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L'économie de la religion


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Analyse de Martin Masse

Philippe Simonnot est l'un des rares économistes de l'École autrichienne dans le monde francophone. Il a créé il y a un an L'Observatoire des religions, un site qui observe l'actualité religieuse en général et se spécialise dans l'analyse des phénomènes religieux sous un angle économique.

M. Simonnot est docteur ès sciences économiques et l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages d'économie et d'histoire. Le QL a notamment publié un extrait de L'erreur économique. Comment économistes et politiques se trompent et nous trompent, et l'a interviewé lors de la sortie de son essai L'invention de l'État. Économie du Droit.

Sur le thème de l'économie de la religion, M. Simonnot a publié en 2006 Les papes, l'Église et l'Argent. Histoire économique du christianisme des origines à nos jours. Son dernier ouvrage tout juste sorti des presses s'intitule Le marché de Dieu. Économie du judaïsme, du christianisme et de l'islam. Ces deux volumes appliquent aux trois grandes religions monothéistes les outils de l'analyse économique.

Le journal Le Monde dans son edition du 27 fevrier 2008 a consacre son "Livre du jour" au dernier ouvrage de Philippe Simonnot, Le marche de Dieu. Ci/dessous le texte de cet article signe par Alain Faujas

A l’aide de l’archéologie, Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman avaient joyeusement démantibulé les mythes de l’âge d’or hébreu, de la conquête de la Terre promise et du temple du roi Salomon, dans leur Bible dévoilée (Bayard, 2002).

Toutes proportions gardées, Philippe Simonnot, journaliste économique (naguère au Monde) et auteur de nombreux ouvrages d’histoire, se livre à la même entreprise de mise en pièces des trois religions dites du Livre, dans son Marché de Dieu, mais d’un point de vue économique et avec pour maître Adam Smith.

Car "le marché" conclu avec Abraham instaure le monothéisme, c’est-à-dire un monopole de la foi en un Dieu jaloux, ce qui est plus facile pour prélever les dîmes, dons et offrandes qui aident le personnel religieux à prospérer.

Philippe Simonnot décrit comment la religion juive, puis la chrétienne et, enfin, la musulmane ont pris le pouvoir, à cinq cents ans de distance chaque fois.

Mais comment un monothéisme entre-t-il sur le marché religieux où existent déjà deux monothéismes ? "En se prétendant plus aîné que l’aîné, plus proche de la source, plus pur, plus monothéiste." La nouvelle croyance doit apparaître comme à la fois très nouvelle (puisqu’il faut changer de foi) et très ancienne ("La valeur d’une religion, comme le bon vin, augmente avec l’âge").

Le problème est que le monopole religieux, comme tout monopole, s’efforce de tuer la concurrence, et, pour y parvenir, s’adosse très vite à l’Etat. Et là, tout se détraque : la qualité du service religieux n’est plus ce qu’il était ; le clergé augmente ses "prix"… et une nouvelle religion concurrente se présente sur le marché qui rafle la mise jusqu’à ce que, etc.

Philippe Simonnot s’intéresse plus aux personnages secondaires qu’aux fondateurs, à Paul de Tarse qu’à Jésus et à Omar ou à Abd Al-Malik plutôt qu’à Mahomet, car ce sont eux qui structurent la nouvelle foi et organisent ses conquêtes.

Au fil des siècles et avec des lunettes fortement économiques, on y apprend que l’inceste d’Abraham était dû au manque de terres, que le temple de Jérusalem était le plus grand accumulateur de capitaux de l’Antiquité - et aussi le plus "liquide", puisqu’il ne possédait pas de terre -, que la chasteté chrétienne permettait à l’Eglise de s’approprier les patrimoines orphelins, que l’aumône islamique est depuis toujours un quasi-impôt.

La concurrence religieuse, qui s’appelle en fait "laïcité", est-elle bénéfique ? Oui, et d’autant plus qu’il existe une foultitude d’Eglises se disputant les faveurs des croyants, répondent Philippe Simonnot et Adam Smith. Mais si l’entrée sur le marché religieux est totalement libre, "les prédateurs vont se multiplier jusqu’au point où il n’y aura plus assez de proies pour les nourrir", écrit Philippe Simonnot. D’autant plus que les religions "low cost", les petites sectes qui récupèrent pour pas cher les principes des grandes, se mettent à fleurir dans l’hypermarché des croyances.

