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L'absentéisme Scolaire


Freeman

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Autant prendre un exemple personnel, ce sera sans doute plus percutant. Il fut un temps où j'étais au collège, au lycée. Je n'aimais pas les matières scientifiques ( chacun est comme il est ) ni vraiment le sport, reconnaissons-le. Je n'étais pas très physique. Dans ces établissements scolaires pourtant, voyez-vous, contre ma volonté, mes profs m'obligeaient à courir ( alors que j'ai des problèmes de ce côté, mais ils ne voulaient rien entendre ) ou

Après le sport, il fallait vite se dépêcher, parce qu'on avait cours ensuite. Mathématiques. Honnêtement, ça me faisait chier. Encore plus au lycée. La physique, les maths, j'y comprenais que dalle. SVT encore, c'était intéressant. Mais là n'est pas le problème. Je ne voulais pas être ici. J'en étais pourtant contraint, dans le sens où je n'avais pas le libre choix. On m'imposait d'être bon en maths, d'être bon en physique, pour passer à la classe supérieure. Pourquoi dès le départ on ne m'aurait pas proposé des matières qui me correspondait mieux ? Politique économique, philosophie, sociologie, histoire des institutions, éventuellement ? Non. Je n'avais pas le choix. Le pire, c'est qu'au collège, en raison du véto de mon prof de maths, j'ai été contraint de redoubler, parce que j'étais une tâche en maths. J'ai fait pire l'année suivante. Mais j'ai perdu un an.

Pensez-vous que cela explique en partie l'absentéisme scolaire ? Le fait que les jeunes ne veulent pas aller en cours… Et comment ça se passerait dans une société libre ?

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Dans une société libre, tes parents te botteraient le cul parce qu'ils auraient conscience de ce que tes études leur coûtent.

Et dans une société collectiviste (en France), les études leurs coutent (via les impôts), mais ils n'en ont pas conscience. Ca évite aux élèves de se faire botter le cul…

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Pensez-vous que cela explique en partie l'absentéisme scolaire ? Le fait que les jeunes ne veulent pas aller en cours… Et comment ça se passerait dans une société libre ?

As-tu lu Une société sans école ?

> http://www.eleves.ens.fr/home/colonna/illich-education.html

Selon Illich, tout le problème de notre société est que nous essayons d'enraciner toujours plus nos valeurs dans des institutions, alors que nous devrions tenter de les en arracher ; car alors cette confusion entre institutions et valeurs humaines nous mène à d'absurdes corrélations : quand nous pensons aux soins nécessaires à la santé, nous ne voyons d'autres remèdes que le traitement médical, l'amélioration de la vie communautaire passe par les services sociaux, nous confondons sécurité individuelle et protection de la police, celle de l'armée et de la sécurité nationale, etc. Dans cette logique, tout dépend alors du bon fonctionnement des institutions qui prétendent servir à ces fins, et toute amélioration ne se conçoit plus que par allocation de crédits supplémentaires aux hôpitaux, aux écoles et à tous les organismes intéressés. Il en va bien sûr de même pour l'école. C'est même plus grave encore que toutes les autres institutions, car c'est du formatage premier qu'assure celle là que découle la soumission aux autres.

L'école est donc au fondement de notre modèle d'Etat-providence redistributeur. La déscolarisation totale de la société préconisée par Illich est selon moi une perspective libertarienne ultime. Tant que tous les gosses que nous sommes ou avons été doivent passer par cette machine qui amalgame méthode du savoir et matière de l'enseignement, jamais ne sera briser la base même de tout le système qui nous est imposé, c'est-à-dire notre propre mode de pensée, notre propre façon d'envisager notre rapport au monde. Je cite Illich : "Riches et pauvres ont la même confiance dans les écoles et les hôpitaux ; leur vie en est influencée. Leurs conceptions du monde reflètent cette conviction et ils en tirent la définition de ce qui est à leurs yeux légitimes ou de ce qui ne l'est pas. Tous considèrent que se soigner seul est un acte irresponsable, que d'acquérir seul son instruction représente un danger. Toute organisation communautaire qui ne serait pas subventionnée par ceux qui détiennent l'autorité leur semblera témoigner d'un esprit de rébellion, ou ils y verront une entreprise subversive. Tous font confiance au traitement que seule l'institution peut entreprendre et, par conséquent, tout accomplissement personnel en marge de l'institution sera matière à suspicion. On parvient ainsi à ce "sous-développement" progressif de la confiance en soi et dans la communauté."

