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Un Réexamen Des Lumières


melodius

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The Enlightenment

Banishing the dark

Nov 30th 2006

From The Economist print edition

THE Enlightenment needs rescuing, or so thinks Jonathan Israel, the pre-eminent historian of 17th-century Holland. In 2001 he published “Radical Enlightenment”. He now offers a second volume with a third to come. This trio will be the first comprehensive history of the Enlightenment for decades—and Mr Israel's groundbreaking interpretation looks set to establish itself as the one to beat.

The period was once thought of as a glorious chapter in the history of mankind, a time when the forces of light (science, progress and tolerance) triumphed over the forces of darkness (superstition and prejudice). Today, the Enlightenment tends to be dismissed. Post-modernists attack it for being biased, self-deluded and ultimately responsible for the worst in Western civilisation. Post-colonialists accuse it of being Eurocentric, an apology for imperialism. Nationalist historians reject the idea of a coherent universal movement, preferring to talk about the English, French, even Icelandic Enlightenments.

Mr Israel has set himself the task of rebutting these critics and re-establishing the period as the defining episode in the emancipation of man. His arguments are convincing. He contends that there were two Enlightenments, one Radical, the other Moderate. The Radicals, inspired by Spinoza, were materialists, atheists and egalitarians. The Moderates, who followed Locke and Newton, were conservative and more at home than the Radicals in the hierarchical and deeply religious world of 18th-century Europe. They advocated only a partial Enlightenment.

In Mr Israel's opinion, the Radicals offered the only true Enlightenment, giving us democracy, equality, individual liberty and secular morality. The Moderates, on the other hand, have left an ambiguous and, in the end, harmful legacy.

While promoting tolerance, they remained uncomfortable with the idea of universal equality. While advancing reason, they failed to divorce morality from religion and tried to rationalise faith. Mr Israel argues that for as long as historians treat the two wings of the Enlightenment as a single movement, they have misunderstood the phenomenon. Worst still, they supply today's critics with the evidence they need to blacken the movement.

This re-evaluation makes for an unfamiliar picture of the Enlightenment and its torchbearers. According to Mr Israel, “enlightened values” were born not in England but in Holland, and he re-casts men such as Locke, Voltaire and even Hume, once thought of as champions of the party of light, as apologists for colonialism and enemies of equality. The author's stupendous research and grasp of the sources are such that few will contest his core argument that the Enlightenment was a coherent, Europe-wide phenomenon, intellectual in origin, which represented a profound shift in the way that men thought about themselves and the world around them.

Mr Israel would like his book to be studied beyond academia. In an ideal world everyone would be reading it. It is a shame, then, that so few will. All too short on the celebrated wit and style of the Enlightenment's first polemicists, the book is long-winded and repetitive, the arguments circuitous and sometimes hard to follow, not least because of Proustian sentences up to 160 words long. If only Mr Israel had taken Diderot's advice, which he quotes, to heart: “Obscure authors write only for a few initiates when it would have cost them only a month of toil to render their books clear and comprehensible to all, a month sparing a thousand able minds three arduous years of study.”

http://www.economist.com/books/displaystor…y_id=E1_RPQRGSV

Je sens déjà que ma sympathie ira plutôt vers les modérés…

C'a en tout cas l'air passionnant, je sais déjà ce que le père Noël va mettre sous le sapin pour le petit melodius…

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http://www.economist.com/books/displaystor…y_id=E1_RPQRGSV

Je sens déjà que ma sympathie ira plutôt vers les modérés…

C'a en tout cas l'air passionnant, je sais déjà ce que le père Noël va mettre sous le sapin pour le petit melodius…

J'avais justement pensé à toi en lisant cet article tout à l'heure (bien que je ne sois pas le Père Noël :icon_up: ).

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Un bouquin qui a déjà l'air aussi biaisé contre les "modérés" m'a l'air de n'être que de la propagande gauchisante pénible, je ne vois pas pourquoi te coltiner un truc pareil.

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Je sens déjà que ma sympathie ira plutôt vers les modérés…

C'a en tout cas l'air passionnant, je sais déjà ce que le père Noël va mettre sous le sapin pour le petit melodius…

Voici deux textes classiques. Lequel vient des Lumières "radicales" et lequel des Lumières "modérées"?

