Aller au contenu

Le commerce et le gouvernement considérés relativement l'un à l'autre — Condillac


Gio

Messages recommandés

L'année dernière, je voulais lire ce fameux livre de Condillac. Comme j'ai compris qu'il n'existait aucune édition récente de l'ouvrage, j'ai donc réalisé à cette époque ma propre édition, pour mon usage personnel. J'ai traduit entièrement l'ouvrage en français moderne (ou plutôt en orthographe moderne), et j'ai ajouté toutes les notes de bas de pages (ce que l'Institut Coppet n'avait pas fait.)

932427EditionCondillac.jpg
 
Comme le texte est dans le domaine public et que ce serait bête que mon travail ne puisse pas profiter à d'autres (tout en se faisant de la thune au passage, un libéral ne se refait pas) je l'ai mis en vente sur amazon, à un prix qui je crois défie toute concurrence :
 

(Désactiver le bloqueur de pub pour les gens chez qui rien ne s'affiche ci-dessus. Sinon c'est par là.)
C'est un format poche qui fait environ 330 pages (mais c'est pas écrit tout petit non plus). Voilà ce que j'ai mis en 4e de couv :

Connu pour son Traité des sensations, Étienne Bonnot de Condillac (1715-1780) est le principal représentant français du courant philosophique de l'empirisme. Mais Condillac est également économiste : c'est en 1776 qu'il publie Le Commerce et le Gouvernement considérés relativement l'un à l'autre, ouvrage de référence de la pensée économique, à mi-chemin entre les physiocrates et l'école dite classique. C'est seulement quelques mois plus tard, qu'Adam Smith publiera sa désormais célèbre Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations. La gloire de Smith fit malheureusement de l'ombre à Condillac, alors que le philosophe grenoblois, préfigurant le marginalisme, était comparativement à l'Écossais en avance sur des points cruciaux, notamment sur la théorie de la valeur. Dans cet ouvrage de vulgarisation, Condillac explique comment l'égalité et la prospérité naissent de la liberté et pourquoi l'intervention du gouvernement trouble cet ordre spontané.

 
Au bout d'un an, le chiffre des ventes a été multiplié par 100. C'est-à-dire que 0 x 100 = 0. Il faut dire que je n'en ai jamais parlé à personne, ou presque. Donc voilà, c'est l'occasion de faire un petit coup de pub, et puis aussi d'ouvrir un fil sur ce livre pour en parler.
 
Voici la critique que j'en ai fait sur SC après l'avoir lu :

Condillac était un visionnaire

Dans la veine de la philosophie empiriste des sciences dont il fut le principal représentant français, Condillac utilise une méthode purement hypothético-déductive pour son traité d'économie. Il pose des hypothèses simplifiées (une peuplade imaginaire partant de rien...) et explique, par déductions logiques et empiriques, les mécanismes par lesquels l'économie se développe, comment la liberté engendre l'égalité et la prospérité (Première partie) et ce qu'il se passerait si elle était entravée de différentes manières (Seconde partie). On lui a reproché cette méthodologie (J-B.Say, notamment). Néanmoins, loin d'être dénuée d'intérêt, elle porte en elle, malgré ses limites, une puissance explicative qui permet de discerner les causes et les effets au delà des contingences du moment qui embrument la compréhension. En outre, il ne faut pas oublier que dans l'esprit de l'auteur, il s'agit d'un ouvrage de vulgarisation.

Grâce aux intuitions lumineuses de Condillac, cette méthode prouve d'ailleurs son efficacité à l'examen des faits, puisque sur une multitude de points, ses analyses sont étonnamment prémonitoires. On peut citer entre autres exemple les problèmes monétaires ou les problèmes de la dette, mais Condillac fait également une analyse parfaitement lucide de la question des impôts, du libre-échange, de l'opinion publique (on vire presque dans la sociologie) et de biens d'autres thèmes. Comme il le dit lui-même avec cette phrase paradoxale : "En vérité les suppositions les moins vraisemblables que j’ai faites sont plus vraisemblables que bien des faits."

Si sur certains points de détails, Condillac fait quelques erreurs, ou bien analyse des problèmes qui ne sont plus d'actualité (avec un vocabulaire souvent désuet), on lui en tiendra difficilement rigueur, car il s'agissait à l'époque des balbutiements de la discipline économique. On rappellera d'ailleurs qu'Adam Smith n'avait pas encore publié La Richesse des nations, ouvrage qui lui aussi n'était pas exempt d'erreurs, notamment sur la question de la valeur, sur laquelle Condillac était largement en avance par rapport Smith. On sera même surpris de voir à quel point Condillac préfigure le marginalisme. Il y a déjà presque tout : subjectivité de la valeur fondée sur l'utilité, échange comme jeu à somme positive, une esquisse d'utilité marginale par ce que Condillac appelle le "surabondant", etc.