Bien sûr, on peut envisager que les institutions décriées par Illich peuvent être aussi bien publiques que privées. De même que l'autorité qui subventionne ces institutions.

En fait le problème fondamental n'est pas la source de financement de ces institutions : le vrai problème qui peut se perpétuer aussi bien dans une logique publique que privée est cette confusion entre enseigner et apprendre. L'individu scolarisé croit que l'éducation consiste à s'élever de classe en classe, et que le diplôme qu'il obtiendra finalement sera synonyme de compétence. La logique capitaliste a d'ailleurs parfaitement intégré ces préceptes et confère à la théorie du signal une grave réalité. Les recruteurs et DRH continueront de regarder le diplôme avant l'individu, quand bien même il s'agira de diplômes privés et non d'Etat : les écoles privées se seront substituées à l'école publique mais n'auront aboli son vice essentiel : celui de faire primer les titres avant les porteurs de ces titres, celui de ne pas rechercher des individus originaux mais plutôt de s'assurer par-dessus tout que ces individus ont prouvé leur capacité à se soumettre docilement à leurs formateurs scolaires en vue de s'appliquer à telle ou telle tache à la con.

Je suis donc surpris que Mélodius défende la base même de l'école, et ce par le biais de l'autorité parentale, et cela révèle son fond conservateur (fond conservateur qui ne fait d'ailleurs pas défaut à beaucoup trop de "libertariens"…). Le projet libéral est de "privatiser" les institutions publiques : je pense qu'il devrait voir plus loin, en en abolissant purement et simplement la plupart de ces institutions, et à l'inverse ne surtout pas les perpétuer sous une forme privée. Si le libéralisme ne vise qu'à perpétuer le système que nous connaissons mais à travers des circuits privés de capitaux, alors il ne se révèle être que l'espoir d'une application de ce qui serait l'idéologie de la classe capitaliste d'un point de vue marxiste et tant décriée par les anti-libéraux de tous bords. C'est bien nos modes de pensée qu'il s'agit de transformer, et pas seulement par la compréhension de l'économie, pour envisager un monde où tout serait privé.

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Le projet libéral est de "privatiser" les institutions publiques : je pense qu'il devrait voir plus loin, en en abolissant purement et simplement la plupart de ces institutions, et à l'inverse ne surtout pas les perpétuer sous une forme privée. Si le libéralisme ne vise qu'à perpétuer le système que nous connaissons mais à travers des circuits privés de capitaux, alors il ne se révèle être que l'espoir d'une application de ce qui serait l'idéologie de la classe capitaliste d'un point de vue marxiste et tant décriée par les anti-libéraux de tous bords. C'est bien nos modes de pensée qu'il s'agit de transformer avant de pouvoir sérieusement envisager un monde où tout serait privé.

Tu fais ce que tu veux mon grand, mais moi mes gamins je les mettrai dans une école (privée), parce que je suis ultra-conservateur et formaté par le système.

Les écoles n'ont pas attendu l'Etat pour exister : le projet libéral n'est pas de "privatiser les institutions publiques", mais de dénationaliser des institutions qui pour la plupart existaient bien avant que l'Etat ne mette le grapin dessus et qui ont fait la preuve de leur utilité.

Désolé de faire le rabat-joie, mais les utopies soixante-huitardes ne me semblent pas indissociables du libéralisme, et même si on peut y trouver des idées intéressantes, je m'en passerai sans regrets pour ma part.

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Dans une société libre, tes parents te botteraient le cul parce qu'ils auraient conscience de ce que tes études leur coûtent.

Pareil que melo.

Pendu par les pieds à un arbre, avec une corde mouillée pour apprendre la vie, c'est comme ça que mon grand-père faisait.

Et ça a produit des types carrés de chez carré, je vous le dis, moi.

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L'individu scolarisé croit que l'éducation consiste à s'élever de classe en classe, et que le diplôme qu'il obtiendra finalement sera synonyme de compétence.

Ben ça parait quand même classique, non?

Ecole de boulanger=> tu réussis tu as le diplome de boulanger, un truc qui dit "oui, d'apres nous, Ecole Machin, on pense que Valentin est un boulanger qui est de bon niveau".

