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I Have A Dream


Freeman

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Il était cinq heures du matin. Je décidais - enfin - d'arrêter de travailler et d'aller me coucher. Il est vrai que je ne dors pas beaucoup. N'aimant pas dormir dans le noir, j'allumais une veilleuse. Mon dernier regard se portant sur l'Ethique de la Liberté de Murray Rothbard. Si je n'avais qu'un souhait à formuler, c'était que notre société évolue en ce sens. Mais je rêvais. Enfin, pas encore. Il fallait dormir maintenant.

Mon réveil sonna à onze heures. Ce lundi là, je devais faire mon transfert pour ma nouvelle faculté de droit. Oui, j'ai déménagé, vous le savez, pour Biarritz. Je me suis donc préparé comme à l'ordinaire, j'ai avalé un morceau. Je descendis ensuite. Un appel sur mon portable. Mon dossier était déjà arrivé ! Comment ? Ah ! Quelle gageure d'avoir des parents qui font tout à votre place. Enfin bon… Je me dis que puisque j'étais dehors, autant en profiter pour faire un tour. Il ne faisait pas très beau ce jour là.

Je suivis le chemin habituel. Arrivé à l'intersection, il y avait comme qui dirait quelque chose qui avait changé. Mais quoi ? Je n'y fis pas attention et je poursuivis mon bonhomme de chemin. Je finis par me retrouver aux Galeries Lafayette. Comme d'hab', au 1er étage, je me rendis au stand Ralph Lauren. Bizarre, le stand avait l'air plus grand. Je n'y fis pas attention. Certains polos étaient sympas. J'en saisis un. Combien coûtait-il ? Voyons voir… Je cherchais l'étiquette. 40 euros ! Je me mis à tituber. C'était impossible. Une vendeuse vint à ma rencontre.

- Je peux faire quelque chose pour vous ?

- Ce polo coûte bien 40 euros ?

- Celui-là oui. Mais vous en avez aussi à - 25 %, - 50 %, - 75 %…

En cherchant bien, j'en trouvais même à 10 euros ! J'hallucinais. J'allais me réveiller. Mon lacet étant mal fait, je finis par marcher dessus et me casser la figure. Ouille. La douleur, elle, était bien réelle. Etais-ce que Ralph Lauren ? Je regardais partout. Non, Lacoste était encore moins cher ! Nico, ne paniques pas. Tu n'es pas fou. Tu vas comprendre… J'en ai profité pour en acheter quelques uns. Quitte à faire, hein. Quand je suis sortit du magasin, j'ai décidé de me rendre au bord de la mer. En descendant, je vis le casino, l'océan… Tout était à sa juste place. Rassurant. J'ai regardé de l'autre côté. Quelque chose manquait… Bon sang ! A la place de l'hôtel de ville, il y avait une banque ! Sans doute la mairie avait-elle déménagée. Qu'importe ! Je me rendis à mon kiosque habituel, un très grand magasin où on trouvait de tout, pour acheter un journal. J'ai donc pris Le Monde. Arrivé à la caisse, j'ai donc naturellement donné 1,20 euros à la vendeuse, qui me regarde ahurie.

- Monsieur, votre journal, là, ne coûte que 60 centimes. Vous m'en donnez trop !

- 60 centimes ?

Je regardais le journal. C'était écrit en toute lettres, 0,60 euros.

Perdais-je la tête ?

- Bon, et bien gardez la monnaie !

- Merci beaucoup monsieur !

Je descendis l'escalier qui me mena sur la promenade, près de la plage. On a beau dire, mais Biarritz est une jolie ville. Un peu bourgeoise certes, mais jolie. C'est là que j'allais vivre pour un bon bout de temps. Alors que je marchais, quelqu'un m'interpella.

- Jeune homme !

- Oui ?

- Venez par ici, s'il vous plaît.

Il allume une espèce d'ordinateur et me demande de presser mon doigt sur son appareil.

