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Le néo-libéralisme


poney

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Peut-être dans l'entre-deux. Par exemple, quand on parle d'autonomisation des universités, et de la concurrence au niveau mondial, on ne règle pas l'économie (donc on est pas dans le constructivisme d'Hayek), on est bien dans une rationnalisation/gestion d'un "bien" de l'Etat, dans une perspective de concurrence, avec en toile de fond, une sorte de marché un peu mou qui serait dynamisé par l'Etat.

C'est comme ça que je comprends le néo-libéralisme.

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Les objectifs sont différents, les méthodes pour faire en sorte que les objectifs soient remplis ne le sont pas nécessairement.

Heu, si. ça c'est la leçon 101 de tout cours de management : le principe de contingence.

Si contexte A =/= de contexte B. Alors le mode de management adapté à A n'est pas adapté à B.

Et c'est bien pour ça que je pense très sincèrement que dans la plupart des administrations publiques il y a absence de gestion. On applique des procédures sans jamais réfléchir à leur adaptation à la situation, aux objectifs. Le New Public Management, c'est la même chose : importation sans précaution et sans adaptation de techniques de management censés être celles qui marchent dans le privé (ce qui en soi n'a déjà pas de sens, comme s'il n'existait qu'un seul mode de gestion d'entreprise).

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Mais on n'explique pas du tout pourquoi la qualité du management public est condamnée a stagné ad vitam aeternam sans aucun espoir d'amélioration.

J'aurais bien une hypothèse d'explication : alors que le manager du privé agit en acteur, le manager fonctionnaire adopte un comportement "agentique" (au sens de Stanley Milgram).

Agir en acteur : agir et réagir en tenant compte des conséquences de ses actes, et notamment en tenant compte des effets de son action sur les clients.

Du coup, ce qui est considéré comme être un "bon professionnel" dans le privé, c'est d'agir avec "responsabilité" (au sens plein du terme).

Ce qu'illustrait très bien Chitah :

Le manager, par exemple, se dit : "tiens, l'an dernier on a fait 1 milliard de bénéfices qu'on peut réinvestir, je compte proposer de développer le marché X, le produit Y, d'aller s'installer dans le pays Z, etc". Ou alors il se dit "mince, je fabrique des XXX, le fabricant du YYY va s'installer sur mon marché, que faire pour rester compétitif?".

Le manager public ne se dit pas du tout cela, ce genre de questionnements lui est totalement étranger, et il en a d'autres absolument différents.

Agir en agent : c'est agir conformément à ses engagements à l'égard de l'autorité. La règle, c'est la règle. Elle doit être mise en œuvre puisqu'on accorde de la légitimité à l'autorité qui l'a pondue. Et qu'importe les effets de son action ! Combien de fois j'ai pu observer ce comportement chez des fonctionnaires qui exécutent avec abnégation des actions dont ils perçoivent l'inutilité.

Le "manager fonctionnaire" se dit : "tiens, l'an dernier on avait la circulaire machin à appliquer, cette année, nouvelle directive, il nous faut mettre en place la procédure bidule, je vais m'empresser de lire le bulletin officiel pour voir quels sont les tableaux à faire faire à Josiane pour la bonne mise en œuvre du bazar…"

Du coup, être un "bon professionnel" dans le public, c'est réaliser les tâches conformément aux règles, se sentir engagé à l'égard de l'autorité, avec toute la déresponsabilisation que cela suppose.

De ce que j'ai pu observer, le fonctionnaire n'a pas l'état d'esprit d'un manager. Tout effort de rationalisation de l'administration française, par l'introduction de techniques de management du privé, me paraît, en l'état actuel, voué à l'échec.

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Le problème c'est que l'état mesure sa performance à l'aune de l'argent dépensé…

Prenons le logement par exemple, selon l'état lui même, quel est le succès, quel est l'échec d'une mesure ?

S'il y avait un but chiffré une mesurer de tout % de l'objectif atteint, ce serait déjà byzance.

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Le problème c'est que l'état mesure sa performance à l'aune de l'argent dépensé…

Prenons le logement par exemple, selon l'état lui même, quel est le succès, quel est l'échec d'une mesure ?

S'il y avait un but chiffré une mesurer de tout % de l'objectif atteint, ce serait déjà byzance.

Néanmoins L'état devrait s'occuper de fixer des règles simples en matière d'aménagement du territoire en appliquant le principe de subsidiarité.

Le problème c'est que la politique du logement finance davantage les promoteurs "sociaux" qui sont devenus aujourd'hui de vastes conglomérats ne construisant plus simplement des logements sociaux, mais des bureaux, des surfaces commerciales, réalisant des opérations de marchands de biens , assurant tous les services immobiliers possibles. Ils ont donc un immense patrimoine amorti et subventionné leur permettant d'avoir des ratio de cash-flow supérieur aux opérateurs et intervenants non subventionnés. De plus dans certaines agglomérations , ils sont prioritaires vis à vis des sociétés d'aménagements mixtes ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes.

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Si j'ai bien compris, ce que tu appelles Etat managérial, c'est lorsque l'Etat règlemente l'économie. Amha, il vaut mieux dans ce cas utiliser le vocabulaire de Hayek pour désigner ça, car, grosso modo, c'est l'Etat planificateur, l'Etat constructiviste.

La planification décrite par Mises et Hayek comme pathologie de la démocratie, une pente totalitaire pour le premier ou une route de la servitude pour le second, c'est autre chose que la règlementation. La planification a pour conditions l'abolition de la concurrence et la destruction du système des prix. Encore que pour nuancer chez Hayek, au plus fort de sa période anticonstructiviste, il y a l'idée que toute introduction de règles rationnelles non catallactiques est déjà un pas franchi vers la tyrannie. Et chez Mises, on trouve aussi l'idée que toute mesure bureaucratique est déjà un embryon de totalitarisme. D'où leur grande méfiance envers la démocratie, qui leur est justement reprochée par les antilibéraux.

