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Patriotisme économique


Chitah

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Après l'argument sur le caractère stratégique d'un secteur économique, intéressons-nous à la notion de patriotisme économique comme justification de l'intervention étatique sur le marché.

M. de Villepin n'y va pas par quatre chemins, il en parle directement:

Dominique de Villepin prône un patriotisme économique

mercredi 27 juillet 2005 (Reuters - 15:36)

PARIS - Dominique de Villepin estime que la France ne défend pas "suffisamment" ses intérêts économiques et affirme la nécessité de renforcer l'indépendance des entreprises nationales, appelant à un "patriotisme économique".

"Il y a un vrai paradoxe français: nous voulons garantir un niveau de protection élevé à nos salariés, mais nous ne défendons pas suffisamment nos intérêts économiques nationaux. Or nous ne défendrons bien les intérêts des salariés que si nous protégeons les intérêts de nos entreprises[1]", a déclaré le Premier ministre lors de sa conférence de presse mensuelle.

"La priorité aujourd'hui, c'est de renforcer l'indépendance de nos entreprises: beaucoup de pays se sont déjà dotés de moyens efficaces pour protéger leurs entreprises sensibles contre des actions hostiles. Nous devons faire de même[2]", a-t-il souligné.

Le Premier ministre a notamment souhaité que "les investissements étrangers, lorsqu'ils concernent des technologies sensibles touchant notamment à la sécurité et à la défense, y compris dans leurs dimensions technologiques et sanitaires, soient mieux contrôlés[3]".

Un décret en ce sens sera publié au début du mois de septembre, a-t-il indiqué.

[1] Encore un qui oublie que "la richesse d'une entreprise" ou "ses salariés" sont une seule et même chose, que l'on nomme différemment.

Ainsi, lorsque Starwood Capital rachète les hôtels du groupe Taittinger, il "rachète" les salariés avec, à l'évidence.

[2] C'est le même genre de gars qui va ensuite défendre une autre mesure politique en invoquant l'exception française.

[3] Cette logique est nauséabonde: "On n'est pas à l'abri des assaults des vilains yankees, comme dans le cas de Danone, ou même, pire encore, des assaults du complot juif avec les récents mouvements de la société israelienne de médicaments Teva." est quelquechose que l'on entendra peut-être dans quelques mois, de la bouche de nos gouvernants. :icon_up:

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L'affaire Danone-PepsiCo révèle que la classe politique française a peur

Le gouvernement français aura du mal à faire oublier aux investisseurs étrangers l'image protectionniste qu'il a donnée du pays dans l'affaire Danone, souligne le « Financial Times ». Thierry Breton a beau faire, il manque de crédibilité lorsqu'il clame aujourd'hui que les capitaux étrangers sont les bienvenus dans l'Hexagone.

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Et le quotidien britannique de rappeler la réaction outrée de la classe politique française sur la foi de simples rumeurs concernant l'éventuel rachat de Danone par PepsiCo. En tête, Jacques Chirac, qui promettait d'être « particulièrement vigilant » sur l'avenir de l'entreprise. Pourtant, il est difficile de parler ici d'intérêts stratégiques français, constate le journal : l'Etat n'est pas actionnaire de l'entreprise, et seulement 13 % de la main-d'oeuvre employée par le groupe agroalimentaire est hexagonale.

Cette histoire révèle au moins une chose : « La peur du changement est encore profondément ancrée » en France. Mais tant que les hommes politiques se comporteront en nationalistes chauvins pour faire remonter leur cote de popularité, le pays ne pourra pas aller vers « l'ouverture et les réformes » dont il a « tant besoin », analyse le quotidien des affaires. De ce point de vue, Dominique de Villepin doit se montrer « particulièrement prudent », poursuit-il : le Premier ministre a besoin d'argent pour « remettre la France au travail », et le « fiasco Danone » de la semaine dernière risque d'entamer le soutien futur des investisseurs, qui « exigeraient certainement une décote significative s'ils étaient un jour amenés à prendre des participations dans des entreprises qui présentent un intérêt réellement stratégique pour la France ».

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A mon sens le seul secteur qui devrait être sous surveillance, c'est celui de la recherche et de la production d'armement. Secteur qui de toute façon évolue rapidement vers une coopération européenne ce qui devrait sonner le glas, à terme, de nos dinosaures nationaux tels le GIAT et donc mettre fin à cette main-mise.

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Sur ce sujet, il y a plusieurs choses derrière ce terme de "surveiller":

- assurer une production domestique pour que l'armée française ait un fournisseur

- s'arranger pour que ces mêmes producteurs ne se fassent pas piquer leur savoir-faire

- faire que les exportations de ces producteurs soient surveillées et passent par un organisme d'Etat (ce dernier point est réalisé par le fait que les exportations d'armement ou de services liés à la police sont réalisées par des filiales de droit privées liées aux ministere concernés, Défense et Intérieur)

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Invité jabial
[1] Encore un qui oublie que "la richesse d'une entreprise" ou "ses salariés" sont une seule et même chose, que l'on nomme différemment.

