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Bouquin: Les Architectes De L'extermination


Antoninov

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Le bouquin explique notamment la lente mise en place des processus, la solution des problèmes pratiques et logistiques posés par la solution finale, etc.

Sans être forcément membres du Parti nazi, de jeunes technocrates, souvent universitaires, vont préparer les plans de germanisation de l'Europe orientale, synonymes d'assujettissement et de déplacements massifs de population.

Mis au point au début de 1941, le Generalplan Ost (Plan général pour l'Est) préconise le transfert de trente millions de personnes, soviétiques dans leur immense majorité, en les condamnant à mourir de faim. Imprégnées d'idéologie eugéniste, marquées par le concept de surpopulation qui a hanté la pensée géopolitique allemande du premier XXe siècle, ces équipes forgent la notion d'" existence fardeau " (Ballastexistenzen), et envisagent la faim comme un moyen de réguler la population. Elles préconisent le génocide comme LE moyen de résoudre les problèmes politiques.

Quelle place la Shoah a-t-elle tenu dans ces projets de " réorganisation " de l'Europe orientale ?Présente en filigrane tout au long du livre, cette question, controversée, enrichit le débat sur les origines du génocide. Elle nous permet de mieux entendre combien la barbarie fut pensée et planifiée par des hommes intelligents et cultivés appartenant à une génération née au début du siècle, et demeurée marquée par la Grande Guerre.

En mettant en relief la farce de la dénazification (la plupart de ces criminels de bureau ont poursuivi leur carrière au grand jour, couverts d'éloges et d'honneurs), Götz Aly et Susanne Heim montrent les soubassements technocratiques de la criminalité d'Etat. Loin d'être une parenthèse barbare dans l'histoire d'outre-Rhin, Auschwitz a plongé ses racines dans le terreau culturel et politique d'une certaine Allemagne.

Petite note sur l'auteur:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Götz Aly

Les recherches de Götz Aly sont tournées vers l’Holocauste et la participation des élites à la politique d’extermination nazie. Il commence à être connu du grand public à partir de 2005 avec son best-seller, Hitler Volkstaat (traduisible par L’État populaire d’Hitler, mais publié en 2005 par Flammarion sous un autre titre). Il y définit l’Allemagne nazie comme une dictature d’accord tacite (entre le peuple allemand et son dictateur) jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce soutien populaire s’explique par une politique de redistribution fiscale, une mobilité sociale sans précédent pour les classes pauvres de la société, et l’accroissement de l’État Providence allemand. Il montre également comment cette politique a été largement financée par le pillage des pays conquis et la spoliation des Juifs et des minorités. La guerre s’est déroulée sans que la pression fiscale ne s’accroisse sur le peuple, qui a continué à bénéficier des avantages sociaux acquis dans les années 30, et a même vu son niveau de vie progresser.

Les publications de Götz Aly ont suscités de vives réactions dans le milieu universitaire allemand, mais ont aussi été récompensées. Sa thèse, qui reprend celle de David Goldhagen (qui lui aussi établit la complicité du peuple allemand avec le régime nazie, mais qui la fonde sur une complicité idéologique) est novatrice, mais a une approche pluridisciplinaire de ce sujet : la possibilité de la Shoah commise par un peuple ayant atteint un très haut degré de civilisation. Il néglige cependant le côté idéologique de la Shoah.

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Ce livre plus que prometteur a donné lieu à un certain débat Outre-Rhin :

