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Traductions pour Contrepoints, Wikiberal et autres


Nick de Cusa

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Le gouvernement pourrait tout aussi bien rémunérer des bandes pour fracasser des vitrines.

Imaginons que le gouvernement décide de relancer l'économie en formant et en rémunérant des bandes jeunes pour qu'ils parcourent les centres-villes et y fracassent les vitrines.

Ceci pourrait, à première vue, servir ses objectifs politiques de plusieurs manières. Non seulement cette politique s'attaquerait directement au chômage (en donnant à des centaines de jeunes vagabonds un revenu et une opportunité de se réinsérer dans la société), mais elle créerait indirectement des centaines d'emplois. Pensez aux personnes qui pourraient gagner leur vie en balayant les éclats de verre. Pensez aux vitriers qui seront embauchés pour remplacer les vitrines. Pensez aux transporteurs qui conduiraient des vitrines à travers le pays. Et imaginez, imaginez rien qu'un instant, ces vitriers et ces transporteurs, les poches remplies d'un argent bien mérité, dépensant tout cet argent, relançant la consommation, enrichissant ainsi le pays tout entier !

Instinctivement, nous savons que ce raisonnement ne tient pas la route. Mais il est important d'en pointer précisément la faille. Celle-ci a été expliquée par l'économiste français Frédéric Bastiat en 1863 dans son ouvrage « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » : Si les bénéfices annoncés, bien que spécieux, sont visibles, les coûts, eux, ne le sont pas.

Commençons par le coût pour le trésor public. En même temps que le salaire des vandales, les contribuables doivent entretenir toute une bureaucratie pour gérer l'opération. Cette nouvelle charge, c'est de l'argent que les contribuables auraient pu dépenser à des fins plus utiles que de payer des équipes de casseurs. La quantité d'argent prélevée sur l'économie pour financer les plans d'interventions gouvernementaux est toujours, toujours, plus grande que celle qui y revient lors de leur exécution.

Poursuivons avec la mauvaise allocation de temps et de ressources. Toutes les personnes impliquées dans ce circuit économique (les personnes au chômage qui auraient pu trouver un travail plus utile, les commerçants qui doivent mettre leur activité au second plan, les transporteurs surchargés forcés de hausser leurs tarifs pour les autres clients) ont été détournées d'une activité plus productive.

Vous pourriez avoir envie d'objecter que personne ne proposera jamais un plan aussi ridicule. Pourtant, c'est virtuellement celui que proposent de mettre en œuvre les pays occidentaux lorsqu'ils évoquent les "emplois verts".

Il est parfaitement légitime qu'une discussion ait lieu à propos de l'éventuelle responsabilité de l'homme dans le changement climatique, et des solutions qui peuvent y être apportées. Il est naturel d'envisager l'intervention de l'Etat si l'on pense qu'il est possible de faire cesser certaines activités participant à l'échauffement de la planète.

Mais je suis choqué de constater que les hommes politiques, partout dans le monde, ne s'attardent plus sur les considérations environnementales, et évoquent au lieu de cela les créations d'emplois, le développement de technologies vertes, etc. Ce sont des arguments exactement équivalents à ceux utilisés lors de l'expérience de pensée du plan national de démolition des vitrines.

Et il ne s'agit pas seulement des problèmes environnementaux. Les plans de relance gouvernementaux décrétés un peu partout en Europe ne résistent pas plus à l'analyse de Bastiat. Chaque fois que les hommes politiques évoquent "l'injection" de liquidités dans l'économie, que ce soit par le bais de l'assouplissement quantitatif ou celui de la dépense directe, ils oublient <<ce qui ne se voit pas>>. D'où viennent les liquidités "injectées" ? Est-ce que vous et moi croyons réellement que le gouvernement va dépenser cet argent mieux que les personnes à qui il a été soutiré ?

Dit d'une autre manière, la demande est la conséquence, et non la cause, de la croissance économique. On ne peut pas continuer à stimuler la consommation sans accroitre la production. C'est ce qui nous a mis dans le pétrin la première fois. Tant que l'Europe ne changera pas de direction, il n'y aura pas de reprise.

