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Vitalité du capitalisme


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La tendance au catastrophisme est forte, plus encore en période de crise. Je trouve que le dernier article de Jacques Bainville, écrit sur son lit de mort, est toujours un rappel salutaire de la sagesse entrepreneuriale, de l’art d’être capitaliste comme il dit.

Il était atteint d’un cancer de l’œsophage depuis des années quand il écrivait ces lignes et, d’après ses proches, gardait un esprit intact malgré les souffrances physiques. Cet article est là pour en témoigner, sa vivacité d’esprit n’avait pas été atteinte.

 

 

"Vitalité du capitalisme", Le Capital, 13 février 1936.

 

    Selon le mot célèbre, il est des morts qu'il faut qu'on tue. Et il y a aussi ces gens qu'un personnage de théâtre tuait et qui se portaient assez bien.

 

    Tel est le cas du capitalisme. Avait-on assez annoncé qu'il se mourait, qu'il était mort ? « Vieillard, va-t-en donner mesure au fossoyeur. » On le traitait comme un cadavre. On répétait le classique jam foetel « il pue déjà ». Il y a peu de temps encore, dans un congrès socialiste, un orateur s'écria superbement : « Nous n'aurons même pas besoin de le renverser. Il tombe tout seul. Il s'éboule. »

 

    Au fond, cette idée était de celles que Karl Marx appelait avec mépris « petites bourgeoises ». Elle se composait d'un mélange d'esprit catastrophique, de pessimisme et de panique. Elle était inspirée par la « crise ». Tout le monde sait que le gros public, moutonnier, n'achète jamais en baisse. Il suffit qu'une valeur descende à la Bourse pour qu'il la croie perdue. Il croit bon tout ce qui monte. Il ne connaît pas de milieu entre la hausse illimitée et la chute verticale et sans remède.

 

    Quand l'homme de la rue a vu fondre les bénéfices, diminuer ou disparaître les dividendes, il s'est naturellement imaginé que c'était fini, que la prospérité ne reviendrait jamais, que le système touchait à sa fin. Le capitaliste qui désespère de son titre n'est pas dans un état d'esprit différent de celui du socialiste qui attend « l'éboulement »  et la « lutte finale ».

 

    Cependant, toutes les entreprises n'ont pas sombré. Tous les grands trusts ne se sont pas effondrés. Il y a des affaires qui ont tenu bon. Et même les cours remontent. Ils ont souvent doublé en un an. Le capitalisme n'est-il donc pas mort ? Non, petit bonhomme vit toujours. Il n'en est pas à ses premières alertes. Il a passé par bien d'autres affres. Qu'on le demande plutôt à ces « deux cents familles » que le Rassemblement populaire dénonce comme une puissance affreuse et féodale, sans d'ailleurs les désigner une par une. On le regrette. Ce serait bien mieux s'il les nommait. On verrait qu'il n'en est pas une seule, pourvu qu'elle soit un peu ancienne, qui n'ait connu dans son histoire des moments où elle a paru tout près de la ruine. Et, sans parler des disparues, les plus puissantes ont été parfois les plus menacées. Elles n'ont pas oublié qu'elles ont souvent tremblé sur leurs bases.

 

    Le capitalisme ne « s'éboule » pas pour la raison qu'il s'est toujours éboulé. Il est fait d'une suite de destructions et de constructions. L'inimitable dandy, le Brummel de notre pays et de notre temps, Bonide Castellane, enseignait aux gens de son monde « l'art d'être pauvre ». Il y a aussi un art non seulement d'être riche mais d'être capitaliste, art qui consiste à savoir d'abord que les richesses ne sont pas éternelles, qu'elles sont fragiles et ensuite qu'elles se reforment sans cesse, dans d'autres conditions, rarement d'ailleurs entre les mêmes mains.

