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Les libéraux français, la Nation, la République


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C'est trop vague comme question, comme je l'ai écrit plus haut on peut être fier d'un copain qui gagne la médaille d'or du 100m aux JO sans qu'on n'en soit responsable, même indirectement.

Bon bref, tout ça pour dire que la discussion va certainement soit tourner en rond, soit déraper, soit ne mener à rien du tout.

Ce n'est pas vague, tu y réponds d'ailleurs très précisément : la réponse est oui. Reste à savoir pourquoi.

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Ce n'est pas vague, tu y réponds d'ailleurs très précisément : la réponse est oui. Reste à savoir pourquoi.

Hé bien parce que c'est mon pote, et que l'image que j'ai de lui serait améliorée par cette victoire, et que le sentiment en question me paraît être de la fierté pour lui, de la fierté de lui.

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Les Français se sont usés par excès d'être. Ils ne s'aiment plus, parce qu'ils sentent trop qu'ils ont été. Le patriotisme émane de l'excédent vital des réflexes ; l'amour du pays est ce qu'il y a de moins spirituel, c'est l'expression sentimentale d'une solidarité animale. Rien ne blesse plus l'intelligence que le patriotisme. L'esprit, en se raffinant, étouffe les ancêtres dans le sang et efface de la mémoire l'appel de la parcelle de terre baptisée, par illusion fanatique, patrie.

Comment la raison, retournée à sa vocation essentielle-l'universel et le vide -, pourrait-elle encore pousser l'individu dégoûté d'être citoyen vers l'abêtissement des palabres de la Cité ? La perte de ses instincts a scellé pour la France un grandiose désastre inscrit dans le destin de l'esprit.

Tiré du Grandiose Désastre français d'Emil Cioran (1941) : http://www.deligne.eu/textes/cioran-41.html

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Comme je l'ai écrit plus haut on peut être fier d'un copain qui gagne la médaille d'or du 100m aux JO sans qu'on n'en soit responsable, même indirectement.

Je raconte ma life mais c'est justement un truc que je ne comprends pas et qui m'embarrasse beaucoup quand on me dit "je suis fier de toi" ou "tu es fier de moi ?".

Je conçois qu'on soit heureux pour quelqu'un d'autre, mais on ne peut être fier que de soi-même ou éventuellement d'une équipe dont on fait partie, d'un objet qu'on a créé, d'un animal qu'on a dressé… Bref, je fais un blocage sur le "je suis fier de toi" adressé à un autre être humain.

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Je raconte ma life mais c'est justement un truc que je ne comprends pas et qui m'embarrasse beaucoup quand on me dit "je suis fier de toi" ou "tu es fier de moi ?".

Je conçois qu'on soit heureux pour quelqu'un d'autre, mais on ne peut être fier que de soi-même ou éventuellement d'une équipe dont on fait partie, d'un objet qu'on a créé, d'un animal qu'on a dressé… Bref, je fais un blocage sur le "je suis fier de toi" adressé à un autre être humain.

"Je suis content de pouvoir dire sans honte que nous sommes amis"/"Je suis fier de ne pas m'être trompé en te soutenant dès le début" ?

Tiré du Grandiose Désastre français d'Emil Cioran (1941) : http://www.deligne.eu/textes/cioran-41.html

Il écrit toujours comme ça ? Parce que je n'ai strictement rien compris à cet extrait. Qu'est-ce que ça donne en français ?

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Je raconte ma life mais c'est justement un truc que je ne comprends pas et qui m'embarrasse beaucoup quand on me dit "je suis fier de toi" ou "tu es fier de moi ?".

Je conçois qu'on soit heureux pour quelqu'un d'autre, mais on ne peut être fier que de soi-même ou éventuellement d'une équipe dont on fait partie, d'un objet qu'on a créé, d'un animal qu'on a dressé… Bref, je fais un blocage sur le "je suis fier de toi" adressé à un autre être humain.

Tu peux être fier de ton fils ou de ta fille. Tu l'as créé, après tout.

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"Je suis content de pouvoir dire sans honte que nous sommes amis"/"Je suis fier de ne pas m'être trompé en te soutenant dès le début" ?