Or le paradime néo-libéral (bien compris) s'inscrit dans une toute autre orientation : un Etat qui agit dans le cadre de l'économie de marché, produit les conditions techniques de la concurrence dans un souci d'efficacité économique, soit par le pilotage de la monnaie et du système bancaire, soit par la construction institutionnelle du marché. Typiquement comme je l'ai rappelé, c'est la logique de la réglementation européenne, avec ses commissaires tatillons chargés de surveiller le bon déroulement de la concurrence.

Ce dont parle F.mas est différent, c'est l'Etat qui tente d'optimiser son fonctionnement interne en vue de réaliser les choix politiques. Là, oui, on est bien dans la gestion.

En quoi est-ce différent? L'ordre politique essaye généralement de faire correspondre les moyens aux fins. Si l'on prend comme critère la méthode d'organisation, il s'agit du même paradigme technique, qu'on peut résumer par le concept de gouvernance. La gouvernance implique à la fois une orientation donnée par des experts, des agents rationnels et calculateurs, et une efficacité dans la gestion. La gouvernance peut s'appliquer à une entreprise ou à toute organisation politique.

Du coup je ne vois pas pourquoi parler d'Etat managérial (l'organisation) pour désigner l'Etat néolibéral (l'orientation).

Fins et moyens, deux plans de la même organisation. D'ailleurs la théorie des choix publics suppose que les politiciens vont se comporter comme des agents rationnels, et les partis comme des entreprises visant à maximiser leurs gains.

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Ce dont parle F.mas est différent, c'est l'Etat qui tente d'optimiser son fonctionnement interne en vue de réaliser les choix politiques. Là, oui, on est bien dans la gestion. Et je serai bien sûr d'accord pour dire que l'Etat tente actuellement d'introduire de la gestion dans sa façon de fonctionner (de façon maladroite, inadaptée… foireuse disons-le clairement, mais c'est une autre question). Mais je ne vois vraiment pas en quoi cela serait le trait du néolibéralisme ?? On peut très bien chercher à optimiser la gestion de l'Etat en vue de satisfaire des objectifs socialistes ! (ce qui correspond d'ailleurs plutôt à ce qui est fait en France, en fait).

Du coup je ne vois pas pourquoi parler d'Etat managérial (l'organisation) pour désigner l'Etat néolibéral (l'orientation).

Quand je parle de néolibéralisme, je désigne justement une orientation, ou une idéologie politique compatible avec l'Etat managérial (l'organisation et donc l'ethos de ses organisateurs). Comme tu le dis, la même organisation peut aussi orienter des objectifs socialistes (ou néosocialistes…une remarque en passant : l'évolution du libéralisme vers le néolibéralisme et le conservatisme vers le néoconservatisme aux usa vient aussi de là : l'acceptation par les nouvelles élites politiques d'un appareil d'Etat essentiellement gouvernés par des experts au sein duquel leur marge de manoeuvre apparaît comme imitée qui ne leur offre qu'une marge de manœuvre limitée).

Ce qui me paraît néo dans le néo libéralisme, c'est justement l'adaptation du libéralisme à ce mode d'organisation particulier, qui doit à mon avis subir la même critique que le socialisme, car le seul libéralisme compatible avec l'état gestionnaire ou managérial est une forme d'utilitarisme modéré qui accepte l'existence d'un état aux compétences relativement larges (en tout cas qui dépasse largement les prérogatives de l'état veilleur de nuit) et qu'il est souvent assimilé à l'ensemble des courants libéraux.

Ps : je reconnais qu'il y a un flou sémantique sur l'expression. Burnham et Gottfried parlent d'Etat managérial, Rosanvallon d'Etat gestionnaire et Gauchet d'Etat social pour désigner à peu près la même chose.

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A ce stade, c'est bien plus que du flou sémantique. Quand une notion ("Etat managérial", ici) peut désigner tout et son contraire, c'est qu'on est face à un mot générique qui n'aide plus à penser puisqu'il désigne tout un champs d'idées variées et parfois opposées.

Si vous désignez par "Etat managérial" le fait pour l'Etat de choisir une organisation pour mettre en œuvre sa politique, ou le fait de "faire correspondre les moyens aux fins", ce qui est en effet une définition générique de la gestion, alors tout Etat peut être "gestionnaire" ou "managérial" quel que soit le régime politique choisi, qu'il soit coco, socialiste, social-démocrate, néocon, fasciste, nazi ou que sais-je…

Partant de là, dire que le néolibéralisme se caractérise par un "Etat managérial", c'est au mieux trivial, mais ce n'est en rien un trait particulier de cette idéologie politique. FJ, j'entends bien ta distinction entre néolibéralisme et collectivisme pur jus (et c'est bien ainsi que je le voyais aussi), mais dans les deux cas cela nécessite un mode de gouvernance et donc un "Etat managérial". C'est bien ce que je me tue à vous dire depuis le début, le "management", c'est une discipline, au même titre que l'économie par exemple, ce n'est donc pas un concept ou une notion qui caractérise un mode de gouvernance précis.

@F.mas

une remarque en passant : l'évolution du libéralisme vers le néolibéralisme et le conservatisme vers le néoconservatisme aux usa vient aussi de là : l'acceptation par les nouvelles élites politiques d'un appareil d'Etat essentiellement gouvernés par des experts au sein duquel leur marge de manoeuvre apparaît comme imitée qui ne leur offre qu'une marge de manœuvre limitée).

