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Distinctions De Sémantique - Des Différents Courants De Libéralisme


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D'abord, mes excuses si ce sujet n'a pas sa place en "philosophie" : j'ai hésité à le poster en "politique" mais comme il me semble que ça reste une question de théories et de concepts, de réflexion, davantage que de la politique proprement dite ... Bref, les modérateurs aviseront. 

 

Ensuite, j'imagine que cette question a sans doute déjà du être posée en partie, mais j'aurais vraiment aimé avoir une synthèse sur le sujet. 

 

Facile de faire la distinction entre un étatiste et un libéral. 

 

Mais entre deux libéraux, là, il y a des concepts qui me paraissent assez exotiques. 

 

Par exemple, celui qui me semble le plus étrange intuitivement : qu'est-ce qu'un "libéral de gauche" ? ( le libéralisme, c'est la liberté pour tous les individus de mener toutes les actions et orientations qu'ils croient justes ou dans leur intérêt, pas que "quelque chose" supérieur à eux conditionne ces actions vers la gauche ou la droite? )

 

Quelle est la différence entre un libéral conservateur, un libéral classique, et un libéral "moderne" ? 

 

Un libertarien ? 

 

En plus de ces distinctions, quels sont les auteurs qui en sont les plus représentatifs ? Est-ce une distinction économique? philosophique? morale? 

 

Personnellement, d'abord intuitivement, puis ensuite par mes lectures, j'en suis arrivé à un idéal minarchiste, état très limité, donc, autant en rôle dans la société et dans l'économie qu'en impôt (les deux allant de pair) et je me pose encore quelques questions sur le suffrage universel (vers le sens de la réflexion de Benjamin Constant et la politique de Guizot, mais cette réflexion me semble être à affiner encore). D'une manière générale, pour l'économie autant que pour les moeurs, j'exige toute la liberté de faire ce que bon me semble, tant que cette liberté ne se fonde pas sur 1° l'asservissement d'autrui ; 2° l'empêchement pour autrui d'user de ce même droit. Ceci suffisait à mes yeux pour me considérer donc comme libéral, mais maintenant, je serais curieux de savoir de quel courant... 

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Comme écrit dans le titre, il s'agit de distinctions purement sémantiques, voire idéologiques, mais qui ne disent rien sur les motivations, talents, caractères, analyses et ressorts des personnes qui s'en réclament. Tout juste peut-on repérer quelques tendances loufoques.

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De ce qu'il me semble ressortir du lexique : 

 

Un libéral conservateur, par rapport à un libéral tout court, est en gros un "demi libéral" (sans jugement de valeur dans ce terme) ? 

 

A part que libertarien est un terme lié aux USA, rien d'autre ne le distingue d'un libéral classique? 

 

Et quel est le sens de cette expression "libéral de gauche" que je lis, ici ou là? 

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Ni l'âge du capitaine.

 

Pire, ces étiquettes ne sont pas des catégories politiques. Il n'existe pas de régime minarchiste ou iféministe, par exemple.

Ce ne sont même pas des courants à proprement parler.

Au fond elles servent surtout de béquilles pour palier un manque de culture, ou de couleur pour identifier l'adversaire, comme dans les équipes de foot.

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Un libéral conservateur, par rapport à un libéral tout court, est en gros un "demi libéral" (sans jugement de valeur dans ce terme) ? 

 

 

 

Sur liborg, je n'en mettrais pas ma main à couper. En-dehors de liborg assez souvent oui.

 

 

A part que libertarien est un terme lié aux USA, rien d'autre ne le distingue d'un libéral classique? 

 

 

Il y a un fort biais propriétariste chez les libertariens je crois et le libertarianisme est censé se fonder sur le principe de non-agression je crois.

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Toujours rien sur le communautarianisme libertarien, cette théorie attend vraiment que je la fonde.