- Je vois, vous n'êtes pas abonné. Il est trois heures, vous connaissez le tarif !

- Qu'ais-je fait de mal ?

- Rien, rit le gars. Mais il se trouve que vous marchez sur ma promenade.

- Votre promenade ?

- Hé ! Oui, jusqu'au Palais là-bas, dit-il en me montrant le Palais du doigt. Vous êtes étudiant ?

- Oui…

- Donc c'est trois euros. Vous ne voulez pas vous baigner ?

- Non. Pourquoi ?

- Parce que la plage m'appartient aussi !

- Voici vos trois euros.

- Merci bien, et bonne journée !

Je m'étais probablement fait avoir. A un détail près, il y avait des flics partout qui patrouillaient, mais pas habillés comme des flics. Curieux. Je décidais donc de m'asseoir et de lire mon journal. J'ai trouvé tout sauf ce que je cherchais. Chirac et son incident visuel ? Villepin ? Sarkozy ? Où étaient-ils donc tous passés ? Rien. A la place, du foot, des chroniques d'économie, des bouquins de certains auteurs… Des crimes par ci par là. Exaspéré, je finis par jeter mon journal. Mal m'en pris. Quelqu'un se pointa et me somma de le ramasser. J'eus de la chance d'échapper à une amende. Il ne fallait pas salir l'allée du gars que j'avais vu peu de temps auparavant. Tout était très propre. Pas une crotte de chien, une canette, rien. Tout était parfait. Trop ? Je décidais de finir mon tour et de rentrer à la maison. Ce que je n'avais pas trouvé dans mon journal, je le trouverais probablement en regardant la télé.

Une fois à la maison, j'allumais mon poste. Ce fut un déluge d'images et de pub en tout genre, vantant tout et n'importe quoi. Je vis une publicité avec des flics. L'Etat qui recrute et qui fait une campagne médiatique, certainement. On les voyait donc faire leur travail, on voyait les " victimes " ravies d'être ainsi rassurées et épaulées. Peut-être allais-je voir Sarkozy à la fin ? Non. A la place, je vis un homme vantant les mérites de sa compagnie ! Je cru devenir fou. J'ai donc zappé. Mal m'en pris. Sur la deux, je suis tombé sur une publicité faisant la promotion d'une ville entièrement conçue pour les personnes âgées. J'ai éteint la télé. Il fallait que je prenne contact avec ma famille. Mon téléphone, c'est vrai, n'avait plus d'unités. Fort heureusement, le soir, je devais me rendre chez ma grand mère. Alors qu'elle préparait le dîner, je lui posais toute une série de questions. Ma tante arriva.

- Salut Nico ! Comment ça va ?

- Tatie ! La mairie de Biarritz a déménagée ?

- La mairie ? Quelle mairie ?

- Je lui ai déjà dit qu'il travaillait trop, dit mammie. Je ne comprends rien à ce qu'il me dit. Il m'a parlé d'un type appelé Sarkozy, d'un autre qui s'appelait Villepin…

- Nico, me dit ma tante qui sont ces types ? Tu sais Nico, je t'ai déjà dit qu'il fallait se méfier des sectes ! Je sais que tu es très influencable !

- Pardon ?

A moi de rire.

- Je vais t'emmener en boîte ce soir. Ca va te changer du droit !

- Si tu veux.

- Ca se passe bien, ton travail Karine ?

- Oui…

- Il te paie bien ton employeur ? Il est nouveau je crois ?

- 1300 euros par mois, mais tu sais…

- Ah, ça va.

- Tatie, je croyais que tu ne gagnais que 600 euros…

Elle se mit à rire.

- Où as-tu vu ça ? Tu es fou ou quoi ! Personne ne gagne ça. Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?

- Oh, j'ai fait un lapin à la tomate, avec des pommes au four, ça vous va ?

