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Quelle République ?


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C'est, je trouve, un sujet passionnant. Et comme toujours vos avis m'intéressent. ^^

 

Je trouve pour ma part les critiques connues de Jean-François Revel sur le présidentialisme ou l'absolutisme de la Vème République très pertinentes. Un régime retrouvant les caractéristiques de la IIIème République me paraît préférable, peut-être avec une Constitution plus claire que ce qu'elle était à cette époque-là (faut dire que la IIIème a émergé dans des conditions particulières).

 

Bref qu'en pensez-vous et quelle République chérissez-vous ? Je m'adresse évidemment aux républicains, même si les monarchistes ou les anars sont aussi les bienvenus s'il s'agit de faire avancer la discussion.

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Avant tout, un régime localiste, fondé sur un fédéralisme à plusieurs niveaux et subsidiaire.

Ensuite, un régime où les pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif) peuvent vraiment se paralyser les uns les autres.

Enfin, un régime où les droits de l'Etat (et de chaque niveau de gouvernement) sont strictement restreints, et où toute évolution de ces pouvoirs sont soumis à approbation des instances qui le composent.

Ça en dit peu sur la forme du régime, mais le fond prévaut à mes yeux.

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Avant tout, un régime localiste, fondé sur un fédéralisme à plusieurs niveaux et subsidiaire.

Ensuite, un régime où les pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif) peuvent vraiment se paralyser les uns les autres.

Enfin, un régime où les droits de l'Etat (et de chaque niveau de gouvernement) sont strictement restreints, et où toute évolution de ces pouvoirs sont soumis à approbation des instances qui le composent.

Ça en dit peu sur la forme du régime, mais le fond prévaut à mes yeux.

 

Tout à fait. Et je trouve qu'en France beaucoup de libéraux se focalisent énormément sur la réduction de la taille de l'Etat central unitaire et pas assez sur la question centralisation/décentralisation, qui est tout aussi fondamentale et indispensable. On ne pourra jamais arriver à quelque chose d'à peu près sérieux d'un point de vue libéral dans un Etat unitaire.

 

Tant qu'on y est développe le pourquoi une minarchie à Etat unitaire est impossible ?

 

C'est assez logique, si jamais un jour par je ne sais quel miracle on arrivait à une minarchie dans un Etat unitaire ça ne risque pas de durer très longtemps puisque l'Etat central peut très rapidement reprendre et augmenter son pouvoir à tout moment. Après on peut aussi dire que dans un Etat fédéral c'est la même chose mais c'est déjà bien plus atténué puisque les pouvoirs y sont beaucoup plus séparés et localisés. La Suisse est probablement l'exemple moderne qui s'en rapproche le plus.

 

Et pour ce qui est de la forme, même si l'exemple de la Suisse prouve qu'on peut avoir une république sans un Etat obèse, je pense quand même que la monarchie associée au fédéralisme est la forme de gouvernement la plus efficace pour limiter le pouvoir étatique.

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Ceci étant dit, ces derniers temps je me rapproche de plus en plus de l'anarcho-capitalisme, que je trouve au final plus cohérent et éthique que le minarchisme. Je suis de plus en plus sceptique à l'idée qu'un Etat minimal (aussi parfaite que soit sa constitution) puisse rester minimal sur le long terme mais je ne suis pas encore vraiment anarcap non plus, j'ai encore quelques réserves, j'oscille entre les deux. Après faut dire que le débat minarchie/anarcapie, bien que passionnant, n'est vraiment pas une question importante dans l'état actuel des choses.

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La limite de la discussion va être qu'un régime n'est pas un simple corps de règle organisé avec raison. Un régime politique est également influencé par les populations dont il est issu, leurs mœurs, leurs coutumes, leur histoire, leurs traditions politiques, etc... Dès lors la forme d'un régime et son organisation peuvent varier à l'extrême tout en étant pertinent dans l'optique d'un pouvoir limité. Le fédéralisme fonctionnera bien dans certains pays, dans d'autres non, dans un cas l'élection aura telle forme et dans un autre telle autre, etc. Enfin, dernier points, on peut imaginer un régime parfait, ce qui fera qu'il fonctionne ou non sont les hommes qui l'animent. La sélection des dirigeants est essentielle.