 

    Imaginez un peu ce que les contemporains de la Révolution française ont pu penser de l'avenir du capitalisme. Si le mot, alors, n'était pas employé, la chose existait. Si les valeurs mobilières n'étaient ni aussi nombreuses ni aussi répandues qu'aujourd'hui, elles étaient fort loin d'être inconnues. La haute, moyenne et petite bourgeoisie vit s'entr'ouvrir l'abîme, lorsque furent anéanties ces actions de la Compagnie des Indes, qui figuraient, comme on dirait aujourd'hui, dans les portefeuilles les mieux composés  La modeste dot que Mme de Chateaubriand avait apportée à son illustre époux consistait en rentes sur le clergé qui passaient pour être d'une solidité à toute épreuve et qui étaient en effet supérieurement gagées. Seulement le gage s'évanouit et, un jour, le futur auteur des Mémoires d'Outre-Tombe reçut pour toute compensation un lot d'assignats, qu'il eut, par surcroît, le malheur d'oublier dans un fiacre.

 

    Il y eut pourtant des affaires qui survécurent à la tourmente révolutionnaire et aux mesures, d'un communisme incontestable, qui furent prises alors. Saint-Gobain, qui remonte au dix-septième siècle, vit toujours, après des hauts et des bas. Cependant un officier d'artillerie, qui s'appelait Choderlos de Laclos, l'auteur fameux des Liaisons  dangereuses, recommandait à sa femme, au cas où il viendrait à disparaître,de ne se défaire, sous aucun prétexte de ses « charbons d'Anzin » dont il possédait des parts. Moraliste et psychologue, Laclos avait confiance dans l'avenir du capitalisme.

 

    Ce sont des choses qu'on se rappelle avec un certain plaisir philosophique. Nous ne mentionnerons pas non plus sans une douce et paisible ironie qu'au début de ce siècle, un journal financier très sage, très pondéré, archibourgeois et archiprudent avait organisé un concours parmi ses lecteurs non moins graves que lui pour les inviter à désigner les deux meilleures valeurs du monde. La majorité des suffrages s'était portée sur l'action des Chemins de Fer du Nord et sur l'action de la Banque de Paris et des Pays-Bas. Assurément ce n'est pas le résultat que le même genre de plébiscite donnerait aujourd'hui. Qui se hasarderait à décerner cette palme et à nommer le phénix des valeurs ?

 

    Mais les valeurs mobilières sont comme les feuilles, les fleurs et les oiseaux. Elles tombent, s'envolent et renaissent. Elles sont aussi comme les livres et les chansons qui ont leur destin. Enfin elles sont faites surtout pour les villes, où l'on oublie vite.

 

    À la campagne, la mémoire est plus longue. L'expérience compte plus et profite mieux. Le capitalisme est un mot abstrait qui n'offre pas beaucoup de sens. On sait ce que c'est que la propriété sous sa forme la plus visible et la plus tangible qui est la propriété foncière, la seule que l'on croie vraiment solide. Pourtant, celle-là même qui est au « soleil », on la sait sujette aux fluctuations et aux accidents. Il est encore des vieillards qui se souviennent de la crise agricole de 1892-1893. Alors les terres se louaient à vil prix. Parfois elles étaient abandonnées. Les propriétaires purent se croire ruinés. Et les prétendants prenaient la fuite lorsqu'ils apprenaient que la dot consistait en fermes.

 

    Il y a douze ou quinze ans, au moment du grand engouement pour la terre valeur réelle, les anciens,au fond des provinces, hochaient la tête. Ils disaient que ça ne durerait pas. Et ils n'imposaient à leurs fermiers que des baux raisonnables, ils refusaient de les mettre au coefficient 7 ou 5 en faisant cette prophétie : « À quoi cela nous servira-t-il,puisque ce sont des prix que, tôt ou tard, ils ne pourront pas payer ? »

 

   Telle est la sagesse du capitalisme rural lequel est essentiellement traditionnel et modéré et, pour cela même, éternel. Il sait que les peupliers ne montent pas jusqu'au ciel, que les chênes ne plongent pas leurs racines jusqu'au centre de la terre, que rien ne va jamais de plus en plus ni de moins en moins, que les catastrophes sont souvent individuelles, bien rarement collectives et totales et que ceux qui les attendent ressemblent à ces hommes qui redoutaient l'an mil et s'abstenaient de fonder et de travailler, tandis que les plus sensés, au lieu de penser à la fin du monde, continuaient leurs petites affaires.

