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La critique de Alain de Benoist de Hayek


Invité

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J'ai trouvé une critique intéressante de la pensée Hayekienne par un chef de la Nouvelle Droite sociobiologique.

Tous ses arguments ne me semblent pas pertinents, et défois à coté de la plaque car issus de mauvaises interprétations, mais d'autres ont le mérite qu'on y réfléchisse.

Je ne poste pas un résumé du contre argumentaire (qui commence au chapitre 3) car il est tard, je le ferai demain. Il est vrai que le texte est assez dense, mais ça se lit vite.

Qu'en pensez vous?

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En voici un extrait :

La vision hayékienne de l'homme « primitif » vivant dans l'« ordre tribal », quoique bien différente de celles d'un Hobbes ou d'un Locke, voire d'un Rousseau, est par ailleurs sans grande pertinence anthropologique. Représenter les sociétés traditionnelles comme des sociétés privilégiant les comportements volontaristes (« constructivistes ») est en particulier bien aventuré, puisque ces sociétés sont précisément régies par des traditions orientées vers le retour du même. On pourrait au contraire aisément montrer que c'est bien plutôt la « grande société » qui fait la part belle aux projets novateurs et aux desseins délibérés. En d'autres termes, ce sont plutôt les sociétés traditionnelles et « tribales » qui relèvent de l'ordre spontané, et les sociétés modernes de l'ordre institué Alain Caillé observe d'ailleurs très justement que faire dépendre la justice de la conformité à l'ordre traditionnel de la pratique « aboutit paradoxalement à montrer que la seule société juste qui soit concevable est la société close, et non pas la Grande Société libérale » (38). La société dont, par définition, la thémis s'éloigne le moins du nomos est en effet bien la société traditionnelle, fermée sur elle-même (mais ouverte sur le cosmos) : d'un strict point de vue hayékien, elle est d'autant plus « juste » (ou plutôt, d'autant moins « injuste ») qu'elle tend à se perpétuer à l'identique en se fondant sur l'usage.

L'idée selon laquelle les institutions qui se sont imposées durablement jusqu'à nos jours résulteraient toujours « de l'action des hommes, mais non de leurs desseins », n'est pas moins contestable. Le droit anglais, cité fréquemment comme exemple typique d'une institution dérivée de la coutume, est en réalité né de manière relativement autoritaire et brutale, « à la suite d'interventions royales et parlementaires, et il est le résultat de l'oeuvre créatrice des juristes appartenant à l'administration centralisée de la justice » (39). De façon plus générale, tout l'ordre libéral anglais résulte du conflit intervenu au XVIIème siècle entre le Parlement et la Couronne, et nullement d'une évolution spontanée. Quant au marché, s'il n'est certes pas la forme naturelle de l'échange, sa naissance ne saurait non plus être rapportée à une lente évolution des moeurs et des institutions d'où tout « constructivisme » aurait été absent. C'est même l'inverse qui est vrai, le marché constituant un exemple typique d'ordre institué.

Comme on l'a vu, la logique du marché, phénomène à la fois singulier et récent, ne se développe en effet qu'à la fin du Moyen Age, lorsque les Etats naissants, soucieux de monétariser leur économie pour accroître leurs ressources fiscales, commencèrent à unifier le commerce local et le commerce à longue distance au sein de marchés « nationaux » qu'ils pouvaient plus facilement contrôler. En Europe occidentale, et singulièrement en France, le marché, loin d'apparaître en réaction contre l'Etat, naît donc au contraire à son initiative, et ce n'est que dans un second temps qu'il s'émancipera des frontières et des contraintes « nationales », au fur et à mesure que s'accentuera l'autonomie de l'économique. Création strictement volontaire, le marché, à ses débuts, est l'un des moyens qu'utilise l'Etat-nation pour liquider l'ordre féodal. Il vise à faciliter un prélèvement fiscal au sens moderne du terme (les échanges intracommunautaires, non marchands, étant insaisissables), ce qui entraîne la suppression progressive des communautés organiques autonomes et, par conséquent, la centralisation. Ainsi, l'Etat-nation et le marché appellent l'un comme l'autre une société atomisée, où les individus sont progressivement extraits de toute socialisation intermédiaire.

