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Interventionnisme Nippon Et Critique De La Loi Des Avantages Comparatifs


Barry Chuckle

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On oublie surtout que l'économie c'est un peu autre chose que dire : "on produit dans ce secteur." Il faut déterminer des quantités, des qualités, des processus, manager des gens (c'est l'État japonais qui a fait la révolution toyotiste ?), démarcher des clients etc. C'est pas les fonctionnaires qui ont fait tout ça.

 

En parlant de toyotisme, j'ai lu quelque part que le Management à la Japonaise avec ses Cercles de Qualité avait eu beaucoup de mal à s'exporter à l'étranger

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Quality_circle

 

Ce type de management serait à mettre en rapport avec la conception familialiste et paternaliste de l'entreprise japonaise qui découlerait directement de la structure familiale nippone selon certain anthropologues.

 

http://www.geopolitis.net/JAPON2011.pdf

 

« La relation entre deux individus de statut inégal, inférieur et supérieur, est la base de la structure de la société japonaise »

 

oyabun/kobun 親分・子分 (Parent-enfant, Aîné-cadet, patron-client, propriétaire-fermier, maître-disciple)

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GrouchoMarx vs Groucho Marx.

Seriously ?

 

Oui ben le 2ième GM a du essayer plusieurs fois de valider son pseudo, le mien étant pris. J'avoue ne pas apprécier outre mesure, mais bon, je ne vais pas faire mon taliban de service pour ça.

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Vous qui vivez sur place, pouvez vous nous expliquer ce qui distingue les effets de la politique d'Abe du miracle japonais d'antan ? Héraclite pourrait dire "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve". Pourquoi l'interventionnisme a fonctionné après guerre et ne fonctionne plus maintenant ?

 

Premièrement, il y a une question de chronologie : après-guerre, la phase de libéralisation a été mise en place par les Alliés en amont de toutes les autres réformes, avec une ouverture vers les marchés internationaux et une large baisse de la fiscalité. Dans les Abenomics, cette libéralisation est la "troisième flèche" : elle arrive en aval.

Dans les faits, elle n'a d'ailleurs toujours pas été décochée et c'est la principale raison pour laquelle Abe a foiré sa politique. Pire : il a déporté la fiscalité sur la consommation avant de baisser celle des entreprises (une réduction de l'impôt sur les sociétés est au programme), ce qui a écroulé le marché intérieur.

Deuxièmement, le contexte financier est totalement différent : à la fin de la WW2, le Japon est un pays en manque de capitaux. La politique monétaire accommodante va permettre aux conglomérats de se financer à peu de frais pour relancer la machine.

De nos jours, le pays baigne dans les liquidités : les entreprises n'ont plus besoin d'un coup de pouce de la BOJ pour investir, elles ont besoin de débouchés (ie. nouveaux secteurs). Et comme Abe n'a encore rien libéralisé, ces débouchés ne sont pas là : s'il avait décoché sa "troisième flèche" en premier, il se serait vite rendu compte que la politique monétaire actuelle n'a pas lieu d'être (on retombe sur le premier point).

Troisièmement, le pays n'a plus à se reconstruire : à l'époque, la machine économique japonaise était entièrement tournée vers la guerre et les infrastructures étaient dévastées, en opposition totale avec ce qu'il en est aujourd'hui.

Faire des plans de relance lorsque tout est à refaire est facile : le gouvernement peut mettre de l'argent dans n'importe quel secteur (énergie, construction, industrie), ça aura toujours un effet positif, même faible. Mais mettre en place de larges plans de relance dans une économie telle que celle du Japon contemporain, c'est surtout courir le risque de faire du mal-investissement : mieux vaut laisser le secteur privé s'en charger.

Au passage : il faut aussi savoir que si l'industrie japonaise a vécu un énorme essor dans les années 50, c'est grâce à la Guerre Froide. De par leur position stratégique, les Japonais vont devenir un allié de poids en abritant les bases, troupes et flottes de l'Oncle Sam.

Durant la Guerre de Corée, les Américains vont réaliser des commandes faramineuses auprès des industriels japonais, ce qui va totalement renverser la balance commerciale du Japon et générer un gros afflux de dollars. Et surtout, cela va permettre à leur industrie militaire de continuer de servir et se réformer en douceur plutôt que subir un démantèlement massif, tout en engrangeant des devises, ce qui sera bénéfique à l'ensemble des entreprises des keiretsu puisque celles-ci sont organisées autour d'une même banque.

Au final, ce qu'il faut comprendre, c'est que le Japon a conservé exactement les mêmes recettes depuis Ikeda : beaucoup d'investissement public et une politique monétaire laxiste. Ca a marché après la guerre alors que le pays était à reconstruire, mais conserver ce cap aura fini par créer l'énorme bulle des eighties et les fameuses "décennies perdues".