Die Tageszeitung, 12.03.2005

Cambridge economic historian Adam Tooze accuses Götz Aly of having 'simply miscalculated' in his latest book "Hitlers Volkstaat" (see In Today's Feuilletons, Thursday 10 March, 2005). Aly puts forward the thesis that Hitler mobilised support for his "dictatorship of benefits" through the exploitation of the occupied countries and the Jews. Tooze supports Aly's initial proposition: "The characterisation of the Holocaust as robbery and murder is something we have become used to in recent years. The courts and historians tend to understand this process as an act of private sector enrichment. A false assessment, as Aly's work amply demonstrates." But Tooze notes many flaws in Aly's calculation of war benefits to the public treasury. "Aly miscalculates badly, he proceeds asymmetrically. On the German side, he only considers taxes as contributions to the war. In the case of the foreign contributions, he takes all the revenue together, irrespective of how it was financed." Accusing Aly of disciplinary myopia, Tooze writes: "If Aly could prove that the financial injection from abroad really made it possible for the war costs to be redistributed, then his thesis would be very convincing. At least three generations of economists have worked on this question. But Aly calculates in his own way." Tooze concludes: "To describe the society of Nazi Germany as a dictatorship of complaisance is utterly missing the point."

Source : http://www.signandsight.com/intodaysfeuilletons/56.html

Adam Tooze, historien de l'économie en poste à Cambridge, a écrit un ouvrage fort remarqué sur l'émergence des concepts de comptabilité nationale et de statistique publique en matière d'interventionnisme économique en Allemagne pendant la 1ère moitié du XXième siècle. Je n'ai pas lu le livre d'Aly, mais en tout état de cause, les objections que formule son contradicteur paraissent parfaitement recevables d'un point de vue strictement technique.

Le principal ouvrage de l'historien britannique est disponible à un prix hélas dissuasif, sans quoi je l'aurais lu depuis longtemps :icon_up: :

Je viens de m'apercevoir que l'éditeur met généreusement à disposition des internautes une version complète en ligne du bouquin, intégralement imprimable de surcroît ! http://site.ebrary.com/pub/cambridgepress/…isbn=0521803187

A quand une version électronique des bouquins édités aux PUF sur leur site ?

L'article du Tageszeitung contenant la mise au point de l'historien britannique : http://www.taz.de/pt/2005/03/12/a0289.nf/text.ges,1

Un résumé (impartial) en anglais de l'ouvrage d'Aly : http://www.signandsight.com/features/23.html

PS: Relisant la notice sur Götz Aly citée par Turuk, je m'aperçois de l'énonciation d'une thèse "historico-moraliste" parmi les plus illibérales (et farfelues àmha) qui soient mais hélas devenue courante de nos jours, celle de "complicité" ou mieux de "culpabilité collective". Cela illustre paradoxalement l'intoxication de la critique anti-totalitaire par la pensée totalitaire qui est à l'origine de ce détestable concept.

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  • 1 month later...
Condamnation pour mémoire, par Hélène et Alain Lipietz

LE MONDE | 14.06.06 | 13h27 • Mis à jour le 14.06.06 | 13h27

Le jugement rendu par le tribunal administratif de Toulouse le 6 juin, sur requête de notre père et de notre oncle contre l'Etat et la SNCF pour le traitement inhumain dont ils ont été victimes lors de leur internement à Drancy, est historique. Il condamne des institutions, non des collabos particuliers, pour leur rôle dans la déportation. Il a suscité quelques réactions hostiles. Inutile de répondre aux insultes antisémites. En revanche, trois types de critique méritent réponse.

Des cheminots nous écrivent qu'en mettant en cause leur employeur, mon père et mon oncle occulteraient l'héroïsme de la résistance cheminote. Au contraire, cet héroïsme a été rappelé avec force par notre avocat et par le commissaire du gouvernement (l'équivalent du procureur), Jean-Christophe Truilhé, lors de l'audience du 16 mai (documents consultables sur le site lipietz. net). Significativement, nous n'avons reçu aucun reproche de la part de fonctionnaires. L'Etat plaidait coupable, mais invoquait… la prescription quadriennale (loi de 1831) ! La mémoire de la fonction publique est aujourd'hui bien clarifiée. Vichy n'était pas un simple pouvoir de fait. L'essentiel de l'administration a obéi à ses ordres : collaborer, discriminer, interner. Pour "maintenir la présence de l'Etat". La résistance des fonctionnaires ne lavera jamais cette tache.