Pas du tout. La ressource humaine n'est qu'une partie du capital d'une entreprise. Je sais bien que la différence est abstraite et que c'est très bien vu de dire aux salariés "l'entreprise, c'est vous", mais la réalité est que ce n'est pas vrai. Et dans la plupart des entreprises, tout le monde est remplaçable.

Ainsi, lorsque Starwood Capital rachète les hôtels du groupe Taittinger, il "rachète" les salariés avec, à l'évidence.

Non. Il rachète les contrats de travail de ces salariés, et ceux-ci sont parfaitement libres de donner leur démission, comme cela arrive parfois après un rachat.

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dans la plupart des entreprises, tout le monde est remplaçable.

Que ta remarque soit justifiée, j'en conviens, mais de là à écrire ce que je cite ci-dessus… je crois que tu exagère un peu.

Non. Il rachète les contrats de travail de ces salariés, et ceux-ci sont parfaitement libres de donner leur démission, comme cela arrive parfois après un rachat.

Oui, enfin, ce sont surtout les top managers qui ont une clause automatique de sortie de la boite en cas de changement d'actionnaires, pour le salarié de base, tout rachat est en général assez transparent quand même.

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Invité jabial
Que ta remarque soit justifiée, j'en conviens, mais de là à écrire ce que je cite ci-dessus… je crois que tu exagère un peu.

Dans une entreprise bien gérée, même les experts sont remplaçables aisément.

C'est une question de knowledge management.

Oui, enfin, ce sont surtout les top managers qui ont une clause automatique de sortie de la boite en cas de changement d'actionnaires, pour le salarié de base, tout rachat est en général assez transparent quand même.

En fait, il y a deux catégories de personnes qui ne sont pas facilement remplaçables même si le KM est bien fait : les top managers et les commerciaux.

Les premiers négocient généralement une prime ou une augmentation pour rester ; les seconds ne partent généralement pas en cas de changement d'actionnaires mais ça fait assez mal à la boîte quand ça arrive.

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Dans une entreprise bien gérée, même les experts sont remplaçables aisément.

C'est une question de knowledge management.

En fait, il y a deux catégories de personnes qui ne sont pas facilement remplaçables même si le KM est bien fait : les top managers et les commerciaux.

Les premiers négocient généralement une prime ou une augmentation pour rester ; les seconds ne partent généralement pas en cas de changement d'actionnaires mais ça fait assez mal à la boîte quand ça arrive.

Ce sont les gens qui sont à la tête et au niveau 0 de l'activité de l'entreprise qui coûtent chers à remplacer, dont la force commerciale fait effectivement partie, les 'opérationnels' en général. Ensuite, tous les échelons intermédiaires sont remplaçables et leur productivité est inférieure, bien qu'ils soient eux aussi d'utilité.

Parmi les gens à la tête et difficilement remplaçables, je citerais entre autres Jean Marie Messier, Michel Bon et Philippe Jaffré (humour).

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Juste une détail pour clore le sujet, le Knowledge Management, c'est sympa, mais déjà c'est pas comme si c'était très répandu dans les entreprises, et d'autre part, le KM ne sert à rien du tout si il n'est pas exploité et ce ne peut être fait que par des humains.

De plus, au sein du KM naît une sous-discipline qui est le Expert Management, une façon de faire des annuaires internes qui modélise les expertises de chacun, de façon à ce que chacun puisse trouver la compétence en interne pour toute question.

Par exemple, si j'ai besoin d'un expert du marché des chaussettes en Ouganda, ou d'un expert de l'installation de magasins en banlieue difficile, ou un spécialiste de la communication vers les marseillais de plus de 70 ans.

On peut continuer ce sujet dans la partie "philosophie de l'entreprise" ouverte il y a peu, ou lancer un nouveau sujet, ici on parle du nationalisme économique de notre gouvernement bien-aimé.

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On peut continuer ce sujet dans la partie "philosophie de l'entreprise" ouverte il y a peu, ou lancer un nouveau sujet, ici on parle du nationalisme économique de notre gouvernement bien-aimé.

Le problème, c'est que ledit "nationalisme" ne fonctionne pas, non par l'existence de défauts qui lui seraient propre mais uniquement par le fait qu'il est d'initiative gouvernementale.

La force des économies industrielles japonaise et allemande tient pour une part à l'excellent niveau de formation de leur population active, à l'amour du travail bien fait qui les caractérise mais elle découle aussi  de l'application instinctive d'une préférence nationale qui peut se passer de règles explicites.
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Il est cocasse de voir que les politiques français utilisent l'exemple américain pour justifier leur patriotisme économique, c'est l'un des rares cas où les USA servent de modèle et non de contre-modèle.

Je veux bien sûr parler de l'OPA ratée du pétrolier chinois CNOOC sur Unocal, finalement racheté par Chevron.

Unocal, Danone : patriotisme planétaire

PAR PATRICK LAMM

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La décision du groupe chinois CNOOC de retirer son offre de rachat du pétrolier américain Unocal est une nouvelle conséquence du nationalisme industriel dont on a vu la manifestation en France la semaine dernière à propos de Danone. National Offshore Oil Company a fait valoir, en effet, que c'est « l'opposition politique sans précédent » aux Etats-Unis qui l'a conduit à jeter l'éponge.