Ce que fait Abe, c'est ni plus ni moins que de poursuivre dans la même lancée, en y allant encore plus fort. Ce qui ne pouvait être que voué à l'échec. Un échec encore pire que les précédents, puisque l'on fonce dedans avec encore plus de volonté : on en mesure les conséquences aujourd'hui.

Leur gros problème, c'est que personne n'a cherché à comprendre (ou refusé de voir) que ce qui aura permis l'essor post-guerre au Japon, c'est surtout et avant tout la politique de libéralisation mise en place par les Alliés. De ce côté-là, les réformes sont restées timides et les gouvernement ont préféré conserver le statu-quo.

Par contre, l'interventionnisme à tout crin a été poursuivi, alors qu'il n'aurait du être qu'une solution temporaire qui n'avait de sens et d'utilité que dans le Japon ravagé

Un des rares moments où cette politique a été abandonnée aura été sous l'investiture de Koizumi : privatisation de la Poste, des autoroutes, baisse de la dépense publique et des impôts, libéralisations de larges pans dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la finance, des assurances...

Et c'est un des rares moments où l'économie japonaise s'est ressaisie, d'ailleurs, preuve s'il en est que ce que ce que la Japon a besoin, c'est de plus de libéralisme et non plus d'interventionnisme. Les Japonais gardent d'ailleurs un très bon souvenir de Koizumi, et il reste leur personnalité politique préférée des années après la fin de son mandat.

  

En parlant de toyotisme, j'ai lu quelque part que le Management à la Japonaise avec ses Cercles de Qualité avait eu beaucoup de mal à s'exporter à l'étranger

[...]

Ce type de management serait à mettre en rapport avec la conception familialiste et paternaliste de l'entreprise japonaise qui découlerait directement de la structure familiale nippone selon certain anthropologues.

Non. En fait, c'est avant tout une question de philosophie : Socrate contre Confucius.

L'Occident est socratique : la Vérité naît à travers la dialectique. Chacun peut défendre ses propres idées, les opposer par le débat jusqu'à ce que l'un des concepts triomphe. Notre philosophie, c'est avant tout "Que le meilleur gagne" et nous sommes les champions de l'innovation disruptive.

De l'autre côté, l'Asie est confucéenne : la Vérité naît à travers l'expérience. Les idées sont fruits du consensus (le partage d'expériences), et elle s'affinent à travers leur remise en question permanente. Leur philosophie, c'est plutôt "C'est en forgeant qu'on devient forgeron" et leur credo est principale l'innovation incrémentale.

Au niveau du management, cela change beaucoup de choses. En Occident, on a plutôt tendance à former des managers en leur enseignants les meilleures pratiques, la gestion étant élevée au rang de science, et ils ont à charge de prendre les décisions puis les faire appliquer par leurs subordonnés. C'est très top-down comme approche : change un manager, et c'est toute l'entreprise qui peut se retrouver chamboulée du jour au lendemain.

Au Japon, les managers sont les simplement les aînés, à qui on a donné le poste car ils ont la plus longue expérience au sein de l'entreprise, et leur rôle est de jauger les décisions plutôt que de les prendre. C'est une approche plutôt bottom-up : les employés font remonter ce qu'ils pensent être perfectible à leur superviseur, qui va alors s'entretenir avec le management pour savoir ce qu'ils en pensent. Si ça n'a jamais été essayé auparavant (c'est là où l'expérience joue), le groupe va tester les nouvelles méthodes pour voir si celles-ci améliorent quoi que ce soit, et si c'est le cas, celles-ci seront appliquées à l'ensemble de la chaîne.

Maintenant, ce type de management fonctionne très bien en Occident. Il faut juste former les managers à ne pas tout décider par eux-même et leur expliquer que malgré leurs X années d'études, ils n'ont pas la science infuse (surtout lorsque ce sont des bleus fraîchement recrutés).

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De toutes manières, ama, à la base, l'idée que des nations puissent être spécialisées (hors ressources naturelles vraiment spécifiques) me parait au mieux obsolète et à vrai dire complètement absurde (et scabreuse en pratique).

Pourquoi précisément les nations ?

Pourquoi pas le système solaire ? ou les continents ? ou les régions ? ou les communes ? les individus ?

 

Pourquoi précisément les nations ?

... c'est nawak.

 

Je suis parfaitement d'accord.

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Oui ben le 2ième GM a du essayer plusieurs fois de valider son pseudo, le mien étant pris. J'avoue ne pas apprécier outre mesure, mais bon, je ne vais pas faire mon taliban de service pour ça.

Moi je vais le faire.

Je demande, en tant que modérateur, au petit nouveau de changer de pseudonyme (et d'avatar) afin de ne pas créer de confusion avec l'ancien.

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