Si la SNCF avait été (comme la poste) une simple branche administrative, sa responsabilité aurait été englobée dans celle de l'Etat. Mais, fraîchement nationalisée, la SNCF était de droit privé. De même que Vichy a souvent anticipé les demandes des nazis, la direction de la SNCF a aggravé les consignes de Vichy, y compris dans la déportation, soit par antisémitisme, soit par orgueil technocratique mal placé.

Des X-Mines - les Bichelonne, Le Besnerais, Fournier, etc. - ont illustré cette épouvantable dérive. Ils furent les pires ennemis de la résistance cheminote. Mais, comme Pétain et Laval, ils ont inscrit leurs crimes dans la logique d'institutions : ces "crimes de papier", la "banalité du mal" que dénonça Hannah Arendt. Parce que notre père et notre oncle voulaient faire condamner la faute des institutions, ils se sont tournés vers la justice administrative (celle qui juge le service public), sans isoler de culpabilités individuelles.

Un conducteur, Léon Bronchart, s'est dressé pour dire : "Je ne conduirai pas ce train." On n'a guère retenu sa mémoire. Pourtant, à l'époque, ses collègues l'avaient porté aux nues. Il fut licencié par la SNCF, réintégré à la Libération, médaillé de la Résistance et Juste parmi les Nations… La mémoire de la SNCF reste à bâtir, au-delà de la fiction d'une "institution résistante".

Différente est la critique de Me Arno Klarsfeld, avocat de la SNCF à New York. Dans Le Monde du 3 juin, il amalgame des propos qui auraient été tenus à New York et les conclusions du commissaire Truilhé, à l'audience du 16 mai. Sa "défense" est double. Juridique : la SNCF était un rouage de l'appareil d'Etat français. Position contraire à celle de l'avocat de la SNCF à Toulouse, qui, lui, affirme qu'elle n'était qu'une entreprise commerciale, ne relevant pas du droit public. Argument rejeté par le tribunal de Toulouse. Mais le second argument de Me Klarsfeld vise à blanchir la direction collabo de la SNCF : selon lui, la SNCF n'avait strictement aucune autonomie et ne se serait jamais fait payer.

C'est malheureusement faux. Comme le montre le rapport de l'historien Bachelier, ou le Calendrier de la persécution de Serge Klarsfeld, ou encore ces terribles factures découvertes à Toulouse par Kurt Schaechter, la SNCF négociait bel et bien avec Vichy les conditions de transport et "donnait son accord". En cinq ans d'instruction, elle n'a pu exhiber aucun ordre (allemand ou français) spécifiant que les juifs, transportés de toute la France non-annexée vers Drancy, devaient être entassés dans des wagons à bestiaux sans air, sans eau, sans nourriture et sans hygiène. Comble, elle a envoyé la facture de ces convois à la France libérée, la menaçant d'intérêts moratoires pour tout retard, facturant les déplacements au tarif de troisième classe alors qu'elle avait entassé les juifs. "La SNCF a été régulièrement payée pour avoir mal agi" (Serge Klarsfeld, Une entreprise publique dans la guerre, 2001). D'ailleurs, Arno Klarsfeld ne parle que des convois Drancy-Auschwitz qui, eux, étaient allemands.

La troisième critique vient de quelques historiens, comme Annette Wieviorka et Henry Rousso, pour qui le temps des plaintes des victimes serait passé : il faudrait maintenant laisser les historiens travailler tranquilles.

