Aller au contenu

Mes lectures du moment


Messages recommandés

Je recherche des romans de science-fiction qui abordent, de près ou de loin, des thèmes libéraux (Révolte sur la Lune par exemple).

À l'occasion de la mort regrettable de Jack Vance, je conseille à tout le monde la lecture de son roman court "un monde d'azur":

On y trouve un véritable Léviathan dans le rôle de l'état, littéralement: le Roi Kragen, immense monstre marin qui maintient à distance les autres membres (redoutables) de son espèce en échange d'un tribut... de plus en plus important, au point que certains se disent qu'ils auraient à gagner à se débarasser de lui.

Cet auteur est l'anti-Rand. Chaque phrase faut avancer l'intrigue ou le développement des personnages. Dans ce livre il fait rien de moins que l'apologie complète et totalement implicite de l'esprit d'initiative et de liberté de l'homme contre l'état et le collectivisme (avec en bonus des piques contre la religion étatiste et le fascisme), rien qu'en plaçant ses personnages en situation de devoir prendre des décisions morales et d'agir, et ce sans jamais parler de théorie économique, de philosophie, de finance, d'impôt ou quoi que ce soit qui pourrait rebuter les allergiques aux prêches et aux monologues à la Galt.

Lisez-le, et faites-le lire autour de vous. Ce serait dommage de se priver d'une telle œuvre "clandestinement" libertarienne qui engage le lecteur par l'action au lieu de l'assommer sous des pages et des pages d'arguments.

Offrez-le à vos neveux et nièces en âge de lire de la SF plutôt que "la source vive" ou "la grève".

Lien vers le commentaire

pour le pratchett que j'ai cité, c'est "discrètement" libertarien.

pour faire un pithc rapide du bouquin:

 

un mec a inventé un petit boitier alimenté par une patate qui permet aux hommes de changer de dimension. Ainsi, les hommes "passent" sur une autre terre à chaque fois qu'ils l'activent, et toutes ces autres terres sont vierges d'humanité et toujours très similaires -mais pas exactement- à la Primeterre. Il y'en aurait un nombre infini, que ce soit vers l'Ouest ou l'Est.

 

Forcément, à travers ça, Pratchett évoque à l'occasion comme corrollaire de la découverte du "passage" que les gouvernements vont devenir de plus en plus inutiles puisque la notion de  territoire sous contrôle d'un état ne veut plus dire grand chose en dehors de la primeterre, et il explore discrètement certaines thématiques de la société d'abondance notamment les limites de la propriété du sol ou de la souveraineté.

techniquement c'est même pas un livre libertarien mais un livre qui évoque des sujets qui sont souvent prisés par les libertariens.

 

Sinon si tu aimes les comics tu lis DMZ

Lien vers le commentaire

pour le pratchett que j'ai cité, c'est "discrètement" libertarien.

pour faire un pithc rapide du bouquin:

 

un mec a inventé un petit boitier alimenté par une patate qui permet aux hommes de changer de dimension. Ainsi, les hommes "passent" sur une autre terre à chaque fois qu'ils l'activent, et toutes ces autres terres sont vierges d'humanité et toujours très similaires -mais pas exactement- à la Primeterre. Il y'en aurait un nombre infini, que ce soit vers l'Ouest ou l'Est.

 

Forcément, à travers ça, Pratchett évoque à l'occasion comme corrollaire de la découverte du "passage" que les gouvernements vont devenir de plus en plus inutiles puisque la notion de  territoire sous contrôle d'un état ne veut plus dire grand chose en dehors de la primeterre, et il explore discrètement certaines thématiques de la société d'abondance notamment les limites de la propriété du sol ou de la souveraineté.

techniquement c'est même pas un livre libertarien mais un livre qui évoque des sujets qui sont souvent prisés par les libertariens.

 

Sinon si tu aimes les comics tu lis DMZ

 

C'est intéressant comme intrigue, je vais le mettre en haut de la pile.

Et puis ca me rappelle Sliders.  ^_^

 

2 petites mines ici :

http://urgesatsf.blogspot.fr/

http://www.tupeuxcourir.com/

(par un ancien du forum je crois (?))

 

Merci Vincent, c'est une vraie mine d'or.

Entre autres, il y a publié une chronique sur le livre de Lancelot et Jesrad posté plus haut. 