Texte 1 :

« Par exemple, admettons qu’un sujet ait montré en quoi une loi est déraisonnable et qu’il souhaite la voir abroger. S’il prend soin, en même temps de soumettre son opinion au jugement de la souveraine Puissance (car celle-ci est seule en position de faire et d’abroger les lois), s’il s’abstient entre temps de toute manifestation active d’opposition à la loi en question, il est –au titre d’excellent citoyen – digne en tout point de la reconnaissance de la communauté. Au contraire si son intervention ne vise qu’à accuser les pouvoirs publics d’injustice et à les désigner aux passions de la foule, puis, s’il s’efforce de faire abroger la loi de toute manière, ce sujet est indubitablement un perturbateur et un rebelle. »

Texte 2 (qui semble répondre au premier)

« Je réponds, premièrement que cette hypothèse n’est pas plus propre à cela qu’une autre. En effet, lorsqu’un peuple a été rendu misérable, et se voit exposé aux effets funestes du pouvoir arbitraire , il est aussi disposé à se soulever , dès que l’occasion se présentera, que puisse être un autre qui vit sous certaines lois, qu’il ne veut pas souffrir qu’on viole…

En second lieu, je réponds que les révolutions dont il s’agit n’arrivent pas dans un Etat pour de légères fautes commises dans l’administration des affaires publiques…

En troisième lieu, je réponds que le pouvoir que le peuple a de pourvoir de nouveau à sa sûreté, en établissant une nouvelle puissance législative, quand ses législateurs ont administré le gouvernement d’une manière contraire à leurs engagements et à leurs obligations indispensables, et ont envahi ce qui lui appartient en propre, est le plus fort rempart qu’on puisse opposer à la rébellion, et le meilleur moyen dont on soit capable de se servir pour la prévenir et la remédier ».

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Voici deux textes classiques. Lequel vient des Lumières "radicales" et lequel des Lumières "modérées"?

Texte 1 :

« Par exemple, admettons qu’un sujet ait montré en quoi une loi est déraisonnable et qu’il souhaite la voir abroger. S’il prend soin, en même temps de soumettre son opinion au jugement de la souveraine Puissance (car celle-ci est seule en position de faire et d’abroger les lois), s’il s’abstient entre temps de toute manifestation active d’opposition à la loi en question, il est –au titre d’excellent citoyen – digne en tout point de la reconnaissance de la communauté. Au contraire si son intervention ne vise qu’à accuser les pouvoirs publics d’injustice et à les désigner aux passions de la foule, puis, s’il s’efforce de faire abroger la loi de toute manière, ce sujet est indubitablement un perturbateur et un rebelle. »

Texte 2 (qui semble répondre au premier)

« Je réponds, premièrement que cette hypothèse n’est pas plus propre à cela qu’une autre. En effet, lorsqu’un peuple a été rendu misérable, et se voit exposé aux effets funestes du pouvoir arbitraire , il est aussi disposé à se soulever , dès que l’occasion se présentera, que puisse être un autre qui vit sous certaines lois, qu’il ne veut pas souffrir qu’on viole…

En second lieu, je réponds que les révolutions dont il s’agit n’arrivent pas dans un Etat pour de légères fautes commises dans l’administration des affaires publiques…

En troisième lieu, je réponds que le pouvoir que le peuple a de pourvoir de nouveau à sa sûreté, en établissant une nouvelle puissance législative, quand ses législateurs ont administré le gouvernement d’une manière contraire à leurs engagements et à leurs obligations indispensables, et ont envahi ce qui lui appartient en propre, est le plus fort rempart qu’on puisse opposer à la rébellion, et le meilleur moyen dont on soit capable de se servir pour la prévenir et la remédier ».

Texte1 : Spinoza ("Lumières radicales") et le texte 2 : Locke ("Lumières modérées"). Coquin de sort, le premier n'était pas libéral, tandis que le second oui. :icon_up:

Voilà qui conforte à juste titre l'opinion de Melodius

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Un bouquin qui a déjà l'air aussi biaisé contre les "modérés" m'a l'air de n'être que de la propagande gauchisante pénible, je ne vois pas pourquoi te coltiner un truc pareil.

