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La Propriété Et Son équilibre Historique


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<<Ce phénomène même n'est qu'un cas particulier d'un phénomène bien plus général, qui

consiste en ce que, dans nos sociétés, telles que nous les connaissons depuis les temps

historiques, les producteurs et les possesseurs d'épargne sont continuellement dépouillés du

fruit de leur économie.

Considérée en ses moyens, cette opération s'accomplit par la violence, la guerre, le

pillage, la violence des particuliers, ou bien la fraude et la tromperie, par des lois d'impôts

frappant spécialement les possesseurs d'épargne, des émissions de fausses monnaies ou de

dettes publiques qui seront répudiées tôt ou tard, partiellement ou en totalité, des monopoles,

des droits protecteurs, des mesures de tout genre venant altérer les conditions de la

production et les prix qui seraient donnés par la libre concurrence, etc. La forme la plus

simple est celle d'une spoliation directe et violente d'un certain nombre d'épargneurs, souvent

choisis au hasard, uniquement en considération de leur richesse ; elle correspond en quelque

sorte à la chasse des animaux sauvages. Des formes de plus en plus compliquées, de plus en

plus ingénieuses et générales, apparaissent dans le cours de l'histoire ; elles correspondent en

un certain sens à l'élevage des animaux domestiques. L'analogie s'étend aux effets de ces

formes. Le premier genre détruit incomparablement plus de richesses, amène beaucoup plus

de perturbations sociales que le second.

Considérée en ses modalités, l'opération qui dépouille les possesseurs d'épargne peut être

plus ou moins directe ou indirecte : être imposée, ou, au moins en partie, volontaire. Le type

du premier mode se trouve dans l'impôt, les prestations obligatoires, les atteintes à l'héritage,

les mesures, fréquentes dans l'antiquité, pour abolir ou alléger les dettes 1. Le type du second

mode s'observe lorsque l'opération a lieu en deux actes. Dans le premier, les individus donnent

leur épargne à certaines corporations, principalement à des corporations religieuses, à

des temples ; ils la confient à l'État ou à des institutions garanties par l'État. Dans le second

acte, les corporations et les institutions sont dépouillées, parfois par l'ennemi, quelquefois par

de puissants particuliers, souvent par l'État national, qui, souvent aussi, s'approprie les

sommes dont il s'était reconnu débiteur ou dont il avait garanti la restitution. Les premières

opérations sont entièrement ou principalement volontaires. Sous l'empire de mythes religieux,

païens autrefois, ensuite chrétiens 2, aujourd'hui nationalistes, les individus se laissent

entraîner à faire don de leur épargne, espérant s'assurer les bienfaits de leurs dieux, ou attirés

par les arrérages qu'on promet de leur payer, et par l'espoir, souvent fallacieux, qu'ils ne

perdront pas intérêt et principal. Les secondes opérations suivent naturellement. Elles ont lieu

selon la ligne de moindre résistance : on prend l'épargne là où elle se trouve et là où, une

résistance énergique faisant défaut, elle est moins bien défendue 3. Prélever une somme par

l'impôt, ou par un emprunt qu'on répudiera ensuite, directement ou par des mesures dites de

protection, provoque des résistances fort différentes chez le peuple. Considérée dans le

temps, la spoliation se manifeste soit par des catastrophes que séparent de grands espaces de

temps, parfois de plusieurs siècles, soit par des phénomènes se reproduisant en de plus

courtes périodes, tels par exemple les pertes infligées aux épargneurs, lors de ce que l'on a

appelé des « crises économiques », soit par des dispositions, législatives ou autres, agissant

d'une manière continue, telles les liturgies et la triérarchie à Athènes anciennement, ou des

impôts progressifs, de nos jours. En somme, en tout cela, nous avons un nouvel exemple des

oscillations de grande, moyenne, et de petite ampleur, que présentent les phénomènes

économiques et les phénomènes sociaux (§2293).