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Proposition d'article de Reason à traduire : Silent Spring's 50-Year History of Selective Data - Rachel Carson, more than any other person, created the politicized science that afflicts today's public policy debates. C'est long, mais ça vaut le coup.

Je suis très occupé ces temps-ci professionnellement, mais j'ai un peu de temps pour ce soir m'occuper de ça.

EDIT : je le rendrai dans le week-end, plutôt, promis.

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Classique, on s'est tous fait avoir comme ça une fois ou un autre. A éviter comme bénévoles au temps précieux. Bien compléter le google docs et, en effet, précisier aussi dans ce fil ne fait pas de mal (mais c'est la ceinture et les bretelles).

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Chacun peut piocher sur le site qu'il veut et mettre dans le fichier. Hannan, par exemple, pour qui n'y est pas insensible.

N'attendez pas que je mettes quelque chose sur ce fil.

Depuis la naissance de ce fil, si je ne le copie pas, c'est comme si ça n'existait pas.

Pourtant, que je le copie ici n'ajoute strictement rien, quand on y pense.

Un peu d'initiative, c'est la base d'être libéral ;)

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Les Directives Européennes rendent le prochain crack inévitable

littéral EU regulation is making the next crash inevitable)

Alternatif :

Bruxelles à l’origine de la prochaine panique bancaire ?

Le parlement Européen est de retour en séance plénière, comme si rien de fâcheux n’était en train de se passer derrière ses murs. José Manuel Barroso en appelle au fédéralisme et à un nouvel ordre mondial. Les députés régulent des entreprises privées dont ils comprennent à peine le travail. La cible principale de cette session est le secteur financier qu’ils trouvent à l’unanimité déroutant et effrayant.

Nous ne serions pas surpris d’apprendre que leurs propositions amènent l’activité en dehors de l’Union Européenne dans son entier et de Londres en particulier. Ce qui risque de vous surprendre, en revanche, est que dans le même temps ils s’apprêtent avec une presque certitude à mettre en place un nouvel effondrement bancaire.

Les faillites bancaires ne sont pas le signe que le capitalisme serait défaillant. Bien au contraire, elles sont un signe de ce que le capitalisme fonctionne. Le marché repose sur le fait que les entreprises défaillantes laissent la place à la compétition; c’est le procédé qui permet de tenir la croissance économique et d’augmenter les standards de vies. C’est ainsi que nous pouvons jouir de conforts matériels que nos arrières grands- parents n’auraient jamais pu imaginer.

Or, l ‘approche de l’Union Européenne dans le secteur bancaires et financier est fondé sur la négation de toute faillite. Toutes les propositions, depuis la nécessité de détenir un certain montant de capital jusqu’à la forme de contrôle extérieur, sont conçues afin de créer un système ou les banques ne pourraient faire faillite.

En définitive, notre but devrait plutôt être de créer une situation ou les banques pourraient faire faillite mais sans effet désastreux. Un marché pluraliste dans lequel des centaines de fournisseurs seraient en compétition et dans lesquels la faillite de l’un d’eux serait l’opportunité pour des rivaux plus compétents de reprendre ses opérations courantes et de proposer un meilleur service.

Autour d’un million de personne est employé dans les services financiers en Angleterre ;la moitié dans des sociétés avec moins de 200 employés. Ces petites sociétés sont dirigées par leurs propriétaires et n’ont pas besoin qu’on leur rappelle de rester solvables, la faillite veut dire tout perdre. Et pourtant, ils sont obligés de passer de plus en plus de temps à se mettre en règle avec les directives Anglaises et avec celles de L’Union Européenne.. non pas pour répondre à un problème spécifique mais bien pour donner l’impression que quelque chose est train d’être fait.. Le guide de réglementation de la FSA ( ie Financial Security Administration) contient à ce jour 10,500 pages.

Aucune banque ou société financière ne peut s’en sortir sans dépenser 5 % de son budget en respect de ces normes, argent qui sinon aurait pu être dépensé en création d’emplois et maximisation des retours. D’épais documents sont emailés aux investisseurs potentiels, qui ne les lisent jamais mais qui en retirent l’impression que, quelqu’un, quelque part, est au dessus de tout risque.