Et donc si il n'avait pas réussi il m'aurait déçu/je serais moins son ami ?

Tu peux être fier de ton fils ou de ta fille. Tu l'as créé, après tout.

Je réfléchirai à cette partie du problème quand elle se présentera.

Pour l'instant, effectivement, ça me choque moins venant de mes parents (et encore, pour des occasions vraiment spéciales).

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Je raconte ma life mais c'est justement un truc que je ne comprends pas et qui m'embarrasse beaucoup quand on me dit "je suis fier de toi" ou "tu es fier de moi ?".

Je conçois qu'on soit heureux pour quelqu'un d'autre, mais on ne peut être fier que de soi-même ou éventuellement d'une équipe dont on fait partie, d'un objet qu'on a créé, d'un animal qu'on a dressé… Bref, je fais un blocage sur le "je suis fier de toi" adressé à un autre être humain.

Tu parles d'animal dressé, mais justement le "je suis fier de toi" viens souvent dans une relation maitre élève.

Où le maitre le dit à son élève.

Comme le père créé le fils, le maitre créé l'élève.

Je comprends l'entraineur d'un champion du monde être fier de son poulain.

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Oué, Cioran est un peu barré.

Cet extrait peut paraître indigeste sorti de son contexte. En gros, le côté raisonné, pragmatique et intellectuel du peuple français qui aurait émané du siècle des Lumières (avant d'être "souillé" par la notion de progrès) l'a conduit, selon Cioran, a adopter une attitude de plus en plus réfléchie et sceptique envers lui-même en tant que citoyen. Or, les hommes auraient besoin d'idoles et de mythes pour supporter l'ennui du quotidien et les français, devenu incapables de croire en quoi que ce soit à cause de l'évolution de leur esprit, ne seraient plus mus par un quelconque instinct patriotique. C'est du moins ce que j'ai compris.

J'aurais peut-être dû citer cet extrait-là qui fait suite au précédent, terriblement juste à bien des égards :

L'arrachement aux valeurs et le nihilisme instinctif contraignent l'individu au culte de la sensation. Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie. Un certain Romain, Gabius Apicius, qui parcourait les côtes de l'Afrique à la recherche des plus belles langoustes et qui, ne les trouvant nulle part à son goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit, est le symbole des folies culinaires qui s'instaurent en l'absence de croyances. Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas le fait de manger, mais de méditer, de spéculer, de s'entretenir pendant des heures à ce sujet. La conscience de cette nécessité, le remplacement du besoin par la culture-comme en amour-est un signe d'affaiblissement de l'instinct et de l'attachement aux valeurs. Tout le monde a pu faire cette expérience : quand on traverse une crise de doute dans la vie, quand tout nous dégoûte, le déjeuner devient une fête. Les aliments remplacent les idées. Les Français savent depuis plus d'un siècle qu'ils mangent. Du dernier paysan à l'intellectuel le plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quotidienne du vide spirituel. La transformation d'un besoin immédiat en phénomène de civilisation est un pas dangereux et un grave symptôme. Le ventre a été le tombeau de l'Empire romain, il sera inéluctablement celui de l'Intelligence française. […]

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Cioran a raison de remarquer que le renoncement et la haine de soi sont des affects qui marchent ensemble.

Le Point : Disciple de François Furet et de Raymond Aron, brillant lecteur de Tocqueville, vous êtes connu comme un savant. Or, dans « La raison des nations », vous lancez un cri d'alarme et un appel à ce qu'on pourrait appeler un réarmement politique. La situation est-elle si grave qu'elle vous impose d'intervenir ainsi dans l'arène publique ?

Pierre Manent : Oh ! Un réarmement ! Je vous laisse le mot. Pour moi, c'est le langage gaullien qui s'imposerait plutôt. Nous sommes en proie à une sorte de vertige du « renoncement ». Nous ne nous souvenons plus que de nos crimes ou de nos fautes. Nous refusons positivement de prolonger tout ce qui a été grand et noble dans la longue expérience française. Le plus étonnant, c'est que nous célébrons cette faiblesse de la cervelle et du coeur comme un progrès de la conscience humaine.

En Europe, le processus d'égalisation sans cesse plus intense des conditions, selon la définition tocquevillienne, va de pair avec une « dénationalisation » progressive. Or, pour vous, hors de l'Etat-nation, point de démocratie.

