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Entreprises libérées : résumé et débat


ttoinou

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Salut à tous,

Je vous propose dans ce fil tout d'abord un mini résumé d'un livre que j'ai lu récemment et ensuite un débat sur les entreprises libérées. J'ai mis ce post dans la catégorie Économie car le but réel est de débattre au sujet des entreprises plus que de faire l'éloge ou la critique du bouquin (même si cela est nécessaire pour lancer le débat).

Avant propos : je rentre à peine dans le monde du travail, n'hésitez donc pas à ouvrir votre gueule bien fort si je dis une bêtise (vous pouvez faire une remarque sympathique si vous le souhaitez aussi).

 

https://www.youtube.com/watch?v=ZrAFpPbz7O4

Le bouquin s'appelle "Liberté et cie : quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises" et est écrit par Isaac Getz & Brian M. Carney dont voici la description :

 

Docteur en psychologie et en management, Isaac Getz est professeur à l’ESCP Europe à Paris et conférencier. Brian M Carney, ancien éditorialiste et rédacteur des pages «débats» du prestigieux Wall Street journal, est vice-président de la société Rivada Networks. Liberty & Cie est un best-seller depuis sa parution.

Voici la quatrième de couverture :

 

 

Connaissez-vous l’entreprise libérée ?

Depuis plusieurs décennies, des centaines d’entreprises, en France et dans le monde, ont été «libérées» par des dirigeants visionnaires. Suite à cela, leur rentabilité a explosé. Le secret de leur réussite ? Transformer l’organisation de leur firme sur la base de la confiance et de la liberté des salariés.

 

Dans les entreprises où nous invitent Brian Carney et Isaac Getz, on laisse les employés prendre des initiatives au lieu de leur dire comment faire. On les traite en adultes responsables au lieu de contrôler chacun de leurs faits et gestes. On favorise l’épanouissement personnel. Et l’on découvre qu’il n’y a rien de tel pour susciter une réelle motivation et révéler l’immense potentiel de chacun, salariés comme dirigeants.


Mini résumé

La méthode consiste à faire en sorte que l'environnement de l'entreprise permettre à tous les employés de se développer par eux même, s'auto-diriger, s'auto-motiver, réguler les actions des autres etc.. Cela passe aussi par inculquer une culture d'entreprise comprise, acceptées et suivi au quotidien par tous. Il s'agit donc d'arrêter d'essayer de diriger les employés ou d'essayer de motiver en vain les troupes, et d'avoir totalement confiance en eux dans la poursuite de l'activité de l'entreprise.

Cela a plein de conséquences qui peuvent nous paraître suicidaire pour l'entreprise : laisser les employés gérer les achats et la comptabilité, supprimer en grande partie la hiérarchie, réduire les inégalités de conditions de travail ou changer la façon dont est perçu le mérite (par exemple à l'ancienneté), laisser les employés faire leurs propres erreurs, s'abstenir de donner des ordres, laisser les employés décider d'eux-même leurs vacances, jours fériés, horaires et répartition de télé-travail, arrêter de quantifier les objectifs de travail, laisser les employés décider de la répartition et l'organisation du lieu de travail etc...

 

Extraits intéressants

(à venir selon la direction du débat)

Lien avec le libéralisme ?

On retrouve dans cet ouvrage quelques concepts du libéralisme appliqué au monde de l'entreprise :
- la liberté individuelle des employés dans leur travail quotidien et dans leurs objectifs. On leur fait confiance pour qu'ils sachent mieux que quiconque ce qui doit être fait ou pas. Tous les employés ont aussi confiance en leurs collègues ce qui crééé une solidarité de fait qui permet de travailler plus efficacement.
- la responsabilité des employés, ce qui permet à tous de s'améliorer en permanence. On refuse de contrôler les employés (calculer le temps de travail, déterminer un budget, un planning temporel pour les projets etc..) car cela serait une perte de temps et d'argent et ne permet pas pour autant de corriger leurs défauts (on peut venir au boulot sans travailler donc le pointage est dans une certaine mesure inefficace, apparemment les comptabilités peuvent être truquées pour faire plaisir au n+1, les deadlines peuvent aussi être reportées etc..)
 - On notera aussi qu'il y a une forme de responsabilité (ou contrôle ?) collective à l'échelle de l'entreprise (et non du niveau hiérarchique) : quelqu'un qui ne fait pas son travail se fera vite remarquer par ses collègues contrairement à un système hiérarchique où les collègues d'un même niveau ne font pas nécessairement de délation.
- égalité de traitement des employés entre eux (même si ils ne sont pas égaux dans les faits, par exemple ils ont des postes, des compétences et des salaires différents)
- D'après les auteurs cette façon de s'organiser est beaucoup plus efficace que les systèmes hiérarchiques

Foire aux questions en suspend

Quid du salaire et des primes ?

