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Du caractère facultatif (ou non) du droit en Anarcapie


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Certes, un anarcap désignera toujours le principe de non-agression comme une norme qu'il faut respecter, et au nom de laquelle d'ailleurs il condamnera toute idée d'Etat.

Mais il ne reconnaîtra par pour autant qu'il faut faire respecter ce principe.

Il verrait d'un bon œil le fait qu'en général les agresseurs soient poursuivis pour une compagnie de justice privée, mais cette action, si elle a lieu, n'est jamais en elle-même une décision de faire appliquer une norme.

Il s'agira juste de l'exécution d'un contrat.

Ce sont des normes qui déterminent un espace légitime pour les contrats (exemple typique du contrat d'esclavage), donc la norme précède le contrat. Voilà pour l'aspect purement théorique du problème.

 

Mais justement, rien ne garantit dans une société sans Etat que le Droit naturel et le principe de non-agression soient respectés non plus. L'anarchie n'implique pas nécessairement la jusnaturalie.

Donc je ne vois pas en quoi l'émergence d'un Etat, c'est à dire une mafia qui par la coercition impose des normes et commet des violences serait impossible et donc >contradictoire< avec l'anarchie. Et je parle de n'importe quel territoire donné, je n'ai pas besoin ici de la théorie nozickienne qui affirme la domination d'une des mafias sur les autres à long terme.

Ce que je vais dire là peut être paradoxal et vaut sûrement un nonossage mais nous vivons actuellement dans une anarcapie où des agences privées en concurrence ont des monopoles respectifs sur des territoires donnés et ont des normes plus ou moins liberticides. Nous avons toujours le choix de " voter avec nos pieds " pour aller dans des contrées où l'herbe nous semble plus verte et où le Droit naturel nous semble plus respecté. Certes, ces monopoles ne sont pas "légitimes" puisque reposant sur la force et non sur des contrats librement consentis, mais ces monopoles découlent naturellement d'une société anarchiste (qui ne condamne en aucun cas la violence de manière pré-établie ou institutionnalisé, et où le règne du droit pour reprendre le titre du topic est donc complètement facultative) qui n'exclue pas l'existence de la violence, comme dans toute société humaine.

Je suis très interpellé depuis un bon moment par des questionnements de ce genre, et au stade où j'en suis je dirais qu'effectivement on ne peut pas ne pas être en anarcapie. Du coup la bonne nouvelle est que les anarcaps ne sont certainement pas utopistes, la mauvaise est que la notion perd à peu près toute son utilité en tant que modèle de société (tout en ouvrant grand la porte vers l'agorisme).

On se retrouve donc devant la question suivante : outre l'anarcapie qui est de fait toujours réalisée, existe-t-il une autre condition désirable vers laquelle on pourrait tendre ?

En tant qu'Hayekien j'accorde une très grande importance à la concurrence des normes, seule capable de faire émerger et s'imposer les solutions optimales. J'aimerais maximiser cette concurrence et pour ça il faut par exemple multiplier les modèles et faciliter la transition de l'un à l'autre. Pour cette raison je défend une réduction drastique de la taille des communautés politiques, peu importe leurs autres caractéristiques.

  • Yea 1
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Pas besoin. En anarcapie, les droits qui sont ceux du ministère public, c'est-à-dire poursuivre et exécuter les peines et les commuer, appartiennent aux victimes.

 

Appartiennent à l'accusation, tu veux dire. Or, un accusateur n'est pas forcément une victime, même si c'est son ressenti.

 

Il a le choix, il accepte qu'un juge impartial statue sur son affaire et qu'il soit aidé par un avocat.

Ou alors il se fait lyncher.

 

Il n'y a aucune raison a priori pour que l'accusation et la défense s'entende sur un juge. L'impartialité d'un juge n'est pas prouvable. Par ailleurs, rien ne dit qu'un marché des juges impartiaux puisse s'établir naturellement, puisque les "clients" des juges ne veulent pas de juges impartiaux : ils veulent de juges qui soient de leur côté.

 

Par ailleurs, un juge impartial sera malgré tout à côté de la plaque si les preuves qui lui sont présentées sont biaisées. L'intégrité de la chaine de transmission et d'analyse des preuves est cruciale dans les affaires criminelles.  Il faut donc qu'accusation et défense s'entendent également sur du personnel récoltant les preuves et les analysant.

 

Bref. Il y a tellement d'étapes qui nécessitent un consensus entre des personnes qui n'ont aucun intérêt à ce qu'il y ait consensus que je ne vois pas comment un tel système peut fonctionner.

 

Le coup du lynchage ... c'est improbable. Sauf à dire que la tragédie des communs ne s'applique pas à l'institution judiciaire, et à rouvrir une porte à la démocratie.

