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Renaud Camus


free jazz

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Son livre précédent m'avait plu par sa syntaxe impeccable, sa charge féroce contre les dogmes de l'Empire du bien et la chape de plomb des préjugés égalitaristes réputés intouchables:

Le nouveau Renaud Camus dresse un tableau sombre, lucide sur la domination politiquement organisée du culturalisme et son résultat : "la grande déculturation".

Il décrit un système éducatif en ruine incapable de sélectionner l'excellence, la faillite des politiques culturelles, les illusions démocratiques de la massification, de la gratuité et du "droit à la culture", qui conduisent progressivement à une dévaluation et une médiocrité massive culminant avec la muséification panurgique. C'est le concept même de culture au sens politique et officiel qui est remis en question.

Présentation de l'éditeur

Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Ce livre soutient le contraire. Si la culture s'est répandue, selon lui, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d'une génération accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de maturité qu'implique ce diplôme est à peu près celui qu'atteignaient au même âge les trois-quarts d'une autre génération, quand personne ne songeait à nommer cela baccalauréat, à peine certificat d'études. L'université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l'école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement. Tout a baissé d'un cran. C'est la grande déculturation. Et si les journaux n'ont plus de lecteurs, c'est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait plus lire, même des phrases de plus en plus simples et de plus en plus fautives, avec de moins en moins de mots. Le paradoxe est que l'objectif quantitatif, qui est au cœur de l'ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l'argent, par le biais de la publicité, des taux d'audience et des lois du marché. C'est ainsi que le Louvre devient une marque, etc

Le bouquin se fait descendre par les bien-pensants de tous poils, les gardiens de la diversité culturelle et du rap triste des banlieues, ce qui semble indiquer une marque digne d'intérêt:

http://www.causeur.fr/ma-france-culture,450

http://www.nouveau-reac.org/blog/

Ne l'ayant pas encore lu, vos commentaires sont les bienvenus.

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…si les journaux n'ont plus de lecteurs, c'est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait plus lire…

Bof bof comme analyse du phénomène.

…l'objectif quantitatif, qui est au cœur de l'ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l'argent, par le biais de la publicité, des taux d'audience et des lois du marché. C'est ainsi que le Louvre devient une marque, etc.

Horresco referens.

Bref, les mêmes jérémiades cent fois ressassées.

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Bof bof comme analyse du phénomène.

Amha si elle ne se vend pas, c'est surtout parce que la presse quotidienne n'est pas assez intéressante, comparée à la presse anglo-saxonne. Elle manque de qualité. Mais une des causes de ce phénomène tient aussi à la médiocrité croissante des journalistes, car en plus d'être complètement formatés, leur niveau de culture et de maîtrise du français est en chute libre.

Horresco referens.

Bref, les mêmes jérémiades cent fois ressassées.

Le sage a dit : "Lucilio, méfie-toi des 4è de couverture."

:icon_up:

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Le sage a dit : "Lucilio, méfie-toi des 4è de couverture."

Churchill a gagné une guerre en se basant sur des rapports tenant sur un quart de feuille, sans faire de sport et en buvant une bouteille de whisky par jour.

Sinon, quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver !

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C'est ainsi que le Louvre devient une marque, etc

Je me demande s'il aurait tenu le même langage si d'aventure le Louvre s'était exporté à Washington en lieu et place de la péninsule arabique.

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Je me demande s'il aurait tenu le même langage si d'aventure le Louvre s'était exporté à Washington en lieu et place de la péninsule arabique.

De fait, le Guggenheim a débarqué à Bilbao sans que personne ne crie au scandale. Mais il faut dire qu'aux States la culture n'est pas un vain mot.

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[…] Bref, les mêmes jérémiades cent fois ressassées.

C'est une jérémiade de constater que l'objectif démocratique d'une culture de masse dissimule à grand-peine l'obsession du chiffre d'affaires?

Churchill a gagné une guerre en se basant sur des rapports tenant sur un quart de feuille, sans faire de sport et en buvant une bouteille de whisky par jour.

Et accessoirement aussi sur l'intervention des Etats-Unis…

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C'est une jérémiade de constater que l'objectif démocratique d'une culture de masse dissimule à grand-peine l'obsession du chiffre d'affaires?

Tu places une relation causale là où il n'y en a pas.

L'objectif de la démocratisation de la culture est le vain espoir de culturer le populo.