Nous n'avons pas mesuré à quel point notre expérience de la démocratie était liée à cette forme politique extrêmement singulière qu'est l'Etat-nation européen. Nous avons de plus en plus considéré celui-ci comme un simple vêtement extérieur à la démocratie, ou un échafaudage ayant permis son développement. Nous serions parvenus, avec l'Union européenne, à un stade ultérieur de la démocratie délivrée de ses vieux oripeaux pour se muer en une pure gouvernance qui ne serait liée à aucun peuple, à aucun territoire, à aucunes moeurs particulières. Avec le référendum du 29 mai 2005, on a pu prendre conscience de la fracture entre l'action politique officielle et les sentiments réels des citoyens européens. Ceux-ci ont le sentiment d'être emportés dans un mouvement que personne ne maîtrise. Mais cette « pure démocratie » a perdu ses vertus représentatives.

C'est-à-dire son caractère démocratique. Cela dit, les Etats-Unis, qui n'ont pas renoncé à l'Etat-nation, connaissent aussi une crise de la démocratie.

Soit, mais le système américain, parce qu'il demeure vraiment national et représentatif, est susceptible de corrections, éventuellement brutales, de trajectoire. Si les Américains votent pour le président Bush et le parti républicain, c'est parce qu'ils pensent, à tort ou à raison, que ceux-ci sont plus aptes que les démocrates à faire face aux défis de l'heure. Non que les Etats-Unis jouissent d'une santé morale ou sociale à toute épreuve, mais leur système politique réagit aux mouvements de l'opinion américaine et à la conscience, juste ou erronée, que les Américains ont de ce qui est bon pour les Etats-Unis.

En France, les gens vont voter en ayant le sentiment que, de toute façon, cela n'aura aucune influence sur la politique menée, que les partis dits « de gouvernement » mèneront, rhétorique mise à part, la même politique.

Le problème en Europe, particulièrement en France, c'est que notre politique, même évidemment mauvaise, n'est pas corrigible, quelle que soit l'orientation du corps électoral. Alors que l'opinion est hostile à l'extension indéfinie de l'Union européenne, alors que les citoyens de deux pays fondateurs se sont prononcés contre le traité constitutionnel, tout continue comme avant et on suggère de faire rentrer le traité par la fenêtre. La machine européenne a été montée de telle façon qu'elle ne peut que se déployer, entraînée dans une « finalité sans fins ». L'issue que l'on célèbre, l'Europe à 25, et bientôt à 30 et plus, n'a au fond été voulue par personne mais produite par un mécanisme que nul ne gouverne.

Mais vous postulez que l'activisme américain et le quiétisme européen sont deux versions d'un empire démocratique dont l'extension traduit l'unification croissante du monde.

La politique américaine repose sur l'idée que les différences entre les groupes humains sont superficielles. La démocratie, imposée si nécessaire, produira rapidement des moeurs et des régimes si proches des nôtres que la mise en ordre démocratique du monde sera assurée. Reste que cette doctrine est compatible avec le sentiment très vif de la spécificité et de l'excellence des Etats-Unis. Le fait qu'ils restent un Etat-nation leur permet de tenir compte des intérêts américains en maîtrisant souverainement l'usage qu'ils font de l'idéologie universaliste. A l'inverse, nous ne gouvernons pas l'idéologie universaliste, elle nous gouverne.

Alors que le politiquement correct n'a jamais autant exalté les différences, n'est-il pas paradoxal que l'abolition des différences soit considérée comme l'horizon indépassable de l'histoire humaine ?