Lien vers le commentaire

En faisant des recherches sur les premières critiques du socialisme j'ai lu un texte de 1848 d'un prêtre qui s'appelle Jean-Joseph Gaume.

Certains de ses arguments étaient tellement moisis et le ton tellement insupportable qu'à la fin j'avais envie d'être socialiste. La caricature du curé moralisateur. Il m'a un peu rappelé certains légitimistes actuels.

Je l'ai mis sur Wikisource (pour tester des trucs techniques, en fait c'est en faisant ça que je l'ai lu).

Lien vers le commentaire

En faisant des recherches sur les premières critiques du socialisme j'ai lu un texte de 1848 d'un prêtre qui s'appelle Jean-Joseph Gaume.

Certains de ses arguments étaient tellement moisis et le ton tellement insupportable qu'à la fin j'avais envie d'être socialiste. La caricature du curé moralisateur. Il m'a un peu rappelé certains légitimistes actuels.

Je l'ai mis sur Wikisource (pour tester des trucs techniques, en fait c'est en faisant ça que je l'ai lu).

En même temps les conspis, on sait d'où ça vient et où ça va...

"Il était particulièrement intransigeant envers les révolutionnaires, les libéraux, les socialistes et les francs-maçons. Son ouvrage La Révolution reprend les thèses antimaçonniques de l'abbé Barruel, expliquant les événements de 1789 par un complot maçonnique." (cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_Gaume).

Lien vers le commentaire

Je viens de terminer Identité et violence d'Amartya Sen. Il s'agissait pour moi d'approfondir une réflexion commencée à la lecture de Oakeshott sur l'identité et la contingence, continuée avec Philippe d'Iribarne sur la résistance de la diversité culturelle, puis avec la réflexion de J Searle sur la réalité sociale.

 

Malgré un titre alléchant, je suis plutôt déçu par la platitude du propos, qui par bien des côtés ressemble un peu à un discours calibré, dépourvu d'aspérités et de négativités, pour nos élites progressistes transnationales. Après avoir condamné l'homo economicus (celui que la théorie des choix rationnels n'utilise plus depuis 20 ans) tout comme l'individu ultra-déterminé de certaines théories communautaristes ultras (communautaristes jamais cités par ailleurs), Sen s'en prend à Huntington et au choc des civilisations.

 

Ceci me fait dire une chose : SH et son fameux choc a eu en quelques sortes deux vies : la première, à droite, quand il a permis de désigner la civilisation "arabo-musulmane' comme ennemie de l'Occident. La seconde, à gauche, afin de pérorer des heures sur la complexité de la culture humaine irréductible au paradigme du choc des civ (ce qui se double, en général, par une apologie sans nuance des opprimés).

 

Sen fait partie de la seconde catégorie, mais il partage avec la première ce goût exquis pour mal poser les problèmes, le tout afin de répondre à des questions que personne ne se posait. Ainsi assigner aux gens des identités uniques, en particulier religieuses, c'est mal et contraire à la liberté individuelle, il faut comprendre que les identités individuelles et collectives sont complexes : on peut combiner plusieurs identités et en plus on peut rester rationnels (ouf merci!).

 

Qu'Huntington et les américains sont bêtes, surtout au regard de la guerre en Irak, de réduire le moyen orient à une vision caricaturale et fixiste de la religion musulmane. Merci Amartya, mais le jeu dangereux que les USA jouent dans la région aurait mérité une analyse un peu plus fine de ta part : les usa n'ont jamais utilisé les écrits de SH pour justifier leur intervention, et leurs alliés régionaux ont peut être plus fait pour effacer les nuances entre les différents courants de l'Islam aux yeux des occidentaux que le pauvre Sam qui n'en demandait pas tant (et surtout pas de guerre aux prétentions universalisantes). 

 

Dans son souci de rééquilibrer les comptes, Sen nous fait une description idyllique du monde musulman comme de sa richesse culturelle (richesse indéniable, mais qui reprend subrepticement à son compte l'idée d'une homogénéité culturelle entre la multitude de courants associée à l'Islam), et chose tout aussi problématique, cherche à montrer les origines non occidentales de la démocratie. Sen cherche ici à montrer que l'Occident n'est pas une île, et qu'il s'est enrichi du contact avec les autres parties du monde (ce qui me semble bel et bon).