 

 

 

Source : La fortune de la France

 

  • Yea 2
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La vivacité d'esprit de Bainville ne l'empêche pas de dire des choses très approximatives (pour être aimable), je pense à la "tourmente révolutionnaire et aux mesures, d'un communisme incontestable, qui furent prises alors."

Si les mots ont un sens, le communisme est la "Théorie visant à mettre en commun les biens matériels. Formation économique et sociale caractérisée par la mise en commun des moyens de production et d'échange, par la répartition des biens produits suivant les besoins de chacun, par la suppression des classes sociales et l'extinction de l'État qui devient l'administration des choses." ("Communisme", définition sur Larousse.fr : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/communisme/17572).

On voit donc qu'on ne peut en toute rigueur pas vraiment parler de mesures communistes ; tout au plus peut-on utiliser le terme pour qualifier une situation ou un état de la société (ou d'une partie de la société).

Pour ce qui est de la Révolution française, j'imagine que Bainville pense au maximum, c'est-à-dire à une interdiction de vendre le pain au-delà d'un certain prix. Mais il n'est pas rigoureux de qualifier le contrôle des prix (surtout limité à une seul cas) de "communisme", sauf à voir du communisme partout, ce qui est une fâcheuse tendance des libéraux.

Enfin, sur le lien entre jacobinisme et socialisme, je laisse la parole à Michelet (qui n'est certes pas toujours fiable, mais tout de même): « Robespierre venait justement se poser sous un aspect nouveau, "en guillotinant l'anarchie". C'est ainsi qu'il appelait les premiers socialistes, Jacques Roux, etc. Au cœur de Paris même, dans les noires et profondes rues ouvrières (des Arcis, Saint-Martin), fermentait le socialisme, une révolution sous la Révolution. Robespierre s'alarma, frappa et se perdit. [...] Extraordinaire méprise. Dans ses douze volumes, Louis Blanc prend Robespierre pour un apôtre et un symbole du socialisme, qu'il frappait et qui le tua. » (Jules Michelet, Histoire de la Révolution française)
 
Marx n'a d'ailleurs jamais considéré les jacobins comme des précurseurs du communisme, à la différence de Babeuf (qui pour le coup n'a jamais été au pouvoir).

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Les libéraux voient des socialistes partout. ;)

 

Oui, certains manquent du sens de la nuance. Arendt affirme d'ailleurs (dans La Crise de la culture) que les penseurs libéraux n'ont pas été capables de penser le totalitarisme parce qu'ils n'arrivent pas à distinguer autrement qu'entre régimes liberticides et régimes non liberticides.

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La vivacité d'esprit de Bainville ne l'empêche pas de dire des choses très approximatives (pour être aimable), je pense à la "tourmente révolutionnaire et aux mesures, d'un communisme incontestable, qui furent prises alors."

Si les mots ont un sens, le communisme est la "Théorie visant à mettre en commun les biens matériels. Formation économique et sociale caractérisée par la mise en commun des moyens de production et d'échange, par la répartition des biens produits suivant les besoins de chacun, par la suppression des classes sociales et l'extinction de l'État qui devient l'administration des choses." ("Communisme", définition sur Larousse.fr : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/communisme/17572).

On voit donc qu'on ne peut en toute rigueur pas vraiment parler de mesures communistes ; tout au plus peut-on utiliser le terme pour qualifier une situation ou un état de la société (ou d'une partie de la société).

Pour ce qui est de la Révolution française, j'imagine que Bainville pense au maximum, c'est-à-dire à une interdiction de vendre le pain au-delà d'un certain prix. Mais il n'est pas rigoureux de qualifier le contrôle des prix (surtout limité à une seul cas) de "communisme", sauf à voir du communisme partout, ce qui est une fâcheuse tendance des libéraux.