Le bouquin m'a l'air plus intelligent que ça, la thèse centrale me semble très juste, et ce ne serait pas la première fois que je fais mon miel des ouvrages d'auteurs avec lesquels je ne suis pas, voire pas du tout d'accord.

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Moi aussi j'ai pensé à toi en lisant l'article. Tu as raté ce passage?

The Radicals, inspired by Spinoza, were materialists, atheists and egalitarians. The Moderates, who followed Locke and Newton, were conservative and more at home than the Radicals in the hierarchical and deeply religious world of 18th-century Europe. They advocated only a partial Enlightenment.

In Mr Israel's opinion, the Radicals offered the only true Enlightenment, giving us democracy, equality, individual liberty and secular morality. The Moderates, on the other hand, have left an ambiguous and, in the end, harmful legacy.

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Texte1 : Spinoza ("Lumières radicales") et le texte 2 : Locke ("Lumières modérées").

Bravo pour le diagnostic. Mais lequel des deux textes est le plus radical ? Si l'on appelle "radical" un texte dangereux pour les pouvoirs en place, c'est assurément celui de Locke. Mais alors toute la thèse de Jonathan Israël s'effondre.

C'est ce je voulais faire observer.

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Bravo pour le diagnostic. Mais lequel des deux textes est le plus radical ? Si l'on appelle "radical" un texte dangereux pour les pouvoirs en place, c'est assurément celui de Locke. Mais alors toute la thèse de Jonathan Israël s'effondre.

C'est ce je voulais faire observer.

Bien vu !

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Déjà, s'ils ne sont pas capables d'écrire "Que sont les Lumières radicales ?", c'est mal parti…

Ah, je ne l'avais pas vu comme une faute.

Je trouve que leur formulation évoque plutot "les lumières radicales" sous leur forme conceptuelle la tienne sous leur forme concrète.

Mais je ne suis évidemment pas une référence pour ce genre de question :icon_up:

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Un bouquin qui a déjà l'air aussi biaisé contre les "modérés" m'a l'air de n'être que de la propagande gauchisante pénible, je ne vois pas pourquoi te coltiner un truc pareil.

De fait, l'auteur a accordé sa seule interview en français à l'inestimable Politis.

« Une guerre civile dans le mouvement des Lumières » un entretien avec l’historien des idées Jonathan Israel

Olivier Doubre

Professeur d’histoire moderne au prestigieux Institute for Advanced Studies de Princeton (États-Unis), le Britannique Jonathan Israel propose, à partir de la révolution spinozienne, une lecture nouvelle et érudite des Lumières, marquées par une division entre radicaux et modérés.

Historien des idées, vous étudiez les Lumières en observant d’abord les débats philosophiques en leur sein. Rompant avec l’idée habituelle d’un seul et même mouvement intellectuel, vous distinguez Lumières radicales et Lumières modérées. En quoi se différencient-elles ?

Jonathan I. Israel : L’essentiel de cette différence s’explique par la place accordée à la raison. Pour les intellectuels des Lumières radicales, toute la pensée, toute la réorganisation de la société, des idées, de l’enseignement, doit se fonder sur la raison exclusivement. Pour les Lumières modérées (ou conservatrices), si la raison est importante, il faut toutefois accepter de faire des compromis avec la religion et les formes d’autorité traditionnelles. Or, il faut bien comprendre qu’il y a là un clivage dans le débat d’idées à l’époque : ces deux positions, contrairement à ce qu’on a longtemps pensé, ne tolèrent pas d’entre-deux. Ceux, parmi les gouvernements ou dans le clergé, qui sont quelque peu en faveur des Lumières soutiennent naturellement les Lumières modérées. Les idées et les ouvrages des Lumières radicales sont donc prohibés de la fin du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe (sauf pendant la Révolution française), car considérés comme antireligieux, antimonarchiques ou anti-aristocratiques.