Les recruteurs et DRH continueront de regarder le diplôme avant l'individu, quand bien même il s'agira de diplômes privés et non d'Etat : les écoles privées se seront substituées à l'école publique mais n'auront aboli son vice essentiel : celui de faire primer les titres avant les porteurs de ces titres, celui de ne pas rechercher des individus originaux mais plutôt de s'assurer par-dessus tout que ces individus ont prouvé leur capacité à se soumettre docilement à leurs formateurs scolaires en vue de s'appliquer à telle ou telle tache à la con.

C'est tout à fait vrai. Cependant, Steve Ballmer n'a pas terminé son université, Michael Dell non plus, je crois, pourtant on peut dire qu'ils ont réussi.

C'est un problème culturel, je pense.

Je suis donc surpris que Mélodius défende la base même de l'école, et ce par le biais de l'autorité parentale, et cela révèle son fond conservateur (fond conservateur qui ne fait d'ailleurs pas défaut à beaucoup trop de "libertariens"…).

En ce qui concernera mes gosses, oui je serai conservateur, je ferai comme j'ai vu faire, comme pour moi. C'est neuneu, mais au moins je sais que ça a marché, donc ça marchera peut-être.

Les choix individuels ne sont pas discutables, ne penses-tu pas?

Si le libéralisme ne vise qu'à perpétuer le système que nous connaissons mais à travers des circuits privés de capitaux, alors il ne se révèle être que l'espoir d'une application de ce qui serait l'idéologie de la classe capitaliste d'un point de vue marxiste et tant décriée par les anti-libéraux de tous bords. C'est bien nos modes de pensée qu'il s'agit de transformer, et pas seulement par la compréhension de l'économie, pour envisager un monde où tout serait privé.

Tu es bien d'accord que si je veux monter le kolkhoze Chitah, tu n'as rien à dire, si?

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C'est tout à fait vrai. Cependant, Steve Ballmer n'a pas terminé son université, Michael Dell non plus, je crois, pourtant on peut dire qu'ils ont réussi.

Dell est à la retraite alors qu'il est tout jeune !

Ceux qui ont monté Google sont fortiches eux aussi, mais je ne sais pas du tout s'ils ont fini leur université…

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Je suis donc surpris que Mélodius défende la base même de l'école, et ce par le biais de l'autorité parentale, et cela révèle son fond conservateur (fond conservateur qui ne fait d'ailleurs pas défaut à beaucoup trop de "libertariens"…). Le projet libéral est de "privatiser" les institutions publiques : je pense qu'il devrait voir plus loin, en en abolissant purement et simplement la plupart de ces institutions, et à l'inverse ne surtout pas les perpétuer sous une forme privée. Si le libéralisme ne vise qu'à perpétuer le système que nous connaissons mais à travers des circuits privés de capitaux, alors il ne se révèle être que l'espoir d'une application de ce qui serait l'idéologie de la classe capitaliste d'un point de vue marxiste et tant décriée par les anti-libéraux de tous bords. C'est bien nos modes de pensée qu'il s'agit de transformer, et pas seulement par la compréhension de l'économie, pour envisager un monde où tout serait privé.

Je suis curieux de voir où ce genre de théories peut mener, même si j'ai ma petite idée.

Pour ma part, je désire en effet pour mes futurs enfants une éducation "conservatrice", c'est-à-dire axée sur l'acquisition de connaissances et la socialisation au sein d'un groupe. On ne voit que trop vers quoi mènent les brillantes théories des gourous de l'éducation, dont l'archétype reste Rousseau, qui tout en pondant des théories fumeuses dans son "Emile" abandonnait ses moutards à l'assistance publique.

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On ne voit que trop vers quoi mènent les brillantes théories des gourous de l'éducation, dont l'archétype reste Rousseau, qui tout en pondant des théories fumeuses dans son "Emile" abandonnait ses moutards à l'assistance publique.

Ouais, paf! Je suis bien d'accord.

On n'avait pas parlé de Homeschooling il y a un an? Je me souviens que Cécile était assez pour, je crois, alors que moi…

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Le type de société auquel veut aboutir le libéralisme est celui où chacun peut vivre selon ses idées et dans le respect des autres. Si aujourd'hui le libéralisme tape sur l'éducation nationale c'est que le libéralisme veut que chacun ait le droit de choisir ce qui est le mieux pour ses enfants. Le libéralisme se fiche bien de militer pour les écoles privées ou l'enseignement à domicile. Le libéralisme veut simplement que la société reconnaisse un peu plus la volonté des individus et la libre disposition de leur propriété privée (également pour les êtres dont ils ont la charge).