Beaucoup de petits opérateurs incapables de s’offrir le coût de cette mise à niveau sont alors repris par des concurrents. Bruxelles ne doit pas être la seule à être pointée du doigt, Gordon Brown aussi a fait sa part pour encourager les consolidations bancaires.

Mais Bruxelles est encore plus sensible aux lobbying que les banques géantes veillent à maintenir au sein des gouvernements nationaux. Ces monstres sont affamés de règlementations, sachant que c’est la meilleure façon de faire mettre la clé sous la porte à leurs petits rivaux. Dans toute l’Europe, ils font bien attention de s’assurer que les créateurs de règlementations aient un intérêt à leur succès.

Les conseils d’administration des plus grandes banques françaises sont remplis de hauts fonctionnaires. Quatre grandes banques contrôlent 85 % du marché français. Dans la plus grande partie du continent Européen et maintenant aussi en Angleterre, les grandes banques sont dirigées quasiment comme des entreprise nationalisées. Comme toutes les entreprises nationalisées, elles fonctionnent avec l’idée sous jacente que les contribuables paieront si les choses tournent mal. Ces grandes banques sont à l’origine du crack et sont en train de forcer l’Union Européenne et maintenant le FMI à reprendre leurs passifs. Les Eurocrates quant à eux tendent l’autre joue à l’organisation qui a encombré les contribuables avec ces passifs colossaux tout en demandant la plus extrême prudence envers les petits fonds d’investissement qui étaient, eux, totalement extérieurs à la dépression de 2008.

On peut en vouloir à beaucoup de monde pour le resserrement de crédit (credit crunch) ; aux banques, aux organismes de régulation, aux agences de notation. Mais ceux à qui vous ne pouvez en vouloir sont les hedge fund et les autres sociétés financières. Bien au contraire, ils sont parmi les victimes principales. Certain ont coulé, d’autres ont pris leurs pertes stoïquement. Personne n’a demandé de caution. Néanmoins, plusieurs règlementations européennes comme le directive du 8 juin 2011 sur les gérant de fonds d’investissement alternatifs continu de les viser.

http://eur-lex.europ...001:0073:FR:PDF

Pourquoi ?

En partie parce que 70% des capitaux gérés le sont depuis Londres et que l’Angleterre a peu d’ami à Bruxelles. En partie aussi à cause d’une attitude un peu médiévale face au capitalisme. La plupart des députés et des fonctionnaires de la commission sont aux prises avec l’idée que les services seraient des biens tout aussi tangibles que les produits manufacturés. Leur vision structurelle est que les gérant de fonds sont des pilleurs qui profiteraient du « vrai travail » de ceux qui frappent le métal pour vivre. (L’ironie n’a jamais été le fort du fonctionnaire européen, raison pour laquelle il est capable, sans rougir de se plaindre de ce que quelqu’un d’autre « ne fait pas son travail correctement »). Quand une bagarre éclate dans un pub, on ne va pas taper le type qui l’a commencé, vous allez cogner sur celui que vous envisagiez de cogner depuis toujours. C’est encore plus vrai lorsque le type qui a commencé la bagarre est un colosse bodybuildé.

C’est ainsi que les services financiers britanniques se retrouvent pointés du doigt à cause d’une histoire sans relation provenant des banques du Léviathan. Et ce n’est pas simplement que l’Union Européenne tape sur la mauvaise cible, c’est surtout que les règlementations de Bruxelles sont activement en train d’exacerber le problème en encourageant les OPA et en décourageant les nouveaux arrivant. Comme tout élu, j’ai sur mon bureau une pile chancelante de lettres émanant de petits entrepreneurs qui désespèrent de trouver des crédits. Juste à coté, j’ai une autre pile , au moins aussi grande, d’épargnants du troisième âge dont les épargnes ont cessé de générer des profits. Pourquoi personne ne met- il les premiers en relation avec les seconds. Où sont les nouvelles banques ? La réponse est qu’elles sont difficiles à créer. Les dossiers de création demandent au moins deux ans. Et même s’il existe des nouveaux sur ce marché, ils restent dominés par de gros conglomérats, exactement comme au Japon avant son propre crack bancaire en 1990.