L’historiographie des Lumières a été dominée par la conception d’un mouvement plus ou moins unitaire. Plus récemment, les Lumières ont été étudiées à travers de grandes familles essentiellement nationales : les Lumières anglaises, françaises, allemandes, etc. Pour ma part, j’observe plutôt une sorte de guerre civile à l’intérieur du mouvement des Lumières, avec un conflit ininterrompu entre Lumières radicales et Lumières modérées. Toutefois, il faut dire que l’historiographie, à partir du milieu du XXe siècle, souligne la divergence fondamentale entre les deux courants. Ainsi, dès les années 1930, certains historiens commencent à insister sur la grande crise de la fin du XVIIe siècle. S’ils n’emploient pas le mot « radical », Spinoza est déjà présenté comme allant beaucoup plus loin que, par exemple, les philosophes français du milieu du XVIIIe siècle. D’un côté, Voltaire (même s’il n’était assurément pas un ami du christianisme !), Montesquieu, Turgot (qui était un philosophe chrétien) ou Réaumur défendent un système de théologie naturelle acceptant l’idée d’un dieu créateur, d’une âme immortelle qui va au Ciel ou en Enfer. De l’autre, Diderot et ses amis, ou Boulainvilliers (qui toutefois n’était pas un démocrate, mais un véritable républicain), Claude-Adrien Helvétius, le baron d’Holbach ou le duc du Marsais sont des matérialistes égalitaristes convaincus. Ceux-ci forment donc derrière Diderot une véritable tendance radicale et démocratique. Bien qu’il soit alors difficile pour eux, car très dangereux, de se définir comme des partisans de Spinoza, Diderot a quand même écrit : « Nous sommes les nouveaux spinozistes ! » Or les risques encourus pour une telle affirmation sont alors quasiment les mêmes que de se déclarer athée, cela suffit pour se retrouver en prison…

On a l’habitude de faire commencer les Lumières en 1700. Or, la période que vous étudiez débute en 1650, essentiellement afin d’y intégrer Spinoza. Pourquoi considérez-vous que la véritable rupture se produit avec l’avènement de la pensée de Spinoza ?

Évidemment, si on se situe dans le seul contexte français, la rupture ne peut commencer qu’à partir de 1715, c’est-à-dire avec la mort de Louis XIV. Mais, selon moi, les cadres nationaux ne sont pas pertinents pour bien comprendre le bouleversement majeur que représentent les Lumières dans l’histoire de la pensée. Je pense que la véritable rupture philosophique est advenue quelques décennies plus tôt, principalement en Hollande. La très grande majorité des historiens anglais (et américains) pense qu’elle a lieu en Angleterre, d’abord avec Hobbes, puis Locke, et surtout avec Newton. L’influence de ce dernier dans le camp modéré est immense dès le XVIIIe siècle, non seulement en sciences, mais aussi en philosophie. Il a en effet créé un système, qu’on peut appeler physico-théologique, où il explique la construction de la réalité en intégrant des éléments scientifiques à des concepts philosophiques et théologiques, et cela a vraiment marqué les esprits dans toute l’Europe. Voltaire par exemple a toujours dit que le nouveau système philosophique avait un socle d’idées anglaises. Il évoque même très souvent la « supériorité de la philosophie anglaise », idée très répandue alors. Au contraire, les intellectuels se rattachant aux Lumières radicales ne sont pas anglophiles, ce qui est une différence très intéressante.

Cependant, pour bien comprendre ce qu’ont pu être les Lumières, il est nécessaire de se pencher sur les grands débats de l’époque au lieu de se limiter aux penseurs dans chaque pays. C’est seulement ainsi qu’on peut voir comment sont travaillées les grandes questions comme le rôle de la religion dans la vie, la magie, la démonologie, etc. Or, je pense que la première vraie rupture provient de la philosophie cartésienne, et donc de la Hollande. Il faut se souvenir (notamment en France !) que Descartes vit en Hollande. Or ce sont ses livres qui provoquent un bouleversement dans la pensée et l’enseignement, mais aussi au sein de l’Église réformée hollandaise et dans la vie culturelle en général.

Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750), Jonathan I. Israel, traduit de l’anglais par Pauline Hugues, Charlotte Nordmann et Jérôme Rosanvallon, éditions Amsterdam, 944 p., 37 euros.

http://www.politis.fr/article1538.html

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