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J viens de réaliser que je ne poste casiment pas ici

.

Voilà donc mes lectures du moment

LU

La morale face à l'économie

Ce sont les articles du web de lemennicier mais c'est plus agréable à lire en bouquin.

plutôt pas mal pour qui veut aborder les sujets senssibles, morale, avortement, discrimination, privatisation des rues…

facile à lire

En cours

La psychologie des foules

Gustave le Bon

Puf/quadrige 9€

à lire absolument ce bouquin est génial, le genre de bouquin qui ouvre toute une perspective de réflexions.

facile à lire

Le prochain

Freakonomics

Denoel 19€

Steven D.Levitt / Stephen J.Dubner

semble trés dépaysant.

Bon ben je suis pas prés de devenir critique litéraire moi ! :icon_up:

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Gustave Le Bon est énorme. Je suis en train de lire sa Psychologie des foules. En dehors de cela, je viens de terminer Qu'est-ce que l'Occident de Ph. Nemo et je viens d'attaquer Des choses cachées depuis la fondation du monde de Girard.

J'ai pas mal de trucs sur ma whishlist : un paquet assez conséquent de livres d'histoire, Freakonomics également, le Choc des civilisations et quelques trucs en plus.

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Gustave Le Bon est énorme.

C'est curieux d'entendre parler de Lebon sur ce forum. N'est-il pas un des pères fondateurs du racisme scientifique?

Et sa Psychologie des Foules n'est-elle pas construite sur les notions d'imitation et de facination?

Je puis me tromper, n'en n'ayant lu que des extraits, mais il me semble que c'est quasiment une méthode de manipulation des masses pour dictateurs. Ce n'est pas pour rien que Mussolini l'a reconnu comme une de ses sources d'inspiration principales.

Le bonhomme a aussi versé dans la physiognomonie et la phrénologie (mesure et comparaison des crânes), en vue de démontrer la supériorité de l'intelligence des hommes sur les femmes.

Un personnage pas très sympathique a priori.

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C'est curieux d'entendre parler de Lebon sur ce forum. N'est-il pas un des pères fondateurs du racisme scientifique?

Ses thèses en matière de race ne sont pas très heureuses, en effet. Mais son travail sur le comportement des foules (et c'est le seul qui m'intéresse), bien que criticable - la science a tout de même évolué depuis - n'est à mon sens pas à jeter à la poubelle (puis j'aime bien, honnêtement, le côté réac anti-démocrate, d'autant plus que l'homme, en dehors de son pré-fascisme, a dit des choses très justes à mon sens).

Et sa psychologie des foules n'est-elle pas construite sur les notions d'imitation et de facination?

Si, quel est le problème ?

Je puis me tromper, n'en n'ayant lu que des extraits, mais il me semble que c'est quasiment une méthode de manipulation des masses pour dictateurs. Ce n'est pas pour rien que Mussolini l'a reconnu comme une de ses sources d'inspiration principales.

Je ne sais pas si (je ne crois pas que) c'était son objectif. Mais le fait que son livre ait été le livre de chevet d'Hitler prouve que ses recherches sur le comportement des foules ne devaient pas être entièrement fausses.

Le bonhomme a aussi versé dans la physiognomonie et la phrénologie (mesure et comparaison des crânes), en vue de démontrer la supériorité de l'intelligence des hommes sur les femmes.

Un personnage pas très sympathique a priori.

Ce côté du bonhomme est certes beaucoup moins intéressant.
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Et sa Psychologie des Foules n'est-elle pas construite sur les notions d'imitation et de facination?

Je puis me tromper, n'en n'ayant lu que des extraits, mais il me semble que c'est quasiment une méthode de manipulation des masses pour dictateurs. Ce n'est pas pour rien que Mussolini l'a reconnu comme une de ses sources d'inspiration principales.

ça dépend du coté de "la force" vers le quel vous penchez je dirais.

Vous pouvez aussi le voir comme un moyen de contrer un dictateur.

De sauver la vie d'une personne préte à être linchée.

D'éviter un massacre. ou de vous défendre.

La connaissance n'est ni bonne ni mauvaise en soit ça dépend de ce que vous en faites.

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La connaissance n'est ni bonne ni mauvaise en soit ça dépend de ce que vous en faites.

Pas d'accord. Toute connaissance est orientée et conditionnée par des valeurs, au moins dans le domaine des sciences humaines.

La neutralité idéologique des théories et des observations est une illusion, que ce soit en sociologie ou en psychologie.

Par exemple, une théorie construite sur la catégorie de race, conduit nécessairement à se mouvoir au sein d'une pensée raciste. La notion de foule utilisée par Lebon est déjà une construction idéologique, puisqu'elle présente des caractères spécifiques propres à un peuple et à son histoire, tributaire d'un ensemble de représentations raciales. Si vous gommez cet aspect, son explication des foules perd sa cohérence.

