'il est maintenant évident que Chirac se tâte encore pour sa candidature. Son désir de se placer comme le vieux sage de la montagne en témoigne. Au final, je pense qu'on le verra annoncer timidement sa candidature au dernier moment, comme Mitterrand en 1988.

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Tu veux parler des anarcaps?

Non je parle des très jeunes militants libéraux.

J'espère qu'il est maintenant évident que Chirac se tâte encore pour sa candidature. Son désir de se placer comme le vieux sage de la montagne en témoigne. Au final, je pense qu'on le verra annoncer timidement sa candidature au dernier moment, comme Mitterrand en 1988.

Là aussi je veux bien parier contre toi.

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Tu veux transformer liberaux.org en tripot? Ca ne te suffit pas de pouvoir rechercher et exhiber toutes mes prédictions ratées grâce à la magnifique fonction "Recherche" du forum?

Il veut aussi devenir riche, riche, riche, avec 25 cents de plus !

ah ah ah ah ah - rire sardonique - ah ah ah

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Ces valeurs allant souvent de pair avec la défense des opprimés, cela donne lieu, chez Jacques Chirac, à des révélations étonnantes. Il dit comment, approché par le roi du Maroc, Hassan II, à la fin des années soixante, il s'était fait le militant discret de l'ANC (African National Congress), le mouvement qui luttait contre l'apartheid en Afrique du Sud. En clair son porteur de valises.

Bref, le tiers-mondisme chiraquien ne date pas d'hier. Et dire qu'il y en a encore pour le croire et l'étiquetter à droite…

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