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Traductions pour Contrepoints, Wikiberal et autres


Nick de Cusa

Messages recommandés

Une autre traduction que j'avais faite en juillet et non publiée :

 

 

Une vraie démocratie : le marché

La désillusion du processus démocratique est un thème récurrent dans la politique actuelle. La plainte principale derrière cette tendance est l’idée que “nos” institutions politiques ont été détournées par de puissants intérêts qui dénient aux voteurs un apport significatif aux processus de décisions. Aussi, on s’inquiète que les choix démocratiques protègent peu les droits des minorités électorales.

Ces critiques ont des parts de vérité, bien qu’elles soient souvent utilisées par des partis perdants pour justifier des résultats qu’ils n’approuvent pas. Mais il est vrai que les peuples sont de plus en plus fâchés avec un processus qui les exclut à chaque fois qu’ils sont comptés parmi les 49% malchanceux.

Si seulement il y avait un système démocratique de prises de décisions dans lequel tous les membres de la société ont le droit à la parole, un système qui ne peut être contrôlé par les riches et les puissants. Si seulement il y avait un système dans lequel tous les gens pouvaient choisir de distribuer leurs richesses à ceux qu’ils pensent être les meilleurs pour améliorer leurs vies et celles de leurs semblables.

Bien sûr, un tel système existe : il est appelé le marché. Le marché libre est une véritable démocratie qui offre tous les bénéfices supposément trouvés dans les systèmes politiques démocratiques sans leurs inconvénients.

L’analogie entre marchés et démocratie a une longue histoire dans l’école d’économie autrichienne. Par exemple, l’économiste américain Frank Fetter défendait que le marché est “une démocratie où chaque centime donne droit à un vote” (Fetter, 1905, p. 394). Quand les marchés sont libres des privilèges monopolistiques, les valeurs des consommateurs déterminent le déroulement de la production.

“Il y a sans aucun doute une grande force économique qu’une opinion publique éclairée, même sans association formelle, peut en grande partie mettre en marche. Chaque individu peut former une association de consommateurs… Il a un dollar ; ira-t-il au théâtre ou acheter dix glaces ? Il décide d’acheter un bouquin et plus de papiers seront fabriqués, plus d’imprimeries tourneront… Chaque achat a des conséquences de grandes portées… Vous ne pouvez pas échapper ce choix même en enterrant votre monnaie, car cela représente une demande en or ou un cadeau à l'émetteur de monnaie fiduciaire.“

(Fetter, 1905, pp. 394–395, italique rajoutée)

Chaque consommateur “vote” en permanence à travers l’achat ou le refus d’acheter. Riche et pauvre ont tous deux leur mot sur ce qui doit être produit, dans quelles quantités et de quelles qualités.


Ludwig Von Mises adopte l’analogie de Fetter dans son œuvre, mais met en avant qu’il est trompeur de penser que les marchés essayent d’imiter les méthodes démocratiques. La relation est plutôt en sens inverse :

“Il serait plus exact de dire qu'une constitution démocratique est une combinaison qui cherche à donner au citoyen, dans la conduite du gouvernement, la même souveraineté que l'économie de marché leur donne en leur qualité de consommateurs. Néanmoins, la comparaison est imparfaite. En démocratie politique, seuls les votes émis en faveur du candidat ou du programme qui a obtenu la majorité ont une influence sur le cours des événements politiques. Les votes de la minorité n'influent pas directement sur les politiques suivies. Tandis que sur le marché aucun vote n'est émis en vain. Chaque franc dépensé a le pouvoir d'agir sur les processus de production. “

Mises, 1949, chapitre 15 de L'Action humaine

Si les entrepreneurs veulent survivre sur le marché, ils n’ont pas d’autres choix que de fournir de meilleurs biens et services à de meilleurs prix. Ils ne peuvent pas se permettre d’ignorer les opinions de même 5% des voteurs, encore moins celles des 49%. S’ils le font, leurs clientèles vont vite trouver d’autres candidats et partis à fréquenter. Dans les propres mots de Mises, “les entrepreneurs sont virtuellement les mandataires ou les fiduciaires des consommateurs, nommés de façon révocable dans une élection répétée au quotidien”. Plutôt que de céder aux intérêts spécifiques des quelques-uns, les entrepreneurs répondent aux besoins des individus et des marchés de niche, en plus de ceux de la production de masse.