D'ailleurs Hitler et Mussolini n'ont pu utiliser cette psychologie des foules que dans un contexte où les sentiments nationalistes et xénophobes avaient auparavant été exacerbés par la propagande.

Autre exemple : la théorie de Durkheim selon laquelle les faits sociaux sont des choses oblige à raisonner à l'intérieur d'une pensée socialiste. Cette orientation de départ influence ensuite les observations et la classification des faits.

C'est pourquoi le socialisme domine dans la sociologie française, laquelle est fondée majoritairement sur les catégories construites par Durkheim.

Un peu d'épistémologie et d'histoire des sciences permet d'acquérir le recul nécessaire pour éviter une réception naïve de connaissances qui se présentent souvent avec les apparences de l'objectivité.

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Oui toute théorie a son paradigme. Lequel est le meilleur ? Je suis libéral parce que le libéralisme offre l'explication la plus riche, la plus cohérentes et la plus économique (rasoir d'Occam).

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Toute connaissance est orientée et conditionnée par des valeurs, au moins dans le domaine des science humaines.

La neutralité idéologique des théories et des observations est une illusion, que ce soit en sociologie ou en psychologie.

Vous remarquerez que la connaissance et la rationalité sont elles-mêmes des valeurs (pas besoin d'être objectiviste pour le reconnaître). La question est à partir de quand un intellectuel accorde-t-il plus de valeur à la morale qu'à la connaissance "pure" ? Je pense qu'il y a aussi des critères purement logiques pour faire le départ entre les théories : il existe par exemple des arguments purement formels contre le holisme en sociologie qui ne passent pas en général le stade de la mémoire à long terme chez les apprentis marxistes. Le problème reste donc selon moi que l'on implique beaucoup trop de manière générale ses valeurs morales par rapport aux valeurs de rationalité : la raison devient l'instrument de nos sentiments moraux, ou plutôt leur cache-misère (je trouve cela particulièrement visible chez quelqu'un comme Bourdieu). En bref, pour moi, la connaissance est conditionnée par les valeurs, mais étant elle-même une valeur, le problème est plus un problème d'arbitrage.

Pour ce qui est des présupposés des théories, j'aime beaucoup la théorie de Quine. D'après lui, nos théories engagent nos croyances sur le monde, et même engagent notre monde lui-même, puisque ce sont elles qui "peuplent" notre monde. Un marxiste "voit" dans le monde des phénomènes de domination, il y a de la "Domination" dans son ontologie, un freudien voit des manidestations de Ca ou que sais-je encore. Bien entendu, sa théorie s'applique d'abord aux théories physiques (on n'observe pas certaines particules mais elles "existent" car elles sont nécessaires à notre schème conceptuel).

Je crois que cela va plus loin que la théorie de Kuhn qu'évoque Appollon, pour lequel il n'y a de monde que dans nos théories, dans les sens où nos théories nous engagent sur ce qui existe. C'est égal d'un point de vue descriptif mais supérieur d'un point de vue normatif : quand vous contruisez une théorie, demandez-vous si vous êtes prêts à admettre ses implications ontologiques, sachant qu'il est très difficile de faire marche arrière, de bouleverser fortement notre schème conceptuel.

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Je ne connais pas grand chose de ces théories, rien du tout même et ne peux entrer dans ce débat.

Une remarque tout de même et qui a trait à la morale. Sa propre morale ou la "morale" imposée. Il me semble que dans ces raisonnements concernant les "manipulations" dans les comportements humains, après études et observations, certains arrivent à en déduire des échelles de valeurs, qui sont et au "quart de tour", attaquées par les tenants "d'un" politiquement correct, forcément réducteur car les domaines du possible doivent être le plus large possible.

Pour ma part je suis en train de lire 2226170839.08.LZZZZZZZ.jpg.

Rien de bien étonnant, puisque nous sommes tous au courant, mais je pose la question de savoir si avec toutes les théories que vous lisez, vous êtes capables de "remonter" la pente.

Ce serait faire une "bonne œuvre" pour la France que d'aider à se sortir de cette "main mise". Car cette pensée est manifestement rétrograde. Beaucoup de pays lui ont déjà tourné le dos et en France on s'aperçoit tous les jours de l'état déplorable dans lequel celà met le pays. Même si les tenants de ce "politiquement correct" assènent que c'est la faute du libéralisme et que leur œuvre de "nettoyage" n'est pas encore terminée. :icon_up:

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Pas d'accord. Toute connaissance est orientée et conditionnée par des valeurs, au moins dans le domaine des science humaines.