ça c'est la critique classique des travers technocratiques. Pourquoi parler d'Etat managérial pour désigner ça ? Considères-tu que management et technocratie sont synonymes ?

le seul libéralisme compatible avec l'état gestionnaire ou managérial est une forme d'utilitarisme modéré qui accepte l'existence d'un état aux compétences relativement larges (en tout cas qui dépasse largement les prérogatives de l'état veilleur de nuit) et qu'il est souvent assimilé à l'ensemble des courants libéraux.

Pas d'accord. Et c'est un mauvais procès adressé au "néolibéralisme". Quand bien même l'Etat serait limité aux fonctions régaliennes (libéralisme classique), il nécessiterait d'être géré (et donc un "Etat gestionnaire").

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A ce stade, c'est bien plus que du flou sémantique. Quand une notion ("Etat managérial", ici) peut désigner tout et son contraire, c'est qu'on est face à un mot générique qui n'aide plus à penser puisqu'il désigne tout un champs d'idées variées et parfois opposées.

Si vous désignez par "Etat managérial" le fait pour l'Etat de choisir une organisation pour mettre en œuvre sa politique, ou le fait de "faire correspondre les moyens aux fins", ce qui est en effet une définition générique de la gestion, alors tout Etat peut être "gestionnaire" ou "managérial" quel que soit le régime politique choisi, qu'il soit coco, socialiste, social-démocrate, néocon, fasciste, nazi ou que sais-je…

(…)

@F.mas

ça c'est la critique classique des travers technocratiques. Pourquoi parler d'Etat managérial pour désigner ça ? Considères-tu que management et technocratie sont synonymes ?

(…)

La différence fondamentale entre constitutionnalisme classique et l'état managérial, c'est la création de l'administration publique à la fin du 19e (en réponse aux transformations de la société civile dûes à la révolution industrielle). Se pose alors la question de sa légitimité et de son rôle. En Angleterre et aux USA, l'organisation administrative nouvelle, de la bouche même de ceux qui en font la promotion, est censée prendre le relais du parlementarisme classique et enterrer le vieux système de checks and balances (cf, Wilson). En France, ça donne naissance à l'école du service public qui met l'administration publique sur un pied d'égalité avec les représentants élus (cf Rosanvallon).

Son rôle devient avec la création de l'Etat providence celui de redistribuer les fruits de la croissance économique, pour reprendre une idèe chère à JS Mill, et qui ne déplairait pas aux keynesiens et socialistes qui lui succéderont.

Depuis, l'administration n'a cessé de grossir et de changer de discours de légitimation : comme elle ne peut pas prétendre être issue de la volonté populaire, ses théoriciens ont cherché l'assentiment des populations en utilisant plusieurs discours. Ca sera celui pseudo scientifique de l'ingénierie sociale (dans la veine de J Dewey), du service public, de l'économie sociale, etc. tout ça recouvrant toujours la même structure : une classe de "techniciens" se tient entre les élus et le peuple, dont les discours et les politiques doivent apparaître suffisamment impartiales et universels pour être utilisés et acceptés par les décideurs politiques et la population.

Cette structure correspond à un stade d'évolution de l'Etat moderne, et selon Burnham, se retrouve autant dans les démocraties que dans les totalitarismes (je note au passage qu'à mon avis la "découverte" d'une telle structure doit lui venir de sa culture trotskiste antistal), et corsètent les politiques publiques de manière assez similaires.

Maintenant, pourquoi parler d'état managérial ? Au delà du langage managérial employé par ces techniciens, qui leur offre un fondement idéologique "neutre" acceptable par les élus comme par les administrés, la réorganisation de l'administration publique des Etats contemporains depuis les années 30 environ s'inspireraient largement des normes en matière de management créés avec l’émergence du capitalisme industriel de la fin du 19e dixerunt Burnham, Aron et Gauchet.

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La différence fondamentale entre constitutionnalisme classique et l'état managérial, c'est la création de l'administration publique à la fin du 19e (en réponse aux transformations de la société civile dûes à la révolution industrielle). Se pose alors la question de sa légitimité et de son rôle. En Angleterre et aux USA, l'organisation administrative nouvelle, de la bouche même de ceux qui en font la promotion, est censée prendre le relais du parlementarisme classique et enterrer le vieux système de checks and balances (cf, Wilson). En France, ça donne naissance à l'école du service public qui met l'administration publique sur un pied d'égalité avec les représentants élus (cf Rosanvallon).

Son rôle devient avec la création de l'Etat providence celui de redistribuer les fruits de la croissance économique, pour reprendre une idèe chère à JS Mill, et qui ne déplairait pas aux keynesiens et socialistes qui lui succéderont.

Depuis, l'administration n'a cessé de grossir et de changer de discours de légitimation : comme elle ne peut pas prétendre être issue de la volonté populaire, ses théoriciens ont cherché l'assentiment des populations en utilisant plusieurs discours. Ca sera celui pseudo scientifique de l'ingénierie sociale (dans la veine de J Dewey), du service public, de l'économie sociale, etc. tout ça recouvrant toujours la même structure : une classe de "techniciens" se tient entre les élus et le peuple, dont les discours et les politiques doivent apparaître suffisamment impartiales et universels pour être utilisés et acceptés par les décideurs politiques et la population.

Cette structure correspond à un stade d'évolution de l'Etat moderne, et selon Burnham, se retrouve autant dans les démocraties que dans les totalitarismes (je note au passage qu'à mon avis la "découverte" d'une telle structure doit lui venir de sa culture trotskiste antistal), et corsètent les politiques publiques de manière assez similaires.

Maintenant, pourquoi parler d'état managérial ? Au delà du langage managérial employé par ces techniciens, qui leur offre un fondement idéologique "neutre" acceptable par les élus comme par les administrés, la réorganisation de l'administration publique des Etats contemporains depuis les années 30 environ s'inspireraient largement des normes en matière de management créés avec l’émergence du capitalisme industriel de la fin du 19e dixerunt Burnham, Aron et Gauchet.