 

En ce sens, il cherche à montrer la démocratie n'est pas une invention occidentale, et qu'en ce sens, elle ne dépend ni historiquement ni culturellement de l'Occident (et qu'elle peut donc s'accorder avec les mentalités de toutes les populations à la surface de la terre). Malgré le côté relativement sympathique de l'entreprise, il en est réduit à nier l'existence d'une transmission des enseignements de la démocratie grecque en Europe, et a retrouver par-delà les cultures non occidentales des bribes d'idées démocratiques et libérales éparses (le sens des deux termes ayant en plus bcp varié, on retrouve dans la bouche de Sen des descriptions de la démocratie empruntées à l'un de ses illustres collègues Laski).  

 

A côté de ça, certaines réflexions sur la relation malsaine entre expuissances coloniales et colonisés sont intéressantes.

 

 

 

 

 

 

 

Lien vers le commentaire

chose tout aussi problématique, cherche à montrer les origines non occidentales de la démocratie.

 

J'ai lu La démocratie des Autres de Sen, et malgré le peu de pages qu'il consacre au sujet, ses descriptions des conseils de village indiens et du système de palabres en Afrique suggèrent que la démocratie a émergé ailleurs qu'en Occident (du moins si on s'en tient à une définition procédurale où la démocratie signifie simplement prise de décision en commun, et non un principe d'autonomie comme chez Castoriadis).

Lien vers le commentaire

J'ai lu La démocratie des Autres de Sen, et malgré le peu de pages qu'il consacre au sujet, ses descriptions des conseils de village indiens et du système de palabres en Afrique suggèrent que la démocratie a émergé ailleurs qu'en Occident (du moins si on s'en tient à une définition procédurale où la démocratie signifie simplement prise de décision en commun, et non un principe d'autonomie comme chez Castoriadis).

 

Oui, je ne le trouve pas convaincant pour deux raisons au moins : d'abord parce qu'il est difficile de fixer une définition bien précise au phénomène démocratique en Europe (qui a une histoire longue), ensuite parce qu'il procède à une reconstitution d'éléments éparses dans différentes cultures afin de dire : "hé vous voyez, le consentement existe en Chine ancienne, le gouvernement par la discussion existe en Afrique, le consentement existe là bas" sans se rendre compte que la spécificité de l'Europe est d'avoir fait une synthèse de tout ça et de plein de choses encore, et que son gouvernement représentatif particulier est lui-même le produit d'une critique de la démocratie, etc. Je précise quand même okazou que je ne suis pas progressiste, et qu'en conséquence, je ne considère pas la démocratie comme une valeur morale supérieure transcendant les autres régimes (et qu'en conséquence, en célébrer sa version occidentale -du moins celle qu'on trouve dans le langage moral progressiste- comme l'étalon du monde me laisse plutôt interrogatif on va dire).

Lien vers le commentaire

J'ai lu Le communisme jugé par l'histoire d'Adolphe Franck, texte de 1848 qui eut du succès à l'époque (il fut réédité plusieurs fois sur plusieurs décennies). Très bon texte, on dirait un peu du Bastiat. (Il est même bien probable que Bastiat l'ait lu.) Il semble à cette lecture qu'Adolphe Franck était clairement libéral. Il n'est pourtant pas connu comme tel. Il devrait être présent au palmarès.

 

J'ai mis le texte sur Wikisource (Bien qu'intéressante, la lecture de l'avant-propos n'est pas indispensable).

Lien vers le commentaire

(Bien qu'intéressante, la lecture de l'avant-propos n'est pas indispensable).

Je n’ai pas grand-chose à redire à la critique que donne Adolphe Franck des principes du communisme, mais sur la Commune de Paris, il raconte n’importe quoi.