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La limite de la discussion va être qu'un régime n'est pas un simple corps de règle organisé avec raison. Un régime politique est également influencé par les populations dont il est issu, leurs mœurs, leurs coutumes, leur histoire, leurs traditions politiques, etc... Dès lors la forme d'un régime et son organisation peuvent varier à l'extrême tout en étant pertinent dans l'optique d'un pouvoir limité. Le fédéralisme fonctionnera bien dans certains pays, dans d'autres non, dans un cas l'élection aura telle forme et dans un autre telle autre, etc. Enfin, dernier points, on peut imaginer un régime parfait, ce qui fera qu'il fonctionne ou non sont les hommes qui l'animent. La sélection des dirigeants est essentielle.

C'est vrai. C'est pour ça que j'ai pris l'exemple de notre Troisième République, ça permet de regarder aussi les défauts qu'elle avait. Je te suis aussi sur le fait que le principal se joue chez les individus, dans les esprits, les principes et les aptitudes. Les institutions sont importantes parce qu'elles sont le cadre dans lequel les individus agissent.

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République, république... ça me fait penser à Star Wars, où les alliés de la république se sont eux même déclarés forces du bien. En France la république est sacré et la critique de la démocratie impossible. Pour moi, tout cela est proche d'une dictature déguisée.

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République, république... ça me fait penser à Star Wars, où les alliés de la république se sont eux même déclarés forces du bien. En France la république est sacré et la critique de la démocratie impossible. Pour moi, tout cela est proche d'une dictature déguisée.

 

C'est pas faux. Une dictature déguisée je ne sais pas, c'est peut-être un peu fort, mais ça fait partie du politiquement correct. Pour ma part je ne fais pas partie des curés qui excommunient les mal-pensants.

 

Mais le sujet porte bien sur la forme républicaine de l’État, je ne sais pas s'il y a déjà un autre sujet concernant la critique de la démocratie. S'il n'existe pas tu peux toujours le commencer, c'est aussi une discussion intéressante. :icon_wink:

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Qu'entends-tu par République ?

 

La République est consubstantielle au peuple, ou à la nation. Elle peut être démocratique, fédérative, etc. mais s'articule autour de la souveraineté nationale. Poser la question de la République sous un angle libéral reviendrait alors à se demander quelles sont les limites que le peuple doit s'imposer à lui-même.

Dans certains cas, comme dans les premiers temps des États-Unis, le républicanisme peut s'opposer au fédéralisme. Vu la direction du sujet, c'est peut-être une piste à creuser.

 

 

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Vaste sujet… Comme il n’y a pas beaucoup de liborgiens de tendance républicaine, je vais essayer d’en dire un mot. Ce qui permettra peut-être d’éclairer certains aspects du libéralisme de gauche que j’appelle de mes vœux.


Je pense tout d’abord que les Républiques sont intrinsèquement supérieures à toutes les autres communautés politiques. Elles sont territorialisées, fondées sur un ancrage territorial qui assure une certaine homogénéité (mais sans être closes comme les tribus) ; caractéristiques qui les distinguent des Empires qui sont par définition expansionnistes (ils n’ont pas tant des frontières que des lignes de front) et par voie de conséquence à cheval sur plusieurs peuples (d’où une instabilité inhérente).

Les monarchies n’étant pas sujettes à la fuite en avant caractéristiques des Empires, elles peuvent sembler de bonnes candidates pour rivaliser avec les républiques comme formes institutionnelles pour un Etat libéral. La méfiance générale des libéraux vis-à-vis de la démocratie (qui n’est pas la même chose que la République, comme on le verra plus bas), fait dire à certains que :
 
« L'Etat capitaliste est aristocratique parce que distant, avec cependant une tonalité suffisamment bourgeoise pour évoquer les gouvernements de la Monarchie de Juillet. De toute manière, un tel Etat n'a que fort peu de chances d'être républicain. » (Anthony de Jasay, L’Etat – La logique du pouvoir politique, Les Belles Lettres, coll. Laissez faire, 1994 (1985 pour la première édition anglaise), 500 pages, p.45)
 
Je pense qu’un tel point de vue sous-estime le degré de libéralisme (étant entendu qu’aucun régime politique ne peut se prétendre un modèle pur), de plusieurs républiques à travers l’histoire : par exemple, la République de Venise ou la République des Provinces-Unies. Tout comme il sous-estime la Première République française (pré-jacobine s’entend), ou la Troisième République évoquée ici-même (régime assez libéral dans l’Hexagone, si on met entre parenthèses le fait qu’il était en même temps un Empire colonial…).
 