Fetter et Mises se sont tous deux rendus compte que les marchés économiques offrent un unique type de prises de décisions “démocratiques” dans lesquelles les valeurs concurrentes de nombreux individus sont réconciliées. Cette méthode compétitive fait pâle figure comparée à l’organisation planifiée d’une économie socialiste.

“Des concours d’éloquences et des compétitions littéraires se déroulent grâce à un ensemble de juges aux opinions bien-fondées qui attribuent la récompense… Pourtant il y a aussi des concours tranchés différemment. Si quelqu’un s’affiche comme orateur et fait payer l’entrée de sa conférence cinquante centimes, toute personne qui viendra l’écouter votera qu’il est un orateur, toute personne à l’écart votera qu’il n’a pas cette qualité. La première forme de jugement est autoritaire, la seconde compétitive. La méthode de distribution par l’autorité repose sur le principe qu’un individu (ou un groupe d’individus) est seul juge des mérites de l’autre et décrète en conséquence ce qui lui est dû, pas ce que lui individuellement est prêt à payer. [...] L’essence du socialisme est de généraliser ce type de méthodes. ” (Fetter, 1905, pp. 407–408; italique rajoutée)

La démocratie de libre-marché est précieuse précisément parce qu’elle place le pouvoir dans les mains de ces entrepreneurs qui montrent leur capacité d’utiliser ce pouvoir pour le bénéfice des masses. Ce mandat peut être révoqué à tout moment si les consommateurs n’ont plus confiance ;  ainsi les entrepreneurs se battent constamment pour essayer de conserver cette confiance et ce mandat. Cependant, ce que Fetter appelle la méthode autoritaire ignore ce mandat, le remplaçant par des décisions arbitraires d’organismes de réglementations et des intérêts privés qu’ils soutiennent. Que ce soit démocratique ou socialiste, les organisations politiques ne peuvent survivre aux standards avancés par les marchés compétitifs.

Un bulletin de vote ne pourra jamais remplacer un simple ticket de caisse.



Traduction Antoine Dornstetter pour Contrepoints de The Market is True Democracy.

Il faut lire l'article d'origine pour voir les bloc citations

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Sinon Neuneu2k m'avait passé ça, je pense que ça vaut le coût:

https://medium.com/incerto/the-intellectual-yet-idiot-13211e2d0577#.7e9x9kdle

 

(lisez le en tout cas ^^)

 

 

Oui il faut traduire ça aussi, je crois qu'on en a parlé il y a quelques semaines sur le forum. Pas trop le temps en ce moment de mon côté hélas, mais toutes les bonnes volontés sont accueillies chaleureusement. :)

 

Bonne année à tous !

 

À relire, quelques expressions sont assez alambiquées.

L'intellectuel mais idiot.odt

 

Question subsidiaire : est-ce que vous acceptez les fichiers écrits en Markdown ?

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https://www.libertarianism.org/columns/ancient-greeces-legacy-liberty-public-services-athens?

 

"How were police services, courts, and education provided in ancient Athens?"

 

Intéressant, oui, avait également l'esclavage (je sais), mais il y a choses importantes dans le texte (18 paragraphes).

 

Bon surtout pour ceux qui disent "ah, mais et la police, justice,etc..."

 

 

 

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signalé par ttoinou

Oxfam's Hypocrisy on Private Wealth | Mises Wire https://mises.org/blog/oxfams-hypocrisy-private-wealth

 

Voilà: https://framadrop.org/r/QJw_dnOQmR#ElldhSPYBCZRfu1kotl6qKRcT/bCwEOAt0R+dyXdwVc=

Désolée pour les coquilles éventuelles. J'espère que l'on est toujours dans l'actualité.