Triomphe, en effet, cette passion de la ressemblance, cette idée que l'humanité va vers son unification nécessaire. Or cette unification n'est nullement désirable. La plus vieille idée libérale est que l'uniformité est soeur du despotisme. D'ailleurs, en dépit de certaines apparences, la mondialisation n'annonce pas la fin des différences. La mondialisation économique produit la montée en puissance d'aires non occidentales dont rien ne garantit que leur développement empruntera les mêmes voies que celui de l'Occident. Un monde où la Chine et l'Inde sont des puissances majeures est en un sens plus divers que le monde où les puissances occidentales gouvernaient la planète. En Europe même, nos pays sont plus refermés sur eux-mêmes qu'il y a trente ans. Croyez-vous que nous nous intéressons autant à l'Italie de Berlusconi qu'à celle de Berlinguer ? Enfin, l'autoaffirmation de l'islam ajoute à l'hétérogénéité du monde. A l'époque de Nasser et de la prédominance idéologique du nationalisme arabe, les pays musulmans constituaient un monde dont les catégories nous étaient intelligibles, qui nous ressemblait ou voulait nous ressembler. Aujourd'hui, le monde islamique est un monde qui s'éloigne de nous, pas un monde qui s'en rapproche.

Ce progrès des différences pose un problème particulier à l'Occident, dont l'identité se fonde sur l'universalité de ses valeurs. Devons-nous faire le deuil de celle-ci pour nous réfugier dans un relativisme intégral ?

Certes non ! L'universalisme est l'âme même de l'Europe. Mais nos principes universels sont liés à des expériences intellectuelles, morales, religieuses, politiques particulières. Ils ne sont pas dans les formules qui les proclament.

Seulement, l'« affaire des caricatures » l'a montré : alors que l'information, les images, les idées circulent sans contrainte, il est de plus en plus difficile de déconnecter l'ordre intérieur du désordre extérieur.

Ce n'est pas la dimension intérieure de cette affaire qui me semble frappante. Il n'y aurait pas eu le moindre mouvement de musulmans dans nos pays, ni sans doute hors de nos pays, sans la décision délibérée d'un certain nombre de gouvernements arabes ou musulmans d'intimider l'Europe. On a assisté à un effort grossier, mais apparemment assez efficace, pour faire sentir à l'Europe qu'elle était sous surveillance et qu'elle avait à justifier ses moeurs et manières devant un tribunal politique et religieux extérieur à l'Europe. La situation ne demande pas des considérations subtiles sur l'équilibre en effet nécessaire entre liberté et respect des opinions, mais la fermeté des gouvernements européens, qui, jusqu'à présent, se sont plutôt laissé bousculer par des régimes qui ne respectent pas les libertés, et en particulier celles des autres religions.

La faiblesse des gouvernements dans ce dossier ne traduit-elle pas le fait que nous ne savons plus comment être des peuples - ce qui signifie que nous avons affaire à une démocratie sans demos ni kratos ?

Nous ne savons pas comment habiter nos nations. La nation glorieuse a subi et causé trop de calamités. Nous ne pouvons plus, si j'ose dire, « repartir comme en 14 ». Seulement, nous n'avons pas découvert ce qu'est la vie après la nation. L'opinion gouvernante prétendait que nos vies nationales étaient désormais une illusion et que nous vivions déjà dans l'Europe. Or ce n'est pas vrai. Cela dit, la construction européenne sera une entreprise raisonnable pour peu qu'on renonce à la réaliser par la dénationalisation des nations. L'avenir de l'Europe, ce sont des entreprises comme Airbus ou Ariane, des actions communes, et non pas l'imposition de règles abstraites censées accomplir le passage à un stade supérieur de l'existence humaine.

L'ironie de l'histoire, c'est que nous nous heurtons aujourd'hui à l'accomplissement de ce que nous avons inventé : l'égalité devenue égalitarisme, les Lumières muées en triomphe de l'individu, la démocratie dégradée en « hyperdémocratie »…

Certes, mais il ne faut pas simplement le déplorer. Si nous nous sommes éloignés de l'Etat souverain et purement national, c'est parce qu'il a produit des effets dévastateurs. Mais nous n'avons pas mesuré que ce monde délivré de nos vieilles culpabilités n'était pas habitable. Et nous n'avons pas vu que les artifices que nous construisions pour nous gouverner allaient nous empêcher de nous gouverner. Il y a un moment où l'instrument est trop vaste, trop complexe pour celui qui le manie. Sur les caricatures de l'époque révolutionnaire, on voit le paysan porter sur ses épaules le curé, le noble, le collecteur d'impôts. Bien sûr, nous ne vivons pas sous le joug, mais chacun d'entre nous porte un empilement de gouvernances qui vont de la municipalité ou la région aux Nations unies en passant par l'Etat et l'Europe, sans oublier commissions et organismes divers. En vérité, notre vie commune ne consiste plus qu'à appliquer de plus en plus rigoureusement des règles de plus en plus rigoureuses. Il y a là une automutilation systématique des citoyens pour prévenir tous les risques qu'engendrerait une action un peu libre. Le principe de précaution, qui, dans une exagération comique, a pris en France valeur constitutionnelle, nous interdira bientôt de sortir de notre berceau. Quand j'entends le ministre de l'Agriculture le célébrer avec exaltation et que la France entière se mobilise pour un canard sauvage trouvé mort au bord d'un étang, j'ai le sentiment que nous sommes entrés dans un monde étrange.