Dans le documentaire d'arte on peut voir à un moment que les employés d'une usine ont décidés collectivement du salaire de chaque poste ainsi que de la façon de calculer les primes. Les auteurs du livre donnent des exemples d'entreprises où le salaire est décidé par le patron, parfois où le sujet du salaire est tabou dans la culture d'entreprise. Dans le cas général les auteurs observent que même si le salaire est plus élévé à la concurrence, les employés préfèrent rester dans l'entreprise (turnover faible) ou alors ils partent mais reviennent quelques années après (surement à cause des mauvaises conditions de travail à la concurrence).
Dans le cas général on peut se faire la réflexion que le salaire de chacun des employés est fonction des compétences de l'employé au regard du marché du travail. Pourrait-on avoir une entreprise où le salaire de chacun est connu de tout le monde, où chacun pourrait en permanence proposer "publiquement" de renégocier son salaire ?


Peut-on et comment virer quelqu'un ?

Le livre donne l'exemple d'un patron qui a du virer un employé après de multiple problèmes de comportement (comme le bannissement sur ce site), mais ne donne pas d'exemple de déçision de patron virant un employé en rapport avec ses compétences professionnelles. Que faire de quelqu'un qui n'a vraiment aucune compétence à apporter à l'entreprise ou qui est extrêmement mauvais ? Comment choisir qui virer lorsqu'il y a un énorme plan social ? Est ce que les employés pourraient virer une personne non désirable, ou ce dernier partirait naturellement si il se rendait compte de la mauvaise qualité de ses relations avec autrui ?

Quid des entreprises IT ?

Plusieurs passages du livres font penser aux entreprises IT qui ont des traits en commun avec les entreprises libérées, mais chouchouter ses employés en avantages divers ne suffit pas à considérer l'entreprise comme libérée. Cette libération ne peut venir que des patrons et doit être philosophique pour pouvoir être mise en pratique de la meilleure façon.

Temps de travail ?

Même si le temps de travail n'est pas calculé, les employés passent tout de même un certaint temps à leurs tâches : comment faire en sorte qu'ils n'en font pas trop (personnes qui n'arrivent pas à se limiter) ou pas assez ? A la première possibilité on pourra répondre qu'il est du devoir de chaque employé de "vérifier" que ses collègues ne fassent pas de surménage. A la seconde on poura dire que les employés sont les mieux placés pour savoir quand ils peuvent travailler (emploi du temps, vie familiale..) et si ils sont en état de le faire (maladie, stress..). Mais on pourrait très bien imaginer quelqu'un qui travaille dans deux entreprises libérées différentes, recevant ainsi deux salaires alors qu'il pourrait juste travailler à plein temps dans l'une des deux. Est ce que ses collègues vont remarquer qu'il pourrait travailler 2 x plus ? Ou alors il pourrait réellement avoir un poste qui n'a besoin de travail que la moitié du temps, mais alors dans ce cas il devrait aussi avoir un salaire en conséquence.

Un anticapitaliste primaire pourra aussi objecter que cette façon de gérer les employés les mènent à leur perte et augmente leur aliénation : par exemple puisqu'il n'y a plus de pointage on peut forcer les employés à rester autant que le patron le veut. Ou encore les employés se sentiraient obligés " d'aimer " leur entreprise, ils vivraient au quotidien une surveillance mentale de la part de leurs collègues et ils l'exerceraient eux-mêmes sur leurs collègues à leur propre insu (débat sur le déterminisme toussa). On regardera le documentaire d'arte pour se délecter de ce genre d'avis (http://info.arte.tv/fr/le-bonheur-au-travail si vous arrivez à accéder au documentaire, je crois qu'il n'est plus en replay :( ).
 

Critiques du livre

Personnellement je n'ai pas compris un des chapitres du livre qui considère qu'une entreprise libérée a vocation à s'étendre de plus en plus jusqu'à être mondiale (je n'arrive pas à accepter la démonstration).
Une critique facile que l'on peut faire est qu'il est possible que certains types de hiérarchies soient adaptées à certaines situations (par exemple travail à la chaîne dans une usine). Dans l'ensemble le livre nuance son propre propos puisqu'il essaye de faire comprendre que ce qui y est prodigué ne sont pas des recettes magiques et que tout le travail du patron libérateur doit être d'adapter ces principes à l'entreprise en question.