D'autre part, en montrant comment l'interventionnisme crée un problème qui doit être résolu par une autre intervention qui elle-même engendre un nouveau problème et ainsi de suite — en somme, comment l'interventionnisme mène in fine au chaos et à la dictature — l'ouvrage de Condillac n'est pas sans rappeler La Route de la servitude : à l'instar de Hayek, le propos de Condillac est de montrer comment le gouvernement trouble l'ordre spontané qui résulte de la liberté.

Si l'oeuvre a quelque peu vieilli, elle reste véritablement un classique (trop souvent occultée par Smith) pour tout passionné d'économie.


Pour info, voilà le reproche que faisait Say à Condillac :

C’est sans doute pour cette raison que presque tous les écrivains français de quelque réputation, et qui se sont occupés de matières analogues à l’économie politique depuis l’année 1760, sans marcher positivement sous les bannières des économistes, se sont néanmoins laissé dominer par leurs opinions ; tels que Raynal, Condorcet et plusieurs autres. On peut même compter parmi eux Condillac, quoiqu’il ait cherché à se faire un système particulier sur une matière qu’il n’entendait pas. Il y a quelques bonnes idées à recueillir parmi le babil ingénieux de son livre ; mais, comme les économistes, il fonde presque toujours un principe sur une supposition gratuite, et il en fait l’aveu dans sa préface ; or, une supposition peut bien servir d’exemple pour expliquer ce que démontre le raisonnement appuyé sur l’expérience, mais ne suffit pas pour établir une vérité fondamentale. L’économie politique n’est devenue une science qu’en devenant une science d’observation.

Lien vers le commentaire

Depuis un an, j'ai réalisé d'autres éditions d'ouvrages introuvables. Quatre pour être précis, des ouvrages de Ludwig von Mises. Mais comme ils ne sont pas dans le domaine public, je ne les ai pas mis en vente, ils ne sont qu'à usage perso. Après je peux les vendre sous le manteau. J'avais même envisagé de me lancer dans l'édition de L'Action humaine, mais depuis que j'ai mon kindle, je peux le lire sans avoir d'ouvrage papier.

 

Pour revenir à l'ouvrage de Condillac, j'ai remarqué après coup (mais j'ai eu la flemme de faire une réédition, surtout que ça implique de racheter une épreuve) que j'ai changé à chaque fois "à l'envi" par "à l'envie", alors que c'est la première orthographe qui devait être conservée. Il se trouve que je ne connaissais pas cette formulation, alors je croyais que c'était une vieille orthographe...

Je ne sais toujours pas non plus si j'ai bien fait de conserver "les bleds", que j'aurais pu changer pour "les blés" mais les deux orthographes existent dans le texte original, donc ça renvoie probablement à deux choses différentes...

Bon après, c'est des détails.

Lien vers le commentaire

pour répondre à ton détail : à ma connaissance, "les bleds" = "les blés", un peu comme "les clefs" = "les clés", si ce n'est que l'orthographe "bleds" ne figure plus dans les dictionnaires modernes, du moins avec cet ancien sens.
 
Autre détail, un peu plus gênant : sur la couverture, et tel que le livre est référencé par Amazon, le nom de l'auteur est seulement mentionné comme "Condillac", alors qu'il eût peut-être été préférable de mettre le nom complet : "Étienne Bonnot de Condillac"
 
 
Sinon, et cela n'a rien à voir avec ton édition, j'avoue n'avoir pas encore lu ce livre, mais par chance j'ai pu acheter il y a maintenant deux ans sur ebay et exceptionnellement pour pas cher l'édition complète du "Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme" (édition de 1821) dont tu publies le tome 3.
 
 
Tu remarqueras qu'Amazon vend aussi un autre exemplaire, certainement de moins bonne qualité et édité juste avant ton édition : 

Lien vers le commentaire

Pas mal du tout ! Et comment ça marche, tu as combien d'exemplaires physiques à écouler ?

Combien de temps ça t'as pris ?

Lien vers le commentaire

pour répondre à ton détail : à ma connaissance, "les bleds" = "les blés", un peu comme "les clefs" = "les clés", si ce n'est que l'orthographe "bleds" ne figure plus dans les dictionnaires modernes, du moins avec cet ancien sens.

Ah ! Du coup j'aurais peut-être mieux fait de remplacer tout les "bleds". J'avais commencé à le faire au départ, puis je me suis rétracté dans le doute.