 

 

L’hypocrisie d’Oxfam sur la richesse individuelle

 

 

Par Mateusz Machaj et Mateusz Benedyk

 

https://mises.org/blog/oxfams-hypocrisy-private-wealth

 

 

Plus tôt cette semaine, Oxfam a publié un « rapport » sur les inégalités au niveau mondial. On ne peut pas vraiment appeler ça un rapport vu qu’il s’agit principalement de babillages économiques reposant sur un faible fondement empirique, et dont les données chiffrées proviennent d’une source externe : le rapport du Crédit Suisse. Si ces données démontrent quelque chose c’est qu’il existe beaucoup de pauvreté dans le monde alors qu’à certains endroits il y a relativement beaucoup plus de richesse. Ce constat a donné lieu dans les médias à des commentaires tonitruants dénonçant les huit personnes qui concentrent dans leurs mains plus de richesses que la moitié de la population mondiale combinée.

 

 

Les données vs. l’interprétation des données

 

Si on regarde les données (Crédit Suisse Global Wealth Databook 2016, pp. 112-115) on voit bien que n’importe quel individu vivant dans l’OCDE est vraisemblablement beaucoup plus riche que le reste de la population mondiale. Si vous ne possédez que 30 dollars vous êtes déjà plus riche que les 10% les plus pauvres. Si vous possédez 250 dollars, vous êtes au-dessus de 20 % de la population mondiale. Si vous avez légèrement plus de 2200 dollars, vous êtes déjà plus riche que la moitié de la planète.

 

Se pose alors la question : si vous ajoutez 30 dollars à votre compte bancaire, est-ce que vous avez par cette action mis 10% de la population dans une situation d’extrême pauvreté ? C’est pourtant bien ce qu’Oxfam suggère dans son analyse pseudo-économique biaisée.

 

 

Jugeons Oxfam selon ses propres critères

 

Oxfam ne met pas en pratique ce qu’elle prêche. C’est une fondation, fonctionnant grâce à des recettes annuelles et aux intérêts provenant de capitaux investis. Oxfam n’est pas différente d’une entreprise classique si ce n’est que les dividendes ne sont pas formellement distribués mais dépensés pour ses projets. Cependant, Oxfam met tout en œuvre, comme pratiquement n’importe quel acteur sur le marché, pour se développer sur un marché spécifique et maximiser la valeur de ses divers actifs. Regardons maintenant à combien s’élèvent les actifs totaux de la branche américaine d’Oxfam, les actifs par tête et le « revenu national » par tête, et comparons cela à la situation de certains pays.

 

Selon leur rapport financier (p.11), les actifs totaux nets d’Oxfam US sont aux alentours de 69  millions de dollars (si on regardait toutes les branches d’Oxfam dans le monde, ce serait sûrement beaucoup plus important mais nous ne cherchons qu’à faire une démonstration et non l’audit global de l’organisation). Cela veut dire qu’en tant que personne morale la division américaine d’Oxfam a accumulé à elle seule plus de capitaux que 99,7 % du total de la population mondiale. Certains pourraient rétorquer qu’Oxfam est bien une personne morale et non un individu. Et alors ? L’argent c’est de l’argent, n’est-ce pas ? Nous ne faisons que dire l’évidence : Oxfam détient seule plus d’actifs que 99,7 % de la population. C’est là une concentration de richesses plutôt impressionnante !

 

Nous pouvons bien sûr diviser ces capitaux par le nombre de salariés (351 personnes). Par tête, le montant des capitaux atteint presque 200 000 dollars, et c’est encore supérieur à ce que  possèdent 92,5 % de la population mondiale.