 

:)

 

J'ai posté quelques références là-dessus à un moment, dans le débat sur le multiculturalisme. Il y avait aussi un fil ouvert sur Charles Taylor.

Mais bon encore une fois ça me semble plus un objet exotique et une curiosité qu'une catégorie politique consistante, l'école communautarienne étant généralement hostile aux libertariens, encore plus qu'aux républicains. Lucilio n'a pas tort, je suis un gros posteur.

 

Toutefois le problème sémantique des chapelles libertariennes tient surtout au fait qu'il s'agit d'une idéologie critique de l'Etat, sans colonne vertébrale politique. De façon que ça regroupe toutes sortes de gens aux objectifs et aux sensibilités hétéroclites : on y trouve des révolutionnaires, des utopistes, des souverainistes, des conservateurs, des traditionnalistes, des communautariens, des égalitaristes émancipateurs, des LGBT égarés, des libertaires et libertins, des anars de droite, des républicains...et un paquet de geeks informaticiens.

 

Bien plus pertinente à mon avis est l'analyse sociologique du mouvement libertarien, je vous renvoie à ce titre au très bon livre de Sébastien Caré : " Les libertariens aux Etats-Unis: Sociologie d'un mouvement asocial ". A quoi il faudrait ajouter une stricte analyse en terme de classes sociales.

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Il y a un fort biais propriétariste chez les libertariens je crois et le libertarianisme est censé se fonder sur le principe de non-agression je crois.

 

C'est-à-dire ? 

 

Le droit de propriété est déjà "sacré" pour tout libéral, non? 

 

Le principe de non-agression, je connais, mais tout ça me semble toujours flou. En quoi ça consiste ? C'est juste une expression d'une des branches du jusnaturalisme, non? Ca n'a pas déjà été traité en long en large et en travers par plusieurs auteurs voici déjà plusieurs siècles ? (Grotius et Hobbes, pour les premiers)

 

Pendant longtemps, j'ai mis les libéraux dans le même sac et récemment, j'ai reçu par la poste un tract du parti libertarien : leur programme (du moins les quelques points cités sur le tract) était sensiblement libéral, pas plus dans un sens que dans un autre. Ca m'a donc encore davantage intrigué : en quoi ce serait tellement différent du reste?

 

Ca me donne l'impression de différences d'étiquette ou de forme, mais peu de différences de fond.  

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Le propriétarisme c'est réduire l'ensemble du droit au droit de propriété. C'est ce que fait Rothbard dans l'Éthique de la liberté par exemple. Le droit à la vie devient la propriété de soi etc.

 

Chez les libéraux jusnaturalistes, on parlera plus de droit à la vie que de principe de non-agression ou de propriété de soi. 

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oxymore ? 

 

4. Un libéralisme social de sensibilité constitutionnaliste* qui, tout en valorisant la liberté économique et la nécessité de limiter l’extension de l’État, fait néanmoins appel à celui-ci pour réguler le marché afin d’en corriger certaines conséquences dommageables à l’équité sociale et à l’égalité des chances pour tous.

 

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De ce qu'il me semble ressortir du lexique : 

 

Un libéral conservateur, par rapport à un libéral tout court, est en gros un "demi libéral" (sans jugement de valeur dans ce terme) ? 

 

A part que libertarien est un terme lié aux USA, rien d'autre ne le distingue d'un libéral classique? 

 

Et quel est le sens de cette expression "libéral de gauche" que je lis, ici ou là? 

L

il me semble que les agoristes se revendiquent "libéraux de gauche".

Pourquoi?

Car ils préconisent l'anarchie-capitaliste, mais pour y parvenir, il prônent une révolution, certes, une révolution lente et par étapes, mais une révolution quand même.

 

Mais je ne suis pas spécialiste.