« Le doute n’est plus permis aux plus aveugles : s’abritant sous un nom équivoque et profitant de la faveur attachée aux franchises municipales pour élever son pouvoir sur les débris de la société, c’est le communisme qui, dans la fatale journée du 18 mars, s’est installé à l’Hôtel de Ville de Paris. C’est lui qui, depuis bientôt deux mois, sous les yeux et à la satisfaction, peut-être avec le concours d’un ennemi victorieux, tournant à notre ruine les instruments mêmes de notre défense, opprime et déshonore, remplit de désespoir et de deuil notre malheureuse capitale. »

 

C’est tout de même incroyable d’accuser les communards d’être soutenus par les Allemands, alors qu’ils ont précisément tout fait pour battre Bismarck, et que leur résistance a été sabotée par les Versaillais par peur qu’un général républicain, Gambetta tout particulièrement, ne leur impose une République dans la foulée d’une guerre victorieuse (« Les chefs du gouvernement de la Défense Nationale, en livrant la France à la Prusse n'ont eu en vue que tuer la République qu'ils craignaient de voir consolidée par la victoire. » -Edouard Moreau, cité par Marc Cerf, Edouard Moreau, l'âme du Comité Central de la Commune, Denoël, Dossiers des Lettres Nouvelles, 1971, p. 95)

 

« Le communisme est depuis deux mois au pouvoir dans la capitale de la France. »

 

Ce n’est pas exact. La Commune n’avait qu’à tendre la main pour nationaliser la Banque de France et financer amplement sa défense militaire, elle ne l’a pas fait (ce que lui reproche du reste Marx dans La Guerre civile en France). Elle pouvait très facilement collectiviser les usines ou inciter ses partisans à piller les quartiers bourgeois, elle ne l’a pas davantage fait.

 

La bonne grille de lecture des événements, en dépit de l’historiographie tant marxiste que conservatrice sur le sujet, n’est pas tant « communisme » contre anti-communisme, mais République (sociale et patriotique) contre les monarchistes capitulards et alliés à Bismarck.

J’attire également ton attention sur les intonations typiquement conservatrices et le mépris des pauvres qui suinte çà et là du texte (« c’est le communisme et le despotisme réclamés au profit de la partie la plus vile de la société et au préjudice de la partie la plus généreuse, la plus honnête et la plus intelligente. »).

 

Pour finir, Adolphe Franck anticipe sur le programme d’éducation politique (anticommuniste) que mettra ultérieurement en place Ferry (la dimension colonialiste/nationaliste et anticléricale en plus), et dont les délites éducatifs du PS dans l’Ednat sont la lointaine conséquence :

« Pour dompter le communisme la force, si elle est nécessaire, ne suffit pas ; il faut aller jusqu’à la racine du mal, il faut le détruire dans les esprits par la puissance de la persuasion, par l’organe de la parole et de la presse, par une instruction plus solide et plus saine, distribuée d’une main libérale à tous les degrés de l’enseignement, surtout dans l'école primaire. » (Adolphe Franck).

« Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. Si cet état des choses se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes totalement opposés, inspirés d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. » (Jules Ferry)

Lien vers le commentaire

C'est cool si tu as lu le texte. Comme je le disais, ce qui est le plus intéressant, c'est surtout le texte principal.
 

C’est tout de même incroyable d’accuser les communards d’être soutenus par les Allemands,

  • Il dit "peut-être".
  • Tu mets en exergue un tout petit bout de phrase plus qu'anecdotique.
  • Tu as le recul historique, lui non. Il écrit en 1871.

Ce n’est pas exact. La Commune n’avait qu’à tendre la main pour nationaliser la Banque de France et financer amplement sa défense militaire, elle ne l’a pas fait (ce que lui reproche du reste Marx dans La Guerre civile en France). Elle pouvait très facilement collectiviser les usines ou inciter ses partisans à piller les quartiers bourgeois, elle ne l’a pas davantage fait.

Et donc à partir de cela tu en déduit que la Commune n'était nullement imprégnée des idées communistes ?
 

La bonne grille de lecture des événements, en dépit de l’historiographie tant marxiste que conservatrice sur le sujet, n’est pas tant « communisme » contre anti-communisme, mais République (sociale et patriotique) contre les monarchistes capitulards et alliés à Bismarck.

Whouat ? Tous ceux qui étaient contre la Commune étaient monarchistes ? La Commune c'est la République sociale et patriotique ?
 

J’attire également ton attention sur les intonations typiquement conservatrices et le mépris des pauvres qui suinte çà et là du texte (« c’est le communisme et le despotisme réclamés au profit de la partie la plus vile de la société et au préjudice de la partie la plus généreuse, la plus honnête et la plus intelligente. »).