Enfin, sur le lien entre jacobinisme et socialisme, je laisse la parole à Michelet (qui n'est certes pas toujours fiable, mais tout de même): « Robespierre venait justement se poser sous un aspect nouveau, "en guillotinant l'anarchie". C'est ainsi qu'il appelait les premiers socialistes, Jacques Roux, etc. Au cœur de Paris même, dans les noires et profondes rues ouvrières (des Arcis, Saint-Martin), fermentait le socialisme, une révolution sous la Révolution. Robespierre s'alarma, frappa et se perdit. [...] Extraordinaire méprise. Dans ses douze volumes, Louis Blanc prend Robespierre pour un apôtre et un symbole du socialisme, qu'il frappait et qui le tua. » (Jules Michelet, Histoire de la Révolution française)

 

Marx n'a d'ailleurs jamais considéré les jacobins comme des précurseurs du communisme, à la différence de Babeuf (qui pour le coup n'a jamais été au pouvoir).

 

Oui, l'utilisation du terme "communiste" est peut-être un petit peu polémique. Pour affirmer cela je pense que Bainville ne faisait pas seulement référence au contrôle des prix mais aussi à des mesures comme la confiscation des biens du clergé.

 

Après pour qualifier ça on pourrait dire "socialiste", si le mot apparaît moins fort ou disons moins avancé dans l'aspect totalitaire.

 

Enfin ça ne reste qu'un qualificatif et le format de l'article de presse ne permet pas toujours de nuancer comme il faut.

 

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Oui, l'utilisation du terme "communiste" est peut-être un petit peu polémique. Pour affirmer cela je pense que Bainville ne faisait pas seulement référence au contrôle des prix mais aussi à des mesures comme la confiscation des biens du clergé.

Les biens du clergé (acquis au terme de siècles d'impôts dans la légitimité est un sujet de discussion en soi), ont été nationalisés pour garantir l'assignat. On ne peut pas non plus considérer les nationalisations comme "communistes", parce que la chose nationalisée devient propriété de l'Etat, elle n'est pas distribuée égalitairement à tout le monde...

 

Après pour qualifier ça on pourrait dire "socialiste", si le mot apparaît moins fort ou disons moins avancé dans l'aspect totalitaire.

A la limite çe serait mieux, socialisme étant plus polysémique (on va dire que ça peut inclure l'Etat initiateur de grands travaux à la Louis Blanc aussi bien que le marxisme).

Et je ne dirais pas que le terme "communisme" à quoi que ce soit de totalitaire en soi. Le communisme volontaire en petites communautés utopiques n'est pas un problème. Le problème c'est la violence (donc la violence d'Etat).

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Les biens du clergé (acquis au terme de siècles d'impôts dans la légitimité est un sujet de discussion en soi), ont été nationalisés pour garantir l'assignat. On ne peut pas non plus considérer les nationalisations comme "communistes", parce que la chose nationalisée devient propriété de l'Etat, elle n'est pas distribuée égalitairement à tout le monde...

 

C'est vrai qu'ils ont été utilisé surtout pour renflouer les caisses de l’État on va dire.

 

Et le communisme concret, en URSS par exemple, n'était pas égalitaire non plus. Sur le papier oui, dans la réalité non, et je pense que Bainville parle de "communisme" comme celui qu'on a observé concrètement.

 

 

A la limite çe serait mieux, socialisme étant plus polysémique (on va dire que ça peut inclure l'Etat initiateur de grands travaux à la Louis Blanc aussi bien que le marxisme).

Et je ne dirais pas que le terme "communisme" à quoi que ce soit de totalitaire en soi. Le communisme volontaire en petites communautés utopiques n'est pas un problème. Le problème c'est la violence (donc la violence d'Etat).

 

Oui, comme je le disais c'est le communisme au sens de comment il s'est concrètement manifesté. Pour ce qui est de systèmes coopératifs ou autogestionnaires les socialistes n'ont rien inventé de bien particulier, et ceux-ci peuvent très bien exister dans une société libérale effectivement.

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Et le communisme concret, en URSS par exemple, n'était pas égalitaire non plus.

 

On ne devrait donc en toute rigueur pas parler de communisme à cet endroit, ce que les soviétiques ne faisaient d'ailleurs pas. L'URSS est l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (conformément à la théorie marxiste des stades de l'histoire, où l'Etat socialiste est censée être une forme transitoire avant la réalisation de la société communiste future...).