Mais à défaut de prouver directement qu’un libéral devrait être républicain, je peux essayer de montrer pourquoi il ne devrait pas être monarchiste.
 
Le libéralisme, dans sa branche dominante qui est relève de l’École des Droits naturels (je mets de côté les libéraux « utilitaristes »), s’est construit autour de l’idée que chaque individu doit se voir reconnu des libertés fondamentales qui découle de sa nature (et « précède » donc le politique, lequel n’est juste qu’à condition de servir de garant audits droits naturels). Or, si chaque individu dispose des mêmes droits, cela signifie bien qu’ils « naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1er de la DDHC, 1789).
 
Or la même idée est apparue longtemps avant la formation du libéralisme, dans le républicanisme romain (à ceci près qu’elle qualifiait les relations entre citoyens, et non entre tous les hommes). Cicéron écrit ainsi : « il n'y a plus de droits ni de règles dans une société dont les membres ne sont pas égaux. Si l'on ne veut point admettre l'égalité des fortunes, s'il faut avouer que celle des esprits est impossible, au moins doit-on établir l'égalité des droits entre tous les citoyens d'une même république. » (De Republica: http://oratio-obscura.blogspot.fr/2015/08/la-republique-de-ciceron-celuiqui.html)
 
Je n’ai pas assez étudié les travaux de Quentin Skinner pour me former un avis, mais il semblerait qu’il y est eu une influence de ce républicanisme romain sur la formation du libéralisme britannique, via le rôle de passeur qu’a joué Machiavel sur Hobbes.

 

Toujours est-il que pour la tradition républicaine, il n’y a pas de liberté sans égalité des droits, ce qu’admets également le libéralisme jusnaturaliste (Locke est même tellement égalitaire qu’il envisage des limitations du droit de propriété). Or cette égalité juridique des citoyens ne peut pas être pleinement compatible avec l’institution monarchique, qui appartient à un univers mental tout à fait distinct. Il suffit de se rappeler de l’antagonisme entre la philosophie des Lumières et l’Ancien Régime pour s’en convaincre. Ou encore de juger du degré de libéralisme des régimes de la Restauration…

 

Et même dans le cas d’une monarchie constitutionnelle (donc dans une certaine mesure libérale-démocratique), l’égalité en droits ne peut jamais être réalisé du fait de la différence légale qui persiste entre le Souverain et ses sujets. Comme dit un bon représentant français du courant libéral-républicain :

 

« L'hérédité n'est-elle pas une sorte d'apothéose, ne met-elle pas entre deux êtres nés avec les mêmes facultés et les mêmes droits une distance que la nature condamne. Si le trône est héréditaire, n'étendez-vous pas cette apothéose à une famille entière. Ne vaudrait-il pas mieux choisir un Roi par le sort comme Davius ou Saül. N'est-ce pas outrager au peuple que de lui dire le hasard est préférable à votre jugement. Et vous êtes si ignorants et si corrompus, vous êtes tellement indignes de choisir ceux qui vous gouvernent qu'il vaut mieux pour vous laisser au hasard le droit de désigner celui qui les choisira (plutôt) que de vous en charger. J'avoue que ce mépris du peuple, renfermé dans toute [...] d'hérédité, a toujours naturellement révolté mon âme amie de l'égalité. » (Condorcet, Lettre à Sieyès)

 

Par conséquent, si un tel régime est libéral, ce sera en dépit de la monarchie plutôt que grâce à elle.

 

Ceci étant exposé, je vais maintenant parler du rapport entre démocratie, république et libéralisme.