Qu'est ce qui te fait dire que "la partie la plus vile de la société", c'est les pauvres ?  :huh:
 

Pour finir, Adolphe Franck anticipe sur le programme d’éducation politique (anticommuniste) que mettra ultérieurement en place Ferry (la dimension colonialiste/nationaliste et anticléricale en plus), et dont les délites éducatifs du PS dans l’Ednat sont la lointaine conséquence :

Les liens que tu établis rétroactivement (à partir d'une phrase !) sont douteux.

Lien vers le commentaire

 

1.1: Ce n'était pas une accusation innocente, vu le contexte.

1.2: Un bon paragraphe, et il réitère sa thèse plus loin.

1.3: J'ai du mal à croire qu'on puisse être aussi aveugle.

2: La fait de critiquer une thèse ne signifie pas qu'on soutienne la thèse contraire. Le problème de Franck, c'est qu'il voit la Commune comme communiste après avoir lui-même définit le communisme comme l'abolition de la propriété privée et sa détention par l'Etat. Or la Commune n'a pas aboli la propriété privée, pas même la propriété privée des moyens de production. Quant à son rapport à l'Etat, le vieux Marx la voyait au contraire comme la fin de l'Etat ( « La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’État, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Elle fut une révolution contre l’État comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société (…) Elle ne fut pas une révolution ayant pour but de transférer le pouvoir d’État d’une fraction des classes dominantes à une autre mais une révolution tendant à détruire cette machine abjecte de la domination de classe.» -Karl Marx, Lettre à Louis Kugelmann, 17 avril 1871).

Les communards étaient certes des gens de gauche et d'extrême-gauche, mais avec une composition idéologique très hétérogène. Cela va de leur soutiens parmi les maires de Paris qui négocient avec Versailles, et représentent une gauche très modérée mais républicaine (Clemenceau, Victor Hugo), aux néojacobins et blanquistes, et jusqu'aux proudhoniens (fédéralistes / anti-étatistes, ils s'opposent aux jacobins qui veulent une concentration du pouvoir sur le modèle de 93). Il n'y a pas de marxistes à l'époque. Louise Michel, pour sa part, est anarchiste. Et il faut ajouter à cela nombre d'opportunistes et d'aventuriers sans idées précises. Donc dire que le communisme était au pouvoir ne colle ni avec les idées ni avec les mesures concrètes.

"Tous ceux qui étaient contre la Commune étaient monarchistes ?"

A part Adolphe Thiers qui était thieriste, oui. Après il y a les légitimistes et les orléanistes, comme d'habitude.

"La Commune c'est la République sociale et patriotique ?"

Oui, les communards et la large partie de la population parisienne (socialement diverse) qui les soutient ont lutté pendant des mois contre les Allemands et ont l'armistice en travers de la gorge. Progressivement, cela les mène à rejeter la légitimité de l'Assemblée élue pour conclure la paix, et qui s'auto-proclame Constituante alors qu'elle est peuplée de monarchistes provinciaux. Et oui, le programme de la Commune est républicain, matiné de revendications socialisantes mais clairement pas communiste:

« La République est la seule forme de gouvernement compatible avec les droits du Peuple et le développement régulier et libre de la société. » -La Commune de Paris, Déclaration au peuple français (1871).

Lien vers le commentaire

1.1: Ce n'était pas une accusation innocente, vu le contexte.

1.2: Un bon paragraphe, et il réitère sa thèse plus loin.

1.3: J'ai du mal à croire qu'on puisse être aussi aveugle.

Une fois encore, il ne soutient pas particulièrement cette thèse, il émet vaguement une hypothèse en passant. Et tu lui fais un procès d'intention avec un recul historique et un accès à l'information incomparable avec celui de l'époque.

 

Le problème de Franck, c'est qu'il voit la Commune comme communiste après avoir lui-même définit le communisme comme l'abolition de la propriété privée et sa détention par l'Etat. Or la Commune n'a pas aboli la propriété privée, pas même la propriété privée des moyens de production.

Le but final du socialisme et du communisme est bien la collectivisation des biens. Cela ne signifie pas que tous les régimes communistes ou socialistes ont atteint leur finalité.

Au fait, pourquoi la Commune de Paris a choisi un drapeau rouge comme symbole ?