 

Parler d'Etat socialiste est plus précis, terme qu'utilise d'ailleurs Mises. Cela rend d'ailleurs plus simple les comparaisons entre l'URSS et les démocraties occidentales où l'Etat-Providence continue son expansion...

  • Yea 3
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Il y a des antilibéraux partout, mais ça n'en fait pas des socialistes. Colbert et Louis XIV n'étaient pas socialistes.

 

En même temps le libéralisme n'était pas vraiment présent à cette époque. Colbert fait partie de ce qu'on désigne par "mercantilisme", et suivant les pays et les États ç'a pu s'apparenter à ce qu'on appelle aujourd'hui du socialisme.

 

Quand on voit le monde aujourd'hui on pourrait parler de néomercantilisme d'ailleurs sur beaucoup d'aspects - et aussi pour embêter un peu ceux qui parlent de néolibéralisme, c'est toujours sympa.  

 

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On ne devrait donc en toute rigueur pas parler de communisme à cet endroit, ce que les soviétiques ne faisaient d'ailleurs pas. L'URSS est l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (conformément à la théorie marxiste des stades de l'histoire, où l'Etat socialiste est censée être une forme transitoire avant la réalisation de la société communiste future...).

 

Parler d'Etat socialiste est plus précis, terme qu'utilise d'ailleurs Mises. Cela rend d'ailleurs plus simple les comparaisons entre l'URSS et les démocraties occidentales où l'Etat-Providence continue son expansion...

 

 

Une erreur.

 

Effectivement. Bon, après ça ne reste que des qualificatifs, surtout que le communisme est avant tout une utopie et que si l'on s'en tient au sens strict et à la vision de Marx on ne peut en fait jamais rien désigner comme tel. Mais c'est vrai qu'en se basant sur la théorie marxiste le mot "socialiste" a plus de sens.

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Le communisme est avant tout une utopie et que si l'on s'en tient au sens strict et à la vision de Marx on ne peut en fait jamais rien désigner comme tel.

 

Non, tu as les expériences de communautés marginales que j'ai évoqué qui conviennent à l'adjectif. Ou l'organisation sociale de la caste des gardiens dans La République de Platon (fictive certes, mais source d'inspiration ultérieure).

 

Sans oublier les Kibboutz (en général les marxistes désespérés essayent de valoriser ce machin pour prouver que le communisme est réalisable) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kibboutz

 

Il y a aussi le problème du communisme primitif: https://fr.wikipedia.org/wiki/Communisme_primitif

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Le communisme ça peut marcher dans une communauté où il y a pas plus de personnes que le nombre de Dunbar (150 personnes).

 

Dans les sociétés tribales, jusqu'au mésolithique, les normes culturelles étaient communistes (la limite cognitive de Dunbar s'est imprimée dans la psyché humaine lors de la période des sociétés tribales pré-mésolithiques).

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Oui, disons qu'à notre époque ce qui peut être désigné comme communiste est extrêmement marginal.

 

Sinon, quelque chose me vient à l'esprit et c'est bon à savoir pour les lecteurs. Quand on lit Bainville il faut prendre en compte qu'il n'est pas universitaire, c'est un autodidacte, et qu'il vient au départ, quand il était adolescent, de la littérature. Du coup il n'y a pas toujours le souci d'une précision scientifique dans l'utilisation des mots. Ça ne l'empêche pas d'être précis par ailleurs, et d'avoir vu venir les deux grandes guerres du siècle passé.

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Arendt

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affirme d'ailleurs (dans La Crise de la culture) que les penseurs libéraux n'ont pas été capables de penser le totalitarisme parce qu'ils n'arrivent pas à distinguer autrement qu'entre régimes liberticides et régimes non liberticides.

C'est déjà mieux que toutes les autres idéologies.

 

Ou l'organisation sociale de la caste des gardiens dans La République de Platon (fictive certes, mais source d'inspiration ultérieure).

Non La République ça ne compte pas, c'est ironique.