 

Il faut commencer par dire que, contrairement à une caricature fréquente, les libéraux ne sont pas par principe contre la démocratie. J’ai cité Condorcet, mais on pourrait aussi se souvenir des positions d’Aron, de Mises (cf ma signature), de Gobetti, ou encore du fait que Tocqueville a pris parti pour la République et contre Louis Bonaparte. Ce que les libéraux redoutent, ce n’est pas la démocratie en soi, mais les excès démagogiques, clientélistes et liberticides dans lesquels elle peut sombrer. Mais cette approche sobre n’est pas incompatible avec le fait de prendre position en faveur de gouvernement du peuple (cf la citation de Machiavel dans ma signature). Et c’est d’ailleurs dans cette prudence que réside en partie la différence entre démocratie et République. Comme disait Régis Debray, la République, c’est la démocratie plus quelque chose. Et ce quelque chose en plus, ce sont notamment des garde-fous constitutionnels et institutionnels pour éviter, limiter, freiner, les tentations égalitaristes et liberticides que Tocqueville associait aux « temps démocratiques ». Comme dit Cicéron : « Il n'est pas d'État à qui je refuse plus péremptoirement le nom de république, qu'à celui où la multitude est la souveraine maîtresse. ». Et encore : « la démocratie sans frein nous donne le triste spectacle d'une multitude qui s'emporte aux derniers excès de la fureur ». Pour moi, une République, c’est cela : une démocratie qui a des freins.

Cela implique également qu’une République doit se caractériser par la laïcité de l’Etat (et non de la société, aberration contemporaine promue à gauche comme à droite). Là où la monarchie est tentée par l’alliance du trône et l’autel (car comment justifier le statut d’exception du Souverain, sinon par une conception religieuse de l’Etat ?), une République doit être laïque, comme l’était la Turquie jusqu’à une date récente. Mais cela signifie seulement que ses agents, qui agissent au nom de la collectivité, ne manifestent pas leurs appartenances religieuses, pour éviter d’être accusés de partialité. L’espace public peut quant à lui être traversé par une pluralité religieuse, parce que l’homogénéité que j’évoquais plus haut est liée au territoire, à la volonté de vivre sous les mêmes lois, aux droits communs des citoyens, pas aux mœurs (religieuses ou non). La République n’a pas à produire ou à exiger une homogénéisation culturelle ou confessionnelle, celle-ci se produira (ou pas) dans la société civile. Et si la dynamique d’évolution de la société pousse une partie des citoyens au désir de faire sécession, hé bien, c’est malheureux, mais l’Etat n’a pas à conserver sa population par la force (comme l’a tenté la monarchie britannique face à la jeune république américaine, soit dit en passant). Le principe selon lequel « La République est une et indivisible » est seulement un principe d’intégrité territoriale face aux autres Etats : aucune partie du territoire ne peut être occupée, conquise, ou cédé contre paiement.

En ce qui concerne le débat « centralisme versus décentralisation », je serais plutôt partisan de ne pas aller contre l’histoire propre à chaque pays. Je saisis mal l’enthousiasme « girondin » de certains libéraux. Comme si le fait de renforcer les échelons locaux ne se traduisait pas par une croissance accélérée de leurs administrations (regardez la réforme territoriale de Hollande) ! Et ce, pour une inefficacité toujours croissante…

 

Quand je lis les discussions, j’ai l’impression de retrouver un schéma de pensée courant dans la gauche radicale : on pense les institutions comme quelque chose de purement extérieur, d’inaccessible, que l’on ne pourra jamais occuper pour réformer, et donc, tout espoir électoral étant implicitement rejeté, on se demande comment paralyser au maximum les institutions pour em….. les autres forces politiques. Ainsi Rincevent nous transforme le principe de séparation des pouvoirs en une recherche de la meilleure façon dont les institutions pourront « se paralyser »… Puisque le pouvoir est un mal en soi, ou en tout cas un outil à jamais hors de portée… Ce que j’appellerais un « défaitisme méthodologique », qui a sa cohérence, mais qu’on peut ne pas partager… Au contraire, si on pense que les institutions ont pour but de garantir les droits, il faut qu’elles fonctionnent. Et si on croit possible de les diriger pour réformer, il faut également que gouverner soit possible. On ne peut pas à la fois vouloir un bouleversement radical à la Thatcher et un Etat faible et paralysé…