Votre livre pourrait s'intituler « Requiem pour la politique » ?

Si vous voulez, mais on n'échappe pas à la politique. L'ère de la dépolitisation est peut-être en voie de s'achever. Que fait-on avec l'Europe, avec l'Amérique, avec le monde arabo-musulman ? Ce que Burke appelait déjà le catéchisme des droits de l'homme ne nous fournit pas de réponse à ces questions.

Il nous faut, selon vous, réapprendre à penser politiquement le religieux, aucune règle universelle n'étant susceptible d'arbitrer dans une perspective de paix entre « ceux qui ne veulent connaître que les droits de l'homme et ceux qui ne veulent connaître que les droits de Dieu ». La France laïque ne se situe-t-elle pas dans un monde postreligieux ?

Ce qu'on appelle la laïcité est la mise en forme juridique et glorieuse d'une guerre civile gagnée par un parti et perdue par l'autre. La France républicaine a soumis la France catholique et la France catholique se l'est tenu pour dit. Et l'Eglise se comporte comme un parti vaincu et toléré. Je ne reviens pas sur les fautes de l'Eglise, mais dès lors que celle-ci ne représente plus une menace pour les libertés et que le maintien de l'expérience religieuse hors de l'espace public affaiblit la nation dans sa substance et sa conscience de soi, cette situation ne peut pas durer. On ne peut pas simultanément accueillir à bras ouverts une religion qui a toujours été étrangère à l'Europe et expulser de l'histoire de France une religion qui en a toujours fait partie. Il y a là une énorme injustice historique doublée d'une absurdité politique et sociale.

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"Je suis fier de X", veut dire, en fait, "Je suis heureux qu'il y ait un lien de proximité entre X et moi".

C'est ce que les gens qui utilisent cette expression veulent exprimer, mais je ne peux pas m'empêcher de bloquer sur la forme et de grincer (plus ou moins mentalement) des dents.

Tu parles d'animal dressé, mais justement le "je suis fier de toi" viens souvent dans une relation maitre élève. Où le maitre le dit à son élève.

Vrai, et justement je ne veux pas de ce type de relation de subordination avec mes amis, dans un sens ou dans l'autre.

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Vrai, et justement je ne veux pas de ce type de relation de subordination avec mes amis, dans un sens ou dans l'autre.

C'est ton choix, perso j'ai aucun problème d'apprendre de mes amis et de leur apprendre.

Quand j'étais en club d'échecs lycéen, on avait un super joueur dans l'équipe (il est devenu pro d'ailleurs). J'avais aucun problème à suivre ses conseils sur ma variante préférée. Il aurait put me dire "Je suis fier de toi" après une belle partie, que j'en aurais été flatté.

Cela m'empêchait pas de le considérer comme un copain normal en dehors des échecs et de lui donner des conseils dans mes domaines à moi.