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Par exemple, celui qui me semble le plus étrange intuitivement : qu'est-ce qu'un "libéral de gauche" ? ( le libéralisme, c'est la liberté pour tous les individus de mener toutes les actions et orientations qu'ils croient justes ou dans leur intérêt, pas que "quelque chose" supérieur à eux conditionne ces actions vers la gauche ou la droite? )

Si j'ai bien compris, les libéraux de gauche sont en gros les libéraux soucieux avant tout d'améliorer la condition des plus démunis.

Par exemple, pour Revel, qui s'est considéré toute sa vie de gauche, on ne pouvait être que libéral si on est de gauche et qu'on est de bonne foi, sachant que le libéralisme est le meilleur moyen, sinon le seul, d'améliorer les conditions de vie des pauvres. Pour lui, être de gauche n'exclue pas d'adopter des solution qui marchent.

Alors, tu me diras tout le monde peut revendiquer cette façon de voir les choses...

Mais on pourrait citer les libéraux qui se sont fermement opposés aux "valeurs" de droite. (Religion, nationalisme, tradition...)

Comme libéral de gauche, on pourra citer peut-être Bentham, qui fut l'un des premiers à revendiquer la dépénalisation de l'homosexualité. Plus tard, il y a Alain...

http://www.wikiberal.org/wiki/Lib%C3%A9raux_de_gauche

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oxymore ? 

Sais pas. En tout cas le PDF indique clairement de qui et de quoi il s'agit :

  • Utilitarisme social de John Stuart Mill
  • Ordro-libéralisme de Wilhelm Röpke
  • Équité selon John Rawls
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A part que libertarien est un terme lié aux USA, rien d'autre ne le distingue d'un libéral classique?

Je trouve l'analyse de Sébastien Caré dans son autre livre pas mauvaise in fine : le libertarianisme, c'est l'économie libre, plus l'individualisme anarchisant, plus l'isolationnisme. C'est un peu rapide, mais c'est assez fonctionnel.
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A part que libertarien est un terme lié aux USA, rien d'autre ne le distingue d'un libéral classique?

Je crois tout simplement que le libéralisme classique est très "modeste", il se définit négativement par l'absence de dictature.

Le libertarianisme est quant à lui un projet positif, qui cherche une sorte de modèle "idéal" en dépassant le libéralisme classique.

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Je ne crois pas que sur le fond il y ait tant de différences que cela mais plutôt des différences d'itinéraires sociologico-intellectuels. Les libéraux de gauche étaient de gauche avant d'être libéraux, les libéraux conservateurs de droite. Restent bien sûr des sensibilités un peu différentes. Les libertariens, c'est différent, ils essaient de s'appuyer sur un système de pensée, quelque chose que les libéraux de droite en particulier vont un peu mépriser, avec ses concepts, une forme de rhétorique, une certaine rigidité conceptuelle, etc. Je ne crois pas les libéraux conservateurs ou de gauche soient aussi doctrinaires que les libertariens. Bref, des différences sociologiques et de personnalités, plus que de véritables oppositions intellectuelles.

Sur le courant du libéralisme de gauche, on peut s'intéresser à Naquet par exemple et la forme de "socialisme libéral" qu'il déféndait et qui a un peu survécu chez les radicaux... Le livre de Naquet "Socialisme collectiviste et socialisme libéral" n'est pas inintéressant : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411658x.r=Collectivisme+et+socialisme+libéral.langFR

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En complément à cette approche taxinomique, je recommande cet article d'Alain de Benoist sur les relations entre libéraux et communautariens. Il ne part pas d'un préjugé favorable au libéralisme, mais il est assez panoramique pour intéresser les amateurs de géographie intellectuelle.