 

Dans cette optique, la Vème république, dans sa forme actuelle qui rend la cohabitation quasi-impossible, me semble parfaitement capable de permettre de gouverner. Et beaucoup plus stable et cohérente, beaucoup plus capable de surmonter une situation de crise que ne l’étaient les 3ème et 4ème République. De ce point de vue, même si on n’aime pas la politique économico-sociale de De Gaulle, je trouve que les institutions qu’il a fondé sont efficaces et pérennes.

 

Donc, au risque de choquer à nouveau, le régime républicain de la France contemporaine me semble, à peu de choses près, aussi parfait qu’il soit possible de l’être. Le battage médiatique de la gauche radicale autour de la « sixième république » est un non-sens. Les problèmes politiques de notre pays ne sont pas d’origine institutionnelle. Ils tiennent soit au problème de la souveraineté, soit aux contenus concrets des politiques menées.

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Texte très intéressant.

 

Je veux juste faire une remarque sur ce paragraphe:

 

 

Le libéralisme, dans sa branche dominante qui est relève de l’École des Droits naturels (je mets de côté les libéraux « utilitaristes »), s’est construit autour de l’idée que chaque individu doit se voir reconnu des libertés fondamentales qui découle de sa nature (et « précède » donc le politique, lequel n’est juste qu’à condition de servir de garant audits droits naturels). Or, si chaque individu dispose des mêmes droits, cela signifie bien qu’ils « naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1er de la DDHC, 1789).

 

Il traduit deux points avec lesquels j'ai beaucoup de mal:

 

- la confusion entre la nature de l'Homme ( et sa dignité) et le fait d'en déduire un certains nombre de droits en contradiction total avec la logique du Droit (un droit est un rapport ce qui signifie au minimum deux pôles différents, un droit rattaché à une personne dans rien autour est un non sens). Pour plus d'informations je renvoi au Droit et les droits de l'Homme de Michel Villey

 

- l'idée que l'Homme précède le politique: cela réfère a contrat social qui est pour moi une vaste fumisterie. L'Homme étant un être social il est dans le politique dès l'instant où il existe. justifier le respect des droits et libertés individuelles sur une prétendue ancienneté de l'être par rapport au politique est une idée fausse.

 

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- l'idée que l'Homme précède le politique: cela réfère a contrat social qui est pour moi une vaste fumisterie. L'Homme étant un être social il est dans le politique dès l'instant où il existe. justifier le respect des droits et libertés individuelles sur une prétendue ancienneté de l'être par rapport au politique est une idée fausse.

Je pense que précède doit être compris au sens structural. L'homme étant l'élément basique (brique) et la politique se mêlant d'agencer les briques. C'est plus ça le point que la question de temporalité/ancienneté.

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Texte très intéressant.

Merci, venant de toi ça me touche. D'autant que j'ai bien conscience que ce que j'ai écris comporte des fragilités et des points de tension.

 

- la confusion entre la nature de l'Homme ( et sa dignité) et le fait d'en déduire un certains nombre de droits en contradiction total avec la logique du Droit (un droit est un rapport ce qui signifie au minimum deux pôles différents, un droit rattaché à une personne dans rien autour est un non sens). Pour plus d'informations je renvoi au Droit et les droits de l'Homme de Michel Villey

Je ne peux pas te répondre précisément avant d'avoir lu Villey. Mais c'est prévu.

 

- l'idée que l'Homme précède le politique: cela réfère a contrat social qui est pour moi une vaste fumisterie. L'Homme étant un être social il est dans le politique dès l'instant où il existe. justifier le respect des droits et libertés individuelles sur une prétendue ancienneté de l'être par rapport au politique est une idée fausse.

