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Lien de cause à effet entre la faiblesse du pouvoir politique et le développement économique


Pax In Terris

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Bonjour à tous.

Je me demande si certains d'entre vous ont des sources sur la théorie selon laquelle il y a historiquement un lien de cause à effet entre la faiblesse du pouvoir politique et le développement économique.

 

Plus précisément, je me demande quels ont été les premiers penseurs à soutenir cette idée.

 

Notamment je me demande quels ont été les premiers penseurs à voir le développement économique de l'Italie et, dans une moindre mesure, de l'Allemagne, aux treizième, quatorzième et quinzième siècle comme une conséquence de l'effondrement du pouvoir de l'empereur.

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S'il est certain que trop d'état nuit au développement économique l'inverse n'est pas forcément vrai. Historiquement les états ont été faible très très longtemps. Le développement économique que nous avons connu au XIX a eu lieu en parallèle d'une monté en puissance de l'état permise par la démocratie. Plus que son poids, c'est sa qualité, sa capacité a remplir ses devoirs régaliens qui joue, à mon sens, sur le développement économique.

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Le problème de l'état est aussi qu'il accapare une part énorme des fruits/bénéfice du progrès technique, pour le convertir en débilités innombrables.

Et l'effet est double, production de conneries + détournement du financement de choses intelligentes.

à chaque fois que 100 millions partent en fumée dans une fumisterie à la ségolène royal, ce sont 100 millions qui ne s'investissent pas dans les PME/TPE etc.

 

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Bonjour à tous.

Je me demande si certains d'entre vous ont des sources sur la théorie selon laquelle il y a historiquement un lien de cause à effet entre la faiblesse du pouvoir politique et le développement économique.

 

Plus précisément, je me demande quels ont été les premiers penseurs à soutenir cette idée.

 

Notamment je me demande quels ont été les premiers penseurs à voir le développement économique de l'Italie et, dans une moindre mesure, de l'Allemagne, aux treizième, quatorzième et quinzième siècle comme une conséquence de l'effondrement du pouvoir de l'empereur.

Il me semble PAB a raison. La faiblesse de l'Etat n'est pas une condition suffisante au développement économique.

Je pense qu'il est plus judicieux de raisonner de manière dynamique et de chercher des exemples historiques d'affaiblissement de l'Etat.

L'effondrement des empires est un bon exemple, je pense que les territoires qui se libèrent du pouvoir des empires gagnent en liberté mais bénéficie d'avantages apportés par l'empire (standardisation linguistique, monétaire, développement d'axe commerciaux sûrs car internes à l'empire, conception commune du droit)

Mais je ne connais pas bien l'époque dont tu parles, donc je dis peut-être des bêtises

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Je pense qu'il est plus judicieux de raisonner de manière dynamique et de chercher des exemples historiques d'affaiblissement de l'Etat.

L'effondrement des empires est un bon exemple

Je suis pas sûr qu'on puisse faire des généralités avec ces variables.

Chute de l'Empire romain. La moitié de la population européenne meurt de faim. Exode urbain, effondrement du commerce international.

Chute de l'URSS. Le bilan 1/4 de siècle après est assez mitigé en matière de développement économique. Les progrès sont plutôt à chercher en matière de libertés politiques et civiles.

En revanche la fin de l'empire colonial français a profité au développement économique de l'ancienne métropole, dans les limites de ce que permet une économie semi-planifiée.

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Le bilan est mitigé en ex-URSS si l'absence de pénurie est un détail...

La variable clé c'est la violence et l'Etat n'est qu'une fraction de la violence. La violence détruit le capital, augmente son coût, augmente les coûts de transactions et donc réduit l'accumulation du capital et la division du travail (et encore plus quand il y a des restrictions sur l'emploi et l'investissement).

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Je suis pas sûr qu'on puisse faire des généralités avec ces variables.

Chute de l'Empire romain. La moitié de la population européenne meurt de faim. Exode urbain, effondrement du commerce international.

Chute de l'URSS. Le bilan 1/4 de siècle après est assez mitigé en matière de développement économique. Les progrès sont plutôt à chercher en matière de libertés politiques et civiles.

En revanche la fin de l'empire colonial français a profité au développement économique de l'ancienne métropole, dans les limites de ce que permet une économie semi-planifiée.

 

La chute d'un prédateur, c'est la disparition de CE prédateur, mais hélas pas la disparition de tout prédateur.