Quel déni, si la justice avait fait droit à un tel argument ! Comme l'a montré le commissaire Truilhé, la jurisprudence de 1946 (arrêt Ganascia) interdisait aux victimes de se retourner vers la justice de la République, au prétexte que l'Etat vichyste n'avait jamais existé… Jurisprudence peut-être nécessaire alors. Il est regrettable qu'elle n'ait été remise en cause que dans les années 1990, par le discours du président Chirac proclamant que "la France avait commis l'irréparable et contracté vis-à-vis des victimes une dette imprescriptible", puis par la justice, lors des arrêts Pelletier et Papon (2001 et 2002). Mais c'est fait, désormais. Selon le jugement de Toulouse, à partir de ces dates, les victimes peuvent enfin faire valoir leur droit à réparation. Elles auront attendu plus de cinquante-cinq ans, sans compter la sage lenteur de la justice enfin remise en marche. Notre père a déposé sa plainte en 2001, juste après l'arrêt Pelletier, et n'a pu se voir rendre justice : il est mort en 2003. Et les rares survivants seraient renvoyés à l'oubli : "Mais vous êtes encore là, vous ? C'est trop tard : vos larmes appartiennent aux historiens."

Les historiens doivent comprendre que les victimes ne sont pas des vestiges archéologiques. Ce sont des personnes humaines ayant droit à la vérité, à la justice et à la réparation. Leurs témoignages, corroborés par les archives, établissent suffisamment les dommages et les responsabilités. Laissons les historiens travailler, pour comprendre ce qui a pu motiver les Bichelonne et Cie dans leur course à la collaboration, ou pourquoi le Parti communiste a préféré diriger les coups de la Résistance vers l'aspect strictement militaire des transports, ou sur les compromis de la Libération. Et laissons la justice faire droit aux victimes. Et que ce soit la justice française, particulièrement sa justice administrative, qui soit chargée de poursuivre les "fautes de service" de l'Etat français.

Le texte du commissaire Truilhé, qui a su emporter la décision à Toulouse, est un monument d'érudition historique, d'intelligence et d'humanisme. Il a su relever les fautes d'autres corps de l'Etat et des services publics, sans omettre les propres fautes de la justice durant l'Occupation, et les compromis ambigus qu'elle a imposés à la société, après la Libération. Lisons-le avec respect, avant de le critiquer.

Quant au président Jacques Chirac, passera-t-il enfin aux actes, après ses belles paroles de 1995 ? Qui a donné l'ordre, en avril 2006, d'opposer à notre père et à notre oncle l'antique prescription quadriennale ? N'est-il pas temps de proposer une loi, amendant celle de 1831, et proclamant le caractère imprescriptible de la dette de l'Etat en matière de crimes contre humanité ?

Hélène Lipietz est conseillère régionale d'Ile-de-France (Verts).

Alain Lipietz est député européen (Verts).

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  • 1 year later...
Götz Aly est également l'auteur de cet ouvrage très documenté et qui explique l'adhésion populaire au régime nazi par sa politique stato-providentialiste :

Hitler's Handouts

Inside the Nazis' welfare state

Michael C. Moynihan | Aug./Sept. Print Edition

Hitler’s Beneficiaries: Plunder, Racial War, and the Nazi Welfare State, by Götz Aly, New York: Metropolitan Books, 448 pages, $32.50

Few subjects arouse a historian’s reductionist instinct like Nazism. It’s hard to resist that desire to explain, in a single bullet point, just how “the nation of Goethe and Schiller” descended into imperial, genocidal madness. The earliest Holocaust reductionists saw in the German character a preternatural fealty to power: the stolid Prussian willing to subsume morality to a vague notion of duty, with those not of the Junker class simply terrorized into submission, too fearful to resist.

Among historians, this idea fell out of favor long ago. For non-specialists, it was effectively debunked in 1996 by the Harvard political scientist Daniel Goldhagen, who demonstrated that punishment was rarely if ever meted out to soldiers who refused to participate in mass murder. (According to Goldhagen, S.S. chief Heinrich Himmler allowed the righteous—and the squeamish—to be redeployed from the killing fields.) But Goldhagen merely replaced one monocausal theory with another, contending that the Holocaust was a natural extension of popular anti-Semitism. Fascism flourished, he claimed, because Germany was a country suffused with a “racist eliminationist view of Jews.” Goldhagen’s book, Hitler’s Willing Executioners, was cut to ribbons by his peers, many of whom wondered why, if genocidal anti-Semitism was uniquely German, so many non-Germans willingly betrayed, deported, and executed their Jewish neighbors.