Le populo qui n'est pas culturé, mais pas con non plus, claque son pognon dans les débilités qui lui plaisent. Ce qui veux simplement dire que le marché est toujours le plus fort.

Bref, je ne vois aucun problème de "déculturation". La culture reste aujourd'hui, comme hier, comme sous les Valois ou l'empire romain, une affaire de minorité. Zéro problème pour moi. Business as usual.

Et accessoirement aussi sur l'intervention des Etats-Unis…

Ne me dis pas que, toi aussi, tu crois à ce montage du débarquement en Normandie. :icon_up:

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Tu places une relation causale là où il n'y en a pas.

Mais non. D'ailleurs, il n'y a pas de relation causale dans ma phrase.

L'objectif de la démocratisation de la culture est le vain espoir de culturer le populo.

Je crois que non. Ca, c'est l'objectif affiché. L'objectif véritable est de permettre aux "artistes" et autres cultureux proches du pouvoir de s'en mettre plein les fouilles, afin qu'ils ne crèvent pas de faim (ce qu'ils ne manqueraient pas de faire si on les laissait face au marché) et qu'ils puissent continuer à chanter les louanges des princes qui nous gouvernent.

Ne me dis pas que, toi aussi, tu crois à ce montage du débarquement en Normandie. :icon_up:

C'est une théorie du complot plausible. :doigt:

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Je crois que non. Ca, c'est l'objectif affiché. L'objectif véritable est de permettre aux "artistes" et autres cultureux proches du pouvoir de s'en mettre plein les fouilles…

C'est pas faux. Mais ces parasites vivent justement en marge du marché, de l'argent, de la réclame ; ils se contenter de se sucrer sur la pompe à phynances étatique. Donc le parallèle que tu fais entre la démocratisation de la culture et l'obsessioon du chiffre d'affaires n'est pas pertinent : les "artistes" et autres "démocratiseurs de culture" sont précisément les moins obsédés par le chiffre d'affaire.

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C'est pas faux. Mais ces parasites vivent justement en marge du marché, de l'argent, de la réclame ; ils se contenter de se sucrer sur la pompe à phynances étatique. Donc le parallèle que tu fais entre la démocratisation de la culture et l'obsessioon du chiffre d'affaires n'est pas pertinent : les "artistes" et autres "démocratiseurs de culture" sont précisément les moins obsédés par le chiffre d'affaire.

Il n'y a pas de relation causale mais je ne fais pas non plus un parallèle. Les artistes populaires traditionnels considèrent l'argent comme accessoire (combien de vrais artistes ont vraiment vécu de leur art?) mais justement, et j'émets là le même regret que Camus, la culture traditionnelle a laissé la place à un galimatias pseudo-culturel vivant grâce à un marché certes, mais un marché artificiel, alimenté par des organisations publiques comme le ministère de la culture, la Sacem, le régime des intermittents du spectacle, etc…

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…combien de vrais artistes ont vraiment vécu de leur art?…

Beaucoup. Très beaucoup. J'en connais même plusieurs. Ce ne sont pas des stars. Ils gagnent ni plus ni moins qu'un modeste employé, mais ils font un job qui leur plaît et font pas chier le monde.

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Je suis plutôt proche de la position de Lucilio pour ces questions.

Mon inutition est qu'il existe toujours un nombre limité de grands artistes en tout domaine de création. La démocratisation (étatique) ou la marchandisation, cela permet seulement à des petits artistes de prospérer, avec un talent très variable, parfois nul (simple copinage ou simple spécualation, cette dernière étant fréquente dans le marché de l'art abstrait / conceptuel).

Je vais prendre un exemple : on publie à chaque rentrée littéraire entre 600 et 1000 romans (de mémoire). 90% sont nuls ou moyens, ils ne laisseront pas de traces mémorables dans l'histoire, l'épreuve du temps leur sera fatal. Voyant cela, il y a toujours des critiques pour dire : la littérature est morte, noyée dans sa merde, noyée dans la masse. C'est faux : il y a toujours 10% de choses intéressantes qui vont rester et en leur sein, quelques grands auteurs qui feront une oeuvre capable de traverser les générations.

Cela doit pouvoir s'appliquer aux autres arts, musique, peinture, sculpture, architecture, etc.

Les progressistes de la Kultur d'Etat rêvent de donner à la masse un jugement de goût exquis : c'est aberrant. Au mieux, on peut permettre à certains individus l'accès à des formes artistiques qui auraient été inconnues d'eux, mais même cela est douteux.