Je ne comprends donc pas Valentin qui milite pour des formes d'enseignements alternatives mais qui voudrait empêcher les individus de choisir un mode d'enseignement plus traditionnel pour leurs enfants (l'enseignement scolaire privé).

Au contraire je pense que les libéraux doivent militer l'expression de la diversité quand c'est de cela que nait la concurrence, l'expérimentation, l'innovation, l'ammélioration, et donc l'intelligence.

Tuer la concurrence c'est tuer l'intelligence. Donc tuer la concurrence au sein du marché de l'enseignement est-ce bien rendre service aux enfants ?

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Le homeschooling me semble poser deux problèmes:

1. il faut qu'un des parents puisse s'y consacrer et en soit capable

2. quid pour la socialisation des gosses ?

Je suis bien d'accord, le second point me paraît plus problématique que le premier. (après tout, ma mère ayant été au foyer quand j'étais petit, aurait pu me faire bosser jusqu'à la sixième, à peu près, c'est déjà pas mal)

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Tuer la concurrence c'est tuer l'intelligence. Donc tuer la concurrence au sein du marché de l'enseignement est-ce bien rendre service aux enfants ?

Valentin n'a pas parlé de tuer la concurrence. De plus concurrence n'implique pas forcément diversité. La concurrence permet la diversité. Si il y a une meilleure manière de faire une chose, il n'y aura pas diversité, mais la libre concurrence est la meilleure façon de découvrir cette meilleure manière.

Concernant le homeschooling, je pense que c'est intéressant surtout pour échapper à l'école étatique, sinon, je pense aussi que la socialisation est une fonction importante de l'école, donc ma préférence irait clairement à l'école si elle n'était pas si pourrie du fait du monopole étatique.

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Tentative de réponse à vous tous :

Tout d'abord, avez-vous lu Une société sans école ? Les thèses énoncées par Ivan Illich sont terriblement subversives, et les propositions qu'il formule ne visent rien d'autres qu'un immense bouleversement de la société toute entière. Je sais que certains ont pu y voir une sorte de crypto-anarcho-communo-machin-chose, malgré tout il dénomme bien sa solution de substitution à l'école-institution "éducation libérale". J'invite tous ceux qui n'ont pas lu Une société sans école à consulter l'ouvrage, et à prendre le temps de lire ne serait-ce que la première partie, Pourquoi il faut en finir avec l'institution scolaire, qui pose l'essentiel des éléments du système global tel qu'envisagé par Illich. Sur cette base nous pourrons aborder plus raisonnablement les perspectives tout à fait réalistes et profitables à tous d'une société totalement déscolarisée. En attendant, vous réagissez naturellement comme Illich le prévoyait : cela vous semble une folie, ou une connerie de 68ards attardés. "Notre imagination ne sait plus que se tourner vers l'école."

Ecole de boulanger=> tu réussis tu as le diplome de boulanger, un truc qui dit "oui, d'apres nous, Ecole Machin, on pense que Valentin est un boulanger qui est de bon niveau".

Ca, c'est précisément la théorie du signal. Que je veuille acquérir des connaissances particulières relatives à la fabrication du pain et autres viennoiseries, et je peux effectivement essayer de trouver un organisme qui me formera ; que cet organisme me délivre un diplôme d'aptitudes à la boulangerie selon ses critères, je m'en bat les couilles à partir du moment où je suis effectivement apte à la boulangerie. Je n'ai jamais demandé à mon boulanger si il avait un diplôme : si je vais chez lui c'est que son pain est excellent. Si il fallait être titulaire d'un diplôme particulier pour se consacrer à telle ou telle activité, hé bien ce serait le monde que nous connaissons, où il faut des permis pour tout, où des numerus clausus sont fixés dans de nombreuses branches, etc. Dans une société libre, n'importe qui peut se risquer à n'importe quelle activité : mais on distinguera facilement celui qui sait faire du pain de celui qui ne sait pas en faire. Par contre, le diplôme biaise le jeu dans le sens où l'on confère au diplômé les soi-disant capacités établies sur le papier : or certains sont sûrement plus capables, mais n'ont pas le diplôme, soit parce que leur génie ne pouvait se cantonner à un enseignement scolaire justement, soit parce qu'ils n'avait pas les moyens de suivre une telle scolarité, etc. Celui qui me présente son diplôme d'artiste, je lui chie à la gueule. Pareil pour celui qui me présente son diplôme d'entrepreneur.