So if anti-Semitism alone cannot explain the fate that befell European Jewry, what can? According to Götz Aly’s Hitler’s Beneficiaries: Plunder, Racial War, and the Nazi Welfare State, most previous treatments of German complicity in genocide overlook a significant aspect of Nazi rule. Aly, a historian at the Fritz Bauer Institut in Frankfurt and the author of more than a dozen books on fascism, urges us to follow the money, arguing that the Nazis maintained popular support—a necessary precondition for the “final solution”—not because of terror or ideological affinity but through a simple system of “plunder,” “bribery,” and a generous welfare state. When first published in 2005, Aly’s book caused a minor sensation in Germany, with critics accusing him of everything from sloppy arithmetic (a charge he vigorously denies in a postscript to the English translation) to betraying his soixante-huitard roots by implicitly connecting West German social democracy to fascism. After the massive success of books like Günter Grass’ Crabwalk and Jörg Friedrich’s The Fire, two bestsellers stressing that Germans too were victimized by fascism, Hitler’s Beneficiaries shifts the brunt of the blame back toward ordinary Germans.

Far from being victims of Nazism, Aly argues, the majority of Germans were indirect war profiteers. Requisitioned Jewish property, resources stolen from the conquered, and punitive taxes levied on local businesses insulated citizens from shortages and allowed the regime to create a “racist-totalitarian welfare state.” The German home front, Aly claims, suffered less privation than its English and American counterparts. To understand Hitler’s popularity, Aly proposes, “it is necessary to focus on the socialist aspect of National Socialism.”

While underemphasized by modern historians, this socialism was stressed in many contemporaneous accounts of fascism, especially by libertarian thinkers. F.A. Hayek famously dedicated The Road to Serfdom to “the socialists of all parties”—that is, Labourites, Bolsheviks, and National Socialists. “It was the union of the anti-capitalist forces of the right and the left, the fusion of radical and conservative socialism,” Hayek wrote, “which drove out from Germany everything that was liberal.” Ludwig von Mises agreed, arguing in 1944 that “both Russia and Germany are right in calling their systems socialist.”

The Nazis themselves regarded the left-right convergence as integral to understanding fascism. Adolf Eichmann viewed National Socialism and communism as “quasi-siblings,” explaining in his memoirs that he “inclined towards the left and emphasized socialist aspects every bit as much as nationalist ones.” As late as 1944, Propaganda Minister Josef Goebbels publicly celebrated “our socialism,” reminding his war-weary subjects that Germany “alone [has] the best social welfare measures.” Contrast this, he advised, with the Jews, who were the very “incarnation of capitalism.”

Using a farrago of previously unpublished statistics, Aly describes in detail a social system larded with benefits —open only to Aryan comrades, naturally. To “achieve a truly socialist division of personal assets,” he writes, Hitler implemented a variety of interventionist economic policies, including price and rent controls, exorbitant corporate taxes, frequent “polemics against landlords,” subsidies to German farmers as protection “against the vagaries of weather and the world market,” and harsh taxes on capital gains, which Hitler himself had denounced as “effortless income.”

Aly demonstrates convincingly that Nazi “domestic policies were remarkably friendly toward the German lower classes, soaking the wealthy and redistributing the burdens of wartime.” And with fresh memories of Weimer inflation, “transferring the tax burden to corporations earned the leadership in Berlin considerable political capital, as the government keenly registered.”

For instance, at the outset of war Nazi economists established a “wartime tax of 50 percent on all wages” that applied only to the wealthiest Germans. In the end, Aly writes, “only 4 percent of the population paid the full 50 percent surcharge.” In occupied Holland, administrators dramatically raised taxes to fund an “anti-Bolshevik campaign,” while some Dutch companies paid upward of 112 percent of profits in tax.