Les réactionnaires rêvent d'une époque où l'artiste de génie aurait été immédiatement reconnu par tous comme l'incarnation du Beau dans son temps : je n'y crois pas plus, cela me semble imaginaire, une resucée romantique de la communion art-peuple-vie-histoire.

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Je suis plutôt proche de la position de Lucilio pour ces questions.

Mon inutition est qu'il existe toujours un nombre limité de grands artistes en tout domaine de création. La démocratisation (étatique) ou la marchandisation, cela permet seulement à des petits artistes de prospérer, avec un talent très variable, parfois nul (simple copinage ou simple spécualation, cette dernière étant fréquente dans le marché de l'art abstrait / conceptuel).

Je vais prendre un exemple : on publie à chaque rentrée littéraire entre 600 et 1000 romans (de mémoire). 90% sont nuls ou moyens, ils ne laisseront pas de traces mémorables dans l'histoire, l'épreuve du temps leur sera fatal. Voyant cela, il y a toujours des critiques pour dire : la littérature est morte, noyée dans sa merde, noyée dans la masse. C'est faux : il y a toujours 10% de choses intéressantes qui vont rester et en leur sein, quelques grands auteurs qui feront une oeuvre capable de traverser les générations.

Cela doit pouvoir s'appliquer aux autres arts, musique, peinture, sculpture, architecture, etc.

Les progressistes de la Kultur d'Etat rêvent de donner à la masse un jugement de goût exquis : c'est aberrant. Au mieux, on peut permettre à certains individus l'accès à des formes artistiques qui auraient été inconnues d'eux, mais même cela est douteux.

Les réactionnaires rêvent d'une époque où l'artiste de génie aurait été immédiatement reconnu par tous comme l'incarnation du Beau dans son temps : je n'y crois pas plus, cela me semble imaginaire, une resucée romantique de la communion art-peuple-vie-histoire.

C'est assez juste mais le 10% tend à s'abaisser vers l'ordre du 1 à 2% dans certains domaines. Et il n'est pas dit que les générations suivantes soient capables de reconnaitre quoi que ce soit de pertinent sur l'époque d'aujourd'hui. Pour paraphraser un péheffe, on se souviendra toujours plus des chansons de Claude François, que de celles de Brassens (que je n'affectionne pas spécialement ceci dit).

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Je suis plutôt proche de la position de Lucilio pour ces questions.

Mon inutition est qu'il existe toujours un nombre limité de grands artistes en tout domaine de création. La démocratisation (étatique) ou la marchandisation, cela permet seulement à des petits artistes de prospérer, avec un talent très variable, parfois nul (simple copinage ou simple spécualation, cette dernière étant fréquente dans le marché de l'art abstrait / conceptuel).

Je vais prendre un exemple : on publie à chaque rentrée littéraire entre 600 et 1000 romans (de mémoire). 90% sont nuls ou moyens, ils ne laisseront pas de traces mémorables dans l'histoire, l'épreuve du temps leur sera fatal. Voyant cela, il y a toujours des critiques pour dire : la littérature est morte, noyée dans sa merde, noyée dans la masse. C'est faux : il y a toujours 10% de choses intéressantes qui vont rester et en leur sein, quelques grands auteurs qui feront une oeuvre capable de traverser les générations.

Cela doit pouvoir s'appliquer aux autres arts, musique, peinture, sculpture, architecture, etc.

Les progressistes de la Kultur d'Etat rêvent de donner à la masse un jugement de goût exquis : c'est aberrant. Au mieux, on peut permettre à certains individus l'accès à des formes artistiques qui auraient été inconnues d'eux, mais même cela est douteux.

Les réactionnaires rêvent d'une époque où l'artiste de génie aurait été immédiatement reconnu par tous comme l'incarnation du Beau dans son temps : je n'y crois pas plus, cela me semble imaginaire, une resucée romantique de la communion art-peuple-vie-histoire.

Bien dit.

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C'est assez juste mais le 10% tend à s'abaisser vers l'ordre du 1 à 2% dans certains domaines.

Ce qui fait tout de même 6 à 20 romans dignes d'intérêt à chaque rentrée littéraire.

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Et il n'est pas dit que les générations suivantes soient capables de reconnaitre quoi que ce soit de pertinent sur l'époque d'aujourd'hui.

Le "jugement de la postérité" est un mythe.