Les grandes oscillations prennent, surtout sous l'empire de sentiments éthiques, le caractère

de catastrophes ; on croit que la considération de celles-ci doit être écartée de l'étude

d'une société régulière et normale. C'est là une illusion. Il faut bien se rendre compte qu'elles

ne diffèrent des autres oscillations que par l'intensité, et que leur ensemble est aussi régulier,

aussi normal que tout autre phénomène social (voir : § 2316 note 5). Pour toutes les oscillations

la forme peut changer, le fond demeure constant. La différence est principalement de

forme entre la falsification matérielle des monnaies métalliques et les émissions de papiermonnaie

1, entre les emprunts faits à des trésors sacrés, et certaines émissions de dettes

publiques, entre les usurpations brutales accomplies autrefois par la puissance des armes, et

les opérations financières des politiciens modernes, entre les dons faits à des satellites armés,

et les largesses octroyées aux électeurs influents. Pourtant un changement appréciable

s'observe dans la forme, par l'élimination graduelle des procédés les plus brutaux. À notre

époque, on ne voit plus se reproduire de violentes et brutales spoliations du genre de celles

qui servirent à Octave, Antoine et Lépide, pour s'assurer le concours de leurs soldats (§2200

1). De même, le système de livrer les contribuables à la rapacité de certaines personnes, auxquelles

ensuite on fait rendre gorge violemment (voir : § 2316 note 7), a presque entièrement

disparu des pays civilisés, ou s'est transformé.

Le transfert des biens économiques qui résulte des atteintes à la propriété peut parfois

avoir pour effet d'augmenter la production. C'est ce qui arrive quand les biens passent des

mains de personnes qui ne savent ou ne veulent pas en tirer le meilleur parti possible, aux

mains de qui les exploite mieux. Mais le plus souvent, les biens provenant de la spoliation

sont dissipés à l'instar de ceux que procure le jeu, et le résultat final est une destruction de

richesse. Les vétérans enrichis par Sulla, au bout de peu de temps étaient retombés dans le

besoin (§2577 1). Nos contemporains peuvent voir le luxe des gens que la politique enrichit,

et le gaspillage auquel ils se livrent. Réunissant les atteintes à la propriété et la prodigalité

spontanée des possesseurs d'épargne ou de leurs héritiers, nous pouvons dire que nous

trouvons là des forces qui viennent contrecarrer les efforts des producteurs d'épargne, et

restreindre considérablement l'accumulation de la richesse.

La régularité remarquable que présentent, dans le temps et l'espace, les phénomènes que

nous venons d'étudier, nous conduit à admettre que, depuis les temps historiques et dans nos

sociétés, le droit de propriété privée ne subsiste que tempéré par des actes et des dispositions

qui lui sont opposés. En d'autres termes, nous n'avons pas d'exemples de sociétés dans

lesquelles ce droit subsiste indéfiniment et en toute rigueur. Nous concevons en outre qu'on

ne doit pas se placer exclusivement au point de vue restreint d'une éthique qui, en ces atteintes,

ne trouve que des incidents regrettables, condamnables, venant léser le droit, la justice,

l'équité, mais qu'il convient de se placer à un point de vue beaucoup plus étendu, et de voir en

de tels phénomènes la manifestation d'une liaison qui est le complément nécessaire 1 des

liaisons établies par le droit de propriété privée.

Les preuves de ce théorème se trouvent dans l'histoire, mais il est en outre confirmé par

de nombreuses déductions, parmi lesquelles il convient de remarquer celles auxquelles donne

lieu la théorie de l'intérêt composé.

Depuis longtemps, on a observé que cette théorie, appliquée à un long espace de temps,

donne des résultats que la pratique dément absolument 2. « (470) Un centime placé à intérêt

composé, au taux 4 %, à l'époque de la naissance de Jésus-Christ, donnerait, en l'an 1900, un

nombre fabuleux de francs, exprimé par 23 suivi de vingt-neuf zéros [plus exactement un

nombre de 31 chiffres, dont les premiers sont 23 085…]. En supposant que le globe terrestre

fût entièrement en or, on trouve qu'il faudrait plus de 31 de ces globes pour représenter cette

somme. On arriverait à un résultat tout aussi absurde, en éliminant la considération de la

monnaie et en supposant que les biens économiques, en général, se soient multipliés suivant

cette progression. Une somme de 100 000 francs placée à l'intérêt du 3 % donnerait, en 495

ans, 226 milliards ; c'est-à-dire à peu près la fortune actuelle de la France. En 1660, la fortune

de l'Angleterre aurait été, selon Petty, de 6 milliards ; admettons le chiffre de 8 milliards pour

le Royaume-Uni. Si nous prenons l'évaluation de la Trésorerie, c'est-à-dire 235 milliards, en