La dichotomie faite par Hayek entre ordre spontané et ordre institué apparaît finalement comme irrecevable. Elle n'a tout simplement jamais existé. Dire que la société évolue spontanément est aussi réducteur que d'affirmer qu'elle se transforme sous le seul effet de l'action volontaire des hommes. Et l'affirmation selon laquelle la logique de l'ordre spontané ne saurait interférer avec celle de l'ordre institué sans que des conséquences catastrophiques en résultent, est elle aussi tout à fait arbitraire : toute l'histoire de l'humanité est faite d'une telle combinaison. La représentation du procès de formation de l'ordre social comme résultant de la pure pratique « inconsciente », indépendamment de toute finalité ou visée collective, n'est donc qu'une vue de l'esprit. Aucune société n'a jamais été cela. L'auto-organisation des sociétés est à la fois plus complexe et moins spontanée que ne le prétend Hayek. Si les règles et les traditions influencent effectivement la vie des hommes, on ne saurait oublier, sauf à tomber dans une vision purement linéaire et mécanique, que les hommes, en retour, agissent aussi sur les règles et les traditions. Hayek, en fin de compte, ne voit pas que les sociétés ne s'instituent jamais dans la seule réalité de la pratique spontanée et sur la seule base des intérêts individuels, mais d'abord dans l'ordre symbolique, sur la base de valeurs dont la représentation implique toujours un écart par rapport à cette pratique.

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Tous ses arguments ne me semblent pas pertinents, et défois à coté de la plaque car issus de mauvaises interprétations, mais d'autres ont le mérite qu'on y réfléchisse.

À mon sens, les critiques les plus intéressantes du libéralisme se trouvent chez Lasch, et son « disciple » français Michéa. En gros, ils critiquent l'absence de valeurs morales posées en exemple dans une sociétés libres, et s'attendent à une déperdition de toutes ces valeurs traditionnels (par le gauchisme et l'irresponsabilité des individualistes libertaires) qui ont pourtant contribué à l'essor du laissez-faire au XVIIIe.

De Benoist, c'est un zouave qui s'attaque à un maître de la pensée politique qu'il n'a lu que partiellement (aucune connaissance des écrits économiques sur l'information) avec un a priori négatif qui transparaît terriblement. Même si les critiques de de Benoist à l'encontre des « droits de l'Homme » comme religion autoritaire est croustillante à bien des égards.

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Petite compile de l'argumentaire de de Benoist. J'essayerai d'y apporter une réponse plus tard:

« Contrairement à ce que prétend Hayek, écrit à ce propos Gérard Roland, le succès d'une action ne dépend pas nécessairement de la connaissance complète des faits pertinents. Il est d'ailleurs permis de croire qu'aucune action scientifique, technique, économique, politique, sociale ou autre, entreprise à ce jour dans l'histoire de l'humanité n'était basée sur une telle connaissance complète. C'est peut-être pourquoi aucune action n'est totalement exempte d'erreur par rapport à son intention initiale, mais cette absence relative de connaissance n'a jamais constitué un obstacle absolu au succès d'une action humaine individuelle ou collective (…) Le processus de la connaissance n'est jamais et n'a jamais été totalement préalable à l'action. Prétendre que l'homme ne peutpas et surtout ne doit pas corriger une situation dont personne n'es toriginellement le responsable, est à cet égard un pur paralogisme. Il est en effet irresponsable de ne pas agir sur des effets, même si personne n'est responsabled e leur cause. La question n'est donc pas de savoir si une situation peut à bondroit être déclarée « juste » ou « injuste » selon des critères abstraits, mais bien de savoir s'il est « juste » d'accepter ce qui n'est pas acceptable pour des raisons éthiques, politiques ou autres. Imaginerait-on qu'on ne cherche pas à améliorer la sécurité des navires et des avions sous le prétexte que « personne n'est responsable » de la nature de l'élément liquide ou de l'espace aérien ?

Si en effet, comme le dit Hayek, nous ne pouvons jamais anticiper les résultats réels de nos actes, en sorte que l'attitude la plus logique est de ne rien faire pour tenter de changer la société dans laquelle nous vivons, on ne voit pas pourquoi il faudrait chercher à faire triompher l'ordre libéral, qui s'imposera beaucoup plus sûrement de lui-même en vertu de son excellence intrinsèque et de l'avantage qu'il confère aux sociétés dans lesquelles il règne.

L'homme ne doit plus alors chercher par lui-même les valeurs susceptibles de s'incarner dans la société, mais seulement reconnaître dans la société telle qu'elle est le système de valeurs qui lui permet d'en être membre. Il doit s'affairer à ses fins personnelles et privées sans jamais remettre en cause l'ordre social ni se préoccuper de l'évolution de l'histoire humaine, qui ne peut s'accomplir de façon optimale qu'en dehors de lui.