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Je ne suis pas surpris, connaissant l'orientation évoquée par Gadrel. Ceci dit on trouve le même genre de réquisitoire contre la subvention d'une immigration incontrôlée et contre le multiculturalisme forcé chez H.H Hoppe :

Plus exactement, ce qui constitue le "bien-être" et la "richesse" est subjectif, et on peut préférer un niveau de vie matériel plus faible avec une distance plus grande vis-à-vis de certaines autres gens à un niveau de vie matériel plus élevé et une distance plus faible. C'est précisément le caractère absolument volontaire de l'association et de la séparation humaines - donc l'absence de toute forme d'intégration forcée - qui rend possible les relations paisibles - le libre échange - entre des peuples racialement, ethniquement, linguistiquement, religieusement ou culturellement distincts.

(…)

Ainsi, un mouvement de population, à l'opposé d'un envoi de produits, n'est pas en soi un événement mutuellement bénéfique parce qu'il n'est pas toujours - nécessairement et invariablement - le résultat d'un accord entre un destinataire spécifique et un expéditeur spécifique. Il peut y avoir des envois (immigrants) sans destinataires consentants dans le pays. Dans ce cas, les immigrants sont des envahisseurs étrangers et l'immigration représente un acte d'invasion. Il est certain que le rôle protecteur de base du gouvernement comprend la lutte contre les invasions étrangères et l'expulsion des envahisseurs étrangers.

(…)

Mis à part le problème sociologique qui résulte de la création de deux classes distinctes de résidents et les tensions sociales qui s'ensuivraient, il y a peu de doute sur le résultat d'une telle expérience dans le monde actuel. Ce résultat serait moins drastique et moins immédiat qu'avec un scénario de libre immigration inconditionnelle, mais il conduirait également à une invasion massive étrangère et à la fin à la destruction de la civilisation américaine ou suisse.

http://herve.dequengo.free.fr/Hoppe/Hoppe1.htm

Analyse qui n'enlève rien, je crois, à l'excellence et à la profondeur des réflexions politiques de Hoppe. On sait qu'il existe deux sortes de libertariens dans ce domaine: ceux qui considèrent les communs comme un espace fermé et les autres comme un espace ouvert.

Ensuite, être partisan de la seconde option n'est pas contradictoire avec une critique de l'antiracisme idéologique, dogmatique et liberticide.

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Au sujet de la culture de masse, j'ai bien aimé ce très court ouvrage :

Lash - qui a beaucoup inspiré Michéa par ailleurs - y fait une excellente critique de la prétendue démocratisation de la culture qui ne constitue bien souvent qu'une marchandisation de la culture. En plus ça se lit très vite et il évite de tomber dans le piège modernisme/passéisme qui nous donne les éternels débats finissant par conclure qu'un camp radote sur le mode de "c'était mieux avant" tandis que l'autre camp vit avec son temps.

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Bon, j'ai pas encore fini le bouquin que je regrette déjà de l'avoir acheté : sabir sans fin, déploiement langagier sans queue ni tête, à la page 40 je cherche toujours l'hypothèse de départ, une structure cohérente, ne fût-ce qu'une idée originale.

… Et je ne résiste pas à vous livrer un petit extrait (pp. 20-21) :

Posons par exemple, et ce n'est pas scrupuleusement exact, mais c'est nettement plus vrai que faux, que le règne de la culture coïncide avec celui de la bourgeoisie. Le mot culture est apparu -dans l'acception intellectuelle et "artistique" qui nous intéresse ici- au moment où s'effritait, sous la pression des Lumières, de la révolution industrielle et du libéralisme balbutiant, l'arsenal rhétorique et langagier qui servait à définir idéalement le rapport intellectuel et moral, social et protocolaire de l'homme noble, du gentilhomme et de leur avatar l'"honnête homme", à la pensée et à la connaissance. Il disparaît, ou plutôt il s'efface par ubiquité, il se ridiculise par omniprésence, il se vide de toute signification par émiettement centrifuge et dissémination exponentielle de ces occurrences, au moment où, sur les décombres de la conception bourgeoise du rapport au monde, s'est établi dans toute sa rigueur ce que j'ai appelé ailleurs "la dictature de la petite bourgeoisie", mélange globalisant, pour ne pas dire totalitaire, d'hyperdémocratie et de ressentiment, de prolétarisme et d'esprit de conquête terminologique, de médiatisation à outrance et d'horreur viscérale de la médiation.

Bon, je continue et je vous dis quoi. :icon_up:

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