1886, le taux moyen de l'intérêt, pour qu'en 226 ans la somme de 8 milliards se transforme en

une somme de 235 milliards, est de près de 1,5 %. (471) On conclut de cela que ce n'est

qu'exceptionnellement que la richesse peut augmenter suivant une progression géométrique

dont la raison atteint ou dépasse 1,02 ou 1,03… Si la richesse devait continuer à croître, en

Angleterre, suivant la même progression que nous observons de 1865 à 1889, on aurait, au

bout de quelques siècles, des revenus absolument fabuleux. Il est donc certain que cette

progression ne pourra pas se maintenir pour les siècles futurs… (472) Les tarifs des assurances

sur la vie sont établis par des calculs d'intérêts composés. On peut les admettre tant

qu'il ne s'agit que d'une petite partie de la population et de la richesse du pays. Ces calculs

conduiraient à des résultats entièrement en dehors de la réalité, s'ils devaient comprendre

toute la population et une fraction notable de la richesse nationale … » On peut ajouter que si

quelques familles avaient placé à intérêt composé un centime, à la naissance de Jésus-Christ,

et avaient pu conserver la richesse ainsi produite, il y a longtemps qu'elles auraient absorbé

toute la richesse qui existe sur notre globe. On arrive ainsi, pour la répartition de la richesse,

à des résultats tout aussi absurdes que ceux que l'on obtiendrait pour le total de la richesse.

En présence de tels faits, solidement établis, on s'est arrêté à la conclusion que la théorie

et les calculs des intérêts composés ne peuvent pas s'appliquer à une partie notable de la

population, pendant un temps fort long ; conclusion qui, à vrai dire, reproduit simplement la

description des faits, ne les explique pas. Nous même, en 1896, nous n'avons pas été

beaucoup au delà (voir : § 2316 note 10). Aujourd’hui les théories de la sociologie nous

permettent de compléter cette étude. Si les résultats pratiques ne confirment pas les

déductions théoriques, cela ne tient pas à un défaut de la théorie des intérêts composés, cela

tient à ce que l'on a admis une prémisse qui ne se trouve pas dans la réalité. Cette prémisse,

implicite dans les calculs d'intérêts composés, consiste à supposer que, en un très grand

espace de temps, on peut accumuler la richesse grâce à des taux d'intérêt ne s'écartant pas

trop de ceux qu'on observe, pendant ce même espace de temps, pour les accumulations de

courte durée et pour de faibles fractions de la richesse totale.

Le fait que des conclusions rigoureusement logiques d'une certaine prémisse ne se vérifient

pas, suffit pour prouver que cette prémisse est erronée, ou du moins incomplète ; telle

doit donc être celle que nous venons d'énoncer. Mais comment expliquer la contradiction

entre les résultats donnés par la théorie, selon qu'on l'applique à des temps plus ou moins

longs, à des fractions plus ou moins grandes de la richesse totale ?

Si l'on négligeait la considération que les taux d'intérêt adoptés sont à peu près ceux qu'on

observe en réalité, on pourrait supposer que la richesse accumulée devient de moins en moins

productive, et que, à la longue, le taux de l'intérêt tend vers zéro. C'est peut-être ce qui se

dégage vaguement des théories optimistes sur la diminution du taux de l'intérêt. Mais ces

théories sont démenties par les faits 1, qui prouvent clairement que, depuis le temps où

florissait Athènes jusqu'à nos jours, le taux de l'intérêt a subi des variations successives, le

faisant augmenter et diminuer tour à tour, et qu'il est loin d'être tombé à zéro en notre temps.

