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Contre-histoire du libéralisme (Domenico Losurdo)


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L'article WTF de la semaine 

 

Esclavagisme, racisme, massacres de masse: l'autre visage du libéralisme

 

 

Domenico Losurdo signe un ouvrage accablant sur les liens entre le libéralisme et les théories de la suprématie occidentale portées par des penseurs ou acteurs politiques et économiques de premier plan, entre le XVIIe et le XIXe siècles.

 

 

 

Paradoxes inhérents ou maladies infantiles du libéralisme?
La première question qui se pose est de savoir ce que signifie libéralisme. Losurdo synthétise les réponses courantes: «Le libéralisme est une tradition de pensée qui place la liberté de l'individu au centre de ses préoccupations». Tel un inspecteur Columbo des idéologies, Losurdo demande alors: comment se fait-il que des penseurs et acteurs se réclamant de cette tradition intellectuelle, et cherchant donc à défendre les libertés individuelles, s'accommodent si bien du «processus d'expropriation systématique et des pratiques génocidaires» qui accompagnent la colonisation occidentale en Irlande, en Amérique, en Afrique et en Asie? Comment se fait-il, même, que, dès le XVIIe siècle, l'esclavagisme, les théories raciales et le colonialisme belliqueux soient entérinés, voire légitimés par divers libéraux (Locke, Grotius, parmi les plus fameux)?

 

 

Tout comme les esclaves et les peuples colonisés, les groupes sociaux métropolitains économiquement défavorisés sont jugés incapables d'être libres, et situés aux confins de la «civilisation», au nom de laquelle ils doivent se «sacrifier», comme le soulignent, avec plus ou moins d'enthousiasme, la plupart des libéraux.

 

 

C’est dans cet environnement intellectuel qu’émergent les thèses raciales, habituellement présentées comme sulfureuses, de Gobineau, qui ne s’avère en réalité, à la lecture du livre de Domenico Losurdo, qu’un libéral parmi d’autres conceptualisant –de façon moins nuancée il est vrai– la suprématie de la «race aryenne». Apparaissent également vers le milieu du XIXe siècle les premières théories selon lesquelles les Juifs et les intellectuels progressistes comploteraient pour agiter les masses populaires contre la propriété privée et contre la colonisation.

De multiples traits et mises en pratique du «darwinisme social» porté par le libéralisme sont de véritables prémisses aux fascismes du XXe siècle: de nombreux libéraux préconisent une «solution finale», une euthanasie générale des races inférieures éprouvées par le colonialisme et inadaptées à la civilisation; les déportations de populations colonisées, les génocides et l’enfermement concentrationnaire empêchent de considérer «les catastrophes du XXe siècle» comme des éruptions totalement inattendues et imprévisibles.

 

http://www.slate.fr/story/97761/esclavagisme-racisme-massacres-autre-visage-liberalisme

 

Oui oui! C'est bien un article posté sur slate ! 

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Slate c'est de la merde

 

Ma copine m'a filé celui-ci pensant que ça m'intéresserait. Ca détruit du cliché pour en fabriquer d'autres.

 

De son côté, le libéralisme repose sur l’idée que l’efficience économique découle de l’échange libre entre des agents. Ces derniers peuvent entrer et sortir sans contrainte du marché, possèdent un pouvoir de marché faible (c'est-à-dire qu’ils sont incapables de déterminer les prix), ils ont une connaissance parfaite des prix, etc. (la fameuse compétition «pure et parfaite»). Ces conditions peuvent être considérées comme théoriques, voire utopiques (ce qu’elles sont), elles n’en remplissent pas moins la fonction d’idéal pour tout libéral économique qui se respecte.

 

C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis, pays profondément libéral, ont promulgué dès 1890 le Sherman Antitrust Act et une série de lois contre les ententes, collusions et distorsions de marché générées par les grandes entreprises. Ces mesures sont libérales et, dans une certaine mesure, anti-capitalistes puisqu’elles visent à limiter l’accumulation du capital.

 

Le problème est que l’évasion fiscale sape la production de biens et services publics (éducation, santé, infrastructures, sécurité, règne du droit, etc.) qui sont nécessaires aux marchés pour fonctionner de manière efficace.Le problème est multiple. Dans la plupart des pays industrialisés, les grandes entreprises soit paient beaucoup moins de taxes qu’elles ne le devraient, soit n’en paient pas du tout en recourant à l’optimisation fiscale. Elles ne repaient donc pas ce qu’elles doivent à la communauté politique.