Le soir même, nous finîmes donc en discothèque. Honnêtement, ça décoiffait. L'ambiance était d'enfer, même si au bout d'un moment, ça faisait mal aux oreilles. J'eus une envie pressante, je me rendis donc aux toilettes. En sortant, j'ai heurté une jeune femme. Je l'ai aidé à se relever. Nos regards se sont croisés. Coup de foudre intégral. Je ne sais pas trop comment, mais on a finit au bar, à une table, en train de picoler, et de raconter nos vies respectives. Après cela, nous sommes sortis faire un tour. J'avais complètement zappé ma tante. Nous arrivions vers la promenade. Tiens, le gars était toujours là.

- Alors, que voulez-vous faire, les tourteraux ?

- Et bien… souris-je.

- Okay j'ai compris, alors 3 euros la promenade, plus la plage, 2,50 euros, ainsi que le matériel, qui vous sera facturé. Attendez ici !

Il revint avec un packet.

- Vous avez tout là-dedans, de quoi vous allonger et… Faire ce que vous allez faire. Vous êtes abonnée ? Non. Donc ça fera 7 euros chacun.

- Voilà.

- Bonne soirée, dit le type avant de retourner sur ses pas.

Nous marchions. Le Palais était toujours aussi beau la nuit. Au bout d'un moment, on s'est retrouvés sur le sable. Quand je la voyais se dévêtir, j'étais horrifié.

- Attends… On… On a le droit de…

- Voyons Nico, il nous a donné son autorisation. Il y en a plein d'autres qui le font. Qui va nous en empêcher ?

- La police, pour trouble de l'ordre public !

- De quoi tu me parles ? Pour moi, c'est du chinois.

Mon dieu, elle était encore mieux quand elle était nue.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'on va passer un super moment, disais-je.

J'ai fini chez moi, vidé. Il n'y avait qu'une explication logique : mon souhait s'était réalisé. Yahooou ! J'ai sauté de joie ! On ne pouvait plus me tenir. Je me suis marré comme un con pendant un bon bout de temps, allongé sur mon lit. Comment expliquer sinon l'absence de mairie, de feux rouges, de passages cloutés, le meilleur salaire de ma tante et les prix si bas des magasins ? Enfin ! J'allais pouvoir respirer. Demain, j'irais sur Paris, histoire de. Il y a certainement encore plein de choses à découvrir.

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J'ai donc décidé de prendre un train pour me rendre à Paris. Agréable surprise : le jour où j'achète le billet, il ne m'est facturée que de 50 euros, au lieu de 100. La SNCF existait toujours, mais il y avait aussi d'autres compagnies dont je n'avais jamais entendu parler. Je suis allé sur Paris avec Sylvie, la fille rencontrée en boîte la veille. Nous avons discuté pendant tout le trajet.

- Tu fais du droit sur la faculté de Bayonne ? me demande-elle.

- Ouais.

- Tu as obtenu une bourse ?

- Allons ! tempérais-je. C'est pas si cher que ça !

- 4000 euros par an, pour toi, c'est pas cher ?

- Euh…

- Les trois quarts des jeunes sont boursiers, tes parents ont les reins solides.

Je regarde par la fenêtre.

- Sylvie, combien ça coûte, une consultation chez un médecin ?

- Pourquoi, tu as un problème ?

- Non, rassures-toi. C'est juste pour savoir.

- 8 euros.

- 8 euros…

- Ben oui, t'as jamais été chez un médecin ! rit-elle.

Je me rappelle surtout combien coûtait le médecin.

- J'ai acheté une voiture récemment, une Ford Mustang.

- Ah bon ?

- Je l'ai payée 10 000 euros, je la rembourse tous les mois, mais j'en suis fière, tu ne peux pas savoir.

- Avec ce que coûte un plein en ce moment tu ne dois pas t'ennuyer..

- Seulement 20 centimes, pas de quoi en faire une histoire !

- 20 centimes ? Un plein !

- Ben oui.