Extrêmement intéressant.

Mais une remarque, sur la phrase soulignée. Effectivement on a les trois catégories, le peuple, les élus, les techniciens. J'ajouterai à cela deux choses.

D'abord, concernant les élus et les techniciens : ces deux groupes se recouvrent largement et il existe des passages de l'un à l'autre. En observant Les Verts, un des derniers partis à s'être intégré au "système", on voit qu'ils ont eu une première période "baba cool", ou en gros ils ne pesaient rien, puis une seconde où, selon les dires de Cécile Duflot, ils sont "devenus des technos, [ils] ont peu à peu commencer à peupler les Sociétés d'Economie Mixte, etc." Ici, j'ai l'impression que le discours gestionnaire sert à se faire "adouber" par la technocratie, il y a un enjeu pour les politiciens de montrer qu'ils se font bien voir des techniciens. Exemple encore plus typique : Marine Le Pen et son parti qui, quoiqu'elle dise, cherche à pénétrer le système. Elle montre patte blanche en exhibant son énarque à elle. Et beaucoup de techniciens, énarques, considèrent la politique comme un moyen d'accéder à l'échelon supérieur de pouvoir. Si on n'est "que" technicien, alors le poste maximum dans une mairie est directeur général des services (l'exécutant des ordres du cabinet du maire), dans un ministère c'est délégué général, là aussi aux ordres de… etc.

Ensuite, concernant les élus et le peuple. Il y a peuple et peuple, l'un regroupant presque tout le monde, les gens normaux, et la partie du peuple qui regroupe les activistes syndicaux, associatifs, etc. Eux sont une clientèle privilégiée des politiciens. Et ces activistes cherchent à se faire bien voir des politiques. Il existe même toute une filière identifiée à gauche de promotion professionnel par passage par "les associations", on citera notamment SOS Racisme.

Et on retrouve donc deux gros types de politiciens : l'aristocrate, l'énarque, entré en politique en passant par les cabinets divers et variés, et le représentant de la société civile, tous deux issus des zones de recouvrement entre les trois groupes sociaux que sont les élus, les techniciens, le peuple.

C'était juste pour prolonger un peu le post de F.mas.

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Merci pour ce fil messieurs, je me coucherai moins bête.

Sur l'application du management au public: comme l'explique Mises, le problème, c'est l'absence de prix. Plus on se approche d'avoir un prix plus on s'éloigne du public (du recours à la force) et vice versa.

Aujourd'hui on tente d'appliquer les méthodes du privé sans prix (ou avec des simulacres grotesques), et je suis donc avec Largo et Chitah et contre Free Jazz et F.mas

De plus, c'est Apollon qui a raison: ils ne font ça que pour nous sucer plus.

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Aujourd'hui on tente d'appliquer les méthodes du privé sans prix (ou avec des simulacres grotesques), et je suis donc avec Largo et Chitah et contre Free Jazz et F.mas

Exemple typique : la T2A, la Tarification A l'Activité, en gros il s'agit d'inventer une grille de prix, et de ne financer les hôpitaux que sur la base de celle-ci. Un hôpital fait 100 actes que la T2A évalue à 10 000€, il reçoit alors 1M€. Mais il y a des problèmes concrets, voir wikipedia :

La tarification à l'activité (T2A) est devenue brutalement la seule source de financement pour les activités de court et moyen séjours des établissements publics de santé (EPS). Or, les tarifs établis par l'état pour certains actes médicaux sont sous-évalués et ont plongé l'ensemble des EPS dans des déficits massifs. L'hôpital public doit ainsi assumer des activités qui lui coûtent plus qu'elles ne lui rapportent. Le système hospitalier français fonctionne depuis sa mise en place avec des objectifs contradictoires (conflit d'objectifs) : l'hôpital doit fournir plus de qualité des soins, plus de sécurité, plus d'offre de soins avec plus de contraintes budgétaires. De plus, les services hospitaliers se voient dans l'obligation d'avoir une activité cotable importante afin de maintenir leur budget ; ceci a conduit à diminuer les actes prescrits pour les soins effectués au domicile des patients, contribuant à réhospitaliser ces mêmes patients pour des soins mineurs qui se faisaient auparavant à leur domicile. L'augmentation de l'activité des services hospitaliers est due en partie à ce paradoxe ; certains patients se voient hospitalisés par exemple pour une série de pansements ou de perfusions, ou même parfois en consultation externe dans les services d'urgence pour une ablation de fils3.

Le pire de l'économie administrée, avec le cauchemar de l'entrepreneur, à savoir un prix qui échappe totalement à son contrôle, beaucoup plus que dans le secteur privé.

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Sur l'application du management au public: comme l'explique Mises, le problème, c'est l'absence de prix. Plus on se approche d'avoir un prix plus on s'éloigne du public (du recours à la force) et vice versa.

Aujourd'hui on tente d'appliquer les méthodes du privé sans prix (ou avec des simulacres grotesques), et je suis donc avec Largo et Chitah et contre Free Jazz et F.mas

De plus, c'est Apollon qui a raison: ils ne font ça que pour nous sucer plus.

Sur la question de l'efficacité des méthodes managériales au public, je suis d'accord avec tout le monde, c'est d'ailleurs ce que je dis en #81 et #87, mais en me référant à la théorie de la firme de R. Coase, ce qui revient peu ou prou dans ce cas précis à ce que tu dis sur Mises.