Qu’elle est la solution ? Nous devrions oublier toute idée de contrôle extérieur des services financiers. La FSA ( Financial Security administration) a sans nulle doute prouvé son inutilité et les trois nouvelles instances de régulations de l’Union Européenne devraient exacerber encore plus ces défauts. Au lieu de cela, nous devrions rendre les directeurs de banque responsables personnellement pour leurs pertes, ainsi que Steve Baker, le fantastique député de Wycombe, l’a proposé dans sa proposition de loi. La raison pour laquelle les grandes banque sont à l’origine de plus de problèmes que les petites est que leur conseil d’administration se comporte comme des employés plutôt que comme des propriétaires et leurs actionnaires eux, se comportent comme des investisseurs plutôt que comme des partenaires dans la durée.

Regardez le problème sous cet angle. Les trois grandes professions de la city sont les avocats, les auditeurs et les financiers. Les deux premiers travaillent encore largement sous forme de partenariat ; les dirigeants contrôlant l’entreprise en question. Quel secteur est à l’origine du crash ?

Quand le Brésil avait sa propre banque, il passa une courte loi rendant les dirigeants de banques directement responsables. Il y a eu très peu de problème à déplorer depuis. Plutôt que de prétendre qu’une agence extérieure pourrait réguler le système, il faut remettre en marche les prédispositions humaines. Nous ne devrions pas avoir besoin de dire aux banques de ne pas faire faillite : la faillite n’est pas un bon business. De même, nous ne devrions pas avoir besoin de dire aux banques de prêter ; c’est ainsi qu’elles font du profit. Tout ce que nous devrions faire est de s’assurer que les dirigeants souffriront directement si les choses tournent mal. Assez tristement cependant, l’Union Européenne prend la direction opposée, en passant des règlementations qui sont à la fois onéreuses et inutiles, assassinant les petits operateurs, et en augmentant les barrières d’entrée. En d’autres termes, Bruxelles elle même crée le phénomène de « Trop grand pour échouer (cf Too big to fail» qui est l’origine même du problème.

NDLR

.Un dessin avec l’infini ?

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Je veux bien prendre (surtout que j'aime bien taper sur Krugman).

Il est pas sur le Google Docs, je le rajoute ?

Go go go.

Autre chose, SUPER COURT autant qu'indispensable :

Record de tous les temps de la banquise Antarctique : http://wattsupwiththat.com/2012/09/29/according-to-noaa-data-all-time-antarctic-sea-ice-rxtent-record-was-set-on-sept-22nd-2012/

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Voilà :

Paul Krugman refuse de débattre avec un économiste autrichien au profit d'une association caritative

Si le chroniqueur du New York Times Paul Krugman débat avec l'économiste autrichien Robert Murphy, une banque alimentaire de New York recevra plus de 73.000$. Pourtant Krugman, qui croit en la redistribution des revenus pour aider les pauvres, a refusé de débattre avec Murphy.

L'auteur, lauréat du prix Nobel d'économie, affirme qu'il ne veut pas débattre dans un "cirque public". Krugman a déjà cité l'analyse de Murphy, concernant la théorie du capital, comme "le meilleur exposé que j'ai vu jusqu'ici du point de vue autrichien qui ravage le parti républicain".

Murphy a créé une campagne sur ThePoint.com il y a deux ans permettant aux visiteurs de faire des promesses de dons pour une œuvre de charité, si Krugman acceptait un débat. Il a même suggéré qu'Ezra Klein, le chroniqueur progressiste du Washington Post, modère le débat.

A ce jour, si Krugman accepte l'invitation de Murphy, plus de 73.000$ iront au Fresh Food Program de FoodBankNYC.org. Selon le New York Times, cette ONG "livre de la nourriture à la quasi-totalité des banques alimentaires et soupes populaires de la ville".

Si Krugman refuse le débat, la banque alimentaire ne recevra aucun fond et aucune des personnes ayant fait une promesse de dons ne sera prélevée. Plus de 77.000$ ont été promis à ce jour (NdT: 5% de cette somme allant au site ThePoint.com, hébergeur des promesses de dons).

Selon le bloggeur Brian LaSorsa, cette situation est forcément positive pour l'Ecole Autrichienne d'économie :

"Il n'y a que deux résultats possibles. (1) Krugman accepte et Murphy obtient la possibilité de participer à un débat ouvert et honnête sur la politique économique, tout en offrant une grande somme d'argent au bénéfice d'une banque alimentaire, ou (2) Krugman refuse et nous révélons un redistributeur comme étant un hypocrite."