 

COMMUNAUTARIENS vs. LIBERAUX
Alain de Benoist

 

L'idéologie libérale a généralement interprété le déclin du fait communautaire en étroite relation avec l'émergence de la modernité : plus le monde moderne s’imposait comme tel, plus les liens communautaires étaient censés se distendre au bénéfice de modes d'association plus volontaires et plus contractuels, de modes de comportement plus individualistes et plus rationnels. Dans cette optique, la communauté apparaît comme un phénomène résiduel, que les bureaucraties institutionnelles et les marchés globaux sont appelés à éradiquer ou à dissoudre. Tout accent mis sur la valeur de la notion même de communauté peut alors s’interpréter, soit comme « survivance » conservatrice, témoin d'une époque révolue, soit comme relevant d'une nostalgie romantique et utopique (rêve d'une « vie simple », d'un « âge d'or »), soit au contraire comme appel à une forme ou une autre de « collectivisme ». Un thème connexe est qu'en échange de l'abandon des anciennes communautés, les citoyens bénéficieront d'une liberté et d'un bien-être accrus, destinés même à s'étendre à l'infini, et dont la réorganisation de la société sous une forme rationnelle et atomisée représente précisément la condition. Toute cette thématique, on le voit, s'ordonne autour des notions de progrès, de raison et d'individu.
(...)
« En tant que projet de reconstruction sociale, estime Paul Piccone, le communautarisme n'est lié ni à la gauche ni à la droite. Dans les années trente, il constituait un projet de gauche dont le New Deal a constitué le point culminant, tandis que dans les années quatre-vingt la droite s'en est emparée pour le traduire dans les succès électoraux qui ont accompagné la “révolution” reaganienne. Aujourd'hui, les deux grands partis font appel à lui et aux valeurs qu'il incarne pour donner un fondement à leurs programmes respectifs »72. Michael Walzer a de même pu remarquer que « la critique communautarienne du libéralisme peut renforcer les vieilles inégalités propres au modes de vie traditionnels ou au contraire corriger les nouvelles inégalités dues au marché libéral et à la bureaucratie étatique »73.

 

Sur le plan sociologique, il faut enfin tenir compte de la grande résonance du point de vue communautarien auprès de certains milieux féministes ou de certains défenseurs des droits des minorités, et aussi du mouvement écologiste, comme terrain privilégié de résistance aux pratiques des bureaucraties institutionnelles et à l'extension des marchés globaux.

 

Quelques points de convergence apparaissent cependant. Presque tous les communautariens contestent l'idée de « citoyenneté économique », qui transforme les sociétaires en « spectateurs qui votent » et en consommateurs toujours plus désireux d'améliorer leur position sur le marché, tout en donnant aux industriels la possibilité de rechercher un profit maximum en dehors de toute régulation démocratique. Presque tous critiquent également le centralisme, la bureaucratie étatique et prônent des formes variées de démocratie participative. Le fond de leur message est que si l'on ne peut redonner vie à des communautés organiques ordonnées à l'idée de bien commun et de valeurs partagées, la société n'aura pas d'autre alternative que l'autoritarisme ou la désintégration. Si certains se proposent de revitaliser les traditions, tandis que d'autres soulignent avant tout l'importance des biens publics et des équipements collectifs, beaucoup se réclament d'une tradition de « républicanisme civique » qui remonte à l'Antiquité et a connu son apogée dans les républiques italiennes de la fin du Moyen Age, avant de jouer également un rôle dans les révolutions française et américaine. Aux Etats-Unis, cette tradition emprunte autant à Machiavel et à Hannah Arendt qu'à Thomas Jefferson, Patrick Henry et John Dewey77. L’idée d’une nécessaire réactivation de la citoyenneté active en constitue le coeur, de pair avec une redéfinition de la vie démocratique axée sur l'idée de participation78, de reconnaissance et de bien commun. « La notion centrale de l'humanisme civique, écrit ainsi Charles Taylor, est que les hommes trouvent leur bien dans la vie publique d'une république de citoyens ». La pensée communautarienne semble par là devoir déboucher sur une remise en cause de l'Etat-nation et sur un certain renouveau de l'idée fédéraliste.

 

 

http://www.alaindebenoist.com/pdf/communautariens_vs_liberaux.pdf

 

 

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