Que l’Etat ne se croit pas dédouané pour autant ! Il est "une pseudo-Eglise qui a pour religion, ou plutôt pour pseudo-religion, la laïcité, tout à fait capable elle aussi de violence et d’intolérance. En d’autres termes, il n’est pas au-dessus des religions, mais en concurrence avec elles, sur le plan économique comme sur celui de la "direction des âmes" (…). En bridant les ardeurs religieuses, c’est son domaine fiscal qu’il cherche à préserver".

L’idéal ? "Avoir des communautés libres d’accès et désarmées, l’Etat gardant le monopole de la violence légitime", conclut l’auteur de cet essai rigoureux et décousu, débordant d’érudition et de parti pris, et qui ne laisse évidemment pas indifférent.

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Ca a l'air génial. Allez hop, dans la liste de lecture.

A peu près tout Simonnot est dans ma liste de lecture. Et notamment son ouvrage intitulé "Le Sexe et l'économie, ou la Monnaie des sentiments".

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ça va faire mal aux adeptes du

for truc in * do
echo $truc n'est pas une marchandise !!!
done

C'est la version informatisée du second axiome gauchiste : "Pour tout X, X n'est pas une marchandise".

Pour mémoire, je rappelle le premier axiome : "Pour tout X, un autre X est possible".

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Vouloir faire de la religion une marchandise, c'est un acte de foi gauchiste et relativiste.

Le purgatoire de Ronnie sera de devoir regarder les télévangélistes américains pendant 1000 ans.

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Philippe Simonnot, journaliste économique (naguère au Monde) et auteur de nombreux ouvrages d’histoire, se livre à la même entreprise de mise en pièces des trois religions dites du Livre, dans son Marché de Dieu, mais d’un point de vue économique et avec pour maître Adam Smith.

Notre pauvre Phiphi va s'étrangler en lisant ça !!

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Sur un sujet comme celui-ci - et sans faire de procès d'intention à l'auteur - la probabilité est grande d'être effectivement confronté à des démonstrations d'une rigueur toute relative. Mais la religion possède aussi une dimension économique, le sujet n'est donc illégitime a priori. Par exemple on peut expliquer en partie le succès de la Réforme dans certaines régions du Saint-Empire par le souhait d'échapper aux impôts ecclésiastiques prélevés et affermés au XVIème siècle à l'évêque local qui en assurait la perception. Après, dans un faisceau de causalités liées, il est toujours difficile de mesurer l'impact historique réel du seul facteur économique.

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C'est la version informatisée du second axiome gauchiste : "Pour tout X, X n'est pas une marchandise".

Pour mémoire, je rappelle le premier axiome : "Pour tout X, un autre X est possible".

La quantification universelle devrait être interdite. C'est une arme intellectuelle dangereuse, souvent maniée sans précautions et qui aboutit à des catastrophes incommensurables.

La quantification existentielle restera permise sous condition de démonstration constructive. Par exemple : il existe une gourdasse du poitou qui veut prendre la tête d'un parti politique en pleine déliquescence.

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…on peut expliquer en partie le succès de la Réforme dans certaines régions du Saint-Empire par le souhait d'échapper aux impôts ecclésiastiques prélevés…

Ce qui a affermi surtout le Protestantisme en Allemagne et en Angleterre, c'est la confiscation des biens de l'Église catholique que se partagèrent la noblesse et la monarchie.

…la religion possède aussi une dimension économique…

Comme toute activité humaine. Bref, on sent venir la lapalissade à des lieues.

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Ce qui a affermi surtout le Protestantisme en Allemagne et en Angleterre, c'est la confiscation des biens de l'Église catholique que se partagèrent la noblesse et la monarchie.

Donc bien une dimension économique.

Comme toute activité humaine Bref, on sent venir la lapalissade à des lieues.

Je suis d'accord c'est un exercice assez casse-gueule, mais encore une fois pas illégitime a priori. Sans être marxiste ni marxien, il est évident que l'analyse économique soit un puissant facteur d'explication historique de l'évolution des organisations et sociétés humaines ; et de nombreux auteurs libéraux ont exploité cette veine avec succès. Bref attendons les premiers compte-rendus de lecture des liborgiens (perso je feuilletterais quelques pages par sécurité avant de l'acheter).