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Patrie, nation, République ont des significations différentes, j'en distingue au moins deux attachées à chaque terme. Il y a la patrie charnelle, lieu de l'éducation et de la naissance, et la patrie en armes, celle du pro patria mori des latins qui demande le sacrifice de ses enfants pour vivre. Il y a la nation héritée, celle qui participe à notre identité individuelle en tant qu'elle est une langue, une histoire, des coutumes et des conventions et influence notre façon d'être. Et puis la nation révolutionnaire, celle qui va de Sièyes à Renan, qui est une abstraction, celle d'un peuple unanime et volontaire choisissant par et pour lui-même. D'un côté, des héritages successifs (la langue, l'identité, un certain style de vie et une certaine façon de pensée, des faits impossibles à nier ou rejeter), de l'autre une idéologie abstraite volontairement acceptée pour constituer un peuple émancipé. Pareil pour res publica : jusqu' au 18eme siècle, le terme désigne tous les régimes politiques sans exception (Bodin parle des six livres de la république). Celle spécifique à la France d'après 1792 est un dispositif politique qui s'appuie à la fois sur le patriotisme au sens romain et sur ce nationalisme universel, abstrait et volontariste qui ne commencera à prendre du plomb dans l'aile qu'au moment de la première guerre mondiale.

Posés en ces termes, rejeter la première filiation est un peu de l'ordre de la haine de soi, ce qui n'est pas mon cas. Je suis né en France, je sais d'où je viens et pousse le vice jusqu'à trouver pas mal de comprendre Pascal et Montaigne dans le texte (ce qui est d'un grand secours quand on voit le degré de connerie de nos concitoyens). Par contre les patriotisme, nationalisme et républicanisme abstraits me sont totalement étrangers, voire odieux. Le plébiscite de tous les jours, la levée en masse, la volonté générale, l'universel conquérant et niveleur, etc. très peu pour moi. Alors le 14 juillet, je m'en fiche un peu (en plus quand on sait à quoi ça renvoie historiquement, ça laisse songeur).

Brillant exposé !

+1 sauf pour ma relation à "la patrie en arme" qui demande le sacrifice de ses enfants pour vivre. Je tiens aux mutuelles de sécurité "mécaniques" (éventuellement couplées à la patrie organique universelle) parceque je ne crois pas beaucoup à la vertu sacrificielle des mercenaires (ni à l'universalisme des communautarismes "organiques" si prompts à enrégimenter les individus qui les composent et éradiquer de façon plus ou moins directe la liberté ou l'existence de ceux qui ne les composent pas). Or la vertu sacrificielle est une des dimensions importantes quand il s'agit d'affronter les guerres des millénaires qui nous ont précédés et des décennies qui sont devant nous. Cependant, si je suis adhérent volontaire de ce contrat de sécurité (qui pourrait être restructuré sur des bases juridiques modernisées, échangeables et subsidiarisées, mais c'est une autre histoire), je suis réfractaire aux fanatisations telles que ceux suscités par les défilés. Aussi je me méfie [du tribalisme] du défilé du 14 juillet et je serai probablement scandalisé par un défilé civil qui me semblerait totalement hors sujet et relevant exclusivement de visées socialistes liberticides. Maintenant je suis de plus en plus mal à l'aise devant ce "contrat de sécurité mutuelle" qui dérive de plus en plus vers un fourre tout social où la corruption des hommes de l'état le dispute à celle des électeurs, mettant en danger le sens même du contrat originel. En d'autres termes je ne fais plus assez confiance aux hommes de l'état pour considérer favorablement un engagement offensif préventif et je suis de plus en plus tenté par une restriction unilatérale de ce contrat (cancéreusement) dégénéré pour ne plus en faire qu'un contrat de défense mutuelle (chimiothérapisé) à la Suisse.

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N'étant ni chauvin, ni communautariste, si ces deux-là pouvaient disparaitre, ce serait le pied..

Pour le 14 juillet, bouffons un coq (celui qui me réveille tous les matins en gueulant sur son tas de fumier).

+1

(sauf que je ne revendique pas de faire passer à la casserole celui de mon voisin d'immeuble -véridique !-)

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Dans son article sur La Loi, Bastiat décrit la nation comme une puissance populaire instituée de légitime défense s'opposant à l'omnipotence du législateur, une limite au gouvernement, du moins jusqu'à ce que la séduction socialiste fasse entrer le peuple dans la passivité après qu'il fût contaminé par la maladie étatiste de la spoliation légale, qui détruit les fondements moraux de la société, les corps intermédiaires et la responsabilité individuelle.