Je me contente d'affirmer que l'organisation de l'Etat s'inspire des méthodes managériales et plus récemment du discours managérial pour organiser ses services, et que tout ceci à une efficace, c'est-à-dire que ça produit des effets. C'est un peu comme la maîtrise d'une langue : on peut bien ou mal la parler, mais dans les deux cas, ça produit des effets sur les comportements. Dans le cas présent, l'application des thématiques managériales au sein des administrations publiques se font, et ne peuvent sans doute se faire qu'à tort et à travers, mais ça se fait (ce qui revient à dire que dans tous les domaines, décidément, l'Etat introduit de la fausse monnaie, y compris dans le management et la gestion !). La Lolf, ce ne ne peut être pas de bonnes pratiques, mais c'est clairement inspiré du discours managérial.

Je précise ça parce que je veux encore aller un peu plus loin, en m'inspirant de ce que dit M. Gauchet dans le second tome de son ouvrage sur l'avènement de la démocratie (je précise pour ceux qui voudraient lire le passage directos dans le bouquin).

L'organisation administrative de l'Etat s'est inspiré des méthodes d'organisation de l'entreprise à un moment particulier de l'histoire du capitalisme, lors de son essor industriel. Ce moment a été interprété par une bonne partie des économistes -Marx en tête- et des industriels de l'époque comme correspondant à un de ses stades de développement, celui de la concentration capitalistique précédent l'évolution vers la monopolisation des moyens de production par une fraction plus étroite de la haute bourgeoisie.

Pour Gauchet, il s'agit du moment de la systématisation du capitalisme, qui commence autour des années 1850-1860, et qui correspond à l'introduction de la société anonyme par actions et la banque de détail en réseau. Cela aura pour résultat l'évolution vers la dématérialisation de la propriété et une nouvelle organisation du travail (cf taylor).

Cette systématisation va participer paradoxalement à la crise et à la remise en cause du libéralisme classique (crise qui se prolonge jusque dans les années 30, époque où disparaissent la plupart des régimes libéraux en Europe) qui reposait essentiellement sur l'idée d'individu souverain. A l'ère des organisations publiques et privées, l'entreprise individuelle, la petite propriété privée et le government by discussion apparaissent comme des vieilleries bonnes à foutre au feu aux yeux des décideurs politiques les plus "avancés", des capitaines d'industries et de la haute administration publique (faut pas oublier que c'est aussi l'âge d'or de l'impérialisme). Ils ne jurent que par le plan, la science et le progrès, et les théories de Locke et consorts ne correspondent plus à la réalité telle qu'elle est vécue alors.

Tout ceci va avoir une importance déterminante sur le retour au(x) libéralisme(s) politique(s) aujourd'hui, qui se positionnent tous en quelque sorte par rapport à cette contradiction entre libéralisme classique et l'Etat nouveau (comme le beaujolais).

D'un côté, on aura le néolibéralisme, qui regroupe tous les auteurs qui pensent que les éléments essentiels du vieux libéralisme sont tout à fait compatibles avec l'Etat nouveau, et que la contradiction révélée au 19ème peut être surmontée en l'intégrant à sa théorie et à sa pratique, à condition de dédier l'administration à l'institution du marché et à la dérégulation.

De l'autre, il y a le libertarisme, qui regroupe les types qui pensent que le vieux libéralisme n'est pas compatible avec l'Etat nouveau, mais que la contradiction apparue au 19e met en lumière à la fois les limites du libéralisme classique (le parlementarisme et le constitutionnalisme, ça n'a pas marché) et la logique de l'Etat (l'Etat nouveau n'est qu'un moment de son stade de développement, et son expertise revendiquée du pipotage afin de légitimer l'extension de ses prérogatives).

Je pourrais ajouter les tenants du libéralisme classique, qui, quant à eux, ne voient pas que cette contradiction révélée au 19ème siècle comme essentielle, et qui pensent qu'on peut revenir purement et simplement au gouvernement représentatif d'avant les années 1850 comme une fleur.

A titre personnel, je suis plutôt du côté du libertarisme, ce qui ne veut pas dire que les autres options ne sont pas libérales, mais qu'elles me semblent fausses.

ps : l'article de Fayol est effectivement très intéressant !

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La Lolf, ce ne ne peut être pas de bonnes pratiques, mais c'est clairement inspiré du discours managérial.

Concrètement, en quoi la LOLF s'inspire-t-elle du discours managérial ? Il s'agit bien entendu d'un effort de rationalisation du droit existant, et comme tout effort de rationalisation législatif, ça ne marche pas très bien. Mais quid du management dans tout ça ?

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Concrètement, en quoi la LOLF s'inspire-t-elle du discours managérial ? Il s'agit bien entendu d'un effort de rationalisation du droit existant, et comme tout effort de rationalisation législatif, ça ne marche pas très bien. Mais quid du management dans tout ça ?

D'un autre côté je comprends pourquoi F.mas dit cela : toutes ces procédures, LOLF, RGPP, etc. ont été mises en place par des cabinets de conseil spécialisés dans le management justement.

Et second point : la LOLF, c'est très étendu comme concept, il n'y a pas que les textes législatifs, voir la fiche WP http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_organique_relative_aux_lois_de_finances

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"Concrètement", pourquoi redécrire un texte dans un langage qui apparaît aujourd'hui plus rationnel qu'hier, alors que pendant trente ans, une ordonnance écrite dans le langage poétique de l'administration suffisait aux administrateurs comme aux administrés ?

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D'un autre côté je comprends pourquoi F.mas dit cela : toutes ces procédures, LOLF, RGPP, etc. ont été mises en place par des cabinets de conseil spécialisés dans le management justement.

Et second point : la LOLF, c'est très étendu comme concept, il n'y a pas que les textes législatifs, voir la fiche WP http://fr.wikipedia….ois_de_finances

Mises en place par des conseils en management peut-être mais pas réalisées par ces conseils.