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Sans être marxiste ni marxien, il est évident que l'analyse économique soit un puissant facteur d'explication historique de l'évolution des organisations et sociétés humaines ; et de nombreux auteurs libéraux ont exploité cette veine avec succès.

+1

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Sans être marxiste ni marxien, il est évident que l'analyse économique soit un puissant facteur d'explication historique de l'évolution des organisations et sociétés humaines…

J'attends avec impatience une explication économique de l'essor du christianisme et de sa diffusion dans l'Empire romain pendant les trois premiers siècle de notre ère. Je subodore des moments de franches rigolades.

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J'attends avec impatience une explication économique de l'essor du christianisme et de sa diffusion dans l'Empire romain pendant les trois premiers siècle de notre ère. Je subodore des moments de franches rigolades.

Forcément, Jésus distribuait des petits pains et du vin, tu penses qu'il a fait un tabac!

:icon_up:

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J'attends avec impatience une explication économique de l'essor du christianisme et de sa diffusion dans l'Empire romain pendant les trois premiers siècle de notre ère. Je subodore des moments de franches rigolades.

L'analyse économique positive de l'activité politique (Public choice, théorie spatiale du vote, notion de marché et d'entrepreneurs politiques, etc) a donné des résultats intéressants au delà de la simple métaphore ou de l'enfonçage de portes ouvertes, alors pourquoi pas dans le domaine de l'étude historique des religions? (pourquoi pas = ici "faut voir" même si j'y crois pas trop)

Simmonot parle de concurrence entre religions puis de monopole public, ce qui correspond à la situation du christianisme au cours de sa diffusion dans l'Empire romain. L'un de ces principaux rivaux était alors le mithraïsme largement diffusé au sein des légions romaines ce qui aurait du lui procurer un avantage concurrentiel décisif compte tenu du rôle politique central de l'armée et particulièrement de la garde prétorienne dès le premier siècle. Pourquoi le christianisme s'impose-t-il finalement politiquement en 391? On peut toujours dire que le marketing mix du christianisme était plus ouvert, le culte de Mithra étant réservé aux hommes, ou que le christianisme s'est imposé non par ses seules vertus propres mais au final par la coercition étatique, parler d'offre et de demande de services spirituels, etc. Au total j'ignore si Simmonot apporte des éléments de réflexion inédits et intéressants ou s'il se contente de paraphrase stérile des historiens s'étant penchés sur la question.

Sinon l'explication religieuse de la religion c'est quoi donc?

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Sinon l'explication religieuse de la religion c'est quoi donc?

Expliquer comment le christianisme est issu du judaïsme alors que celui-ce cherche après la perte de l'indépendance des Juifs et était divisé en diverses tendances, pourquoi cette nouvelle religion finalement n'aura pas de succès chez les Juifs, mais bien chez les Gentils, comment une religion de marginaux sociaux et de réprouvés sera adopté par une grande partie de l'élite romaine avant même son imposition impériale, etc. Bref, toutes choses que l'on peut très difficilement expliquer par l'économie ou le "marché des idées". Sauf à rester dans le truisme de dire que le christianisme a réussi parce qu'il avait trouvé un marché.

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Vouloir faire de la religion une marchandise, c'est un acte de foi gauchiste et relativiste.

Il n'y a pas de mal à développer une spéculation intellectuelle et il faut bien avouer ue certains résultats de Simonnot sont au moins troublant.

J'attends avec impatience une explication économique de l'essor du christianisme et de sa diffusion dans l'Empire romain pendant les trois premiers siècle de notre ère. Je subodore des moments de franches rigolades.

Expliquer l'évolution du christianisme et des autres cultes par les mécanismes du marché est-il si dégradant que ça?

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Expliquer comment le christianisme est issu du judaïsme alors que celui-ce cherche après la perte de l'indépendance des Juifs et était divisé en diverses tendances, pourquoi cette nouvelle religion finalement n'aura pas de succès chez les Juifs, mais bien chez les Gentils, comment une religion de marginaux sociaux et de réprouvés sera adopté par une grande partie de l'élite romaine avant même son imposition impériale, etc. Bref, toutes choses que l'on peut très difficilement expliquer par l'économie ou le "marché des idées". Sauf à rester dans le truisme de dire que le christianisme a réussi parce qu'il avait trouvé un marché.

Dans cette optique quels sont les éléments d'explication sur l'expansion du christianisme primitif qui te semblent les plus pertinents et que tu voudrais bien nous faire partager?

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