Il faut donc écarter l'hypothèse d'un taux d'intérêt se réduisant, à la longue, à zéro ; et alors on

est forcé d'admettre que si l'accumulation qui serait la conséquence des taux réels d'intérêt ne

se produit pas, c'est parce qu'elle est tenue en échec par des destructions successives de la

richesse. Or, c'est ce que l'observation révèle effectivement. L'histoire est remplie de la

description des nombreuses causes de destruction de la richesse. Les unes en affectent le

total : ce sont les guerres, les révolutions, les épidémies, les pillages et les gaspillages de

toutes sortes ; les autres affectent principalement la distribution de la richesse, et empêchent

des accumulations indéfinies dans les mêmes familles, dans les mêmes collectivités, tout en

ayant aussi, par ricochet, des effets sur le total de la richesse : ce sont les atteintes à la

propriété privée des individus, des familles, des collectivités, les transferts de richesses imposés

par la force, ou provoqués par la prodigalité. C'est ainsi que les courbes de l'accumulation

de la richesse, pour une même famille, une même collectivité, pour une même nation, et

enfin pour l'humanité entière, affectent, au lieu de la forme régulièrement croissante que

donnerait un taux constant d'intérêt, une forme ondulée, présentant des oscillations autour

d'une courbe moyenne (§1718). Celle-ci, pour toute l'humanité, est certainement plus ou

moins croissante, depuis les temps historiques jusqu'à nos jours, sans qu'on puisse exclure

qu'il y ait eu des périodes décroissantes. Non moins certainement, pour une même nation,

pour une même collectivité, pour une même famille, elle est aussi telle, mais sûrement avec

des périodes décroissantes.

La durée des périodes est longue pour la population totale du globe, modérée pour les

nations 2, plus courte pour les collectivités, fort courte pour les familles. Ce n'est là, en

somme, qu'un cas particulier d'un phénomène très général (§§2293, 2330), et les oscillations

révèlent et manifestent les différentes forces qui agissent sur l'agrégat social.

[…]

Si maintenant, des considérations que nous venons de développer, on tirait la conclusion

qu'on peut abolir complètement la propriété privée ou d'autres institutions analogues, on

tomberait dans une erreur très générale en économie et en sociologie. Cette erreur, que nous

avons eu de nombreuses occasions de signaler, consiste à substituer des conditions qualitatives

aux conditions quantitatives, à négliger la mutuelle dépendance des phénomènes

sociaux, à s'imaginer qu'on peut, pour expliquer les phénomènes concrets, se borner à considérer

une seule de leurs liaisons, et qu'on peut la modifier sans que les autres soient affectées.

Pour compléter notre étude, il ne faut pas oublier que l'histoire nous fournit des faits

correspondant, en un sens exactement opposé, à ceux que nous venons de noter. Elle nous

fait connaître qu'en des sociétés fondées, en apparence du moins, sur l'absence ou la

réduction à un minimum de la propriété privée, ou sur l'égalité des conditions, on a toujours

vu apparaître et se développer la propriété privée ou des institutions analogues, ainsi que

l'inégalité des conditions ; ce qui manifeste la nécessité (expérimentale) d'autres liaisons, en

un sens opposé à celui des premières 1.

Ici encore, il faut ajouter que celui-là ferait fausse route qui, de ces faits, tirerait la conséquence

que l'on peut supprimer entièrement toute atteinte à la propriété privée ou à d'autres

institutions analogues, ainsi qu'à l'inégalité des conditions, et qu'il tomberait exactement dans

la même erreur que celle précédemment indiquée.

Nous avons ici simplement un nouvel exemple de la composition des forces qui agissent

sur la société.>>

Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale (1917) : chapitre XII

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Oui, un avis personnel serait plus intéressant qu'un copié/collé…

C'est tout !

Mon avis perso :

Si les épargnants se font dépouillés du fruit de leur économie depuis la nuit des temps, je ne vois pas pourquoi ça s'arreterait comme ça, pouf, parce que l'économiste autrichien est le nouveau gourou des temps modernes.

Les atteintes à la propriété semble etre inherentes à la psychologie humaine. Sans spoliation, il y aurait une accumulation inimaginable de richesse dans les memes collectivités.

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Sans spoliation, il y aurait une accumulation inimaginable de richesse dans les memes collectivités.

Cela n'a aucun sens. Cela sous entend que chaque vente est réalisée afin de payer son éco au Voleur.

Ce qui est loin d'être le cas, fort heureusement.

J'en conclue que la spoliation, loin de régler le "problème de l'accumulation" (puisque de nombreuses personnes sont immensément riches malgré tout), empèche les plus pauvres "d'accumuler".