Les choix individuels ne sont pas discutables, ne penses-tu pas?

Tu es bien d'accord que si je veux monter le kolkhoze Chitah, tu n'as rien à dire, si?

Dans une société libre, on tolérera n'importe quelle secte au nom de la liberté, et même au nom de la liberté d'être con de la part des adeptes de la secte qui se sacrifient aux pieds d'un gourou mégalo ? Hé bien non ! On ne s'attaquera pas directement et physiquement à la secte et à ses cadres, mais on* fera tout pour montrer qu'elle est mauvaise et qu'il faut la fuir.

*"on" : je veux dire des associations d'aide diverses, qui se donneront pour mission de combattre les obscurantismes religieux et pseudo-religieux.

Je suis curieux de voir où ce genre de théories peut mener, même si j'ai ma petite idée.

Pour ma part, je désire en effet pour mes futurs enfants une éducation "conservatrice", c'est-à-dire axée sur l'acquisition de connaissances et la socialisation au sein d'un groupe. On ne voit que trop vers quoi mènent les brillantes théories des gourous de l'éducation, dont l'archétype reste Rousseau, qui tout en pondant des théories fumeuses dans son "Emile" abandonnait ses moutards à l'assistance publique.

Et voilà le piège dénoncé par Illich : confondre école et acquisition de connaissances et socialisation au sein d'un groupe. Je cite : "Venons-en à une seconde illusion, sur laquelle s'appuie l'institution scolaire : on croit que l'éducation se fonde en grande partie sur l'enseignement. Et il est vrai qu'il contribue à l'acquisition de certains types de connaissance. Mais le savoir de la plupart des êtres humains ne leur vient-il pas d'expériences faites en dehors de l'école ? Admettons que dans certains cas elles le furent dans l'enceinte de l'école, dans la mesure où les habitants des pays riches y passent une part sans cesse plus importante de leur vie.

Ce que l'on a appris vous est souvent venu comme par aventure, et ce que l'on a voulu consciemment apprendre n'a que peu de rapport avec un programme d'enseignement. Ainsi, l'enfant a découvert dès son plus jeune âge le langage, sans qu'il lui fut enseigné. Il parlera assurément plus vite si ses parents lui prêtent attention. La connaissance d'une deuxième langue est due dans la plupart des cas à des circonstances particulières : changement de domicile, voyage, rencontre, etc. Croit-on encore que le gout de la lecture s'apprenne à l'école ? Interrogez l'amateur, il vous répondra que oui, insistez et il reconnaîtra bien volontiers qu'il n'y avait pas réfléchi et que sa première réponse était erronée.."

Illich ajoute toutefois :

"Mais si nos connaissances nous semblent être le fruit du hasard, ou si nous les tirons d'autres activités que nous appelons loisirs ou travail, il n'en reste pas moins qu'un apprentissage puisse se concevoir, puisse bénéficier d'un enseignement organisé."

Ce qui concerne ici l'acquisition des connaissances est aussi applicable à la socialisation : plutôt que de mettre ses gosses à l'école, on peut les laisser jouer dans la rue, il n'auront pas moins d'amis - et d'ailleurs je pense que les liens qu'ils entretiendront seront beaucoup forts.

Pour ce qui est des théories de Rousseau, je ne parle pas de substituer une forme d'enseignement à une autre : je suggère de les abolir toutes ! (Même si, si il fallait vraiment faire le choix de la meilleure forme d'enseignement, j'irais farfouiller du côté des pédagogies libertaires.)

Je ne comprends donc pas Valentin qui milite pour des formes d'enseignements alternatives mais qui voudrait empêcher les individus de choisir un mode d'enseignement plus traditionnel pour leurs enfants (l'enseignement scolaire privé).

Au contraire je pense que les libéraux doivent militer l'expression de la diversité quand c'est de cela que nait la concurrence, l'expérimentation, l'innovation, l'ammélioration, et donc l'intelligence.