 

Je suis d'accord que l'idée de contrat social est hautement problématique, une sorte d'abomination mentale, au moins à première vue. Mais le fait est qu'une très grande part de la pensée moderne, de l'École de Salamanque à Kant (et même jusqu'à Mises), s'appuie là-dessus. Il faut essayer de comprendre pourquoi. Et également de comprendre le statut de l'idée: état historique réel, ou fiction méthodologique (à l'utilité elle-même discutable) ? Plusieurs commentateurs de Hobbes et Rousseau affirment que pour eux l'état de nature est une simple fiction, il n'existe pas mais sert à faire comprendre ce qui est...

Pour l'essayiste marxiste Tom Thomas, la théorie contractualiste est le pendant idéologique du développement de la bourgeoisie: http://hydre-les-cahiers.blogspot.fr/2016/03/histoire-du-proces-dindividuation.html#!/2016/03/histoire-du-proces-dindividuation.html

 

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Merci, venant de toi ça me touche. D'autant que j'ai bien conscience que ce que j'ai écris comporte des fragilités et des points de tension.

 

Ton texte est intéressant et j'en comprend tout a fait la logique interne, simplement ce n'est pas ce que en quoi je fonde ma perception de ce sujet.

 

 

 

Je ne peux pas te répondre précisément avant d'avoir lu Villey. Mais c'est prévu.

 

Si tu as le courage commence par les fondements de la pensée juridique moderne mais c'est plus long ;)

 

 

 

Mais le fait est qu'une très grande part de la pensée moderne, de l'École de Salamanque à Kant (et même jusqu'à Mises), s'appuie là-dessus.

 

C'est ce qui me pose beaucoup de problème avec ces courants, c'est qu'ils partent d'une hypothèse qui est fausse.

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C'est vrai. C'est pour ça que j'ai pris l'exemple de notre Troisième République, ça permet de regarder aussi les défauts qu'elle avait. Je te suis aussi sur le fait que le principal se joue chez les individus, dans les esprits, les principes et les aptitudes. Les institutions sont importantes parce qu'elles sont le cadre dans lequel les individus agissent.

Les institutions de la Quatrième étaient légèrement mieux équilibrées (le rôle légèrement plus étendu du Président stabilisait un peu les gouvernements qui avaient tendance à sauter pour un rien sous la Troisième), mais le contexte était effroyablement mauvais. Les deux plus gros blocs (communistes à gauche, gaullistes à droite) ne pensaient qu'à renverser le régime. Pour les en empêcher, les "apparentements" furent institués, ce qui protégea le régime à court terme, mais furent considérés comme un déni de démocratie par la plupart des gens, et contribua à moyen terme au renversement du régime.
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Le libéralisme, dans sa branche dominante qui est relève de l’École des Droits naturels (je mets de côté les libéraux « utilitaristes »), s’est construit autour de l’idée que chaque individu doit se voir reconnu des libertés fondamentales qui découle de sa nature (et « précède » donc le politique, lequel n’est juste qu’à condition de servir de garant audits droits naturels). Or, si chaque individu dispose des mêmes droits, cela signifie bien qu’ils « naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1er de la DDHC, 1789).

 

L'argument de l'égalité en droit est souvent utilisé pour défendre la république face à la monarchie, car en république tout le monde peut en théorie accéder à la tête de l'Etat tandis que ce n'est pas le cas en monarchie (remarque, ce n'est pas forcément vrai puisqu'une monarchie peut être élective). Pourtant à mon sens la liberté c'est avant tout pouvoir faire ses propres choix librement et sans entraves tant que l'on ne porte pas atteinte aux libertés d'autrui, pas d'octroyer la "liberté" à tout le monde de faire des choix pour les autres.

 

Donc, pour prendre le cas d'une monarchie héréditaire, tout le monde ne peut certes pas accéder au trône mais quel est le problème avec ça si à côté il y a une séparation des pouvoirs importante et que les droits individuels de la population sont strictement respectés ? Surtout qu'en monarchie la distinction entre gouvernants et gouvernés est on ne peut plus claire et si le roi abuse trop de son pouvoir la révolte de la population est bien plus probable qu'en démocratie (où tout le monde se croit dirigeant et tolère donc bien davantage les abus de pouvoir de la part de l'Etat), ce qui est bien plus efficace pour éviter la tyrannie que d'octroyer la "liberté" à tout le monde de diriger les autres.