Le peuple sera-t-il éternellement en tutelle? N'a-t-il pas conquis ses droits par assez d'efforts et de sacrifices? N'a-t-il pas donné assez de preuves de son intelligence et de sa sagesse? N'est-il pas arrivé à sa maturité? N'est-il pas en état de juger pour lui-même? Ne connaît-il pas ses intérêts? Y a-t-il un homme ou une classe qui ose revendiquer le droit de se substituer au peuple, de décider et d'agir pour lui? Non, non, le peuple veut être libre, et il le sera. Il veut diriger ses propres affaires, et il les dirigera.

Mais le Législateur est-il une fois dégagé des comices par l'élection, oh! alors le langage change. La nation rentre dans la passivité, dans l'inertie, dans le néant, et le Législateur prend possession de l'omnipotence. A lui l'invention, à lui la direction, à lui l'impulsion, à lui l'organisation.

(…)Ici je me heurte au plus populaire des préjugés de notre époque. On ne veut pas seulement que la Loi soit juste; on veut encore qu'elle soit philanthropique. On ne se contente pas qu'elle garantisse à chaque citoyen le libre et inoffensif exercice de ses facultés, appliquées à son développement physique, intellectuel et moral; on exige d'elle qu'elle répande directement sur la nation le bien-être, l'instruction et la moralité. C'est le côté séduisant du Socialisme.

Quels sont les peuples les plus heureux, les plus moraux, les plus paisibles? Ceux où la Loi intervient le moins dans l'activité privée; où le gouvernement se fait le moins sentir; où l'individualité a le plus de ressort et l'opinion publique le plus d'influence; où les rouages administratifs sont les moins nombreux et les moins compliqués; les impôts les moins lourds et les moins inégaux; les mécontentements populaires les moins excités et les moins justifiables; où la responsabilité des individus et des classes est la plus agissante, et où, par suite, si les moeurs ne sont pas parfaites, elles tendent invinciblement à se rectifier; où les transactions, les conventions, les associations sont le moins entravées; où le travail, les capitaux, la population, subissent les moindres déplacements artificiels; où l'humanité obéit le plus à sa propre pente; où la pensée de Dieu prévaut le plus sur les inventions des hommes; ceux, en un mot, qui approchent le plus de cette solution: dans les limites du droit, tout par la libre et perfectible spontanéité de l'homme; rien par la Loi ou la force que la Justice universelle.

(…) Ainsi, il n'y a pas une douleur dans la nation dont le gouvernement ne se soit volontairement rendu responsable. Faut-il s'étonner que chaque souffrance soit une cause de révolution?

Et quel est le remède qu'on propose? C'est d'élargir indéfiniment le domaine de la Loi, c'est-à-dire la responsabilité du gouvernement.

http://www.panarchy….t/loi.1850.html

Selon Bastiat, l'origine de la maladie qui ronge les nations n'est donc pas dans la loi ni dans la république, mais dans leur excroissance social-démocrate qui corrompt les peuples:

Quand l'Etat se charge de tout, il devient responsable de tout. Sous l'empire de ces arrangements artificiels, un peuple qui souffre ne peut s'en prendre qu'à son gouvernement(…). Quel triste spectacle offre maintenant la France! Toutes les classes souffrent, et, au lieu de demander l'anéantissement, à tout jamais, de toute spoliation légale, chacun se tourne vers la loi, lui disant: «Vous qui pouvez tout, vous qui disposez de la Force, vous qui convertissez le mal en bien, de grâce, spoliez les autres classes à mon profit. Forcez-les à s'adresser à moi pour leur achats, ou bien à me payer des primes, ou bien à me donner une instruction gratuite, ou bien à me prêter sans intérêt, etc.» C'est ainsi que la loi devient une grande école de démoralisation(…). La spoliation finit par devenir toute une savante théorie qui a ses professeurs, ses journaux, ses docteurs, ses législateurs(…). Malheureuse, trois fois malheureuse la nation, où les questions se posent ainsi; où nul ne songe à faire de la loi la règle de la justice; où chacun n'y cherche qu'un instrument de vol à son profit, et où toutes les forces intellectuelles s'appliquent à trouver des excuses dans les effets éloignés et compliqués de la spoliation!"
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Dans son article sur La Loi, Bastiat décrit la nation comme une puissance populaire instituée de légitime défense s'opposant à l'omnipotence du législateur, une limite au gouvernement, du moins jusqu'à ce que la séduction socialiste fasse entrer le peuple dans la passivité après qu'il fût contaminé par la maladie étatiste de la spoliation légale, qui détruit les fondements moraux de la société, les corps intermédiaires et la responsabilité individuelle.