Murphy explique lui aussi qu'en refusant le défi "Krugman devra expliquer à ses fidèles lecteurs pourquoi il ne peut prendre la peine de débattre une heure sur la théorie des cycles économiques, bien que cela signifie que des milliers de dollars provenant de la droite seraient alors utilisés pour nourrir des New-Yorkais affamés".

Comme le fait remarquer LaSorsa, Krugman a débattu Ron Paul sur Bloomberg TV en avril, expliquant qu'il l'avait fait pour promouvoir son livre -- ce qui est donc une plus grande priorité que d'aider une banque alimentaire à but non lucratif.

Murphy a notamment écrit Le guide politique incorrect du Capitalisme et le guide d'étude de Human Action. Vous pouvez voir ci-dessous la vidéo YouTube (en anglais) où il explique son projet de "débat Krugman" :

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Voici. Je ne serais pas contre une relecture par contre, pour les fautes et les tournures maladroites.

Les jérémiades de Rachel Carson contre les pesticides sont considérées par beaucoup comme ayant lancé le mouvement environnementaliste moderne et elle-même, morte en 1964, est largement louée pour ses efforts dans ce domaine. " Elle fut la première personne à attirer l'attention sur l'arrière-plan du brillant tableau de la modernité", dit l'environnementaliste Bill Mc Kibben dans un article du NY Times, dimanche dernier.

"La réaction hostile à Silent Spring [NdT : édité en français sous le titre Printemps Silencieux] contenait les germes d'une division partisane sur les sujets environnementaux qui s'est depuis renforcée en un solide mur d'amertume et de défiance." écrit William Souder, auteur d'une nouvelle biographie de Carson, On a Farther shore. Il ajoute "Aucune raison objective n’explique pourquoi l'environnementalisme devrait être la province exclusive d'un seul parti politique ou d'une seule idéologie." Cette conclusion est parfaitement fausse.

Dans Silent Spring, Carson élabora une dénonciation passionnée de la technologie moderne, qui meut encore les environnementalistes aujourd'hui. Au sein de cette pensée : la Nature est bonne, stable, et même une source de bien moral; l'humanité est arrogante, inattentionée, et source d'immoralité. Rachel Carson, plus que quiconque, est responsable de la science politisée qui atteint le débat sur les politiques publiques aujourd'hui.

Avant tout, reconnaissons que Carson avait raison à propos des problèmes qu'une utilisation extensive des pesticides a pu causer, et en fait a causé. Carson voyait juste quand elle expliquait que le DDT déréglait la reproduction de certaines espèces. Il est également exact que certains insectes après-coup développèrent une résistance aux pesticides, ce qui rendait ceux-ci au final moins efficaces pour stopper les maladies portées par les insectes et protéger les cultures. En fait, le premier cas d'insecte évoluant vers une résistance a été identifié en Californie, au début du XX siècle, quand certaines espèces de cochenilles devinrent résistantes aux insecticides primitifs qu'étaient le sulfure de calcium et l'hydrogène cyanide. Dès 1960, 137 espèces d'insectes avaient développé une résistance aux DDT. Afin de préserver leur utilité, les pesticides devaient clairement être utilisés plus judicieusement.

Carson, cependant, réalisa que des histoires de nids d'oiseaux vides et de cultures infestées de mauvaises herbes et d'insectes n'étaient pas un moyen suffisant pour mener les gens à craindre les produits chimiques qu'elle-même abhorrait. La menace devait être plus immédiate et intime. Le biographe de Carson Souder note alors que "en 1960, a la moitié du chemin dans son écriture de Silent Spring, au moment même où elle était en train d'exposer la connection entre l'exposition aux pesticides et le cancer, Carson fut elle-même atteinte d'un cancer du sein." Etant donné les conditions médicales des années 1950, peu de maladies faisaient plus peur que le cancer. Et les morts par cancer avaient depuis peu augmenté dramatiquement. Carson cita des statistiques gouvernementales selon lesquelles les morts dues au cancer avaient augmenté de 4% des décès en 1900 à 15% en 1958.

