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Doctrines et mouvances sur "l'épanouissement personnel"


Messages recommandés

exactement.

Il convient mieux de se definir des opportunites d'epanouissement de soi.

Définir "épanouissement de soi" dans la perspective des vecteurs proposés

une large collection d'armes a feu, guitares, outils, legos, peintures.

en oublie-je?

ah oui: accessoires en cuir pour FJ.

Le regime SEIGNALET (garanti 100% haram) est le first step to haven. La gnôle peut aider aussi.

pas de fromage? a quel genre d'epanouissement peut-on parvenir exactement sans fromage ? le bonheur de vivre sans etre dependant du camembert?

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Toute discipline consistant à s'imposer des limites en vue d'un avantage différé renvoie-t-elle peu ou prou au charlatanisme ?

Quel avantage et quel intérêt de l'ascétisme? Quels sont ses narcotiques? Quelle sorte de tyrannie veut exercer l'ascète? Là est la question. Il y a des textes profonds sur ce sujet dans La généalogie de la morale.

Pour l'ascète, la vie est le chemin de l'erreur où il faut revenir sur ses pas jusqu'au point d'où l'on était parti ; ou bien une méprise que l'on réfute, que l'on doit réfuter par l'action : car il exige qu'on le suive, il impose, où il le peut, son appréciation de l'existence. Que signifie cela ? Une façon d'apprécier aussi monstrueuse ne figure pas dans l'histoire de l'homme comme cas exceptionnel et comme curiosité : c'est un des faits les plus généraux et les plus persistants qui soient. Lus d'une planète lointaine les caractères majuscules de notre existence terrestre amèneraient peut-être à la conclusion que la terre est la véritable planète ascétique, un coin de créatures mécontentes, arrogantes et répugnantes qui ne peuvent se débarrasser du profond déplaisir qu'elles se causent à elles-mêmes, que leur cause le monde, l'existence et qui voudraient se faire mal : — apparemment leur unique plaisir. Considérons que, régulièrement, partout et dans presque tous les temps, le prêtre ascétique fait son apparition ; il n'appartient pas à une race déterminée ; il prospère partout dans tous les rangs sociaux. Non pas qu'il propage peut-être sa façon d'apprécier par hérédité, qu'il la transmette, — au contraire, un profond intérêt lui interdit, en thèse générale, de se propager. Ce doit être une nécessité d'ordre supérieur qui fait sans cesse croître et prospérer cette espèce hostile à la vie — la vie même doit avoir un intérêt à ne pas laisser périr ce type contradictoire. Car une vie ascétique est une flagrante contradiction : un ressentiment sans exemple domine, celui d'un instinct qui n'est pas satisfait, d'un désir de puissance qui voudrait se rendre maître, non de quelque chose dans la vie, mais de la vie même, de ses conditions les plus profondes, les plus fortes, les règles fondamentales ; il est fait une tentative d'user la force à tarir la source de la force ; on voit le regard haineux et mauvais se tourner même contre la prospérité physiologique, en particulier contre l'expression de cette prospérité, la beauté, la joie ; tandis que les choses manquées, dégénérées, la souffrance, la maladie, la laideur, le dommage volontaire, la mutilation, les mortifications, le sacrifice de soi sont recherchés à l'égal d'une jouissance. Tout cela est paradoxal au suprême degré : nous nous trouvons ici devant une désunion qui se veut désunie, qui jouit de soi-même par cette souffrance et qui devient même toujours plus sûre de soi et plus triomphante, à mesure que sa condition première, sa vitalité physiologique va en décroissance. « Le triomphe précisément dans la dernière agonie » : l'idéal ascétique a toujours combattu sous ce signe extrême ; dans cette énigme de séduction,dans ce tableau de ravissement et de souffrance il a toujours reconnu sa lumière la plus pure, son salut, sa victoire définitive. Crux, nux, lux, — pour lui les trois choses n'en font qu'une. (…)