Dans une société libre chacun aurait le droit de faire ce qu'il veut tant qu'il n'impose rien aux autres. OK. Le libéral défend donc cet anti-système, et combat tous ceux qui proposent des systèmes de substitution sans s'attaquer véritablement à la logique de système en général. OK. Mais dans cet anti-système, au sein de ce pluralisme libéral, j'ai quand même le droit de dire ce que je veux, et de cracher sur ce que ce veux et de faire la promotion de ce que je veux.

Ainsi je suis libéral, mais au travers de ce libéralisme je veux tout de même diffuser voire faire triompher ce qui me semble le meilleur.

Ainsi dans une société libre chacun se dirigerait vers la forme d'école qui lui semble la meilleure : et moi je militerai contre ce mythe de l'école destructeur et pour la déscolarisation de la société.

Je ne veux empêcher les individus de choisir un mode d'enseignement plus traditionnel, je veux seulement leur faire des suggestions en espérant qu'ils les considéreront avec intérêt. Je veux montrer que toutes les formes d'enseignement sont mauvaises : sans rien imposer je souhaite toutefois motiver les gens à se tourner vers autre chose que ce qu'il connaisse. Ce n'est rien d'autre qu'une forme de pub, en somme.

Le homeschooling me semble poser deux problèmes:

1. il faut qu'un des parents puisse s'y consacrer et en soit capable

2. quid pour la socialisation des gosses ?

Je répète que je ne suis pas spécialement favorable au homeschooling ou à d'autres formes d'enseignement alternatives : je suis contre toute forme d'enseignement. Je suis pour qu'on laisse les gosses traîner où ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent.

On créera de grands parcs où quelques adultes auront pour seule mission d'assurer une sécurité minimum, et on y abandonnera nos bambins. On ne se souciera même plus de savoir qui sont les parents de qui. Chacun, dès sa naissance, aura une individualité propre totalement détachée de toute cellule intermédiaire telle que se présente la famille ou l'école. Ce seront les êtres universels. Les inégalités continueront d'exister, mais ce ne seront plus ni les foyers ni les institutions qui les perpétueront.

Les parents financeront ces grands parcs où ils abandonneront le fruit de leurs copulations incessantes. Aujourd'hui nous reproduisons l'ordre social par l'entremise des héritages, de quelque nature qu'ils soient (l'héritage du capital financier et patrimonial étant bien entendu l'essentiel et le plus déterminant, notamment car se lie aussitôt à lui l'héritage culturel, déterminant pour la progression scolaire de l'enfant justement). Les libéraux justifient les inégalités à partir d'une égalité originelle (voir ici : http://www.heresie.org/pauvres.html : "la pauvreté est la condition initiale de l'homme" : c'est faux, certains naissent une cuillère d'argent dans la bouche). Les parcs universels aboliront cette inégalité à la base, pour mieux faire accepter les inégalités qui découleront du jeu social par la suite. Sinon, les inégalités semblent n'être qu'une perpétuation des inégalités déjà existantes entre les individus : aujourd'hui la société semble se reproduire en se calquant elle-même génération après génération

Ces Parcs universels donneront une réalité à ce mythe de l'égalité originelle. Tous les foyers, riches ou pauvres, financeront ces parcs non pour leurs enfants, mais pour l'humanité en général. Les parents ne se soucieront pas d'observer leurs mômes s'appliquer à reproduire tous leurs traits et mimiques et à se profiler ainsi comme la continuation égoïste de leurs minables personnalités.

Les mômes sortiront du parc où ils auront été placés dès qu'ils auront trouvé eux-mêmes le moyen d'en sortir. Alors ils entreront dans le vrai parc, le parc mondial, la société des adultes, et deviendront par-là même eux aussi des adultes. Ils évolueront dans cette société, dans laquelle ils débarqueront avec un capital qu'ils auront constitué eux-mêmes dans le parc, sans profiter d'aucun capital hérité. Ils auront ce qu'ils méritent, par leur nature même, et c'est pour ça que les inégalités ne pourront être condamnables (en d'autres termes que l'égalitarisme ne trouvera aucune justification). Ils essayeront de mettre en oeuvre ce capital dans le parc mondial, essayeront de le faire fructifier, d'en constituer un nouveau. Ceux qui auront assez en délaisseront une part au profit du financement des parcs universels, pour faire se perpétuer sans cesse le parc mondial qui leur offre tant de richesses et qui présentent une si merveilleuse source de bonheur.