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Appartiennent à l'accusation, tu veux dire. Or, un accusateur n'est pas forcément une victime, même si c'est son ressenti.

Oui, accusation pour les poursuites, victimes pour l'exécution des peines.

Il n'y a aucune raison a priori pour que l'accusation et la défense s'entende sur un juge. L'impartialité d'un juge n'est pas prouvable. Par ailleurs, rien ne dit qu'un marché des juges impartiaux puisse s'établir naturellement, puisque les "clients" des juges ne veulent pas de juges impartiaux : ils veulent de juges qui soient de leur côté.

Pas besoin de s'entendre. Si tu n'es pas d'accord avec le premier jugement, tu fais appel et tu choisis ton juge. Et si l'accusation n'est pas d'accord, elle fait appel et là il faut éventuellement s'entendre.

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Je ne crois pas un seul instant en la possibilité de "monopoles de la violence" dans une société sans État.

Dans une société avec État non plus. :)

Un État n'est pas le monopole de la violence, et d'ailleurs Max Weber n'a jamais dit une telle chose.

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Du caractère facultatif du droit...

Du caractère facultatif du bonheur...

Du caractère facultatif des tracas...

Du caractère facultatif des routes...

Du caractère facultatif de la radio...

Du caractère facultatif des biscuits au chocolat...

...dans une société sans mafia.

Wat?

100% des fois où mes droits ont été bafoués sans que je puisse rien y faire, l'état était le criminel.

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Mon sentiment est que, dans les sociétés anarcap dont on cause, les problèmes d'accords / désaccords entre individus se règlent à la base parce que les regroupements de ces individus se font et se feront sur la base d'une adhésion éclairée et consentie.

Par exemple : quand un forumeur choisit de participer à liborg, il connait les règles de la maison. L'entrée vaut acceptation. Le reste en découle très largement. La sanction max pour non-respect du contrat est le bannissement/expulsion de la communauté.

Dans un cadre plus général, on peut imaginer que l'expulsion ne suffise pas à contenter le groupe. Des poursuites sont parfaitement envisageables pour appliquer une sanction plus forte.

 

Jusque ici, les regroupements d'individus ne sont en général pas des regroupements d'individus politiquement homogènes. Et ceci explique pas mal de tous nos soucis. Système représentatif "moindre mal".

 

Je crois que, malgré beaucoup d'obstacles (plus ou moins naturels), cela est en train de changer.

Des communautés territoriales politiquement homogènes se constituent. Fonctionnent ou pas. Les plus viables font école, etc, etc.

Tout cela dans le cadre de fait des états existants bien sûr (d'où des grosses complications of course).

 

 

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On se retrouve donc devant la question suivante : outre l'anarcapie qui est de fait toujours réalisée, existe-t-il une autre condition désirable vers laquelle on pourrait tendre ?

En tant qu'Hayekien j'accorde une très grande importance à la concurrence des normes, seule capable de faire émerger et s'imposer les solutions optimales. J'aimerais maximiser cette concurrence et pour ça il faut par exemple multiplier les modèles et faciliter la transition de l'un à l'autre. Pour cette raison je défend une réduction drastique de la taille des communautés politiques, peu importe leurs autres caractéristiques.

 

Tu serais donc panarchiste ?

 

Sinon ce n'est pas pour défendre ma chapelle mais l'Etat ultra minimal me semble vraiment être le moindre mal. l'Etat minimal pour défendre l'anarchie comme dit Lemieux, Reconnaître la violence pour mieux l'encadrer et mieux la minimiser. Au delà de la simple tâche des fonctions régaliennes il devient illégitime et en deçà on retombe dans cette anarcapie inévitablement créatrice d'Etats qui n'étant pas encadrés ne seront certainement pas minimaux.

 

Mais on en revient toujours au même argument, croire que l'Etat respectera ses limites c'est naïf :(

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Un anarchiste pourrait très bien être à l'aise dans un Etat minimal ou ultra-minimal (limité à l'armée). L'important est -si cet Etat ne remplit pas ces fonctions essentiellement ou s'il les remplit mal- d'avoir la possibilité de faire appel à d'autres fournisseurs de sécurité, ou recréer un autre Etat plus petit. Bien entendu on parle donc de non-monopoles. Certains me diront qu'un Etat est forcément un monopole donc qu'il est impossible de faire ces choix. Remplaçons Etat par communauté politique si vous préférez

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Tu serais donc panarchiste ?

C'est plutôt Tremendo qui a ici une position panarchiste dans le sens d'une abolition des monopoles territoriaux pour les services actuellement rendus par les états (dit autrement c'est un droit de sécession généralisé).