La neutralité idéologique des théories et des observations est une illusion, que ce soit en sociologie ou en psychologie.

Que les réponses que nous donnons puissent être orientées par nos valeurs, c'est certain mais l'acte de recherche vise précisément à supprimer ces erreurs et autres superstitions.

la bonne science est par nature ouverte et le bon à visiblement accrus le champ de recherche dans sa discipline.

Par exemple, une théorie construite sur la catégorie de race, conduit nécessairement à se mouvoir au sein d'une pensée raciste. La notion de foule utilisée par Lebon est déjà une construction idéologique, puisqu'elle présente des caractères spécifiques propres à un peuple et à son histoire, tributaire d'un ensemble de représentations raciales.

Voilà qui me fait penser à un point que souligne le bon, les mots sont des boites dont le contenu varie d'une population et d'une époque à l'autre.

La façon contemporaine dont vous utilisez le mot race en est un très bon exemple. Il est claire que le bon ne l'utilise pas comme cela. Chez lui et probablement à son époque cela devait recouvrir plus de notions de type culture ou ethnie, à vous lire il passerait pour un Nat Soc.

Si vous gommez cet aspect, son explication des foules perd sa cohérence.

Pourquoi la gommer elle me parait très pertinente. Je me demande comment vous pouvez réfléchir en gommant toute notion, assemblage ou regroupement d'idées.

Autre exemple : la théorie de Durkheim selon laquelle les faits sociaux sont des choses oblige à raisonner à l'intérieur d'une pensée socialiste. Cette orientation de départ influence ensuite les observations et la classification des faits.

C'est pourquoi le socialisme domine dans la sociologie française, laquelle est fondée majoritairement sur les catégories construites par Durkheim.

Un peu d'épistémologie et d'histoire des sciences permet d'acquérir le recul nécessaire pour éviter une réception naïve de connaissances qui se présentent souvent avec les apparences de l'objectivité.

Je n'ai pas lu Durkheim. Mais lisez le bon c'est très bien.

(C'EST TOUJOUR MIEUX DE PARLER DE CE QU'ON A LU).

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La façon contemporaine dont vous utilisez le mot race en est un très bon exemple. Il est claire que le bon ne l'utilise pas comme cela. Chez lui et probablement à son époque cela devait recouvrir plus de notions de type culture ou ethnie, à vous lire il passerait pour un Nat Soc.

Effectivement le mot race était utilisé à cette époque dans le sens de peuple partageant une culture commune (on disait la race française, la race allemande). C'est dans ce sens, par exemple, que Jules Ferry parle du devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures.

L'esprit du temps était au racialisme. Le juger avec nos catégories contemporaines n'a guère de signification.

Au passage Le Bon écrit :

J'ai essayé d'aborder le difficile problème des foules avec des procédés exclusivement scientifiques, c'est-à-dire en tâchant d'avoir une méthode et en laissant de côté les opinions, les théories et les doctrines. C'est là, je crois, le seul moyen d'arriver à découvrir quelques parcelles de vérité, surtout quand il s'agit, comme ici, d'une question passionnant vivement les esprits. Le savant, qui cherche à constater un phé-nomène, n'a pas à s'occuper des intérêts que ses constatations peuvent heurter. Dans une publication récente, un éminent penseur, M. Goblet d'Alviela, faisait observer que, n'appartenant à aucune des écoles contemporaines, je me trouvais parfois en opposition avec certaines conclusions de toutes ces écoles. Ce nouveau travail méritera, je l'espère, la même observation. Appartenir à une école, c'est en épouser nécessairement les préjugés et les partis pris.
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Rien de bien étonnant, puisque nous sommes tous au courant, mais je pose la question de savoir si avec toutes les théories que vous lisez, vous êtes capables de "remonter" la pente.

L'avis de Le bon sur la question est trés clair, un intello qui n'a que des qualités d'intello ne marquera jamais l'histoire en bien ou en mal.

:doigt::icon_up::warez::warez:

Pour moi la force du socialisme tient à la force de ses mythes fondateurs (dont une grosse partie sont totalement bidons).

La droite n'a plus de myth fondateurs depuis au moins l'entre 2 guerres.

La gauche l'a mille fois surpassée en propagande.

le seul reméde au collectivisme consiste pour moi à taper trés dur sur ces mythes.

2 exemples

le libéral qui à rendu le droit de grêve aux ouvriers.

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Ol…%281825-1913%29

le liberal/chrétien démocrate (on dirait UDF aujourd'hui) qui à rendu le droit d'association pour les syndicats.

http://www.senat.fr/evenement/archives/D19/wrousseau.html

Je précise que je ne suis plus vraiment de droite depuis quelques années maintenant.