Mais sous-entendre un épidémie de cancer à des décennies de distance n'était pas suffisant non plus : Carson était convaincue que le pouvoir cancérigène des pesticides était bien plus rapide que ça. En guise de preuve, elle utilisa diverses anecdotes, notamment celle d'une femme "qui détestait les araignées" et qui pulvérisa du DDT dans sa cave à la mi-août. Elle mourut d'une leucémie agressive quelque mois plus tard. Dans un autre passage, Carson cite un homme et son bureau infesté de cafards qui, lui aussi, utilisa du DDT et qui "dans un temps assez court, commença à montrer des hématomes et à saigner. Dans le même mois il fut diagnostiqué d'une anémie aplasique.

Afin de renforcer ces histoires terrifiantes, Carson se basait sur des données montrant une augmentation des morts par leucémie de 11.1 par 100 000 en 1950 à 14.1 en 1960. La mortalité par leucémie augmenta donc avec l'usage des pesticides. "Qu'est-ce que cela signifie ? A quel agent ou agents létaux, nouveaux au sein de notre environnement, les gens sont-ils désormais exposés avec une fréquence accélérée ?" se demandait Carson. Cinquante ans après le taux de mortalité par leucémie a diminué à 7.1 par 100 000. La moitié de ce que Carson notait dans le Silent Spring. En fait, le taux de leucémies diagnostiquées est désormais de 12.5 par 100 000.

Carson savait sûrement que le cancer est une maladie dont le risque augmente avec l'âge. Et grâce aux vaccins et aux nouveaux antibiotiques, les américains furent heureux de vivre plus longtemps. Assez longtemps pour attraper le cancer et en mourir. L'espérance de vie moyenne était de 46 ans en 1900 et le taux de mortalité annuel atteignait 17 pour 1000 aux USA. Aujourd'hui l'espérance de vie est de 78 ans et le taux annuel de mortalité ne dépasse plus guère 9.5 pour 1000. Aujourd'hui, bien que seulement 12% des américains ont plus de 65 ans, ils représentent 56 % des diagnostics de cancer, et constituent 69% des morts par cancer.

Le règne du cancer est-il arrivé ? Non. Dans Silent Spring Carson révélait que les fermiers américains utilisaient alors 300 millions de Kg de pesticides sur leurs cultures. L'estimation la plus récente de l'Agence de Protection de l'Environement fait état de 600 millions en 2007 (avec une baisse récente, à mesure que les fermiers adoptent des cultures génétiquement modifiées pour résister aux insectes).

Qu'en est-il du taux d'incidence des cancers ? Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, les taux d'incidence (ajustés de l'âge) ont diminué depuis deux décennies. Pourquoi ? Surtout parce que beaucoup moins d'américains fument aujourd'hui, et un grand nombre de femmes ont cessé d'utiliser des traitements hormonaux, pratiques dont l'influence sur le cancer du sein est maintenant certaine.

Dans les années 1990 pourtant, en se basant sur de rapides recherches, les environnementalistes commencèrent à proposer l'hypothèse qu'une exposition passée aux pesticides orgachloriniens, tels que le DDT, était la source d'une épidémie de cancers du sein. Cependant, après des années de recherches, un article majeur paru en 2008 dans le journal CANCER révéla que l'exposition aux composés organochloriniques tels que le DDT "n'est pas considérée comme étant causalement liée au cancer du sein".

Considérant le risque cancérigène global posé par les agents chimiques synthétiques, la American Cancer Society, dans son plus récent rapport sur les cancers, conclue :"L'exposition à des agents cancérogènes au sein d'une population, d'une communauté ou autre, compte en fait pour un pourcentage relativement faible des morts par cancer - près de 4% pour les expositions liées au travail, et même 2% seulement sont causés par des pollutions environnementales (qu'elles soient l'œuvre de l'homme ou de la nature)." Quels facteurs augmentent alors le risque cancérogène ? Fumer, boire (trop) et manger trop. En fait, même si le taux global de cancer a diminué, les cancers liés à l'obésité - pancréas, foie et rate - ont eux légèrement augmenté.