 

Avec ça je ne défend pas la monarchie dans l'absolu car elle contient aussi pas mal de défauts et n'est au final que la forme de l'Etat, ce qui est moins important que le fond (séparation des pouvoirs, respect des droits individuels, décentralisation, etc), j'adopte simplement le même point de vue que Hoppe à ce sujet qui est : en ayant uniquement le choix entre monarchie et démocratie, la monarchie est la forme de gouvernement la moins susceptible de dériver vers un Etat-Providence obèse car, contrairement à un président élu démocratiquement qui pense uniquement à court terme car de toute façon il ne restera à son poste que 4 ou 5 ans et qui sera donc plus susceptible de céder à la démagogie, un roi est plus susceptible de faire des choix plus rationnels et à long terme car il restera au poste toute sa vie. Et si augmenter les impôts et mener des politiques socialistes peut être un choix rentable sur le court terme pour le président pour des raisons électorales et clientélistes, c'est clairement un mauvais choix sur le long terme et un roi, de par la durée à vie de son mandat, est logiquement plus susceptible de faire ses choix sur le long terme.

 

Bref, je pense clairement que si on veut aller vers plus de liberté l'association Etat unitaire + république démocratique est vraiment un des pires choix qui soient. Je ne dis pas non plus qu'une république est dans tous les cas un plus mauvais choix qu'une monarchie mais simplement que dans tous les cas la monarchie/république en question doit être accompagnée d'une importante décentralisation et dotée de très nombreux contre-pouvoirs, c'est le plus important.

 

 

En ce qui concerne le débat « centralisme versus décentralisation », je serais plutôt partisan de ne pas aller contre l’histoire propre à chaque pays.

 

Je suis d'accord pour dire qu'avant de proposer un type de régime il est important de regarder l'histoire, les traditions et le contexte du pays en question, mais je ne vois pas en quoi vouloir plus de décentralisation ce serait aller contre l'histoire du pays. Bien au contraire dans le cas de la France d'ailleurs, puisque l'histoire de France n'a pas commencé à la révolution française (ce que semble oublier l'intégralité de la scène politique actuelle en France, qui utilise désormais les mots "République" et "France" quasiment comme des synonymes), et l'ancien régime était bien plus décentralisé et les particularités locales bien plus prégnantes que ce n'est le cas dans la république jacobine actuelle qui est probablement une des plus centralisées d'Europe à l'heure actuelle.

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Les institutions de la Quatrième étaient légèrement mieux équilibrées (le rôle légèrement plus étendu du Président stabilisait un peu les gouvernements qui avaient tendance à sauter pour un rien sous la Troisième), mais le contexte était effroyablement mauvais. Les deux plus gros blocs (communistes à gauche, gaullistes à droite) ne pensaient qu'à renverser le régime. Pour les en empêcher, les "apparentements" furent institués, ce qui protégea le régime à court terme, mais furent considérés comme un déni de démocratie par la plupart des gens, et contribua à moyen terme au renversement du régime.

 

A côté, la IIIème n'a sauté que parce que le contexte était effroyablement mauvais (et pour cause !). Malgré sa supposée faiblesse, elle a survécu à quelques crises politiques et économiques, ainsi qu'à une Guerre Mondiale, en réussissant toujours à sortir un Waldeck-Rousseau ou un Clemenceau lorsque ça sentait trop le roussi.

Quant à l'instabilité de la IVème, son malheur est de n'avoir eu sous la main que De Gaulle alors que l'Algérie s'en allait ; alors que De Gaulle ne voulait pas de ce régime.

 

Et pour en revenir à la Vème, je pense souvent qu'elle est morte avec l'établissement du quinquennat. La nature du régime est différente depuis (et pas seulement parce que le pouvoir est trusté par des nuls).

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Et pour en revenir à la Vème, je pense souvent qu'elle est morte avec l'établissement du quinquennat. La nature du régime est différente depuis (et pas seulement parce que le pouvoir est trusté par des nuls).

Pour Aron, elle était déjà morte (ou en tout cas, avait radicalement changé de nature, du genre "j'avais pas voté pour ça, remboursez !") lorsque De Gaulle a imposé l'élection du président au suffrage universel.
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