Ma position est moins exigeante de ce point de vue, je ne propose pas de modèle de fonctionnement particulier en interne mais une limitation de la taille des territoires afin de multiplier les communautés politiques, de faciliter la transition entre elles (parce que c'est plus facile de voter avec les pieds quand ça n'implique pas forcément de se couper de ses proches), et de limiter l'ampleur des dégâts en cas de cul-de-sac totalitaire.

 

Sinon ce n'est pas pour défendre ma chapelle mais l'Etat ultra minimal me semble vraiment être le moindre mal. l'Etat minimal pour défendre l'anarchie comme dit Lemieux, Reconnaître la violence pour mieux l'encadrer et mieux la minimiser. Au delà de la simple tâche des fonctions régaliennes il devient illégitime et en deçà on retombe dans cette anarcapie inévitablement créatrice d'Etats qui n'étant pas encadrés ne seront certainement pas minimaux.

Je ne crois pas qu'un tel bouillonnement de création d'états soit forcément néfaste. L'état minimal est un modèle, sans doute un bon modèle, mais on ne peut pas le savoir tant qu'il n'aura pas passé l'épreuve de la mise en concurrence.

En bref je ne crois pas qu'il faille un monopole d'une seule forme d'organisation politique. J'ai conscience que cette position implique un certain optimisme.

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C'est plutôt Tremendo qui a ici une position panarchiste dans le sens d'une abolition des monopoles territoriaux pour les services actuellement rendus par les états (dit autrement c'est un droit de sécession généralisé).

Ma position est moins exigeante de ce point de vue, je ne propose pas de modèle de fonctionnement particulier en interne mais une limitation de la taille des territoires afin de multiplier les communautés politiques, de faciliter la transition entre elles (parce que c'est plus facile de voter avec les pieds quand ça n'implique pas forcément de se couper de ses proches), et de limiter l'ampleur des dégâts en cas de cul-de-sac totalitaire.

Je ne crois pas qu'un tel bouillonnement de création d'états soit forcément néfaste. L'état minimal est un modèle, sans doute un bon modèle, mais on ne peut pas le savoir tant qu'il n'aura pas passé l'épreuve de la mise en concurrence.

En bref je ne crois pas qu'il faille un monopole d'une seule forme d'organisation politique. J'ai conscience que cette position implique un certain optimisme.

Si je devais résumer ma position je dirais que l'Etat devrait être soumis aux forces de marché de la même manière que des entreprises privées. C'est la seule façon de savoir quelle est le meilleur modèle, que tous soient mis en concurrence dans un même espace
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Perso, je ne signerais que chez une assurance qui vengerait ma mort par homicide, ne serait-ce que pour ma famille. Si certains ne voient pas de problème à être assassiné ou s'ils trouvent le service trop cher, grand bien leur fasse. En minarchie, ceux-là n'ont pas leur mot à dire, il payent ou c'est la taule. C'est ça la justice ? Ah, les SDF sont protégés des criminels mais jamais de l'Etat qui cherche du pognon ! Et pourquoi ne pourraient-ils pas s'organiser entre eux ou par la charité pour leur protection ?

Quant au fait que nous soyons déjà en anarchie, juste lol. Je vous invite à regarder l'étymologie du mot. Et l'anarchie n'est pas nécessairement dénuée de violence, pour moi une anarchie est un état stable dans lequel aucun acteur ne peut prendre le pouvoir sans déclencher une fronde suffisante pour l'y faire renoncer, quelle soit populaire, commerciale ou autre. Les agresseurs de toute sorte y sont vu comme des gens qui se comportent comme un Etat (autrefois on aurait dit "comme un animal", c'est pareil dans le fond), mais cela reste la responsabilité de chacun de se défendre contre les Etats (c'est aussi un droit, je veux pouvoir botter le cul de mes agresseurs moi-même !). Les anarcapies qui laissent émerger des Etats méritent leur sort.

C'est peut-être utopique, ce n'est pas vraiment ce qui m'importe. Ça me fait un bon critère pour juger la réalité, et ça c'est précieux.

L'humain ne pourra jamais produire de cercle parfait, est-ce pour autant que l'on doit renoncer au concept de cercle ?

Un minarchiste qui jugerait ce qu'il voit à l'aune de la minarchie serait révulsé par tous les aspects de la vie humaine : on ne fait appel à aucun tiers pour résoudre la plupart des conflits, plein de mauvaises actions ne sont jamais punies, les pauvres, les vieux ou les solitaires peuvent moins se défendre que les autres, les gens font justice eux-même pour la plupart des choses (y compris des agressions), etc... Et il jugerait mauvaise une anarcapie parfaitement fonctionnelle... J'imagine donc que la plupart des minarchistes le sont stratégiquement ou pragmatiquement et qu'il ne s'agit pas d'un idéal au sens propre. Stratégiquement parlant, je suis agoriste.

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