 

[tableau traduit dans le doc Framadrop]

 

Pour terminer la démonstration, nous pouvons aussi calculer l’équivalent du revenu national d’Oxfam US. Selon ses bulletins de paie, les rémunérations et les autres avantages perçus par les salariés représentent environ 34 millions de dollars par an (38 % du budget). Ce qui signifie que le revenu national par tête est de presque  97500  dollars par an, faisant d’Oxfam US le troisième pays le plus riche au monde. Seuls le Qatar et le Luxembourg sont plus riches. Oxfam US est loin devant le Koweït, Singapour, la Norvège, la Suisse, les États-Unis et la Suède pour ne citer qu’eux. Ça a tout l’air d’être un endroit génial où vivre : « Créer des solutions durables pour lutter contre la pauvreté dans le monde, la faim et l’injustice » fonctionne particulièrement bien pour ceux qui mettent ce programme en œuvre.

 

Maintenant et bien évidemment, nous jouons avec des arguments démagogues. Mais Oxfam elle-même doit recourir à cette démagogie pour la simple raison que ce n’est pas parce qu’une personne est riche et qu’une autre est pauvre qu’il y a un lien de cause à effet. Si nous mettions Oxfam face à la notion de son immense richesse, elle contre-argumenterait probablement ceci : mais nous employons des gens de qualité, nous devons engager ceux qui sont brillants, nous dirigeons une société.

 

Précisément ! Tout comme ces huit personnes qui concentrent à elles seules plus de richesses que la moitié de la planète. Parmi elles, nous avons Mark Zuckerberg, qui a créé le réseau le plus populaire de l’histoire de l’échange des idées, Jeff Bezos, qui a créé l’une des plateformes de commerce les plus performantes de l’histoire, ou encore Bill Gates dont les contributions à l’industrie informatique sont innombrables (curieusement Gates est l’un des donateurs principaux d’Oxfam). Ces grands entrepreneurs ont fait bien plus pour enrichir des millions de personnes que ne le fera jamais Oxfam.

 

Nous avons besoin de plus d’entrepreneurs comme ces huit-là pour lutter contre la pauvreté et augmenter la richesse de la société. Fort heureusement, c’est ce qui en train de se passer dans les régions les plus pauvres du monde. Ironiquement, c’est corroboré par Oxfam elle-même qui  rapporte (p.12) qu’entre 1988 et 2011 les 80% les plus pauvres ont globalement connu un taux de croissance de leur revenu bien plus élevé que les 20% les plus riches, et les infâmes 1% n’y font pas exception.

 

Dans tous les cas, ce ne sont certainement pas les huit personnes les plus riches au monde qui maintiendraient les plus pauvres dans leur condition. En fait, c’est tout le contraire puisqu’elles créent une plateforme plus grande, source de croissance future pour tout le monde.

 

 

Conclusion

 

Il est temps pour Oxfam d’enfin comprendre que la société n’est pas fatalement un jeu à somme nulle. C’est bien le cas quand l’État prend l’argent d’un tel pour le donner à un autre mais pas quand il s’agit du marché. Le marché crée de la valeur ajoutée, il ne prend rien à personne pour le donner à d’autres.

 

L’interprétation qu’Oxfam fait des données rassemblées par le Crédit Suisse se fonde sur une vision de l’économie épouvantable. Intuitivement, Oxfam le sait bien sûr vu qu’elle possède beaucoup d’argent grâce aux capitaux employés. Pourquoi faire ça ? Pourquoi concentrer des millions de dollars sous la forme de capitaux alors qu’il y a tant de pauvreté dans le monde ? Apparemment, Oxfam croit en une certaine forme de création de valeur qui peut être obtenue via la concentration, la possession et la gestion de capitaux. Dit autrement, Oxfam valorise sa propriété privée et essaye d’en faire la meilleure utilisation possible.

 

Et vous savez quoi chère Oxfam ? C’est précisément ce que font les entrepreneurs qui ont réussi. Vous n’imaginez pas combien il existe de biens produits en masse auxquels il est peu coûteux d’accéder grâce à cet état d’esprit.