La LOLF c'est la loi du 1er août 2001. J'en ai lu une partie.

"Concrètement", pourquoi redécrire un texte dans un langage qui apparaît aujourd'hui plus rationnel qu'hier, alors que pendant trente ans, une ordonnance écrite dans le langage poétique de l'administration suffisait aux administrateurs comme aux administrés ?

Une passion rationaliste bien française, la volonté de supprimer des illogismes, l'espoir d'améliorer l'efficacité (et l'efficience) par un meilleur ordonnancement de la machinerie administrativo-légale, du positivisme, et en creux le pendant de tout cela à savoir le déni des mécanismes de pouvoir, d'auto-adaptation, de politique. Mais quid du management, ça m'échappe un peu.

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Mises en place par des conseils en management peut-être mais pas réalisées par ces conseils.

D'une part, la réalité est bien plus nuancée que cela, il n'y a pas de muraille de Chine entre un client et son prestataire, l'un peut mordre sur le domaine de l'autre

D'autre part, une grande partie de ces changements sont pilotés si ce n'est hébergés par la DGME (direction générale de la modernisation de l'Etat) qui est un organisme qui a débauché nombre de consultants pour les embaucher.

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Qu'est ce qui devient la norme en termes d'efficacité, pardon, de performances ? A quels experts fait-on appel aux administrateurs eux-mêmes ou à des instances extérieures à l'administration? Quels sont les précédents en Europe ? Quelle "passion rationaliste bien française", au regard des interrogations précédentes ?

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D'une part, la réalité est bien plus nuancée que cela, il n'y a pas de muraille de Chine entre un client et son prestataire, l'un peut mordre sur le domaine de l'autre

D'autre part, une grande partie de ces changements sont pilotés si ce n'est hébergés par la DGME (direction générale de la modernisation de l'Etat) qui est un organisme qui a débauché nombre de consultants pour les embaucher.

Même en admettant tout cela, ça ne m'avance pas beaucoup sur la réalité de l'emprise du management sur des réformes telles que la LOLF.

Qu'est ce qui devient la norme en termes d'efficacité, pardon, de performances ? A quels experts fait-on appel aux administrateurs eux-mêmes ou à des instances extérieures à l'administration? Quels sont les précédents en Europe ? Quelle "passion rationaliste bien française", au regard des interrogations précédentes ?

Ce qui serait bien, ce serait que Largo nous donne une bonne définition du management, histoire de fixer le sujet.

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Une passion rationaliste bien française, la volonté de supprimer des illogismes, l'espoir d'améliorer l'efficacité (et l'efficience) par un meilleur ordonnancement de la machinerie administrativo-légale, du positivisme, et en creux le pendant de tout cela à savoir le déni des mécanismes de pouvoir, d'auto-adaptation, de politique. Mais quid du management, ça m'échappe un peu.

Gouvernance

Qu’est-ce que la gouvernance

Le terme de gouvernance presente une signification polyvalente. Il appartient a plusieurs des sciences sociales contemporaines, notamment la science economique et la science politique.

Il procède du besoin de la science economique (en ce qui concerne le gouvernement de la firme) et de la science politique (en ce qui concerne le gouvernement de l’Etat), de se munir d’une notion omni comprehensive, capable d’offrir une diversite de significations non couvertes par le terme classique de gouvernement.

Se referant globalement a l’exercice du pouvoir, le terme de gouvernance designe, que ce soit dans le domaine de la firme ou que ce soit dans le domaine de l’Etat, non seulement l’action des organes executifs mais aussi des assemblees (par exemple, dans l’Etat, les parlements) ou les organes de jugement (par exemple, dans l’Etat, les juges et tribunaux).

Le terme de gouvernance correspond a la forme dite post-moderne des organisations economiques et politiques.

Selon le politologue Roderick Rhodes, la notion de gouvernance est couramment utilisee dans les sciences sociales actuelles avec, au moins, six significations differentes: L’Etat minimal, la gouvernance d’entreprise, la nouvelle gestion publique, la bonne gouvernance, les systemes socio-cybernetiques et les reseaux auto organises.

Dans cette page , on trouvera une bibliographie de base sur les significations qui donnent diverses sciences sociales au terme de gouvernance.

La Commission europeenne a fait inscrire sa propre notion de gouvernance dans le Livre blanc de la gouvernance europeenne. Ainsi, l’expression "gouvernance europeenne” designe les regles, les processus et les comportements qui influent sur l'exercice des pouvoirs au niveau europeen, particulierement du point de vue de l'ouverture, de la participation, de la responsabilite, de l'efficacite et de la coherence. Ces cinq « principes de la bonne gouvernance » renforcent ceux de subsidiarite et de proportionnalite.

Dans son Livre blanc de la gouvernance europeenne, la Commission dit que celui-ci porte sur la maniere dont l'Union utilise les pouvoirs qui lui sont conferes par ses citoyens.

Des informations utiles sur la signification du terme de gouvernance et des aspects que ce terme presente en relation avec differentes politiques de l’Union europeenne sont accessibles dans la rubrique « Gouvernance » du glossaire Scadplus insere au site portail de l’Union europeenne.

http://ec.europa.eu/…ce/index_fr.htm

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Oui oui : la gouvernance, que vous paraissez assimiler au management. Je peux me gourrer mais selon moi le management ne désigne pas l'effort d'organisation rationnelle de l'entreprise mais la connaissance et le contrôle des mécanismes affectant l'organisation et les personnes d'une entreprise au regard de la production. Il s'agit de conduire tout à la fois les méthodes d'organisation rationnelle ainsi que les forces moins rationnelles (ou du moins d'une rationalité extérieure à l'entreprise) tels que les appétits de liberté et de pouvoir.