 

Le libéralisme économique dont nombre de grandes entreprises se réclament et dont beaucoup de partis «libéraux» font l’apologie n’est en fait qu’un libéralisme «instrumental», c’est-à-dire une dérégulation de marchés où ces entreprises ont la possibilité d’acquérir une position dominante en violation directe des principes fondateurs du libéralisme économique. Du point de vue du libéralisme économique, moins de régulation étatique n’est pas forcément une bonne chose. C’est souvent le contraire!

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Je pense qu'il faut critiquer les penseurs libéraux quand ils faisaient fortune dans le commerce triangulaire, non pas que cela invalide leur pensée , mais qu'à ce moment là ils n'étaient plus libéraux.

Les libéraux sont historiquement opposés à esclavagisme et au colonialisme alors renseigné toi avant de raconter des conneries.

Spèce de quiche

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Les libéraux sont historiquement opposés à esclavagisme et au colonialisme alors renseigné toi avant de raconter des conneries.

Spèce de quiche

 

Ce que veut juste souligner frigouret (si j'ai bien réussi à le comprendre), c'est que l'action de certains libéraux n'étaient pas cohérente avec leurs idées et idéaux. Une surprise incroyable donc, il existerait des personnes faisant preuve de faiblesse même chez les libéraux, j'en suis tout retourné.

 

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Bien sur, mais si on ne réécrit pas l'histoire, on comprend que l'esclavagisme précède le libéralisme et que c'est le second qui a fait disparaître le premier. Si Locke n'avait écrit que sur l'esclavage, il ne serait évidemment pas resté dans les mémoires. Ça aurait été un bouquin parmi tant d'autres sur pourquoi on peut esclavager.

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Ce que veut juste souligner frigouret (si j'ai bien réussi à le comprendre), c'est que l'action de certains libéraux n'étaient pas cohérente avec leurs idées et idéaux. Une surprise incroyable donc, il existerait des personnes faisant preuve de faiblesse même chez les libéraux, j'en suis tout retourné.

C'est aussi qu'on poste une projection contemporaine du libéralisme sur un truc alors en pleine construction.

Je bosse en ce moment sur le libéralisme français du XIX, et à l'époque les libéraux étaient largement partisan d'une école publique généralisée et du monopole universitaire, ce qui est bizarre vis à vis d'aujourd'hui

Et c'est d'ailleurs pour ça que des gars comme ferry peuvent être qualifié de libéraux.

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Non je pense que même a l'époque on avait le choix. D'ailleurs d'autres libéraux militaient dans la société des amis des noirs.

Je crois que c'était un peu plus tard la société en question

Sinon., le fil posté par gio est extrêmement intéressant

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Non je pense que même a l'époque on avait le choix. D'ailleurs d'autres libéraux militaient dans la société des amis des noirs.

 

C'est vrai. Cependant, on ne retiens généralement pas de Locke la défense de l'esclavage qui était du business as usual mais ce qui a été au contraire en rupture. Si Locke n'avait été QUE esclavagiste, ce serait sûrement un inconnu. De toute façon, même au LvMI, je n'ai jamais vu de libéraux accepter l'ensemble des textes comme des évangiles. D'ailleurs, on parle bien de libéralisme, pas de Lockeisme (alors qu'on parle par exemple de marxisme ou gramcisme).

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C'est aussi qu'on poste une projection contemporaine du libéralisme sur un truc alors en pleine construction.

 

Locke est d'accord pour l'esclavage pour dette de sang.

p30

http://classiques.uqac.ca/classiques/locke_john/traite_du_gouvernement/traite_du_gouv_civil.pdf

Certainement, si un homme, par sa mauvaise conduite et par quelque crime, a mérité

de perdre la vie, celui qui a été offensé et qui est devenu, en ce cas, maître de sa vie,

peut, lorsqu'il a le coupable entre ses mains, différer de la lui ôter, et a droit de

l'employer à son service. En cela, il ne lui fait aucun tort; car au fond, quand le

criminel trouve que son esclavage est plus pesant et plus fâcheux que n'est la perte de

sa vie, il est en sa disposition de s'attirer la mort qu'il désire, en résistant et désobéissant

à son maître.

 

(ce qui lui sert sans doute hypocrytement à justifier ses participation dans les trafiques d'esclaves affricains, captures de guerres entre tribues, revendues aux amériques)

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C'est vrai. Cependant, on ne retiens généralement pas de Locke la défense de l'esclavage qui était du business as usual mais ce qui a été au contraire en rupture. Si Locke n'avait été QUE esclavagiste, ce serait sûrement un inconnu. De toute façon, même au LvMI, je n'ai jamais vu de libéraux accepter l'ensemble des textes comme des évangiles. D'ailleurs, on parle bien de libéralisme, pas de Lockeisme (alors qu'on parle par exemple de marxisme ou gramcisme).