Ainsi en France, la moitié des individus sont propriétaires de leur logement. En Italie, les droits sur la mort de succession n'existent pas et 4/5e de la population est propriétaire*.

*Prodi a néanmoins promi d'établir un impôts sur la mort. Faut pas déconner, si tout le monde est propriétaire, difficile de caser une "aide au logement" dans un programme électoral. Il convient au préalable de créer artificiellement la pénurie avant de se présenter comme le chevalier blanc du logement.

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Quand je vois un sujet comme ça, je ne vois qu'une seule réponse:

http://herve.dequengo.free.fr/Mises/AH/AHTDM.htm

Bon courage à la lecture, cher Quipic.

Bien sur, je suis d'accord avec Mises.

Mais aprés ? on est forcé de reconnaitre que le probleme provient de l'organisation sociale or je n'ai jamais vu une organisation sociale fondée sur la "raison" et ce que les libertariens appelle l'Etat, cet Etat est en germe dans la société dés que son homologue est menacé.

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J'ajoute une petite citation :

<<L'état d'équilibre concret

que l'on observe en une société est une conséquence de tous ces effets, de toutes ces actions

et réactions. Il est donc différent d'un état d'équilibre théorique obtenu en considérant un ou

plusieurs des éléments (a), (B), ©, (d), au lieu de les considérer tous. Par exemple,

l'économie politique appartient à la catégorie (B), et comprend une partie qui est l'économie

pure. Celle-ci nous fait connaître un équilibre théorique, différent d'un autre équilibre

théorique, qu'on obtiendrait par l'économie appliquée ; ce nouvel équilibre rentre toujours

dans la catégorie (B) ; il est différent des autres équilibres théoriques que l'on obtiendrait en

combinant (B) avec une partie des éléments (a), (B), (d), différent enfin de l'équilibre

théorique, beaucoup plus rapproché de la réalité, obtenu en combinant ensemble tous les

éléments (a), (B), ©, (d) (voir : § 2207 note 1) (§2552).

[…]

Nombre d'économistes littéraires sont portés à considérer exclusivement le cycle (B), ©

– ©, (B). De l'étude des intérêts (B), dont s'occupe leur science, ils tirent certaines

conclusions ©, et croient ensuite que par la diffusion des doctrines ©, on pourra modifier

l'activité économique (B). Un exemple très important est celui du libre échange. De l'étude du

phénomène économique (B), on tire la démonstration © de l'utilité du libre échange. Cette

doctrine ©, étant ensuite répandue, doit modifier le phénomène économique (B), et faire

instituer réellement le libre échange. En général, quand les économistes se trouvent en

présence de quelque sentiment (a) qu'ils doivent considérer, ils ont coutume de supposer que

ce sentiment existe par vertu propre, sans rapport avec (B). Par exemple le « juste » et

l'« injuste » sont absolus, et non en rapport avec (B). Marx se rapprocha beaucoup de la

science logico-expérimentale, en remarquant le rapport entre (a) et (B) ; mais il se trompa en

croyant que ce rapport était entre la cause (B) et l'effet (a), tandis que si (B) agit sur (a), cet

élément réagit, à son tour, sur (B). Parmi les nombreuses causes pour lesquelles la combinaison

IV est très souvent négligée, il faut ranger celle-ci : on considère des sentiments, des

intérêts, des dérivations, d'une manière absolue, indépendamment des individus. On a ainsi

des abstractions, et non des propriétés de certains individus. C'est pourquoi l'on croit qu'il

n'est pas nécessaire de considérer comment varient les différentes classes de ces individus.

[…]

Les dérivations suivantes ont aussi été très en usage. Se plaçant dans le domaine de

l'éthique, les libre-échangistes disaient : la protection est un mal, parce qu'elle dépouille les

non-protégés en faveur des protégés. Les protectionnistes répliquaient : On peut supprimer le

mal en protégeant également tout le monde. À quoi les libre-échangistes opposaient que

protéger également tout le monde revient à ne protéger personne. Ainsi, l'on admet la

possibilité de deux positions d'équilibre identiques avec des prix différents (§2207 1). Aussi

bien les libre-échangistes que les protectionnistes substituaient, volontairement ou non, des

dérivations aux considérations sur la réalité. Pour rester dans le domaine logico-expérimental,

les libre-échangistes auraient dû dire : « Grâce à une destruction de richesse, la

protection transporte une certaine quantité de richesse de certains individus à certains autres.