Dans le cas de l'empire romain, sauf erreur, c'est pas le vide derrière, mais des armées de pillards de partout. Armées étatiques et bandes non-étatiques.

 

Et la "chute" d'un symbole s'accompagne de facto souvent du recasage des vieilles crapules. "Ils sont les seuls à savoir".

eg en URSS, où ces gens sont allés noyauter la "nouvelle économie".

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Plutôt que parler d'Etat, il faudrait parler d'institutions.

Pour les cas d'Etats faibles que je connais, il faut savoir nuancer entre l'extrême force de l'Etat dans les détails qui devraient être insignifiants et son extrême faiblesse là ou il est attendu et devrait être présent.

En Afrique, même si c'est difficile de faire des généralités (il y a 50 pays et autant de variations, sans compter les "localismes"), le problème peut être schématiquement et caricaturalement présenté comme suit :

 

-d'un côté il y a un État trop faible pour faire son rôle primordial de gardien des biens et de la sureté. Je ne parle pas seulement des coupeurs de routes qui sont une réalité, malheureusement, mais de la corruption généralisée qui implique très souvent un manque de Droits flagrants. Simplement, au tribunal s'en sortira celui qui connait le juge (même indirectement, cfr "la force des liens faibles") ou qui paye le plus, et non celui qui serait "dans son droit". Les États ont de gros problèmes de financement couplé à un pillage des ressources nécessaires et/ou disponibles. On a donc des États qui en théorie s'active pour les routes, les hôpitaux, l'eau courante, l'école, ... agit même dans ce sens en lançant des chantiers par exemple, mais qui n'aboutissent jamais complètement parce que l'argent vient à manquer voir disparait purement et simplement. Le résultat est qu'il se retrouve face à une population qui est prise entre la théorie ("l’État fait des routes") et la pratique ("l'argent à disparu, la route n'est pas entretenue") ce qui fait qu'au fil du temps il devient totalement normal, souhaitable et même encouragé de participer au pillage des ressources pour avoir sa part, puisque de toute façon, si c'est pas moi c'est un autre. Dans un tel contexte, monter un commerce ou quelconque activité dépend du capital social et symbolique que tu peux entretenir avec les personnes garants de l'ordre et de la justice. De l'arbitraire le plus total donc, parce que l’État est faible dans son rôle d’État gendarme.

-de l'autre côté, ces mêmes États, par leur arbitraire, deviennent extrêmement forts et intrusifs. Quand on parle de "coupeurs de routes", on ne sait jamais trop si on ne parle pas des policiers. Des ministres jusqu'aux plus petits maires ou chefs de quartiers peuvent te pourrir la vie, t'exproprier, ... les impôts peuvent décider de te faire payer en fonction de leur bon vouloir (ça peut être 2% ou 90%, littéralement), ... au quotidien, l’État est partout et on a pu théoriser la notion "d’États prédateurs" pour parler de ceux-ci, en nuançant fortement la question d'un État "faible".


D’où, je reviens à me première phrase : la question n'est pas tant la faiblesse ou la force de l'Etat, mais la force des institutions.
Un État limité mais fort dans ses institutions, notamment de droit, est à mon avis, comme le montre l'histoire d'ailleurs, le garant d'une société et d'une économie en plein développement économique et social.
Un État important mais faible dans ses institutions, et c'est la foire à l'empoigne et à l'arbitraire. Cela crée une défiance sans limite envers ses dirigeants et participe à l'amplification des problèmes.

Maintenant, jouons à deviner dans quelle direction sont engagées nos social-démocraties...

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Source ? :)

C'est Franck Lepage (militant marxiste) qui raconte ça:

 

Contrairement à une idée reçue, l’auteur de La Condition humaine n’a pas « créé » ce ministère, qu’il n’a au demeurant pas réclamé. Son administration est bâtie par des fonctionnaires rapatriés de l’outre-mer qui, après la décolonisation, sont affectés aux affaires culturelles (5). Efficaces mais idéologiquement marqués par leur expérience précédente, ils influencent la doctrine du ministère. Lequel aura vocation à irradier à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières le feu de la grandeur nationale. Puissance de la France à l’international et pouvoir symbolique de l’Etat dans les régions ; apologie de l’élite et du génie français. Un ministère profondément antipopulaire.

 

Source: http://www.monde-diplomatique.fr/2009/05/LEPAGE/17113

Il se réfère aux travaux de Marie-Ange Rauch (Le Bonheur d’entreprendre. Les administrateurs de la France d’outre-mer et la création du ministère des affaires culturelles, La Documentation française - ministère de la culture, Paris, 1998). Lequel ouvrage semble hélas introuvable.