 

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C'est vrai. Cependant, on ne retiens généralement pas de Locke la défense de l'esclavage qui était du business as usual mais ce qui a été au contraire en rupture. Si Locke n'avait été QUE esclavagiste, ce serait sûrement un inconnu. De toute façon, même au LvMI, je n'ai jamais vu de libéraux accepter l'ensemble des textes comme des évangiles. D'ailleurs, on parle bien de libéralisme, pas de Lockeisme (alors qu'on parle par exemple de marxisme ou gramcisme).

Il m'arrive régulièrement de noter des idées et de les rédiger parfois pour moi dans mon coin. En exclusivité, je vais vous révéler un extrait de mes notes perso :

 

On peut donc être libéral et se tromper sans pour autant que cela remette en cause toute la pensée libérale. Curieusement, certains socialistes convoquent de nos jours Adam Smith pour dire des choses tels que : "Il défendait l'État." On a par exemple publié un livre intitulé Vive l'État et signé du nom d'Adam Smith, qui est une sélection d'extraits où Smith attribue un rôle à l'État. L'idée étant d'opposer le libéralisme du XVIIIe siècle à celui d'aujourd'hui. Or Adam Smith était un libéral qui a apporté des choses à ce courant de pensée, mais a aussi fait des erreurs (que n'avait d'ailleurs pas fait certains libéraux qui l'ont précédés tels que Turgot ou Condillac) que d'autres libéraux après lui ont corrigés. L'argument d'autorité ne suffit pas : Adam Smith (ou Montesquieu, ou n'importe qui) peuvent bien avoir dit ceci ou cela, la question est de savoir si les idées sont bonnes ou pas, s'il faut les corriger ou les conserver. D'ailleurs les libéraux ne se sont pas privés de se critiquer : Bastiat par exemple, n'a pas de mots assez durs envers certaines idées de Montesquieu, tout en reconnaissant que c'est un grand penseur. Rothbard critiquait Hayek sur certains points, Hayek critiquait Friedman, etc, etc.

Mais en filigrane, quand on renvoie à ce qu'aurait dit Smith ou Montesquieu sur tel point, il y a cette idée que le libéralisme pourrait se réduire à un seul penseur qui aurait tout dit, tout expliqué et qu'il ne resterait plus qu'à suivre à la lettre, comme on continue encore à le faire avec Marx. Il faudrait pour ça imaginer effectivement des hommes qui ne se trompent jamais en aucun point. Chercher l'individu qui détient la théorie définitive qui explique tout et qui résout tout me semble aussi stérile que de chercher la pierre philosophale. Pourtant quand on cherche sincèrement la vérité, une telle espérance se comprend. On poursuis le phoénix, la théorie parfaite, et à la première théorie qui nous paraît avoir tout expliqué, on s'y soumet. C'est ce que Revel appelait le "besoin d'idéologie", qui nous soulage de l'exercice de la pensée (il n'y a qu'à suivre le maître).

Pour jeter le discrédit sur le libéralisme, un antilibéral pourrait souligner le fait que dans sa Lettre sur la tolérance, Locke accepte l'interdiction de l'athéisme. Alors, Locke (et par suite le libéralisme) inquisiteur ? Ce serait oublier le fait que ce texte sur la liberté de conscience constitue dans l'ensemble un progrès décisif dans un cadre historique donné.

(...)

"Il n'y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d'en faire un dogme immuable ; il n'y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées, et recourir le moins possible à la coercition."

Hayek

La pensée libérale ne se réduit pas un penseur en particulier qui aurait tout dit une fois pour toute. Le libéralisme ne se réduit ni à Locke, ni à Montesquieu, ni à Smith, ni à Bastiat, ni à Mises, ni à Milton Friedman, ni à Revel, ni à Rothbard, ni à Aron, ni à Rand, ni à Tocqueville, ni à...et encore moins à tel ou tel sympathisant. La pensée libérale c'est tout cela à la fois, et ce sera d'autres penseurs dans l'avenir. Le libéralisme n'est pas un dogme figé (même si évidemment chacun défend sa chapelle et cela se comprend), c'est un groupement de théories qui peuvent comporter des différences, mais qui avaient toutes pour point commun : la limite, autant que possible, du pouvoir de l'État.

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