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Islam Et Finances


Dardanus

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Un article du site du MONDE de ce jour me permet de poser une question aux éminents spécialistes de ce forum : comment des banques peuvent-elles prospérer en respectant la charia ? notamment la question du crédit et de l'intérêt (j'ai marqué en gras les passages). Et comment expliquer la prospérité de ces banques islamiques ?

A la conquête de l'"argent islamique"

Fin novembre, Dubaï a conclu le rachat de la Peninsular and Oriental Steam Navigation (P & O), la très respectable compagnie de transport maritime britannique (Le Monde du 3 décembre). Pour financer cette opération d'un montant voisin de 4,9 milliards d'euros, l'émirat s'est appuyé sur la Dubai Islamic Bank, qui lui a concocté un financement spécifique de 2,38 milliards d'euros respectant les principes islamiques. Mais la banque britannique Barclays Capital a également été associée à ce montage conforme à la charia.

A l'image de la Barclays, de plus en plus de banques occidentales se sont "converties" à la finance islamique. C'est qu'elles peuvent prétendre à accéder à une manne financière colossale : selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), le marché de la finance islamique est en effet évalué à 300 milliards de dollars (255 milliards d'euros) d'actifs. Et il augmente d'environ 15 % par an. "Plus d'un quart de l'argent investi dans le Golfe était "islamique" il y a deux ans ; aujourd'hui, c'est au moins 30 %", indique David Ishoo-Mirzayoo, coresponsable de l'activité "produits dérivés" pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique à la Société générale.

Depuis quelques années, la demande de financements islamiques, à côté de financements conventionnels, se fait de plus en plus forte pour de grands projets dans des domaines aussi divers que l'aéronautique, les télécommunications et les infrastructures.

Pour des projets de 2 à 3 milliards de dollars, le système bancaire islamique (quelque 250 banques) n'est toutefois pas encore assez puissant. Une aubaine pour les établissements occidentaux, qui veulent conquérir ce marché en misant sur leur savoir-faire en matière de banque de financement et d'investissement. Ils visent les grandes entreprises, les banques islamiques ciblant de leur côté les particuliers et les entreprises de taille moyenne.

"L'essor qu'a connu le marché de la banque d'investissement islamique est pour l'instant le fait des grandes banques internationales", affirme Jean-Marc Riegel, responsable de l'unité de banque islamique à Bahreïn de BNP Paribas. L'américaine Citicorp, l'allemande Deutsche Bank ou encore la britannique HSBC ont été parmi les premières à se lancer dans la finance islamique. L'américaine Citibank a été autorisée, à la mi-septembre, à ouvrir une succursale au Koweït.

DES PRODUITS REMODELÉS

Les banques françaises ne sont pas en reste. Présente depuis 1985 à Bahreïn, BNP Paribas a ouvert une unité qui s'occupe de ce secteur en 2003. Elle y emploie une dizaine de personnes. "Nous avons pris cette décision pour répondre à une demande de plus en plus forte au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est", explique M. Riegel. Au côté de HSBC, BNP Paribas a par exemple élaboré le financement de la centrale électrique d'Al Hidd, à Bahreïn, d'un montant de 255 millions de dollars, dont une tranche de 55 millions de dollars respectait les préceptes de la charia.

Calyon, filiale de Crédit agricole SA, a elle aussi constitué une entité dédiée en 2004 à Bahreïn. "Nous étions déjà implantés dans cette région et nos clients nous demandaient de monter des produits islamiques. Longtemps, nous l'avons fait au coup par coup pour des montants peu élevés, explique Henri Guillemin, responsable de la région Moyen-Orient. Depuis quelques années, il y a eu une forte accélération de la demande. Le marché est devenu plus mûr. Les gens se sont rendu compte qu'ils pouvaient marier à la fois leur culture et leur religion à la banque moderne." La Société générale, elle, n'a pas implanté d'unité spécifique. Elle mise sur son savoir-faire et sa réputation sur les marchés de capitaux. "Nous remodelons nos produits pour les mettre en accord avec les principes de la charia", souligne David Ishoo-Mirzayoo.

Les principes financiers islamiques étant radicalement différents de ceux issus du capitalisme occidental, les banques françaises doivent s'adapter. Ce type de financement est ainsi impossible pour un certain nombre de secteurs d'activité : l'alcool, les jeux, le spectacle, l'armement, le tabac, la viande de porc, les services financiers traditionnels qui reposent sur le versement d'intérêts, assimilé à l'usure.

La loi condamne aussi de la même façon la pratique des achats à crédit. Les produits dérivés sont quant à eux théoriquement interdits, car ils s'apparentent à un pari, ce qui oblige, là encore, à des montages spécifiques.

Pour approuver ces opérations financières, BNP Paribas et Calyon s'appuient sur un charia board interne, un "conseil de la charia" composé de trois membres spécialistes de l'islam. Ces derniers approuvent ou non les produits qui leur sont proposés.

"DES INTERPRÉTATIONS VARIABLES"

"D'un pays à l'autre, d'une banque à l'autre, les interprétations peuvent être varaiables", reconnaît M. Ishoo-Mirzayoo. Il n'y a pas une autorité religieuse unique qui édicte des règles universelles.