L'ordre du parc mondial sera régit par une sorte de justice naturelle, qui émanera du développement des individus étranger à tous biais dus à la reproduction des inégalités par les foyers et les institutions, car protégé dans le parc universel. Le mythe de l'école ne trouvera plus sa place et sera rejeté au même titre que tous les mythes sociaux tels que les Etats et les Eglises. Seule la vie trouvera sa place dans le parc universel, seule l'exaltation de la vie trouvera sa place dans le parc mondial.

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Dans une société libre tu pourrais le faire, c'est évident, et tu peux bien entendu défendre tes idées à ce sujet.

Ceci étant, je ne serais pas étonné que tes gosses t'en veulent à mort une fois adultes. Mais ça c'est ton problème.

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Ca, c'est précisément la théorie du signal. Que je veuille acquérir des connaissances particulières relatives à la fabrication du pain et autres viennoiseries, et je peux effectivement essayer de trouver un organisme qui me formera ; que cet organisme me délivre un diplôme d'aptitudes à la boulangerie selon ses critères, je m'en bat les couilles à partir du moment où je suis effectivement apte à la boulangerie. Je n'ai jamais demandé à mon boulanger si il avait un diplôme : si je vais chez lui c'est que son pain est excellent. Si il fallait être titulaire d'un diplôme particulier pour se consacrer à telle ou telle activité, hé bien ce serait le monde que nous connaissons, où il faut des permis pour tout, où des numerus clausus sont fixés dans de nombreuses branches, etc. Dans une société libre, n'importe qui peut se risquer à n'importe quelle activité : mais on distinguera facilement celui qui sait faire du pain de celui qui ne sait pas en faire. Par contre, le diplôme biaise le jeu dans le sens où l'on confère au diplômé les soi-disant capacités établies sur le papier : or certains sont sûrement plus capables, mais n'ont pas le diplôme, soit parce que leur génie ne pouvait se cantonner à un enseignement scolaire justement, soit parce qu'ils n'avait pas les moyens de suivre une telle scolarité, etc. Celui qui me présente son diplôme d'artiste, je lui chie à la gueule. Pareil pour celui qui me présente son diplôme d'entrepreneur.

Oui enfin bon… mais si je suis gérant d'un Carrefour et que je cherche à engager 3 boulangers pour mon rayon boulangerie, le fait qu'il existe des écoles plus ou moins connues et réputées (celle-ci pour les viennoiseries, celle-là pour les gateaux, etc..) peut m'aider à faire un choix.

C'est pareil dans beaucoup de secteurs: il est fort probable qu'une certaine "standardisation" se mettent en place, avec des écoles et des filières. Tant que cette standardisation est l'oeuvre spontanée des acteurs du marché, rien à redire bien sûr… Elle permet de réduire certains coûts et tant qu'elle n'est pas obligatoire et ne débouche pas sur des monopoles légaux, elle laissera la place pour les "outsiders" et les parcours atypiques.

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et que des parents obligent leurs enfants à suivre tel ou tel systeme d'éducation ne me semble pas conservateur..

Ce qui est conservateur dans le fait de perpétuer le mythe de l'école, c'est que la logique scolaire est au fondement même de l'ordre politique que nous connaissons. Si l'on sépare l'Etat de l'éducation, mais que l'on perpétue dans ce mythe de école, alors les institutions dont nous hériterons figeront la société comme l'Etat la figeait. Que la politique soit séparée de l'Etat n'induit pas forcément que cette nouvelle politique soit recevable : l'Etat n'est pas le seul ennemi, il existe d'autres formes de coercition à la base de spoliation de la propriété privée - l'Etat s'est d'ailleurs appuyé sur certaines et n'a pas généré les seules siennes.

Quand je dis "conservateur", je veux dire que la structure sociale se conservera, c'est-à-dire que nous assisterons aux mêmes phénomènes de reproduction sociale qu'aujourd'hui - reproduction sociale qui donne aux tenants de l'égalité-avant-tout un sacré argument contre le libéralisme. Il est en effet injuste qu'un fils d'ouvrier devienne ouvrier non pas parce qu'il l'a souhaité mais simplement parce qu'il est fils d'ouvrier. C'est contraire à l'idée d'égalité originelle en droit et en possibilité, qui est l'un des piliers du libéralisme.