L'« ordre tribal » n'est en effet rien d'autre que la société traditionnelle par opposition à la société moderne, ou encore la communauté par opposition à la société. Et ce sont précisément tous les traits caractéristiques des sociétés traditionnelles et communautaires, organiques et holistes, que l'on trouve condamnés chez

Hayek, comme autant de traits antagonistes de la « grande société ». La tradition dont Hayek se fait le défenseur, est au contraire une « tradition » qui ne connaît ni finalité collective ni bien commun, ni valeur sociale, ni imaginaire symbolique partagé. En bref, c'est une « tradition » qui n'est valorisée que pour autant qu'elle naît de la désagrégation des sociétes « archaïques » et qu'elle la parachève. Paradoxe d'une pensée antitraditionnelle qui s'avance sous le masque de la « défense des traditions » !

En même temps, Hayek reprend à son compte le postulat libéral selon lequel il existe des lois objectives telles quela libre interaction des stratégies individuelles aboutit, non seulement à un ordre, mais au meilleur qui puisse être. Ce faisant, il n'échappe pas à l'aporie classique sur laquelle vient buter la pensée libérale lorsqu'elle cherche à expliquer comment un ordre social viable peut se constituer sur la seule base de la souveraineté individuelle. La difficulté est d'avoir « à présupposer la présence du tout dans chaque partie. En effet, si le social n'était pas déjà, d'une quelconque manière, contenu dans les parties, on voit mal comment celles-ci pourraient s'accorder » (37). Le postulat qui s'impose est alors celui d'une continuité des parties vers tout. Or, ce postulat n'est pas tenable, ne serait-ce que pour les raisons énoncées par Bertrand Russell dans sa théorie des types logiques (« la classe ne peut être membre d'elle-même, pas plus qu'un de ses membres ne peut être la classe »). Autrement dit, il y a nécessairement discontinuité entre le tout et ses parties, et cette discontinuité fait échec à la prétention libérale.

On pourrait au contraire aisément montrer que c'est bien plutôt la « grande société » qui fait la part belle aux projets novateurs et aux desseins délibérés. En d'autres termes, ce sont plutôt les sociétés traditionnelles et « tribales » qui relèvent de l'ordre spontané, et les sociétés modernes de l'ordre institué Alain Caillé observe d'ailleurs très justement que faire dépendre la justice de la conformité à l'ordre traditionnel de la pratique « aboutit paradoxalement à montrer que la seule société juste qui soit concevable est la société close, et non pas la Grande Société libérale » (38). La société dont, par définition, la thémis s'éloigne le moins du nomos est en effet bien la société traditionnelle, fermée sur elle-même (mais ouverte sur le cosmos) : d'un strict point de vue hayékien, elle est d'autant plus « juste » (ou plutôt, d'autant moins « injuste ») qu'elle tend à se perpétuer à l'identique en se fondant sur l'usage.

La représentation du procès de formation de l'ordre social comme résultant de la pure pratique « inconsciente », indépendamment de toute finalité ou visée collective, n'est donc qu'une vue de l'esprit. Aucune société n'a jamais été cela. L'auto-organisation des sociétés est à la fois plus complexe et moins spontanée que ne le prétend Hayek. Si les règles et les traditions influencent effectivement la vie des hommes, on ne saurait oublier, sauf à tomber dans une vision purement linéaire et mécanique, que les hommes, en retour, agissent aussi sur les règles et les traditions. Hayek, en fin de compte, ne voit pas que les sociétés ne s'instituent jamais dans la seule réalité de la pratique spontanée et sur la seule base des intérêts individuels, mais d'abord dans l'ordre symbolique, sur la base de valeurs dont la représentation implique toujours un écart par rapport à cette pratique.

Hayek n'explique à aucun moment pourquoi l'ordre libéral et le marché n'ont pas été

« sélectionnés » comme les formes les plus adéquates de la vie en société ailleurs que dans l'aire de civilisation occidentale. Il n'explique pas non plus pourquoi, dans d'autres parties du monde, l'ordre social a « spontanément » évolué dans d'autres directions… ou n'a pas évolué du tout (44). De façon plus générale, Hayek semble ne pas voir que toutes les formes d'ordre « spontané », y compris en Occident, ne sont pas forcément compatibles avec les principes libéraux. Un système social peut évoluer « spontanément » aussi bien vers un ordre traditionaliste ou « réactionnaire » que vers un ordre libéral. C'est d'ailleurs en arguant, elle aussi, de la « naturalité » des traditions que l'école contrerévolutionnaire illustrée notamment par Bonald et Joseph de Maistre développe sa critique du libéralisme et plaide pour la théocratie et la monarchie absolue !