Plus rien ne m'étonnait, à présent. Quelques heures plus tard, nous sommes enfin arrivés à Paris. La gare était ultra-moderne, avait bien changée. On pouvait marcher par terre. Nous avons pris un taxi, qui nous conduisit sur le périph'. On paya un péage pour y entrer.

- Voilà quelque chose qui n'a pas changé, riais-je.

Au bout d'un moment, on passa par la Défense. Le quartier avait beaucoup changé. Il y avait 20 fois plus de gratte-ciels qu'auparavant. Après avoir roulé pendant un bon bout de temps, nous voilà arrivés à l'hôtel, le Crillon. Là encore, la chambre était bien moins chère que ce que j'avais vu bien des années plus tôt sur Internet. Une fois réservée, Sylvie voulait faire du shopping. Et moi je ne savais rien lui refuser. Comme quoi, une petite amie, c'est ruineux. Il y avait énormément de commerces, de boutiques. C'était les Etats-Unis puissance 1000. On a dû payer la plupart du temps des types pour qu'ils nous laissent rentrer dans leurs avenues respectives, mais finalement, cela nous a quasiment rien coûté. 1 ou 2 euros, voyez.

- Au fait Nico, tu es assuré contre la criminalité ? Tu as souscrit à une agence de protection privée ?

- Je ne crois pas…

- Il faut que tu le fasses, c'est élémentaire ! D'autant plus que ça ne coûte rien. Chez Naheris, tu ne paieras que 20 euros par mois.

- Je le ferais. T'angoisses pas.

- Je ne suis pas inquiet pour toi. Tu sais te défendre ! Et puis sinon, tu peux toujours commander un fusil à pompe sur E Bay !

Je me mis à rire. Nous voilà arrivés devant les boutiques de luxe.

Elle craqua complètement pour un manteau Channel. Société libre ou pas, ce n'était toujours pas donné. Je ne pouvais plus la tenir.

J'ai donc cherché un distributeur pour savoir combien il me restait sur mon compte. Avais-je la berlue ? D'accord, je vivais dans une société sans Etat. Mais il allait falloir m'expliquer ce que ces cinq millions d'euros faisaient là. La seule chose que je comprenais, c'est que j'aurais largement assez pour lui offrir son manteau.

- Montre voir… Tu es riche !

- Ben oui, apparemment.

- C'est super ! Tu vas pouvoir m'offrir mon manteau relax !

- Euh… Oui.

Dans la boutique, elle essaya son manteau. J'ai consulté ma messagerie. Tiens, mon père m'avait envoyé un SMS. Comment pouvais-je avoir autant d'argent ? Ca me trottait dans la tête. C'est alors que j'ai compris. C'est comme si j'avais toujours vécu dans une société libre. Lorsqu'à 14 ans, j'avais voulu créer ma propre entreprise, les banques m'avaient suivi. Et j'avais fait fortune. J'étais devenu riche, ce qui explique ces millions sur mon compte en banque. Ca coulait de source.

- Il me plaît, me dit-elle.

- Prends-le si tu veux.

Une fois sortit du magasin ( le manteau me coûta 6000 euros ) je lui dis :

- Ecoute, j'ai de l'argent, fais toi plaisir !

J'aurais dû me taire. Elle dévalisa totalement Chrisian Dior. Dans la foulée, j'en ai profité pour penser à moi. Après cela, je suis allez chez Givenchy, où je me suis offert une veste en vigogne à 4000 euros pièce. Pourquoi se priver quand on a de l'argent ? Nous sommes revenus à l'hôtel tout déposer puis nous avons cherché un restaurant. Nous avons trouvé un restaurant italien, avec les boissons, on en a eu pour 10 euros chacun. J'ai laissé 5 euros de pourboire. Nous sommes allés en discothèque puis nous sommes rentrés à l'hôtel. Alors dans mon lit, je me disais que grâce à l'argent que j'avais j'allais pouvoir m'offrir le voyage de ma vie, un voyage en Australie. Ce sera évidemment pas de la tarte pour se trouver un moment avec mes études de droit. Mais bon… Pourquoi être pessimiste sur son avenir ? Pas de chômage, quasiment pas de criminalité, pas de pauvreté, une société où les individus étaient beaucoup plus riches que dans toute autre société… Pourquoi s'en faire ? J'avais des raisons de devenir optimiste. Oui, une société anarcho-capitaliste était possible et même souhaitable. Oui, elle fonctionnait, même mieux que toute autre. Je l'avais vue de mes propres yeux. Je pouvais dorénavant en témoigner.

