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Accord Pakistan-chine Sur La Livraison D'armements


Etienne

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Je croyais qu'on avait déjà parlé de cet accord, mais en fait, je ne retrouve plus le thread en question. Alors, voilà l'article.

Pékin, un ami qui vous veut du bien

Le Pakistan peut compter sur la Chine, tant pour l’armement et les transferts de technologie que pour les échanges commerciaux. Les Chinois ont l’ambition de faire entrer Islamabad dans leur sphère d’influence.

La récente publication du calendrier de livraison au Pakistan des nouveaux chasseurs chinois JF17 nous a rappelé à quel point les liens entre Islamabad et Pékin sont étroits.

Pour tout leur arsenal militaire – des avions de combat aux frégates de la marine, des armes légères au matériel lourd –, les dirigeants pakistanais semblent considérer la Chine comme le fournisseur d’armes le plus fiable. Il n’est donc pas surprenant que l’armée pakistanaise soit devenue largement tributaire des armes chinoises, une tendance renforcée par des années de sanctions économiques imposées par les Etats-Unis et levées seulement au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Bien que Washington ait donné son accord de principe pour nous livrer un minimum de 1,5 milliard de dollars d’armes au cours des cinq prochaines années, Islamabad, qui sait d’expérience que les engagements des Américains ne sont pas forcément tenus, continue à développer ses liens avec Pékin.

Pour l’heure, ses relations avec les Etats-Unis dans le domaine de la défense sont cordiales [Washington vient en effet d’autoriser la vente d’avions F16 au Pakistan, initialement prévue il y a quinze ans], mais l’histoire montre clairement qu’elles peuvent se dégrader du jour au lendemain. De nombreux Pakistanais se souviennent que, au plus fort de la guerre entre l’Afghanistan et l’URSS, leur pays avait les faveurs des Etats-Unis, mais que les Américains ont suspendu leurs livraisons de chasseurs F16 aux forces pakistanaises à partir de 1989, quand les troupes soviétiques ont quitté le sol afghan. Le vide ainsi créé a été partiellement comblé par les importations d’avions militaires chinois.

Forts de cette expérience, les Pakistanais sont d’autant plus conscients d’un aspect essentiel de leurs transactions avec Pékin : la fourniture d’armes entraîne des transferts de technologie. Ce processus permet dans un premier temps de moderniser les équipements, puis de les assembler au Pakistan, avant de pouvoir les produire entièrement sur place. Ce genre d’accord répond bien sûr au désir du Pakistan d’autonomiser sa fabrication d’armes. Le Pakistan serait en bonne voie de devenir non seulement producteur mais exportateur vers des pays tiers d’avions JF17 de conception chinoise, comme cela avait été le cas pour le char d’assaut Al-Khalid ou l’avion d’entraînement Karakorum (K8).

Si le renforcement des liens militaires avec Pékin est un pilier important de la politique étrangère du Pakistan, Islamabad doit cependant tenir compte de quatre facteurs importants. Tout d’abord, les achats d’armes à la Chine ne doivent pas avoir un effet négatif sur l’économie pakistanaise, à un moment où le pays commence à peine à sortir d’une longue crise et connaît pour la première fois une certaine stabilité économique. Bien que le montant des achats à la Chine n’ait pas été publié, de nombreux experts militaires pensent que le Pakistan pourrait dépenser quelque 4 milliards de dollars dans l’achat de 150 chasseurs JF17, sans compter les quatre frégates qu’il aurait déjà commandées, auxquelles s’ajouteraient peut-être quatre autres si les négociations en cours aboutissent. Deuxièmement, la relation avec Pékin ne doit pas s’arrêter aux seules fournitures d’armes, mais inclure des projets économiques comme celui du complexe portuaire de Gwadar [dans le sud du pays], qui vient d’être construit avec l’aide des Chinois. Alors que les marchés pakistanais sont inondés de produits chinois, peu d’entreprises pakistanaises se sont aventurées en Chine pour y investir. Troisièmement, les liens économiques entre les deux voisins doivent être nourris d’une volonté partagée d’investir et de commercer. Toute relation bilatérale à objectifs multiples qui se développerait à partir des contrats militaires devrait impliquer des hommes d’affaires des deux pays. Quatrièmement, le Pakistan doit veiller à se montrer réceptif aux diverses questions qui préoccupent les autorités chinoises. Même si Islamabad apporte son soutien à Pékin en ce qui concerne la question de Taïwan, le Pakistan a souvent nié l’existence de liens étroits, du temps où les talibans étaient au pouvoir en Afghanistan, entre les séparatistes musulmans de la province occidentale chinoise du Xinjiang et les islamistes pakistanais. Dans un pays comme la Chine, où le développement de l’économie est bien engagé, la montée d’une tendance séparatiste dans une province frontalière, qui plus est du Pakistan, ne peut qu’amener les autorités à se poser des questions sur la qualité de leurs relations avec Islamabad.

Fort heureusement pour le Pakistan, le problème du Xinjiang a, semble-t-il, été réglé par les sévères mesures de répression prises contre les groupes d’activistes au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Mais le fait même qu’il ait fallu qu’un événement de cette ampleur se produise à des milliers de kilomètres du Pakistan pour pousser notre pays à réagir soulève une question importante : si les talibans étaient restés au pouvoir, le Pakistan aurait-il cherché aussi activement à régler les troubles au Xinjiang, qui émanaient pourtant de son propre sol ?

A long terme, les relations entre le Pakistan et la Chine ne seront pas seulement tributaires du développement des liens bilatéraux au-delà du domaine de la défense ; il faudra aussi faire en sorte que le Pakistan ne devienne jamais encombrant politiquement pour Pékin au point de saper les fondations de ce que beaucoup à Islamabad considèrent comme une amitié solide et profonde.

Farhan Bokhari

The News

Coopération

Le 6 avril dernier, le Pakistan et la Chine ont signé un “traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage”, ainsi que vingt-deux accords bilatéraux dans les domaines politique, économique, commercial, militaire et stratégique. L’aménagement du port de Gwadar, au Baloutchistan, financé par Pékin, va se poursuivre tandis que la coopération en matière nucléaire – avec notamment la construction et la sécurisation de nouvelles installations par les Chinois – a été renforcée.

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