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Oui oui : la gouvernance, que vous paraissez assimiler au management. Je peux me gourrer mais selon moi le management ne désigne pas l'effort d'organisation rationnelle de l'entreprise mais la connaissance et le contrôle des mécanismes affectant l'organisation et les personnes d'une entreprise au regard de la production. Il s'agit de conduire tout à la fois les méthodes d'organisation rationnelle ainsi que les forces moins rationnelles (ou du moins d'une rationalité extérieure à l'entreprise) tels que les appétits de liberté et de pouvoir.

On n'assimile pas: la gouvernance est une discipline qui englobe les techniques de management. Comme décrit de façon succinte dans la présentation de la gouvernance de l'UE, cette pratique comporte deux volets, le premier économique qui relève de la théorie de la firme, le second politique, qui relève de la gestion publique et des organes exécutifs. Ces deux volets forment un dispositif institutionnel et comportemental qui règle les relations entre le pouvoir et les stratégies d'organisation. On pourrait résumer à gros trait en disant que la gouvernance, dans sa partie technique d'ingéniérie dirigeante et de contrôle des comportements, c'est le management du management.

Par ailleurs je trouve un peu ridicule l'attitude consistant à se rebeller contre l'usage des mots, comme s'il existait un sens pur ou en soi du management, et qu'il s'agirait d'avoir raison contre la réalité. Or force est de constater qu'il existe des instituts de management public, d'ingéniérie et de gouvernance territoriale qui forment les nouveaux experts, et que les dirigeants ainsi formés passent sans difficulté du public au privé.

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On n'assimile pas: la gouvernance est une discipline qui englobe les techniques de management. Comme décrit de façon succinte dans la présentation de la gouvernance de l'UE, cette pratique comporte deux volets, le premier économique qui relève de la théorie de la firme, le second politique, qui relève de la gestion publique et des organes exécutifs. Ces deux volets forment un dispositif institutionnel et comportemental qui règles les relations entre le pouvoir et les stratégies d'organisation. On pourrait résumer à gros trait en disant que la gouvernance, dans sa partie technique d'ingéniérie dirigeante et de contrôle des comportements, c'est le management du management.

Par ailleurs je trouve un peu ridicule l'attitude consistant à se rebeller contre l'usage des mots, comme s'il existait un sens pur ou en soi du management, et qu'il s'agirait d'avoir raison contre la réalité. Or force est de constater qu'il existe des instituts de management public, d'ingéniérie et de gouvernance territoriale qui forment les nouveaux experts, et que les dirigeants ainsi formés passent sans difficulté du public au privé.

Il ne faut pas confondre l'usage et la paresse. Il faut déterminer si le management est une source, néfaste, de la conduite des affaires de l'Etat ou si c'est un épouvantail du genre du néolibéralisme par lequel on assimile paresseusement un mot que nous n'aimons pas à une réalité qui nous fatigue l'esprit.

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On n'assimile pas: la gouvernance est une discipline qui englobe les techniques de management. Comme décrit de façon succinte dans la présentation de la gouvernance de l'UE, cette pratique comporte deux volets, le premier économique qui relève de la théorie de la firme, le second politique, qui relève de la gestion publique et des organes exécutifs. Ces deux volets forment un dispositif institutionnel et comportemental qui règle les relations entre le pouvoir et les stratégies d'organisation. On pourrait résumer à gros trait en disant que la gouvernance, dans sa partie technique d'ingéniérie dirigeante et de contrôle des comportements, c'est le management du management.

Bon, c'est un peu nébuleux mais tu as parfaitement raison selon moi. Une précision : ce que tu appelles "gouvernance" est un sous-ensemble de quelque chose qui s'appelle le PMO, et c'est le PMO qui est le management du management d'une certaine manière. Dans le reste du PMO, il y a les budgets dont on doit maîtriser la consommation, les plannings qu'il faut suivre et piloter, etc.

(c'était une parenthèse technico-technique)

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Il ne faut pas confondre l'usage et la paresse.

Je croyais, dixit Apollon, que "la paresse et l'intelligence ne font qu'un". -–-

Une précision : ce que tu appelles "gouvernance" est un sous-ensemble de quelque chose qui s'appelle le PMO, et c'est le PMO qui est le management du management d'une certaine manière.

La gouvernance est plus générique à mon sens, car elle est architectonique (en se rapportant au gouvernement et aux entreprises), elle englobe à la fois les techniques d'organisation "efficaces" et les machines de pouvoir pour discipliner les agents.

Quelle "passion rationaliste bien française", au regard des interrogations précédentes ?

Pour sauver un peu l'ami Apollon, il n'a pas tout à fait tort lorsqu'il relie ces nouveaux dispositifs de légitimation à la passion rationaliste française. Tout cela nous renvoie finalement à la dichotomie posée par Hayek entre les deux libéralismes : le spontanéisme social (avec les Lumières écossaises) qui retient comme efficaces les règles éprouvées sur le long terme, et le rationalisme organisateur qui conçoit comme efficaces les règles calculées , d'origine cartésienne, mais que l'on peut aussi bien repérer chez les axiomatiques. L'ordolibéralisme déployé à travers la gouvernance et la construction du marché unique serait en ce sens l'héritier du libéralisme rationaliste critiqué par Hayek, encore qu'il en évacue trop vite l'aspect utilitariste pour les besoins de sa démonstration.

D'ailleurs, à la lumière de cette discussion, je comprends mieux ce fameux texte de Hayek où il oppose vrai et faux individualisme.