Hayek, lui, raisonne comme si l'opinion était spontanément libérale, ce que dément l'expérience historique, et comme si elle se formait de façon autonome, quand l'une des caractéristiques de la société moderne est justement son hétéronomie. Il est vrai qu'il ne peut guère faire autrement : si l'avènement de l'ordre libéral ne s'explique pas par la seule « sélection naturelle », tout son système s’effondre immédiatement.

La question qui se pose consiste en effet à savoir si l'ordre libéral est le meilleur en vertu de ses qualités intrinsèques ou s'il est le meilleur parce qu'il a été « consacré » par l'évolution. Or, ce sont là des choses totalement différentes. Si l'on répond que l'ordre libéral est le meilleur parce qu'il a été « sélectionné naturellement » aucours de l'histoire, alors il faut expliquer pourquoi il n'a pas été sélectionné partout et pourquoi, ailleurs, ce sont parfois des ordres opposés qui l'ont été. Si en revanche on répond qu'il est le meilleur du fait de ses vertus propres (position de l'école libérale classique), alors le marché n'est plus une norme, mais un pur modèle, c'est-à-dire un système parmi d'autres, et il n'est plus possible d'en démontrer l'excellence en s'appuyant sur un fait extérieur à ces vertus, en l'occurrence sur l'évolution.

Hayek ne peut en fait sortir de ce dilemme qu'en retombant dans l'utilitarisme dont il prétendait pourtant s'affranchir, c'est-à-dire en affirmant que le marché constitue, non plus un moyen de coordonner sans planification toutes les activités humaines, mais simplement le modèle générique d'organisation le plus favorable au développement humain. Il ne se prive d'ailleurs pas d'avoir recours à cette démarche, par exemple quand il explique que la « grande société » s'est imposée « parce que les institutions les plus efficaces ont prévalu dans un processus concurrentiel ». Mais l'inconvénient double. D'une part, cela revient à fonder la démonstration sur un jugement totalement arbitraire, à savoir que toutes les aspirations humaines doivent être ordonnées à un principe d'efficacité permettant de mieux s'enrichir matériellement, ce qui n'est qu'une autre manière de dire qu'il n'y a pas de valeur plus haute que cet enrichissement (alors que Hayek affirme par ailleurs que l'économie n'a pas pour but principal de créer des richesses). Mais alors, d'autre part, on ne voit plus très bien quel est l'avantage du marché défini comme outil épistémologique permettant d'aboutir à un ordre global. Si la supériorité du marché réside en effet seulement dans sa capacité à produire des richesses, et si la première des priorités est de chercher à s'enrichir, il n'y a plus aucune raison pour que les déshérités se satisfassent de leur sort et trouvent « normale » l'inégale répartition des avoirs. C'est donc à juste titre qu'Alain Caillé pose la question : « Faire de l'efficacité du marché, indissociablement, le critère et le but de la justice, ne revient-il pas à introduire dans la définition de celle-ci les considérations dont on prétendait se passer ? » (45). En retombant dans une appréciation utilitaire du marché, Hayek rend lui-même caduc tout ce qu'il affirme par ailleurs sur la « non-injustice » de la « grande société ».

Lorsque Hayek propose aux perdants dans le « jeu » de la catallaxie d'accepter leur sort comme la chose la moins « injuste » qui soit, ne leur impose-t-il pas enquelque sorte de se sacrifier pour le bon fonctionnement de l'ordre général du marché ? Il y a là une équivoque, qui renvoie à l'« individualisme non pur » dont on a déjà parlé. Retenons simplement que c'est avant tout l'individualisme que

Hayek oppose à l'utilitarisme, mais aussi qu'il retombe lui-même, à son corps défendant, dans ce même utilitarisme chaque fois qu'il vante l'efficacité de la « main invisible », qu'il légitime le marché par ses vertus intrinsèques ou qu'il

identifie sans plus la valeur au succès (48) .