Ce transport est précisément l'effet auquel vous visez, vous autres protectionnistes : par

conséquent, vous vous contredisez, si vous parlez de protection égale pour tout le monde. Si

elle était possible, la cause pour laquelle vous êtes protectionnistes disparaîtrait. Quand vous

parlez de protection égale pour tout le monde, vous entendez, bien que vous ne le disiez pas,

une protection égale, non pas pour tous les citoyens, parmi lesquels se trouvent les simples

possesseurs d'épargne, mais pour toute une classe de citoyens, laquelle sera composée d'un

nombre plus ou moins considérable de producteurs industriels et agricoles. C'est précisément

cela que nous estimons nuisible au pays ». À quoi les protectionnistes auraient dû répliquer :

« Les faits sont bien tels que vous les décrivez : nous visons précisément à transporter la

richesse, d'une partie des citoyens à une autre partie. Nous savons que cette opération coûte

une certaine destruction de richesse ; cependant nous l'estimons utile au pays ». Après cela,

l'expérience, l'expérience seule, pouvait établir qui se rapprochait le plus de la réalité. Mais

encore, avant de pouvoir procéder à cette investigation, il faudrait savoir avec une plus

grande précision ce qu'indiquaient les termes « nuisible » et « utile », employés tantôt.

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Une germe ?

Jabial dit : "par définition une société est laissée à elle-même : l'Etat n'est pas extérieur à la société."

C'est tout à fait exact.

D'aprés l'experience que nous avons de la société, on peut en déduire que ses formes changent et que le fond reste presque constant.

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D'aprés l'experience que nous avons de la société, on peut en déduire que ses formes changent et que le fond reste presque constant.

Ah, non ! Au contraire, ça serait plutôt le fond et le contenu qui changeraient, alors que les formes et les structures continueraient à soutenir l'ensemble.

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Ah, non ! Au contraire, ça serait plutôt le fond et le contenu qui changeraient, alors que les formes et les structures continueraient à soutenir l'ensemble.

J'ai sous-entendu :

fond = phénomènes généraux.

forme = manifestations particulières des phénomènes généraux.

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Invité jabial
Si les épargnants se font dépouillés du fruit de leur économie depuis la nuit des temps, je ne vois pas pourquoi ça s'arreterait comme ça, pouf, parce que l'économiste autrichien est le nouveau gourou des temps modernes.

Parfois, Quipic, on a l'impression que tes phrases évoluent dynamiquement au fur et à mesure que ta pensée se déroule. Dans ce cas, il faut relire et réécrire - si possible dans un style clair et compréhensible.

Les atteintes à la propriété semble etre inherentes à la psychologie humaine. Sans spoliation, il y aurait une accumulation inimaginable de richesse dans les memes collectivités.

La spoliation est neutre au regard de l'accumulation. Lorsqu'elle est centralisée (Etat) elle participe à la concentration des richesses ; lorsqu'elle est décentralisée (criminalité de droit commun) elle participe à sa déconcentration.

D'aprés l'experience que nous avons de la société, on peut en déduire que ses formes changent et que le fond reste presque constant.

Pas du tout. Mais de fait, à l'homme du peuple, les révolutions technologiques apportent généralement bien plus que les révolutions politiques.

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Pas du tout. Mais de fait, à l'homme du peuple, les révolutions technologiques apportent généralement bien plus que les révolutions politiques.

Cela dépend du sens que tu donnes à "révolutions politiques". S'agit il de révolution de la science politique ou révolution dans l'arène politique ?

La Propriété Et Son équilibre Historique, libertarian : good luck !

J'avoue que je ne comprends pas précisément la direction que tu souhaites donner à ce thread…

La propriété est-elle respectée ? Non.

Peut-on avancer que l'évolution de la richesse mondiale prend telle ou telle forme : non.

Faut-il pour cela croire que la propriété n'a pas d'avenir ???

Autre remarque, je ne vois pas de différence entre l'utilité et la valeur dans le texte, alors forcément..

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