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Je n'en sais rien, mais il est arrivé vidé de ses passagers.

Forcément, avec toutes ces navettes à grande vitesse dans le tunnel, il a fini par tuer le marché. Je comprends mieux l'expression "voir le bout du tunnel" cependant. :icon_up:

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Il était cinq heures du matin. Je décidais - enfin - d'arrêter de travailler et d'aller me coucher. Il est vrai que je ne dors pas beaucoup. N'aimant pas dormir dans le noir, j'allumais une veilleuse. Mon dernier regard se portant sur l'Ethique de la Liberté de Murray Rothbard. Si je n'avais qu'un souhait à formuler, c'était que notre société évolue en ce sens. Mais je rêvais. Enfin, pas encore. Il fallait dormir maintenant.

Mon réveil sonna à onze heures. Ce lundi là, je devais faire mon transfert pour ma nouvelle faculté de droit. Oui, j'ai déménagé, vous le savez, pour Biarritz. Je me suis donc préparé comme à l'ordinaire, j'ai avalé un morceau. Je descendis ensuite. Un appel sur mon portable. Mon dossier était déjà arrivé ! Comment ? Ah ! Quelle gageure d'avoir des parents qui font tout à votre place. Enfin bon… Je me dis que puisque j'étais dehors, autant en profiter pour faire un tour. Il ne faisait pas très beau ce jour là.

Je suivis le chemin habituel. Arrivé à l'intersection, il y avait comme qui dirait quelque chose qui avait changé. Mais quoi ? Je n'y fis pas attention et je poursuivis mon bonhomme de chemin. Je finis par me retrouver aux Galeries Lafayette. Comme d'hab', au 1er étage, je me rendis au stand Ralph Lauren. Bizarre, le stand avait l'air plus grand. Je n'y fis pas attention. Certains polos étaient sympas. J'en saisis un. Combien coûtait-il ? Voyons voir… Je cherchais l'étiquette. 40 euros ! Je me mis à tituber. C'était impossible. Une vendeuse vint à ma rencontre.

- Je peux faire quelque chose pour vous ?

- Ce polo coûte bien 40 euros ?

- Celui-là oui. Mais vous en avez aussi à - 25 %, - 50 %, - 75 %…

En cherchant bien, j'en trouvais même à 10 euros ! J'hallucinais. J'allais me réveiller. Mon lacet étant mal fait, je finis par marcher dessus et me casser la figure. Ouille. La douleur, elle, était bien réelle. Etais-ce que Ralph Lauren ? Je regardais partout. Non, Lacoste était encore moins cher ! Nico, ne paniques pas. Tu n'es pas fou. Tu vas comprendre… J'en ai profité pour en acheter quelques uns. Quitte à faire, hein. Quand je suis sortit du magasin, j'ai décidé de me rendre au bord de la mer. En descendant, je vis le casino, l'océan… Tout était à sa juste place. Rassurant. J'ai regardé de l'autre côté. Quelque chose manquait… Bon sang ! A la place de l'hôtel de ville, il y avait une banque ! Sans doute la mairie avait-elle déménagée. Qu'importe ! Je me rendis à mon kiosque habituel, un très grand magasin où on trouvait de tout, pour acheter un journal. J'ai donc pris Le Monde. Arrivé à la caisse, j'ai donc naturellement donné 1,20 euros à la vendeuse, qui me regarde ahurie.