Tous les grands pays industrialisés s'arc-boutent aujourd'hui pour conserver leurs pépites [Comment peut-on appeler cela "leurs" pépites???] ou dissuader les prédateurs de les convoiter. On vient de le voir en Italie avec les banques [Une histoire compliquée, impliquant le gouverneur de la Banque d'Italie, ayant plus ou moins bloqué un raid de ABN Amro sur Antoventa, en aidant plus ou moins la banque italienne BPI a faire une contre-offre, cela fait des remous en Italie], en France avec Danone et, aujourd'hui, aux Etats-Unis avec Unocal. L'Allemagne a fait la même démonstration il y a quelque temps avec Nivea [finalement "racheté" par le Land où est basée l'entreprise dont la marque est Nivea]. La Grande-Bretagne est le seul pays, en définitive, à ne pas chercher à entraver le libre jeu du marché.

Les critères du patriotisme industriel sont différents d'un pays à l'autre. En France, on protège les pots de yaourt mais pas l'aluminium de Pechiney qu'a pu racheter sans opposition le canadien Alcan. Pour quelles raisons ? Mystère. Les premiers sont-ils plus stratégiques que le second ? Difficile à croire. Aux Etats-Unis, il est plus aisé de racheter des ordinateurs que du pétrole puisqu'un autre chinois, Lenovo, a pu mettre la main sur les PC d'IBM après une petite période probatoire. [Cette "logique" de classification des secteurs stratégiques est en effet tout à fait curieuse, j'aurais cru que l'acier, c'était plus important que les yaourts et les biscuits]

Dans cette défense des « bijoux de famille », les politiques sont appelés à jouer un rôle de plus en plus actif. L'affaire Danone a mobilisé presque toute la classe politique française, de droite comme de gauche. On se souvient aussi de l'intervention très directe du gouvernement français dans le rachat d'Aventis par Sanofi, dissuadant le suisse Novartis de se lancer dans la bataille. Aux Etats-Unis, ce sont les parlementaires de la Chambre des représentants qui ont été en pointe dans la campagne d'intimidation menée à l'encontre de CNOOC.

Dans ces affaires, les actionnaires sont réduits à un rôle totalement passif, alors même qu'on sollicite leur épargne pour le développement des entreprises. Ceux d'Unocal n'ont désormais d'autre choix que d'accepter l'offre de ChevronTexaco, pourtant inférieure de 1 milliard de dollars à celle de CNOOC. [En plus, l'offre de CNOOC était 100% en cash, alors que celle de Chevron est 40% en cash, 60 en titres, ce qui est plus risqué]

Il n'est pas sûr que les actionnaires pourront retrouver très vite voix au chapitre. Car, à l'heure où s'ouvre une nouvelle phase de consolidation industrielle dans le monde, qui voit l'entrée en jeu des multinationales des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Turquie), la préoccupation des pouvoirs publics sera de privilégier de plus en plus les intérêts nationaux, au risque de provoquer des frictions internationales, comme cela pourrait être le cas entre les Etats-Unis et la Chine. Il n'est pas sûr, pourtant, que les considérations politiques soient plus pertinentes que les critères économiques pour créer des champions industriels performants.

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Ce que je me dis, c'est qu'au moins, l'argument du caractère stratégique d'un secteur pouvait au moins être illustré par des exemples, ou des concepts.

Mais là, le patriotisme, nouvel argument, est vraiment fourre-tout, n'importe quelle entreprise peut ou pas en bénéficier, c'est incohérent et imprévisible.

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L'affaire PepsiCo-Danone est un coup de bourse dans lequel les politiques sont tombés comme un seul homme…

Ce qui prouve simplement :

- qu'ils n'ont pas d'informations fiables

- qu'ils ne réfléchissent pas

- qu'ils n'ont pas d'expérience business

C'est inquiétant et triste…

Déjà les deux premiers critères ont été respectés lors de leur réaction à la soi-disant affaire de la femme juive prétendant s'être faite molester dans le métro.

Et on peut les appliquer à nombre de médias, aussi.

Sinon, pour le concept de patriotisme économique, comme disait un ami : achetez français ! :icon_up:

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Déjà les deux premiers critères ont été respectés lors de leur réaction à la soi-disant affaire de la femme juive prétendant s'être faite molester dans le métro.

Et on peut les appliquer à nombre de médias, aussi.

Sinon, pour le concept de patriotisme économique, comme disait un ami : achetez français !  :icon_up:

Il est vrai que c'est pas la première fois que les politiques et l'Etat se font avoir. Maintenant lorsqu'il s'agit d'acheter français c'est bien beau mais difficillement applicable dans tous les domaines si on veut un produit compétitif et performant. Notamment dans l'automobile dans le segment "haut de gamme" les voitures françaises ne peuvent pas rivaliser avec les grosses berlines allemandes. Il en va par exemple de meme dans la téléphonie et dans bien d'autre secteur

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