Mais revenons sur nos pas. Une telle contradiction de soi, comme elle semble se manifester chez l'ascète, « la vie contre la vie » — il est clair que c'est là, au point de vue physiologique et non plus psychologique, tout simplement une absurdité. Elle ne peut être qu'apparente ; ce doit être une sorte d'expression provisoire, une interprétation, une formule, un accommodement, un malentendu psychologique de quelque chose dont pendant longtemps on ne put comprendre la vraie nature, reconnaître la vraie essence, — un mot, rien qu'un mot, serré dans une vieille fissure de la connaissance humaine. Établissons brièvement la réalité des faits : l'idéal ascétique a sa source dans l'instinct prophylactique d'une vie dégénérescente qui cherche à se guérir, qui, par tous les moyens, s'efforce de se conserver, qui lutte pour l'existence ; il est l'indice d'une dépression et d'un épuisement physiologique partiels, contre lesquels se raidissent sans cesse les instincts les plus profonds et les plus intacts de la vie, avec des inventions et des artifices toujours nouveaux. L'idéal ascétique est lui-même un de ces moyens : il est donc tout l'opposé de ce que les admirateurs de cet idéal s'imaginent, — en lui et par lui la vie lutte avec et contre la mort, l'idéal ascétique est un expédient de l'art de conserver la vie. S'il a pu à tel point, ainsi que l'indique l'histoire, s'emparer de l'homme et s'en rendre maître, en particulier partout où la civilisation et la démocratisation de l'homme ont été accomplies, il ressort de cette constatation un fait important, l'état morbide du type homme, tel qu'il a existé jusqu'à présent, du moins de l'homme domestiqué, la lutte physiologique de l'homme contre la mort (plus exactement contre le dégoût de la vie, la lassitude, le désir de la « fin »). Le prêtre ascétique est le désir incarné de l'« autrement », de l'« autre part », il est le suprême degré de ce désir, sa ferveur et sa passion véritables : mais c'est la puissance même de son désir qui l'enchaîne ici-bas, qui en fait un instrument travaillant à créer des conditions plus favorables, à ce qui est homme ici-bas, — et c'est précisément par cette puissance qu'il attache à la vie tout le troupeau des manqués, des dévoyés, des disgraciés, des malheureux, des malades de toute espèce, troupeau dont il est instinctivement le berger.

nb : traduction médiocre, mais c'est du wikisource

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Dans la culture hindouse des ascètes décident de respecter des promesses mystiques comme ne pas couper les cheveux, ongles ou d'adopter certaines positions pendant des années! Quelle est la mieux adaptée pour notre propos ? Je propose la non-consommation du foie de rennes entre midi et soir.

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Merci free_jazz.

Je ne pensais pas spécialement à l'ascétisme à l'origine. J'évoquais tout simplement les limites que chacun s'impose. Un peu comme les gamins apprennent par une éducation qu'il y a des choses qu'ils n'ont pas, qu'ils ne peuvent avoir ou qu'ils ne doivent pas avoir, mais que l'avantage se porte ailleurs : pas de plaisir immédiat - au profit d'un avantage différé dans le temps. Avec un exemple aussi simplet que la limitation des sucreries pour ne pas se retrouver avec un dentier à 25 ans.

La frustration envers le plaisir immédiat du bonbon devra alors se reporter sur une autre satisfaction, d'où justement une éducation au plaisir ; l'amputation par un versant se développe ailleurs. Une fois adulte, ce schéma ne se retrouve-t-il pas ?

Quand un mioche frappe, il apprend que c'est mal. A la longue, au lieu de céder à un instinct primaire et animal de taper en cas de contrariété, il organise d'autres schémas d'interaction et de négociation, peut-être moins défoulatoires sur l'instant, mais pas forcément moins agréables finalement.

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Merci free_jazz.

Je ne pensais pas spécialement à l'ascétisme à l'origine.

Le texte ne parle pas spécialement de l'ascétisme à ses origines, il analyse le sens de tout idéal ascétique, cela vaut encore actuellement pour les décroissants, les adeptes du végétarisme ou du néo-bouddhisme.

J'évoquais tout simplement les limites que chacun s'impose. Un peu comme les gamins apprennent par une éducation qu'il y a des choses qu'ils n'ont pas, qu'ils ne peuvent avoir ou qu'ils ne doivent pas avoir, mais que l'avantage se porte ailleurs : pas de plaisir immédiat au profit d'un avantage différé dans le temps. Avec un exemple aussi simplet que la limitation des sucreries pour ne pas se retrouver avec un dentier à 25 ans.

La frustration envers le plaisir immédiat du bonbon devra alors se reporter sur une autre satisfaction, d'où justement une éducation au plaisir ; l'amputation par un versant se développe ailleurs. Une fois adulte, ce schéma ne se retrouve-t-il pas ?

Quand un mioche frappe, il apprend que c'est mal. A la longue, au lieu de céder à un instinct primaire et animal de taper en cas de contrariété, il organise d'autres schémas d'interaction et de négociation, peut-être moins défoulatoires sur l'instant, mais pas forcément moins agréables finalement.