But most of the money used to fund the Nazi war machine, Aly argues, was obtained by simple theft. Berlin expressly sanctioned plunder of the occupied territories, urging soldiers to satiate the material desires of the home front with soaps, perfume, coffee, and meat, sent back to the Fatherland via the army post. Limits on package size were lifted expressly for this purpose, while puppet governments seized gold, looted treasuries, and undermined local currencies “to cover a significant proportion of the day-to-day costs of war.” Although his estimate has been hotly disputed by the British historians Adam Tooze and Richard Overy, Aly argues that theft accounted for a full 70 percent of the Reich’s wartime revenues, ensuring that the burdens of war fell squarely on the shoulders of the conquered.

“The Nazi leadership did not transform the majority of Germans into ideological fanatics who were convinced that they were the master race,” Aly concludes. “Instead it succeeded in making them well-fed parasites.” Aly notes that food was readily available throughout the war, and that it was not until 1945 that Berliners noticed a scarcity of rations. Thus, he argues, the people were generally well looked after and, until the bitter end, pliant subjects of the Reich.

In making his case, Aly subjects the reader to a dizzying and often tedious array of numbers. And while he ably demonstrates that the Nazis were both accomplished thieves and voodoo economists, I can’t help wondering if Hitler’s Beneficiaries is asking the right questions. If this loyalty-for-food was indeed the prevailing moral hierarchy amongst “ordinary Germans,” if decency was swiftly abandoned in a quest for moderate material gain, you can only wonder: Why were they so easily corruptible?

Can the occasional parcel of Serrano ham, a free dental exam, and a soak-the-rich tax structure convince a people whose population centers were regularly firebombed, whose Jewish neighbors were deported, whose sons were killed on the Eastern Front, whose cities were close to being overrun by the Red Army, to stick by a cruel dictatorship until the bitter end? The reality of Hitler’s war was never far from sight. The July 1943 bombing of Hamburg, for example, produced an astonishing 40,000 civilian deaths and 1.4 million refugees. Those seeking safety outside of large urban centers, the historian Robert Gellately notes, caused a ripple effect by “contributing to the fall of morale in cities behind the lines.”

Six months earlier, the German Army had capitulated at Stalingrad after having sustained 700,000 casualties. Jews were taken in broad daylight, never to be seen again. And while the material deprivation of Berliners may have been limited to the occasional interruption in the sausage supply, the “parasitic” hausfrau surely observed her city’s gradual reduction to rubble. It would be astonishing if, in the midst of this destruction, those in Germany gave much thought to taxes or pensions.

In its best passages, Hitler’s Beneficiaries demonstrates a correlation between moral collapse and government largess. But direct causation is harder to establish. And while he is careful not to claim that economics alone motivated the “ordinary German,” Aly is vague about just how significant a role it played, failing to make anything resembling a combined case, weighing economic incentive alongside anti-Semitism, nationalism, propaganda, and terror.

There is, perhaps, a rather less satisfying explanation: that ordinary people, German or otherwise, possess an extraordinary capacity—and tolerance—for evil. As the mass killings in Rwanda and Cambodia should demonstrate, a cash incentive is hardly a prerequisite. But the crowded field of Nazi historiography demands a measure of heterodoxy; mainstream publishers prefer the provocative to the prosaic. While Aly’s impressive economic history succeeds in reminding readers that Bolshevism and Nazism were, in the words of historian Richard Pipes, both “heresies of socialism,” that service is ultimately overshadowed by a needlessly radical conclusion.

http://www.reason.com/news/show/120941.html

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[…] Adam Tooze, historien de l'économie en poste à Cambridge, a écrit un ouvrage fort remarqué sur l'émergence des concepts de comptabilité nationale et de statistique publique en matière d'interventionnisme économique en Allemagne pendant la 1ère moitié du XXième siècle. […]

Ledit Adam Tooze a écrit plus récemment un autre livre très remarqué, qui s'attaque au mythe de la prospérité de l'économie nazie :

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