Notre conclusion principale est donc que l'ordre doit reposer sur le respect de principes abstraits et non sur l'imposition de directives particulières ; mais la question reste ouverte de savoir quelles sortes de règles générales il nous faut. Elle limite essentiellement l'exercice de pouvoirs de contrainte à une seule méthode, mais laisse à l'ingéniosité humaine un champ presque illimité pour la mise au point de l'ensemble de règles le plus efficace même si les meilleures solutions aux problèmes concrets doivent être découvertes par expérience dans la plupart des cas. Les principes généraux de l'individualisme peuvent nous en apprendre bien plus sur ce que doivent être la nature et le contenu de ces règles. Il y a d'abord un important corollaire de ce qui précède, à savoir que ces règles doivent servir de signaux aux gens pour leurs propres prévisions, et qu'elles doivent donc être agencées pour rester valides à long terme. Une politique libérale ou individualiste par essence doit être une politique de long terme. Aujourd'hui, la mode est de s'intéresser d'abord aux effets à court terme. Et on se sert pour la justifier de l'argument "à long terme nous sommes tous morts" ; cela conduit inévitablement à se fonder sur des ordonnances adaptées aux circonstances du moment à la place de règles valides pour des situations-type.

http://herve.dequeng…ayek/Hayek2.htm

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Je croyais, dixit Apollon, que "la paresse et l'intelligence ne font qu'un". -–-

Plus exactement "la paresse est le fondement de la civilisation." Si l'intelligence pallie la paresse physique, concernant la paresse intellectuelle (ou la limite de l'intelligence), le mécanisme correcteur est l'institution.

La gouvernance est plus générique à mon sens, car elle est architectonique (en se rapportant au gouvernement et aux entreprises), elle englobe à la fois les techniques d'organisation "efficaces" et les machines de pouvoir pour discipliner les agents.

Architectonique dans ta définition et c'est ce qui fait sa faiblesse : elle a bon dos la gouvernance, en fin de compte une cause supérieure et générale, abstraite, génératrice du mal. Trop confortable. Pour autant on sera d'accord, parmi ceux qui suivent cette discussion, sur le caractère néfaste de la démission du politique. Je serais toutefois le seul à en tirer les conséquences en allant voter aujourd'hui. :mrgreen:

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  • 1 year later...

L'encyclopédie Larousse, très objective, comme on peut s'attendre de la part d'une encyclopédie.

 

Les partisans du libéralisme reviennent désormais sur le rôle de l'État. Le plus important est sans conteste J. M. Keynes (1883-1946), qui affirme que, dans le système libéral, ce n'est pas la demande qui s'ajuste à l'emploi, mais c'est le niveau de l'emploi qui est impitoyablement ajusté à l'état de la demande. Or l'état de la demande dépend du revenu de la masse des consommateurs, forcément toujours plus grande pour que vive le système capitaliste. Il n'est dès lors pas hostile à l'intervention de l'État et dénonce la doctrine classique du « laisser-faire ». À sa suite, un nouveau courant va désormais apparaître : le « néolibéralisme ».
 
En 1938, un colloque regroupe autour de W. Lippmann des économistes connus comme F. von Hayek, L. von Mises, J. Rueff. Ils remarquent que la non-intervention de l'État n'a pas empêché la formation de monopoles : au contraire, le principe de la libre concurrence n'a été qu'une règle conservatrice favorisant la création et le renforcement des monopoles, la domination des économies par la banque, entraînant dans de nombreux secteurs importants la mort de la concurrence réelle. Après la Seconde Guerre mondiale, un groupe a été fondé en Suisse, la Mont-Pelerin Society, qui s'efforce de définir un cap nouveau, tout en défendant « la croyance dans les mérites de la propriété privée et de la loi du marché ».
 
Fondamentalement hostiles à l'évolution vers le collectivisme, ces économistes ont posé trois principes de ce qui a été appelé depuis le « néolibéralisme » : 1° priorité donnée à la recherche de l'intérêt personnel, dans un cadre légal déterminé, sous la responsabilité sanctionnée par le risque du producteur et du consommateur ; 2° croyance au caractère non nocif de l'inégalité des hommes, de leurs conditions sociales, économiques et culturelles, en ceci que ces inégalités développent le goût du risque, le dynamisme, l'initiative personnelle ; 3° enfin – grande originalité dans le cadre du « libéralisme » – intervention de l'État.
 
Cette intervention a pour objet de créer le cadre légal qui permettra le fonctionnement du libre marché sans entraver le mécanisme des prix. Elle se borne à amortir les déséquilibres trop criants. Le néolibéralisme va devenir la panacée de la pensée de la droite traditionnelle mais aussi celle de la gauche, respectueuse des institutions dans lesquelles elle est régulièrement élue dans les systèmes à alternance.
 
Une telle évolution doctrinale est évidemment liée à la situation politique mondiale : la défaite des idéologies fascistes, puis la chute des régimes communistes en Europe et l'évolution prévisible des systèmes communistes subsistants, comme la Chine ou le Viêt Nam, vers l'adoption d'un marché libre n'ont pas pu pour autant faire disparaître les dispositifs sociaux, quand ils existaient, visant à lutter contre les effets nocifs de l'idéologie libérale classique.
 
Aujourd'hui, moins que jamais, le libéralisme n'a pas su trouver les moyens d'empêcher l'écrasement des économiquement faibles, l'augmentation du nombre des situations de pauvreté absolue telle qu'on les retrouve partout, jusque dans les pays où le libéralisme demeure plus que jamais triomphant, les pays les plus riches de la planète, comme la France ou les États-Unis.
 
Le libéralisme demeure ainsi une coquille idéologique devenue pratiquement vide, plus que jamais opposée au socialisme, qui d'ailleurs tend à devenir aussi inconsistant et protéiforme que son ennemi. Aucun penseur depuis Keynes n'a tenté de proposer une nouvelle définition du libéralisme : le libéralisme est à la fois une référence polémique et un autre nom pour désigner le capitalisme réel triomphant.

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/lib%C3%A9ralisme/65750

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