- Monsieur, votre journal, là, ne coûte que 60 centimes. Vous m'en donnez trop !

- 60 centimes ?

Je regardais le journal. C'était écrit en toute lettres, 0,60 euros.

Perdais-je la tête ?

- Bon, et bien gardez la monnaie !

- Merci beaucoup monsieur !

Je descendis l'escalier qui me mena sur la promenade, près de la plage. On a beau dire, mais Biarritz est une jolie ville. Un peu bourgeoise certes, mais jolie. C'est là que j'allais vivre pour un bon bout de temps. Alors que je marchais, quelqu'un m'interpella.

- Jeune homme !

- Oui ?

- Venez par ici, s'il vous plaît.

Il allume une espèce d'ordinateur et me demande de presser mon doigt sur son appareil.

- Je vois, vous n'êtes pas abonné. Il est trois heures, vous connaissez le tarif !

- Qu'ais-je fait de mal ?

- Rien, rit le gars. Mais il se trouve que vous marchez sur ma promenade.

- Votre promenade ?

- Hé ! Oui, jusqu'au Palais là-bas, dit-il en me montrant le Palais du doigt. Vous êtes étudiant ?

- Oui…

- Donc c'est trois euros. Vous ne voulez pas vous baigner ?

- Non. Pourquoi ?

- Parce que la plage m'appartient aussi !

- Voici vos trois euros.

- Merci bien, et bonne journée !

Je m'étais probablement fait avoir. A un détail près, il y avait des flics partout qui patrouillaient, mais pas habillés comme des flics. Curieux. Je décidais donc de m'asseoir et de lire mon journal. J'ai trouvé tout sauf ce que je cherchais. Chirac et son incident visuel ? Villepin ? Sarkozy ? Où étaient-ils donc tous passés ? Rien. A la place, du foot, des chroniques d'économie, des bouquins de certains auteurs… Des crimes par ci par là. Exaspéré, je finis par jeter mon journal. Mal m'en pris. Quelqu'un se pointa et me somma de le ramasser. J'eus de la chance d'échapper à une amende. Il ne fallait pas salir l'allée du gars que j'avais vu peu de temps auparavant. Tout était très propre. Pas une crotte de chien, une canette, rien. Tout était parfait. Trop ? Je décidais de finir mon tour et de rentrer à la maison. Ce que je n'avais pas trouvé dans mon journal, je le trouverais probablement en regardant la télé.

Une fois à la maison, j'allumais mon poste. Ce fut un déluge d'images et de pub en tout genre, vantant tout et n'importe quoi. Je vis une publicité avec des flics. L'Etat qui recrute et qui fait une campagne médiatique, certainement. On les voyait donc faire leur travail, on voyait les " victimes " ravies d'être ainsi rassurées et épaulées. Peut-être allais-je voir Sarkozy à la fin ? Non. A la place, je vis un homme vantant les mérites de sa compagnie ! Je cru devenir fou. J'ai donc zappé. Mal m'en pris. Sur la deux, je suis tombé sur une publicité faisant la promotion d'une ville entièrement conçue pour les personnes âgées. J'ai éteint la télé. Il fallait que je prenne contact avec ma famille. Mon téléphone, c'est vrai, n'avait plus d'unités. Fort heureusement, le soir, je devais me rendre chez ma grand mère. Alors qu'elle préparait le dîner, je lui posais toute une série de questions. Ma tante arriva.

- Salut Nico ! Comment ça va ?

- Tatie ! La mairie de Biarritz a déménagée ?

- La mairie ? Quelle mairie ?

- Je lui ai déjà dit qu'il travaillait trop, dit mammie. Je ne comprends rien à ce qu'il me dit. Il m'a parlé d'un type appelé Sarkozy, d'un autre qui s'appelait Villepin…

- Nico, me dit ma tante qui sont ces types ? Tu sais Nico, je t'ai déjà dit qu'il fallait se méfier des sectes ! Je sais que tu es très influencable !