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Un État limité mais fort dans ses institutions, notamment de droit, est à mon avis, comme le montre l'histoire d'ailleurs, le garant d'une société et d'une économie en plein développement économique et social.

Un État important mais faible dans ses institutions, et c'est la foire à l'empoigne et à l'arbitraire. Cela crée une défiance sans limite envers ses dirigeants et participe à l'amplification des problèmes.

 

This.

 

Le problème de certains libéraux, c'est qu'ils confondent extension et puissance. Un Etat peut à la fois être faible (décision incohérente, corruption étendue, incapacité à assurer le régalien, subordination à un Etat étranger, etc.) et étendu (intrusif).

 

C'est comme une supernova. Le "cœur" s'effondre mais l'étoile s'étend dans toutes les directions.

 

La grande question est de savoir si on peut lutter contre cette extension sans en passer par un renforcement du cœur.

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Je pense qu'il faudrait remplacer le mot "fort" par "compétent ". On n'attend pas de l'Etat qu'il soit fort -ce mot a une connotation négative - mais qu'il fasse son taf en matière de Droit (i.e: compétent). Les libéraux attendent que l'Etat soit compétent dans son job central et qu'il ne soit point intrusif.

Et s'il ne fait pas son job correctement ou devient au contraire tyrannique, alors les individus qui composent la société civile sont fondés à le renverser et à en installer un autre (cf déclaration d'indépendance des Etats-Unis). Je dirais même qu'ils sont fondés à installer d'autres institutions ou types d'institutions plus convenables à la place.

EDIT :je laisse une porte ouverte aux expérimentations anarcaps

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  • 1 month later...

C'est un fil impressionant, vu que la plupart a été creée dans seulement deux heures et demie.

Dans un tel contexte, monter un commerce ou quelconque activité dépend du capital social et symbolique que tu peux entretenir avec les personnes garants de l'ordre et de la justice. De l'arbitraire le plus total donc, parce que l’État est faible dans son rôle d’État gendarme.

Il y a plusieurs définitions du capital social. Voyez Le capital social - de Sophie Ponthieux. Je pense que votre définition du capital est plutôt un capital humain, ou - en cas de subornation - simplement un capital monétaire. Je préfère la définition de Coleman et Putnam, qui comprend la confiance, les réseaux (la société civile), les institutions. et les normes de réciprocité. Ici, le capital social est une qualité de la société elle-même. Notez bien que les marchés économiques sont aussi des réseaux, même si les liens entre les négociants sont faibles. L'économiste Coase a montré qu'un tel réseau peut se condenser afin d'améliorer son efficacité. Ainsi il se transforme en une hiérarchie (intégration verticale, par example un trust) ou en un groupe réciproque (par example un cartel, mais aussi l'état démocratique). C'est-à-dire, l'état moderne dans lequel la politique est inclusive et le droit constitutionnel et les droits de l'homme sont garantis, est toujours la création des entrepreneurs. Il est bourgeois et libéral. Notez finalement que le pouvoir est soumis au droit constitutionnel, lequel droit répresente le contrat social des citoyens.

Je pense qu'il faudrait remplacer le mot "fort" par "compétent ".

Les auteurs du Why nations fail préfèrent le mot inclusif, et moi, je suis d'accord avec eux. Vu que l'état se fait graçe aux citoyens, on a surtout besoin des citoyens compétents (la société civile, y compris les entrepreneurs). C'est dommage que jadis la France a proscrit les huguenots, qui défendaient le pouvoir décentral. Mais peut-être ma vision est trop anglo-saxone et calviniste (malgré mon origine allemande, je ne me sens pas luthérien). C'est bien concevable que ma vision soit opposée à l'opinion française. 

Un livre pile sur le sujet:
Why Nations Fail.

Cette recommendation est bonne, mais en peu de mots. Selon ce livre, l'état est indispensable pour régler la société. Malheureusement, il y a le danger réel, que l'état exploite les entrepreneurs. Un tel système est désigné par le mot extractif. La croissance sera extensive. C'est pourquoi les entrepreneurs protègent la démocratie. Au cas que le gouvernement abuse de son pouvoir, les citoyens le déposeront. Donc la démocratie est un système inclusif, ce qui a l'avantage d'encourager les innovations.

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