La première victoire notable de l'environnementalisme eut lieu en 1972. Dix ans après la parution de Silent Spring, William Ruckelhaus, Administrateur de la toute jeune Agence de Protection de l'Environnement, bannit les DDT, légitimé par les enquêtes du juge administratif qui avaient révélé, après des mois d'analyse scientifique, que "le DDT n'est pas sans risque sur l'homme ", et que ses bénéfices excédaient ses coûts. Dans la justification de sa décision, Ruckelhaus nota alors "L'inquiétude publique à propos de l'usage massif des pesticides a été aiguillonnée par le livre Silent Spring de Rachel Carson."

Souder, le biographe de Carson, conclut étrangement que l'opposition acharnée de la part des compagnies chimiques, des intérêts agrariens et de leurs alliés au sein du gouvernement "placèrent Rachel Carson et tout ce qu'elle pensait au sujet de l'environnement à la gauche du spectre politique. Et ainsi deux phénomènes - l'environnementalisme et ses adhérent - furent alors définis une fois pour toutes". C'est comprendre les choses à l'envers.

Carson décrivait le choix auquel l'humanité faisait face comme à un carrefour sur la route vers le futur "Le chemin que nous avons longtemps emprunté est beaucoup trop facile, une autoroute fluide sur laquelle nous progressons à grande vitesse, mais qui ne mène qu'au désastre", déclara-t-elle. L'autre voie du carrefour - celle "moins empruntée"- nous offre notre dernière, notre seule chance d'atteindre une destination qui assure notre préservation sur cette Terre". Ce genre de rhétorique apocalyptique est désormais la norme dans le débat politique. Dans tous les cas, l'opposition à Silent Spring ne s'éleva pas tant parce que Carson attaquait les intérêts de certaines compagnies (ce qu'elle faisait néanmoins), mais aussi parce qu'il était clair que son souci global était de mettre un frein au progrès technologique et à la croissance économique qu'il permet.

A Travers Silent Spring, Carson fournit à tous ceux qui se sentent aliénés par le progrès technologique moderne un modèle de la façon de refuser les arguments scientifiques au nom de politiques et de résultats qu'ils préfèrent pour d'autres raisons. C'est cette tradition de biais dans la confirmation dans les politiques publiques que le professeur de Droit à Yale Dan Kahan et ses collègues révèlent au sein du Yale Cultural Cognition Project.

Dans une étude récente sur la façon dont les Américains perçoivent le risque de changement climatique, publié dans Nature Climate Change, Kahan et ses collègues trouvèrent que les gens recevaient mieux les informations qui renforçaient leurs valeurs, et généralement ignoraient celles qui ne le font pas. Ils observent que les gens qui sont situés en gros à gauche 'tendent à être moralement suspicieux envers le commerce et l'industrie, auxquels ils attribuent iniquité sociale. Ils estiment dont spontanément que ces activités sont dangereuses et sujets valables de restrictions." D'un autre côté, ceux situés en gros à droite sont des soutiens du progrès technologique qui s'inquiètent à propos des "interférences collectives avec les décisions individuelles" et "tendent à être sceptiques devant les risques environnementaux. De telles personnes perçoivent intuitivement que l'acceptation globale ce tels risques autoriserait des freins au commerce et à l'industrie".

Alors que la confiance dans d'autres sources d'autorité - politiciens, religieux, chefs d'entreprises - s'est flétrie dans les cinquante dernières années, les promoteurs de politiques publiques sont de plus en plus tentés d'envelopper leurs arguments du manteau de l'objectivité scientifique. Cependant, les chercheurs de Yale ont montré qu'une plus grande littérature scientifique produit une plus grande polarisation politique. Comme l'exposent Kahan et ses collègues "pour le citoyen ordinaire, la récompense de l'acquisition d'une plus grande culture scientifique et d'une capacité de raisonnement technologique plus assurée est une plus grande facilité pour découvrir et utiliser - ou rejeter- les arguments liés à des positions". Autrement dit, dans les débats politiques les données scientifiques sont utilisées afin de renforcer des valeurs partisanes, et non pas afin d'atteindre un accord sur ce qui est réellement. Cette sorte de raisonnement intéressé s'applique chez les partisans de gauche et de droite, qui tous l'ont appris en partie chez Rachel Carson.

EDIT : Fautes et tournures modifiées

Modifié par YouplaBoum
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