En mai 2004, un investissement de l'Al Dar Islamic Fund dans le groupe de cosmétiques français L'Oréal a été jugé non conforme parce que la loi islamique interdit aux femmes d'utiliser des produits de beauté devant des étrangers. D'autres spécialistes de la charia considèrent, a contrario, qu'un tel investissement n'est pas prohibé dès lors que les femmes se maquillent ou se parfument uniquement chez elles.

Les financements qui respectent en tout point les préceptes du Coran commencent aussi à faire leur apparition. En 2004, BNP Paribas en a réalisé un. "Pour acheter la deuxième licence de téléphonie mobile en Arabie saoudite, l'opérateur Etisalat a levé 2,35 milliards de dollars de dettes et exigé un financement purement islamique", explique M. Riegel.

Encore circonscrit à la région du golfe Persique et de la Malaisie, le marché de la finance islamique devrait s'étendre à d'autres régions du monde. En 2004, le Land de Saxe, en Allemagne, a émis un emprunt obligataire islamique dirigé par la Citibank d'un montant de 100 millions d'euros.

Nathalie Brafman

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Un article du site du MONDE de ce jour me permet de poser une question aux éminents spécialistes de ce forum : comment des banques peuvent-elles prospérer en respectant la charia ? notamment la question du crédit et de l'intérêt (j'ai marqué en gras les passages). Et comment expliquer la prospérité de ces banques islamiques ?

Je ne suis pas du tout un éminent spécialiste mais :

http://www.afrik.com/article7566.html

Ensuite, IBB respecte le précepte coranique qui interdit l’intérêt usuraire. Comment la banque dégage-t-elle des profits ? En partageant pertes et profits et en répartissant le risque entre elle et le client. La finance islamique compte en effet plusieurs solutions, basées sur la dette. L’ijara est un contrat de location : la banque achète un article pour le client et lui loue pendant une certaine période. L’ijara-wa-Iqtina est un arrangement du même type sauf que le client peut acheter l’article à la fin du contrat. Par la mudaraba, le client confie ses fonds à la banque qui les fait fructifier. Le profit dégagé est ensuite partagé entre les deux. La murabaha est une forme de crédit : la banque achète un article pour le client, qui n’a pas à souscrire à un emprunt avec intérêts, et lui revend ensuite en différé. Enfin, la Musharaka est une sorte de joint-venture, un contrat entre plusieurs associés qui contribuent ensemble au capital et au management.
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C'est simple : pour comprendre ce concept de "finance islamique", il suffit que tu penses à celui de "finance dans le cadre du développement durable".

C'est exactement la même chose, avec des règles différentes :

- l'islam interdit l'usure, blablablaba…. cherche à promouvoir les trucs "islamiques" et repousser les "pas islamiques" (porc, jeu, alcool, etc…)

- la finance de DD interdit le travail des petits nianfants-qui-devraient-aller-à-lécole-de-la-république, blablabla…. cherche à promouvoir les trucs "durables" comme l'énergie solaire, la bonne ambiance, etc…. et repousser les "pas durables", comme l'ultralibéralisme mondialisé des sociétés transnationales.

Demain, la Chitah Bank proposera une nouvelle mode : "Nous, on investit, on ne bosse, qu'avec des entreprises et des gens dont le nom commence par M, et on ne fait rien avec ceux dont le nom est l'une des 25 autres lettres de l'alphabet".

Voilà, à part ce que je viens d'écrire, et à moins qu'on ait envie de discuter spécifiquement du CHOIX (légitimité, intérêt, limites, etc.. ) que constitue l'islam, le développement durable, ou les noms commençant par M, il n'y a absolument rien d'autre à dire que ce que j'ai écrit ci-dessus.

L'idée, et je la comprends, consiste, pour cet article du Monde, à rappeler pour la n-ième fois que l'islam est une religion arriérée et d'arriérés filous qui parviennent à contourner les règles de cette fameuse, célèbre et connue "Charia".

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[…]

L'idée, et je la comprends, consiste, pour cet article du Monde, à rappeler pour la n-ième fois que l'islam est une religion arriérée et d'arriérés filous qui parviennent à contourner les règles de cette fameuse, célèbre et connue "Charia".

Tu as oublié "et hypocrites" après "filous".

Imaginons un peu que, eu lieu de l'usure, l'Islam proscrive le profit (ou recommande le port du préservatif, ce serait la même chose). Je suis certain que beaucoup de commentateurs, plutôt anti-religieux aujourd'hui, se trouveraient tout d'un coup de solides sympathies pour la Charia.

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D aytant que ayant travaillé chez HSBC qui a une présence importante dans des pays islamiques j' avais pu leur demander comment il était possible de respecter la Charia tout en faisant du profit?

Et j' avais obtenu une réponse du stye:

" Ben on change juste le mot d' interet pour un autre!"… :icon_up:

Alors meme si je me doute bien que cette réponse était exagérée je crois qu il y a aussi de cela…

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