Selon Bastiat, l'origine de la maladie qui ronge les nations n'est donc pas dans la loi ni dans la république, mais dans leur excroissance social-démocrate qui corrompt les peuples:

Plusieurs libéraux ont dénoncé ce penchant morbide. Montesquieu remarquait que l'Etat moderne nous empêcherait la peine de naitre s'il le pouvait. Je retombe sur cette citation de Igor Chafarevitch : "le dépérissement, et à la limite, la mort de l'humanité ne sont pas la conséquence fortuite, extérieure, de l'incarnation de l'idéal socialiste, mais en constituent au contraire l'élément organique essentiel. Cet élément inspire les propagandistes de l'idéologie socialiste qui le perçoivent d'ailleurs plus ou moins consciemment. La mort de l'humanité n'est pas seulement le résultat du triomphe du socialisme, elle constitue le but du socialisme." Thatcher avait aussi fait une citation du même genre.

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Dans son article sur La Loi, Bastiat décrit la nation comme une puissance populaire instituée de légitime défense s'opposant à l'omnipotence du législateur, une limite au gouvernement, du moins jusqu'à ce que la séduction socialiste fasse entrer le peuple dans la passivité après qu'il fût contaminé par la maladie étatiste de la spoliation légale, qui détruit les fondements moraux de la société, les corps intermédiaires et la responsabilité individuelle.

Selon Bastiat, l'origine de la maladie qui ronge les nations n'est donc pas dans la loi ni dans la république, mais dans leur excroissance social-démocrate qui corrompt les peuples:

Je pense plutôt que Bastiat localise la racine du mal dans l’invincible tendance humaine à la spoliation.

La loi - faites par des hommes -, devient tout à fait logiquement l'instrument de la spoliation.

L’invincible tendance humaine à protéger ses intérêts, pendant de la précédente tendance, devrait rationnellement attribuer à la loi un rôle de rempart contre la spoliation. Mais, la masse comprend mal ses intérêts, et au lieu de circonscrire le mal avec la loi, elle l’amplifie. D’où la social-démocratie.

En clair, pour Bastiat la social-démocratie ne corrompt pas les peuples. La social-démocratie est le produit de la corruption des peuples (de leur ignorance économique et de leur volonté naturelle de spoliation).

Mais il est une autre disposition qui leur est aussi commune. C'est de vivre et de se développer, quand ils le peuvent, aux dépens les uns des autres.

(…)

Il est bien évident que la Loi devrait avoir pour but d'opposer le puissant obstacle de la force collective à cette funeste tendance; qu'elle devrait prendre parti pour la propriété contre la Spoliation.

Mais la Loi est faite, le plus souvent, par un homme ou par une classe d'hommes. Et la Loi n'existant point sans sanction, sans l'appui d'une force prépondérante, il ne se peut pas qu'elle ne mette en définitive cette force aux mains de ceux qui légifèrent.Ce phénomène inévitable, combiné avec le funeste penchant que nous avons constaté dans le coeur de l'homme, explique la perversion à peu près universelle de la Loi. On conçoit comment, au lieu d'être un frein à l'injustice, elle devient un instrument et le plus invincible instrument d'injustice. On conçoit que, selon la puissance du législateur, elle détruit, à son profit, et à divers degrés, chez le reste des hommes, la Personnalité par l'esclavage, la Liberté par l'oppression, la Propriété par la spoliation.

Il est dans la nature des hommes de réagir contre l'iniquité dont ils sont victimes. Lors donc que la Spoliation est organisée par la Loi, au profit des classes qui la font, toutes les classes spoliées tendent, par des voies pacifiques ou par des voies révolutionnaires, à entrer pour quelque chose dans la confection des Lois. Ces classes, selon le degré de lumière où elles sont parvenues, peuvent se proposer deux buts bien différents quand elles poursuivent ainsi la conquête de leurs droits politiques: ou elles veulent faire cesser la spoliation légale, ou elles aspirent à y prendre part.

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