 Face à certaines contraintes (employés qui ne veulent pas travailler ou acquérir de leur plein gré des compétences) on est obligé d'utiliser des méthodes de contrôle, mais cela peut venir du fait que ces employés ne sont pas habitués à ce qu'on leur fasse confiance : la poule ou l'oeuf ? Les obstacles à la libération d'une entreprise sont ainsi très nombreux : ceux qui occupent des postes privilégiés dans l'entreprise risquent de ne pas suivre, ceux qui sont en bas de la chaîne risquent de ne pas accepter autant de responsabilité etc.. Ainsi il est tout à fait possible qu'une majorité des employés ne veuillent pas de cette libération !

Un gros désavantage de la thèse du livre est, malgré beaucoup d’anecdotes intéressantes, le faible nombre d'entreprises libérées (moins d'une centaine dans le monde d'après ce que j'ai compris, à vérifier).

Des éloges sont faites par ci par là sur internet en reprenant ce qui est dit dans le bouquin. Des critiques négatives sont disponibles là http://www.parlonsrh.com/entreprise-liberee-entre-communication-et-imposture/ et là http://www.e-rh.org/index.php/emploi/les-articles-du-blog-3/194-entreprise-liberee-la-fausse-idee-neuve . Parmi les critiques : l'entreprise libérée pourrait nuire à la division du travail, la spécificité de chacun, empêcher ceux qui en ont besoin de gagner en expertise (et donc potentiellement en moyenne un nivellement par le bas), fragiliserait la résolution de conflits, diminuerait les possibilités d'évolution de carrières, empêcherait les dirigeants (ou ceux qui la détiennent) de donner véritablement une direction à l'entreprise (peu impote ce qu'en pense les employés). D'autres critiques insistent sur le fait que le bouquin ne dit rien de neuf (remise en cause du taylorisme, changement de nature de de l'encadrement intermédiaire) et vogue sur le mécontentement des employés. J'ai quand même l'impression qu'ils n'ont pas lu le livre et se contentent de critiquer ce qu'ils en ont entendu (ce livre ne promet pas de recette miracle contrairement à ce qui est souvent dit).
 
Applications concrètes du livre ?

Selon les auteurs, la grande majorité de nos entreprises ont pris des mauvaises habitudes de management et il est difficile de revenir en arrière pour la plupart d'entre elles. Si une libération réussie d'entreprise (ou création dès le début d'une entreprise libérée) permet de faire des économies, de meilleurs allocations de ressources et d'améliorer la qualité du produit, on peut penser que dans des situations de forte concurrence, les entreprises libérées vont être fortement avantagées et donc que ce modèle d'entreprise va se propager. J'ai personnellement la hantise des systèmes hiérarchiques et je ne leur ai jamais trouvé un quelconque avantage, j'aimerais donc avoir des avis pour me contredire. Que pensez-vous de la possibilité d'étudier un secteur particulier (en y travaillant par exemple) puis de lancer une entreprise concurrente libérée ?


Qu'en pensez-vous ?

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Largo Winch aura sans doute une opinion pertinente (et très tranchée), mais j'ignore si il verra ce fil.

Envoie lui un MP :) 

 

Il y a une confusion selon laquelle ce thème aurait quelque chose à voir avec le libéralisme. C'est important pour saisir la mécompréhension du libéralisme. 

C'est une réflexion que je me fait d'un pdv utilitariste (système plus efficace) et philosophique (le livre décrit pas mal la personnalité des patrons "libérateurs", source réelle de leurs décisions). Après je n'ai pas pensé cela juste parce qu'il y avait le mot buzz "libérer" mais petit à petit en lisant le livre

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Y'a une différence avec ce que les anglo-saxons appellent une "organisation horizontale" (exemple: Valve) ou c'est la même chose?

J'ai regardé ça y ressemble beaucoup et comme dans le livre pour continuer l'exemple de Valve il est dit sur internet que le boss y a autant de pouvoir que les autres employés. Sur le sujet des rémunérations apparemment il y a évaluation permanence de pair à pair pour décider des primes.

 

 

On dirait une description de l'entreprise en ruine dans "La grève" de Ayn Rand.

J'ai oublié le nom de la boîte mais la similitude est flagrante.

Pas encore lu :( .

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