Cette affirmation se heurte à une objection évidente : comment dire que le marché maximise les chances des individus de réaliser leurs fins si l'on pose en principe que ces fins son inconnaissables ? Du reste, comme l'écrit Alain Caillé, « si tel était le cas (…) il serait facile de soutenir que l'économie de marché a davantage multiplié les fins des individus que leurs moyens de les réaliser ; qu'elle a donc, selon le mécanisme psychologique analysé par Tocqueville, accru l'insatisfaction. Ce qui est une manière de rappeler que les finalités des individus ne tombent pas du ciel, mais procèdent du système social et culturel au sein duquel ils sont placés.

On ne voit donc pas ce qui interdirait de penser que les membres de la société sauvage, par exemple, ont infiniment plus de chances de réaliser leurs fins individuelles que ceux de la Grande Société.

Affirmer que la justice sociale ne veut rien dire revient en effet à transformer ceux qui subissent l'injustice en boucs émissaires d'une théorie de sa légitimation. Le sophisme consiste alors à dire que l'ordre social n'est ni juste ni injuste, tout en concluant qu'il faut l'accepter tel qu'il est, c'est-à-dire… comme s'il était juste.

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Petite compile de l'argumentaire de de Benoist. J'essayerai d'y apporter une réponse plus tard :
Si en effet, comme le dit Hayek, nous ne pouvons jamais anticiper les résultats réels de nos actes, en sorte que l'attitude la plus logique est de ne rien faire pour tenter de changer la société dans laquelle nous vivons, on ne voit pas pourquoi il faudrait chercher à faire triompher l'ordre libéral, qui s'imposera beaucoup plus sûrement de lui-même en vertu de son excellence intrinsèque et de l'avantage qu'il confère aux sociétés dans lesquelles il règne.

Contrairement à la compréhension trop simpliste de maints commentateurs, Hayek ne pense pas que l'ordre libéral s'imposera nécessairement quoi que les sociétés fassent. On trouve pas mal de littérature secondaire qui avance cet argument : "Si le National-Socialisme ou l'Union Soviétique avait survécu à l'Histoire, alors si on en croit Hayek ça montrerait qu'ils sont supérieurs à l'ordre libéral".

Je pense que ceux qui avancent cet argument ont mal compris Hayek, puisque lorsqu'il parle des vertus de l'évolution culturelle, Hayek ne parle pas de l'Histoire, il ne parle pas de la concurrence – pouvant être guerrière – entre différents systèmes. Le terme d'évolution culturelle n'a pas ce sens-là. L'évolution culturelle, c'est lorsque les membres d'un groupe substituent progressivement des règles sociales abstraites à des règles concrètes. Cette phrase veut dire que la culture – occidentale en l’occurrence – s’est développée en laissant les individus de plus en plus libres, de moins en moins liés à des obligations collectives concrètes. C'était une évolution culturelle.

Dans l'Ordre Sensoriel, Hayek montre comment l'homme s'est de mieux en mieux adapté à son environnement en mettant en place dans son cerveau des règles de perception abstraites. Il en va de même pour les sociétés. Si l'Union Soviétique ou le National-Socialisme avait gagné la guerre, ça n'aurait pas été une évolution culturelle au sens de Hayek mais une régression, un blocage de l'évolution culturelle. Ces régimes sont primitifs. Les règles sont moins abstraites, empêchent l'essai d'autres systèmes possibles.

Hayek défend en fait deux modèles. Sur le terrain économique, le marché, mais qui n’est qu’un cas "particulier", une transposition économique d'un principe plus général. Sur le terrain culturel, le "fédéralisme culturel" pourrait-on dire, qui veut dire laisser le plus libre possibles les expérimentations institutionnelles, sociales, donc ne pas bloquer cette évolution.

En résumé, ce que Hayek refuse, c'est le monopole.

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Ton hypomnésie te joue des tours, c'était sur l'autre forum. :icon_up:

Il faut vraiment que tu retrouves ton petit calpin.

Non non c'était bien ici, il y a longtemps. :mrgreen:

Il faut vraiment que tu retrouves ton petit calpin.

Ah oui j'avais oublié vu que j'ai aussi perdu mon agenda.

Au passage qqn aurait vu un Kissinger, un chèque, 70 euros et une écharpe écossaise ?

édit : Je taquine.

non non tu te trompes et tu te rattrapes aux branches :doigt:

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Au passage qqn aurait vu un Kissinger, un chèque, 70 euros et une écharpe écossaise ?

Pour le Kissinger, il faut orienter le soupçon vers les néo-cons. Suis mon regard. :icon_up:

Quant aux 70 E tu as oublié les avoir dépensés en boisson, comme d'hab, et tu auras perdu ton écharpe aux urgences après un accident de vélib.

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