 

 

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Quel niveau de profits est excessif ? 

 

https://mises.org/blog/free-market-no-profit-excessive

 

Sur un marché libre, aucun profit n’est « excessif » !

 

Ludwig von Mises, Mises Institute, 16 janvier 2017

 

Les profits n’ont rien de naturel. Ils n’apparaissent que lorsqu’il existe une distorsion, une divergence entre la production réelle et la production telle qu’elle devrait être si elle utilisait les ressources matérielles et humaines disponibles pour satisfaire au mieux les désirs du public. Les profits sont la récompense de ceux qui parviennent à effacer cette distorsion et ils disparaissent dès lors qu’elle a été entièrement supprimée. / Dans la situation imaginaire d’une économie qui tournerait sans heurts, il n’y aurait pas de profits. Une fois les préférences temporelles dument intégrées, la somme des prix de tous les facteurs de production y coïnciderait avec le prix du produit.

 

Plus les distorsions évoquées ci-dessus sont importantes, plus les profits tirés de leur effacement sont élevés. On peut certes considérer que les distorsions sont parfois « excessives », mais un tel qualificatif ne saurait s’appliquer aux profits.

 

Le plus souvent, on arrive à l’idée des profits excessifs en comparant les profits réalisés au capital employé dans l’entreprise et en les mesurant sous la forme d’un pourcentage du capital. Cette méthode découle de la procédure appliquée classiquement dans les entreprises et les partenariats afin de partager les profits totaux entre les différents actionnaires ou associés. Ces derniers ayant contribué à la réalisation des projets de l’entreprise dans des proportions variées, ils participent aux bénéfices ou aux pertes dans les mêmes proportions.

 

Mais ce n’est pas le capital employé qui crée les profits et les pertes. Contrairement à ce que pensait Marx, le capital « n’engendre pas le profit. » Les biens capitaux en tant que tels sont des objets inertes qui n’accomplissent rien par eux-mêmes. S’ils sont utilisés selon une bonne idée, alors oui, il y aura du profit. Mais s’ils sont investis dans une mauvaise idée, il n’en résultera pas des profits mais des pertes. Ce sont les décisions de l’entreprise qui génèrent selon les cas des pertes ou des profits. C’est de l’intelligence de l’entrepreneur, de son travail de réflexion, que les profits émergent en dernier ressort. Le profit est un produit de l’esprit et de l’habileté à anticiper l’état futur du marché. C’est un phénomène spirituel et intellectuel.

 

On démontre facilement combien il est absurde de condamner tout profit au motif qu’il serait excessif. Une entreprise dotée d’un capital C a réalisé une production d’un montant défini P qu’elle a vendue à des prix qui ont dégagé un surplus de chiffre d’affaires sur les coûts de S, et donc un profit de N %. Si l’entrepreneur avait été moins doué pour les affaires, il aurait eu besoin d’un capital de 2C pour produire la même quantité P. Pour les besoins du raisonnement, on peut même négliger le fait que dans ce cas les coûts de production auraient forcément augmenté puisque les intérêts sur le capital employé auraient doublé. Aussi, faisons l’hypothèse que S demeure inchangé. / Quoi qu’il en soit, S doit maintenant être comparé à 2C au lieu de C, ce qui abaisse le taux de profit à N/2 % du capital employé. Voilà le « profit excessif » ramené à un niveau « acceptable. » Pourquoi ? Parce que l’entrepreneur s’est montré moins performant, parce que son manque d’efficacité a privé ses associés de tous les avantages qu’ils auraient pu obtenir si la quantité C de capital supplémentaire utilisée dans la production de P avait été disponible pour la production d’autres biens.