- Pardon ?

A moi de rire.

- Je vais t'emmener en boîte ce soir. Ca va te changer du droit !

- Si tu veux.

- Ca se passe bien, ton travail Karine ?

- Oui…

- Il te paie bien ton employeur ? Il est nouveau je crois ?

- 1300 euros par mois, mais tu sais…

- Ah, ça va.

- Tatie, je croyais que tu ne gagnais que 600 euros…

Elle se mit à rire.

- Où as-tu vu ça ? Tu es fou ou quoi ! Personne ne gagne ça. Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?

- Oh, j'ai fait un lapin à la tomate, avec des pommes au four, ça vous va ?

Le soir même, nous finîmes donc en discothèque. Honnêtement, ça décoiffait. L'ambiance était d'enfer, même si au bout d'un moment, ça faisait mal aux oreilles. J'eus une envie pressante, je me rendis donc aux toilettes. En sortant, j'ai heurté une jeune femme. Je l'ai aidé à se relever. Nos regards se sont croisés. Coup de foudre intégral. Je ne sais pas trop comment, mais on a finit au bar, à une table, en train de picoler, et de raconter nos vies respectives. Après cela, nous sommes sortis faire un tour. J'avais complètement zappé ma tante. Nous arrivions vers la promenade. Tiens, le gars était toujours là.

- Alors, que voulez-vous faire, les tourteraux ?

- Et bien… souris-je.

- Okay j'ai compris, alors 3 euros la promenade, plus la plage, 2,50 euros, ainsi que le matériel, qui vous sera facturé. Attendez ici !

Il revint avec un packet.

- Vous avez tout là-dedans, de quoi vous allonger et… Faire ce que vous allez faire. Vous êtes abonnée ? Non. Donc ça fera 7 euros chacun.

- Voilà.

- Bonne soirée, dit le type avant de retourner sur ses pas.

Nous marchions. Le Palais était toujours aussi beau la nuit. Au bout d'un moment, on s'est retrouvés sur le sable. Quand je la voyais se dévêtir, j'étais horrifié.

- Attends… On… On a le droit de…

- Voyons Nico, il nous a donné son autorisation. Il y en a plein d'autres qui le font. Qui va nous en empêcher ?

- La police, pour trouble de l'ordre public !

- De quoi tu me parles ? Pour moi, c'est du chinois.

Mon dieu, elle était encore mieux quand elle était nue.

- Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'on va passer un super moment, disais-je.

J'ai fini chez moi, vidé. Il n'y avait qu'une explication logique : mon souhait s'était réalisé. Yahooou ! J'ai sauté de joie ! On ne pouvait plus me tenir. Je me suis marré comme un con pendant un bon bout de temps, allongé sur mon lit. Comment expliquer sinon l'absence de mairie, de feux rouges, de passages cloutés, le meilleur salaire de ma tante et les prix si bas des magasins ? Enfin ! J'allais pouvoir respirer. Demain, j'irais sur Paris, histoire de. Il y a certainement encore plein de choses à découvrir.

Il ne reste plus que à l'appliquer à notre triste quotidien. Que d'émotion quand même, j'en ai l'oeil gauche qui se mouille :icon_up:

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- Attends… On… On a le droit de…

- Voyons Nico, il nous a donné son autorisation. Il y en a plein d'autres qui le font. Qui va nous en empêcher ?

- La police, pour trouble de l'ordre public !

- De quoi tu me parles ? Pour moi, c'est du chinois.

Mon dieu, elle était encore mieux quand elle était nue.

Freeman ecrit pour la collection harlequin libertaire c'est pour ça

GRANT_Vanessa_Des_blessures_si_secretes_Harlequin.jpg

:doigt: (en plus gagner une kangoo en achetant les boquins harlequin trop bien :icon_up: )

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