D'accord, mais ça n'est pas de l'ascétisme, ni même en rapport avec une doctrine du développement de soi, cela relève plutôt de l'éthique, de la vertu et de la prudence.

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Invité jabial

L'ascétisme c'est pas si mal quand ça ne devient pas un but en soi. Disons que c'est bien de faire une période ascétique pour voir ses limites, mais toute la vie ça me paraît un peu du gâchis.

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Et où se trouve la distinction entre une discipline de vie (même austère) et l'ascèse ?

La discipline de vie vise autre chose qu'elle-même. L'ascèse, elle, est sa propre finalité.

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L'ascétisme c'est pas si mal quand ça ne devient pas un but en soi. Disons que c'est bien de faire une période ascétique pour voir ses limites, mais toute la vie ça me paraît un peu du gâchis.

C'est un peu le fond de ma question, à vrai dire : les gens qui décident de s'imposer certaines limites rencontrent tôt ou tard des interlocuteurs affirmant qu'ils se gâchent des plaisirs de la vie et l'épanouissement de soi.

Or, d'une part les vecteurs de plaisir sont d'une variété immense, d'autre part l'humain dès l'enfance apprend à reporter ses frustrations vers d'autres plaisirs. En la matière, l'humain ne manque pas de sources de satisfaction. Il suffit de regarder autour de soi pour trouver mille enchantements…

[ poncif ]le siège du désir n'est pas la b… mais le cerveau :icon_up: [ /poncif ]

La discipline de vie vise autre chose qu'elle-même. L'ascèse, elle, est sa propre finalité.

Je dubite : les ascètes se trouvent un tas de causes supérieures à défendre et y trouvent leur satisfaction, non ?

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Je dubite : les ascètes se trouvent un tas de causes supérieures à défendre et y trouvent leur satisfaction, non ?

Des causes supérieures comme quoi, par exemple ?

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La "spiritualité", parce que la privation physique extrême engendre des états extrêmes, dont des hallucinations.

C'est donc l'ascèse qui se justifie elle-même, par ce qu'elle apporte en elle-même, et non pour d'autres choses qui n'ont rien à voir avec elle.

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C'est un peu le fond de ma question, à vrai dire : les gens qui décident de s'imposer certaines limites rencontrent tôt ou tard des interlocuteurs affirmant qu'ils se gâchent des plaisirs de la vie et l'épanouissement de soi.

Or, d'une part les vecteurs de plaisir sont d'une variété immense, d'autre part l'humain dès l'enfance apprend à reporter ses frustrations vers d'autres plaisirs. En la matière, l'humain ne manque pas de sources de satisfaction. Il suffit de regarder autour de soi pour trouver mille enchantements…

[ poncif ]le siège du désir n'est pas la b… mais le cerveau :icon_up: [ /poncif ]

La modération et la prudence ne sont pas l'ascèse. Et ne va pas croire que je te contredis par esprit de négation, mais il y a justement une limite entre ces attitudes, que précisément l'ascète franchit, et des fins différentes aussi.

La "spiritualité", parce que la privation physique extrême engendre des états extrêmes, dont des hallucinations.

Ce ne sont pas les hallucinations, ni même l'état d'illumination que recherche l'ascète (ce sont des moyens), mais le pouvoir politique que confère cette réputation d'homme illuminé, la crainte qu'elle inspire chez l'homme vulgaire, le sentiment d'appartenir à une caste spéciale, magnétisme suffisant pour capter le ressentiment de la foule et pourquoi pas, exiger des sacrifices ou un tribut.

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Ce ne sont pas les hallucinations, ni même l'état d'illumination que recherche l'ascète (ce sont des moyens), mais le pouvoir politique que confère cette réputation d'homme illuminé, la crainte qu'elle inspire chez l'homme vulgaire, le sentiment d'appartenir à une caste spéciale, magnétisme suffisant pour capter le ressentiment de la foule et pourquoi pas, exiger des sacrifices ou un tribut.

sans exagerer bien sur :icon_up:

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Invité jabial
Ce ne sont pas les hallucinations, ni même l'état d'illumination que recherche l'ascète (ce sont des moyens), mais le pouvoir politique que confère cette réputation d'homme illuminé, la crainte qu'elle inspire chez l'homme vulgaire, le sentiment d'appartenir à une caste spéciale, magnétisme suffisant pour capter le ressentiment de la foule et pourquoi pas, exiger des sacrifices ou un tribut.

Tin on croirait un objectiviste là !

Et les moines, alors… :icon_up:

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