 

En qualifiant les profits d’excessifs, et en pénalisant les chefs d’entreprise efficaces par des niveaux d’impôt discriminatoires, la société agit comme si elle se tirait une balle dans le pied. Taxer les profits équivaut à taxer la capacité à offrir les meilleurs biens et services au public. Le seul objectif de toutes les activités de production consiste à employer les facteurs de production de telle façon qu’ils délivrent in fine le meilleur produit possible. Plus l’entrepreneur se montre économe sur les facteurs de production d’un produit donné, plus il restera des ressources, et elles sont rares, pour d’autres produits. Mais plus il y réussit, plus il est montré du doigt et plus il est accablé d’impôts. A l’inverse, des coûts toujours plus élevés pour une même quantité de production, du gaspillage en somme, sont chaudement applaudis.

 

La manifestation la plus étonnante de cette totale incapacité à comprendre l’activité de production et la nature et la fonction des pertes et profits réside dans la croyance populaire que le profit est un ajout ultime aux coûts de production et que son montant dépend exclusivement du vendeur. C’est cette idée qui a poussé les gouvernements à contrôler les prix. Et c’est la même idée qui les a incités à conclure avec leurs fournisseurs des contrats selon lesquels le prix à payer pour un produit devait être égal aux coûts de production du vendeur augmenté d’un pourcentage défini. Il en résulta que moins le vendeur était efficace à éviter les coûts inutiles, plus il obtenait un profit élevé. / Les contrats de ce type ont considérablement augmenté les dépenses de l’Etat américain pendant les deux guerres mondiales. Cela n’a pas empêché les bureaucrates, au tout premier rang desquels les professeurs d’économie qui travaillaient dans les différentes agences consacrées à l’effort de guerre, de se vanter de leur habile gestion.

 

Entrepreneurs ou pas, tout le monde regarde de travers les profits réalisés par d’autres. L’envie est une faiblesse largement répandue parmi les hommes. Ils répugnent à admettre qu’eux aussi auraient pu encaisser des profits s’ils avaient fait montre de la même anticipation et du même jugement que l’homme d’affaires à succès. Plus ils en sont conscients au fond d’eux-mêmes, plus leur ressentiment est violent.

 

Il n’y aurait pas le moindre profit si le public n’était pas hautement désireux d’acquérir la marchandise offerte à la vente par le chef d’entreprise performant. Et pourtant, les mêmes personnes qui se bousculent pour acheter ces biens vilipendent le chef d‘entreprise et disent que ses profits sont mal acquis.

 

L’expression sémantique de cette propension à l’envie réside dans la distinction entre revenu du travail et revenu du capital. Elle imprègne les manuels scolaires aussi bien que les textes de loi et les procédures administratives. A titre d’exemple, citons le formulaire 201 de l’Etat de New York, c’est-à-dire son document officiel de déclaration d’impôt sur le revenu. N’y sont appelées « revenus » que les sommes reçues par les salariés en rétribution de leur travail. Par voie de conséquence, tout autre revenu, même celui résultant de l’exercice d’une profession libérale, est un revenu du capital. Telle est la terminologie employée par un Etat dont le gouverneur est membre du Parti républicain et dont l’Assemblée dispose d’une majorité républicaine.

 

L’opinion publique ferme les yeux sur les profits tant qu’ils n’excèdent pas le salaire payé à un salarié. Tout ce qui dépasse est considéré comme mal acquis. La fiscalité, bien camouflée sous le principe de la capacité contributive, a pour objectif de confisquer ce qui dépasse.

 

Or l’une des fonctions principales du profit consiste à placer le contrôle du capital entre les mains de ceux qui savent comment l’employer au mieux pour la satisfaction du public. Plus un homme fait des profits, plus sa fortune s’accroît et plus il gagne en influence dans les cercles d’affaires. Les pertes et profits sont les instruments par lesquels les consommateurs transmettent la direction des activités de production entre les mains de ceux qui sont le plus à même de les satisfaire. / Tout ce qui est entrepris pour limiter ou confisquer les profits porte atteinte à cette fonction. Le résultat de telles mesures aboutit seulement à priver les consommateurs de leur emprise sur le cours de la production. La machine économique devient alors moins efficace et elle s’adapte plus lentement.