 

Il y a aussi le problème du communisme primitif: https://fr.wikipedia.org/wiki/Communisme_primitif

Qui est un peu du bullshit quand même. On pourrait parler d'anarcapisme primitif avant l'apparition de l'état tant qu'on y est lol.
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Pour ce qui est de la Révolution française, j'imagine que Bainville pense au maximum, c'est-à-dire à une interdiction de vendre le pain au-delà d'un certain prix. Mais il n'est pas rigoureux de qualifier le contrôle des prix (surtout limité à une seul cas) de "communisme", sauf à voir du communisme partout, ce qui est une fâcheuse tendance des libéraux.

Le mot plus exact est en effet non pas communisme, mais plutôt socialisme (au sens de contrôle centralisé de l'économie).

En revanche, tu fais erreur en parlant de la loi du maximum de Mai 1793, qui institue un plafond pour le prix des grains. Il semble que Bainville parle plutôt de la loi du maximum général, de Septembre 1793, qui fixe un prix maximum pour la majeure partie des marchandises de base, y compris le travail. Là, ça va très loin dans le contrôle de l'économie par l'État, non ?

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Le mot plus exact est en effet non pas communisme, mais plutôt socialisme (au sens de contrôle centralisé de l'économie).

En revanche, tu fais erreur en parlant de la loi du maximum de Mai 1793, qui institue un plafond pour le prix des grains. Il semble que Bainville parle plutôt de la loi du maximum général, de Septembre 1793, qui fixe un prix maximum pour la majeure partie des marchandises de base, y compris le travail. Là, ça va très loin dans le contrôle de l'économie par l'État, non ?

 

Hum…on est en plein anachronisme pour le coup. Le maximum s'est essentiellement appliqué aux grains c'est à dire au pain reprenant sous une forme égalitaire en pleine Terreur une vieille revendication du peuple des villes, le pain bon marché : grand souci qu'avait la monarchie à Paris au moins.

D'autre part, l'administration centrale est presque inexistante, l'application dépend des administrations locales d'où une grande diversité de situation dans les faits : on est loin des Etats modernes.

Mais l'épisode confus du maximum, qui s'inscrit dans la surenchère égalitaire des factions révolutionnaires, se prête à ceux qui voient, des vieilles biques de l'Action française aux historiens marxistes, dans la Révolution les racines du socialisme.

 

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j'ajoute : le salariat était minoritaire à cette époque et le maximum des salaires (qui est le corrollaire logique du maximum des prix) s'est surtout appliqué dans les établissements contrôlés par l'Etat (les Manufactures pour l'effort de guerre). Le maximum était impopulaire puisqu'il empêchait les augmentations de salaire et il a contribué à détacher une partie du petit peuple du gouvernement révolutionnaire.

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Mais l'épisode confus du maximum, qui s'inscrit dans la surenchère égalitaire des factions révolutionnaires, se prête à ceux qui voient, des vieilles biques de l'Action française aux historiens marxistes, dans la Révolution les racines du socialisme.

 

 

En l'occurrence Bainville n'a jamais affirmé cela, pas à ma connaissance en tout cas. Il qualifie juste ces mesures de communistes, ce qui est maladroit.

 

Mais pour une critique de la Révolution, que ce soit sur l'action économique ou plus généralement politique, il n'y a même pas besoin de se payer les "vieilles biques", Edmund Burke l'avait déjà faite de manière plutôt brillante. 

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Il semble que Bainville parle plutôt de la loi du maximum général, de Septembre 1793, qui fixe un prix maximum pour la majeure partie des marchandises de base, y compris le travail. Là, ça va très loin dans le contrôle de l'économie par l'État, non ?

Bainville ne précise pas de quoi il parle, donc on ne peut que spéculer.

Sinon, vérification faite, le maximum a effectivement concerné davantage que le prix du pain: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du_maximum_g%C3%A9n%C3%A9ral

On peut à la rigueur parler de dérive socialiste de la République française dans la phase révolutionnaire de la Terreur. Mais l'association entre jacobinisme et socialisme reste erronée, car comme le dit bien wiki, le maximum est exigé par "les sans-culottes parisiens, emmenés par les Enragés et les Hébertistes", deux factions que Robespierre et Saint-Just ont combattu et purgé.

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