Dans notre système demeure une certaine illusion de méritocratie ; c'est pour ça qu'il se maintient si bien. Nous pensons simplement que les plus défavorisés ne jouent pas encore assez bien avec le système, mais qu'ils ont tout de même "toutes leurs chances" pour peu qu'ils s'en donnent les moyens. On fait d'ailleurs de temps à autre monter sur le podium un petit jeune de cité histoire de raviver le mythe. Mais le jour où cette politique sera privatisée, et qu'elle maintiendra l'ordre social que l'on connaît - en d'autres termes le jour où nous nous apercevrons qu'une politique privée ne modifie aucunement la donne d'une politique publique mais lève sa cape d'illusions - alors les inégalités ne pourront plus être tolérées car elles seront elles-mêmes à la base de la politique, et non simplement admises comme légales par cette politique, en tant que fatalité ou résultant d'un processus naturel.

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On créera de grands parcs où quelques adultes auront pour seule mission d'assurer une sécurité minimum, et on y abandonnera nos bambins. On ne se souciera même plus de savoir qui sont les parents de qui. Chacun, dès sa naissance, aura une individualité propre totalement détachée de toute cellule intermédiaire telle que se présente la famille ou l'école. Ce seront les êtres universels. Les inégalités continueront d'exister, mais ce ne seront plus ni les foyers ni les institutions qui les perpétueront.

Les parents financeront ces grands parcs où ils abandonneront le fruit de leurs copulations incessantes. Aujourd'hui nous reproduisons l'ordre social par l'entremise des héritages, de quelque nature qu'ils soient (l'héritage du capital financier et patrimonial étant bien entendu l'essentiel et le plus déterminant, notamment car se lie aussitôt à lui l'héritage culturel, déterminant pour la progression scolaire de l'enfant justement). Les libéraux justifient les inégalités à partir d'une égalité originelle (voir ici : http://www.heresie.org/pauvres.html : "la pauvreté est la condition initiale de l'homme" : c'est faux, certains naissent une cuillère d'argent dans la bouche). Les parcs universels aboliront cette inégalité à la base, pour mieux faire accepter les inégalités qui découleront du jeu social par la suite. Sinon, les inégalités semblent n'être qu'une perpétuation des inégalités déjà existantes entre les individus : aujourd'hui la société semble se reproduire en se calquant elle-même génération après génération

Ces Parcs universels donneront une réalité à ce mythe de l'égalité originelle. Tous les foyers, riches ou pauvres, financeront ces parcs non pour leurs enfants, mais pour l'humanité en général. Les parents ne se soucieront pas d'observer leurs mômes s'appliquer à reproduire tous leurs traits et mimiques et à se profiler ainsi comme la continuation égoïste de leurs minables personnalités.

Les mômes sortiront du parc où ils auront été placés dès qu'ils auront trouvé eux-mêmes le moyen d'en sortir. Alors ils entreront dans le vrai parc, le parc mondial, la société des adultes, et deviendront par-là même eux aussi des adultes. Ils évolueront dans cette société, dans laquelle ils débarqueront avec un capital qu'ils auront constitué eux-mêmes dans le parc, sans profiter d'aucun capital hérité. Ils auront ce qu'ils méritent, par leur nature même, et c'est pour ça que les inégalités ne pourront être condamnables (en d'autres termes que l'égalitarisme ne trouvera aucune justification). Ils essayeront de mettre en oeuvre ce capital dans le parc mondial, essayeront de le faire fructifier, d'en constituer un nouveau. Ceux qui auront assez en délaisseront une part au profit du financement des parcs universels, pour faire se perpétuer sans cesse le parc mondial qui leur offre tant de richesses et qui présentent une si merveilleuse source de bonheur.

L'ordre du parc mondial sera régit par une sorte de justice naturelle, qui émanera du développement des individus étranger à tous biais dus à la reproduction des inégalités par les foyers et les institutions, car protégé dans le parc universel. Le mythe de l'école ne trouvera plus sa place et sera rejeté au même titre que tous les mythes sociaux tels que les Etats et les Eglises. Seule la vie trouvera sa place dans le parc universel, seule l'exaltation de la vie trouvera sa place dans le parc mondial.

T'es pas dingue ?

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