 

L’homme de la rue considère non sans jalousie que les profits des chefs d’entreprise sont entièrement utilisés dans leur consommation. Et il est vrai qu’une partie est consommée. Mais seuls les entrepreneurs qui consomment une faible part de leur profit et réinvestissent la plus grande partie dans leurs entreprises atteignent véritablement fortune et influence dans le domaine des affaires. Ce qui transforme une petite entreprise en une grande entreprise, ce ne sont pas les dépenses, mais l’épargne et l’accumulation du capital.

 

 

Article d’origine

https://mises.org/blog/free-market-no-profit-excessive

 

 

Texte publié initialement en 1952 dans Planning for Freedom and twelve other essays and addresses, IX Profit and Loss, 5 The social function of profit and loss.

 

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Remarques :

- Le bout de texte souligné est un petit rajout de mon cru for the sake of clarity. Il peut très bien être enlevé.

- J'ai respecté les paragraphes du texte d'origine. Mais il me semble que cet article gagnerait à être publié avec un peu d'aération. Je propose donc de couper les § existants en 4 endroits marqués par un / rouge.

- Il faudrait préciser en publiant que le texte original date de 1952 car Mises fait référence à l'Etat de New York qui avait un gouverneur républicain et une assemblée à majorité républicaine, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

  • Yea 1
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Pour l'économie qui tourne sans heurt, Herve de Quengo en a fait une traduction plus précise dans MES mais je ne m'en souvient plus. Si Xara passe par là ?

"Économie en circuit uniforme", lis-je sur son site. Mais Renaud Fillieule, dans son manuel, traduit "Economie en rotation uniforme", comme en sciences physiques. On pourrait traduire autrement encore, je suppose (pourquoi pas "Economie en rotation régulière" ou "Economie en orbite régulière" ou "Economie en mouvement uniforme / non perturbé" par exemple).

A choisir, restons dans le classique.

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"Économie en circuit uniforme", lis-je sur son site. Mais Renaud Fillieule, dans son manuel, traduit "Economie en rotation uniforme", comme en sciences physiques. On pourrait traduire autrement encore, je suppose (pourquoi pas "Economie en rotation régulière" ou "Economie en orbite régulière" ou "Economie en mouvement uniforme / non perturbé" par exemple).

A choisir, restons dans le classique.

Compte tenu de ce document :

https://mises.org/system/tdf/rae3_1_8_2.pdf?file=1&type=document

je me demande s'il ne faudrait pas traduire par "une économie perpétuellement à l'équilibre" : "Dans la situation imaginaire d’une économie perpétuellement à l'équilibre, il n'y aurait pas de profits." Car il s'agit de parler d'une économie sans distorsion.

Décision de l'éditeur !

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Compte tenu de ce document :

https://mises.org/system/tdf/rae3_1_8_2.pdf?file=1&type=document

je me demande s'il ne faudrait pas traduire par "une économie perpétuellement à l'équilibre" : "Dans la situation imaginaire d’une économie perpétuellement à l'équilibre, il n'y aurait pas de profits." Car il s'agit de parler d'une économie sans distorsion.[/size]

Décision de l'éditeur ![/size]

En filant la métaphore physique, la evenly rotating economy tiendrait plutôt d'un équilibre dynamique (que retranscrit parfaitement l'idée d'une rotation uniforme) et idéalisé ; alors que le mot équilibre évoque plutôt pour le vulgus pecum un équilibre statique et souhaitable.
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En filant la métaphore physique, la evenly rotating economy tiendrait plutôt d'un équilibre dynamique (que retranscrit parfaitement l'idée d'une rotation uniforme) et idéalisé ; alors que le mot équilibre évoque plutôt pour le vulgus pecum un équilibre statique et souhaitable.

J'ai hâte de savoir ce que le "vulgus pecum" pensera d'une "économie en rotation uniforme" ! :) 

 

Avec perpétuellement, j'introduisais le mouvement. 

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