 

Quant à son rapport à l'Etat, le vieux Marx la voyait au contraire comme la fin de l'Etat ( « La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’État, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Elle fut une révolution contre l’État comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société (…) Elle ne fut pas une révolution ayant pour but de transférer le pouvoir d’État d’une fraction des classes dominantes à une autre mais une révolution tendant à détruire cette machine abjecte de la domination de classe.» -Karl Marx, Lettre à Louis Kugelmann, 17 avril 1871).

C'est simplement l'une des contradictions classique du communisme (que l'on retrouve chez Marx). Il se voit comme une remise en cause de l'État dans son principe-même, mais utilise toujours l'État comme moyen d'imposer ses vues.

(Je remarque au passage que ta vision de la Commune de Paris est marxiste, l'idée qu'il leur suffisait de "tendre la main pour nationaliser la Banque de France", ça vient de Marx n'est-ce pas ?)

 

Cela va de leur soutiens parmi les maires de Paris qui négocient avec Versailles, et représentent une gauche très modérée mais républicaine (Clemenceau, Victor Hugo)

Clémenceau (et les gens comme lui) ne "soutenaient" pas la Commune.

 

aux néojacobins et blanquistes, et jusqu'aux proudhoniens (...) Louise Michel, pour sa part, est anarchiste

Ce sont diverses variantes du socialisme. (Y compris l'anarchisme de Louise Michel. Tout comme l'anarchisme de Bakhounine, c'est le socialisme libertaire, dont l'objectif final est toujours la mise en place d'une société communiste.)

 

A part Adolphe Thiers qui était thieriste, oui. Après il y a les légitimistes et les orléanistes, comme d'habitude.

Cette vision binaire me semble correspondre exactement à la vision de la Commune qu'ont les socialistes. Donc Yves Guyot par exemple, était monarchiste ?

 

Et oui, le programme de la Commune est républicain,

As-tu autre chose qu'une déclaration d'intention des Communards ? Parce que c'est pas comme si on avait jamais vu de régimes communistes se réclamer de la république.

Lien vers le commentaire

J'ai terminé ce we l'essai de l'historienne marxiste (récemment décédée) Ellen Meiskins Wood L'origine du capitalisme. EMW avait suscité mon attention avec le second tome de son Histoire sociale de la pensée politique occidentale, parce qu'elle soutenait une thèse assez étonnante pour une marxiste : après une étude comparative entre France et Royaume Uni, elle soutenait que la révolution française avait été bourgeoise, mais pas capitaliste. Le but de la bourgeoisie révolutionnaire n'était pas tant de libéraliser que de s'approprier le pouvoir politique (en insistant sur la carrière ouverte aux talents), qu'elle décrit comme un système d'exploitation par l'impôt (des paysans) et de corruption clientéliste des élites (par les charges publiques) créé au XVIe siècle environ.

 

L'origine du capitalisme est une explication détaillée de sa position (qui s'inspire bcp de celle d'un autre auteur marxiste R Brenner) : en gros, en cela fidèle à la théorie marxiste dans le champ historique, elle définit le capitalisme comme la société de marché généralisée (McPherson), cad la situation sociale où les agents économiques dépendent pour leur subsistance du marché concurrentiel uniquement. Son origine est classiquement attribuée à l'autonomisation puis à la prééminence du commerce et de ses modes de fonctionnement, le tout ayant son origine dans les villes de la fin du moyen âge. En d'autres termes, il s'agirait d'une pratique sociale immémoriale (le commerce) qui aurait pris son envol avec la fin de la féodalité et la naissance des villes. EMW soutient que cette thèse classique est fausse, et ne met pas assez en valeur la rupture entre l'économie antérieur au capitalisme. Pour elle, comme pour Brenner, les origines du capitalisme sont agraires, et trouvent leur source dans la constitution d'un marché au sens moderne dans les campagnes anglaises de la fin du moyen âge. Lecture intéressante, qui cherche aussi à expliquer l'intégration des élites et la différence de physionomie entre l'État français et britannique. 

Lien vers le commentaire

parce qu'elle soutenait une thèse assez étonnante pour une marxiste : [...] elle soutenait que la révolution française avait été bourgeoise, mais pas capitaliste. Le but de la bourgeoisie révolutionnaire n'était pas tant de libéraliser que de s'approprier le pouvoir politique

En quoi c'est étonnant pour une marxiste ? Tu n'es pas sans savoir que le marxisme a assez peu de rapports avec la pensée de Marx.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...