 

Autre détail, un peu plus gênant : sur la couverture, et tel que le livre est référencé par Amazon, le nom de l'auteur est seulement mentionné comme "Condillac", alors qu'il eût peut-être été préférable de mettre le nom complet : "Étienne Bonnot de Condillac"

Il apparaît sur la 4e de couverture et à l'intérieur du livre. Je vois pas ce que cela aurait apporté de mettre le nom complet sur la couverture.

 

j'ai pu acheter il y a maintenant deux ans sur ebay et exceptionnellement pour pas cher l'édition complète du "Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme" (édition de 1821) dont tu publies le tome 3.

Gné ?  :huh:

 

Tu remarqueras qu'Amazon vend aussi un autre exemplaire, certainement de moins bonne qualité et édité juste avant ton édition :

Rien à voir. Ce que tu montres là c'est des scan des vieilles éditions qui datent peut-être du XIXe siècle, voir plus ancien. Genre photocopies de Gallica, avec vieille orthographe, vieille mise en page, vieille typo et pour peu que le truc soit mal scanné, la qualité sera bien perrave. C'est des boîtes américaines qui font ça avec tout ce qui est dans le domaine public, je possède ça pour les œuvres complètes de Bastiat. Aucun rapport avec ce que j'ai fait, c'est une réédition complète, j'ai pris le texte, j'ai corrigé l'orthographe, j'ai fait la mise en page, j'ai fait des choix typographiques, j'ai adapté ça à la taille du livre poche et standard contemporains, etc, etc. A ma connaissance, je suis le seul à avoir fait ça pour ce livre depuis probablement plus d'un siècle.

De plus, le livre que tu mets en lien, c'est un volume des œuvres complètes, pas juste le traité d'économie. Et puis...regarde le prix.

Lien vers le commentaire

Pas mal du tout ! Et comment ça marche, tu as combien d'exemplaires physiques à écouler ?

Zéro. A partir du moment où tu en commandes un, il y en a un qui est fabriqué.

PCombien de temps ça t'as pris ?

Je sais plus, c'était il y a plus d'un an que j'ai fait ça, et c'était assez décomposé, j'ai pas fait tout d'une traite... Comme ça je dirais entre un mois et demi et trois mois...
Lien vers le commentaire

Bravo ! J'ai pas lu le bouquin, je vois à peine qui est Condillac, par contre, j'aimerai en savoir plus sur la manière dont tu publie.

C'est de l'auto édition ? Je vois broché sur la page amazon mais je sais pas si c'est la technique ou bien l'éditeur.

 

Lien vers le commentaire

Bravo ! J'ai pas lu le bouquin, je vois à peine qui est Condillac, par contre, j'aimerai en savoir plus sur la manière dont tu publie.

C'est de l'auto édition ?

lulu.com (Une plateforme d'auto-édition parmi d'autres.)

 

Je vois broché sur la page amazon mais je sais pas si c'est la technique ou bien l'éditeur.

"Broché" c'est la reliure. (Broché = les pages sont assemblées et collées sur la tranche.)

Lien vers le commentaire

lulu.com (Une plateforme d'auto-édition parmi d'autres.)

 

"Broché" c'est la reliure. (Broché = les pages sont assemblées et collées sur la tranche.)

Merde, je croyais que t'avais accès a du matos d'imprimeur ^^

 

 

Lien vers le commentaire

Par contre, je me demandais, c'est toi qui à fait la mise en page et la maquette ou c'est la plateforme ?

Comme je l'ai dit, c'est moi qui ai tout fait au niveau du contenu. Lulu se contente d'imprimer et de relier.

Lien vers le commentaire

Impressionnant. Désolé, j'avais pas vu le message.

Tu aimes traduire l'ancien français ?

Je me rappelle mes cours d'histoire moderne, je détestais travailler sur des textes en ancien français. Dans les imprimés, le s qui ressemble a un f me donnait l'impression de lire la transcription du discours d'un gars qui a un cheveu sur la langue, impossible de rester concentrer.

Lien vers le commentaire

Tu aimes traduire l'ancien français ?

Ce n'était pas de l'ancien français au sens strict, c'était juste une ancienne manière d'écrire les choses. (Voir par là le texte original.) Mais pour te répondre, je me serais bien passé de ce boulot de "traduction".

 

Je me rappelle mes cours d'histoire moderne, je détestais travailler sur des textes en ancien français. Dans les imprimés, le s qui ressemble a un f me donnait l'impression de lire la transcription du discours d'un gars qui a un cheveu sur la langue, impossible de rester concentrer.

C'est précisément parce que j'avais pas envie de lire le texte comme ça que je l'ai "traduit".

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...