Modifié par bastiat
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le liberal/chrétien démocrate (on dirait UDF aujourd'hui) qui à rendu le droit d'association pour les syndicats.

http://www.senat.fr/evenement/archives/D19/wrousseau.html

Waldeck-Rousseau ne peut pas vraiment être qualifié de démocrate-chrétien (terme de toute façon anachronique) plutôt de républicain libéral. Il est à l'origine de la loi sur les associations peu favorable aux congrégations et un des inspirateurs de la séparation de l'Église et de l'État.

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Waldeck-Rousseau ne peut pas vraiment être qualifié de démocrate-chrétien (terme de toute façon anachronique) plutôt de républicain libéral. Il est à l'origine de la loi sur les associations peu favorable aux congrégations et un des inspirateurs de la séparation de l'Église et de l'État.

Je dois dire que je découvre le personnage depuis disons 2 semaines.

j'ai récupéré son livre "l'état et la liberté" sur le site de la BNF.

Déjà Bastiat très croyant souhaitait cette séparation, c'est à mon avis nécessairement le point de vue d'un libéral croyant ou non.

Je ne me hasarderai pas plus à parler du personnage, mais cette approche me semble bonne.

Il s'emble s'être vivement opposé aux méthodes de Combes et que son optique était plutôt réformiste.

Par contre il est évident que l'article 11 de la loi 1901 est une grave atteint au droit de propriété et à permis à Combes déposséder les congrégations en les dissolvant.

C'est également le cas pour les syndicats article 6 de la loi de 84 de même inspiration.

L'état devient seul juge de ce que les autres ont le droit de posséder pour poursuivre leurs objectifs.

De plus le délai très court de 3 mois empêchait toute possibilité de réorganisation des congrégations sous une forme légale.

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Je dois dire que je découvre le personnage depuis disons 2 semaines.

j'ai récupéré son livre "l'état et la liberté" sur le site de la BNF.

Cela m'a du moins donné l'idée de développer la notice du Wikipédia qui était quasi inexistante sur lui (ce qui est assez incroyable). Après tout, il a été sénateur de mon cher département.

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Cela m'a du moins donné l'idée de développer la notice du Wikipédia qui était quasi inexistante sur lui (ce qui est assez incroyable). Après tout, il a été sénateur de mon cher département.

Et le comble c'est que l'article sur le wiki anglais est lui bien fournit. :icon_up:

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Déjà Bastiat très croyant souhaitait cette séparation, c'est à mon avis nécessairement le point de vue d'un libéral croyant ou non.

Je ne me hasarderai pas plus à parler du personnage, mais cette approche me semble bonne.

Il s'emble s'être vivement opposé aux méthodes de Combes et que son optique était plutôt réformiste.

Le "réformisme" de Waldeck-Rousseau a permis à Combes de mettre en pratique son fanatisme antichrétien. Se sachant atteint d'un cancer, c'est d'ailleurs W-R qui a conseillé au président Loubet de nommer Combes président du Conseil. Il est vrai qu'il s'est ensuite opposé à ce dernier, mais le mal était fait.

Mais, surtout, c'est dès le début de la IIIe République qu'il y eut une politique très nettement antireligieuse, sous l'influence de Gambetta (cette espèce de voyou débraillé et gueulard qui avait lancé en 1877 : "Le cléricalisme, voilà l'ennemi !") qui voulait "épurer" la RRRRRépublique (preuve que, là aussi, il n'était pas besoin de siéger au gouvernement pour imposer sa volonté, puisqu'il ne fut président du Conseil que 10 semaines). De la loi sur l'enseignement de 1882 jusqu'à la fameuse loi de séparation de 1905 en passant par l'expulsion des congrégations ou le fichage des officiers catholiques, il y eut une véritable persécution orchestrée par les soi-disant "hommes de progrès et éclairés".

Je signale la réédition de ce bouquin de Jean Sevilia (bien plus intéressant que son Terrorisme intellectuel) :

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En bref, pour moi, la connaissance est conditionnée par les valeurs, mais étant elle-même une valeur, le problème est plus un problème d'arbitrage.

Cette position est développée par un logicien hongrois, Imre Lakatos, à travers la notion de "programme de recherche". Par une méthode d'analyse comparée des avantages et inconvénients de ces programmes, Lakatos s'oppose au réfutationisme évolutionniste de Popper, en critiquant la pertinence du critère de "l'expérience cruciale". Sa méthode vise aussi à sauver le progrès scientifique du relativisme introduit par les paradigmes (Kuhn et la sociologie des sciences) et de l'anarchisme épistémologique, selon lequel il n'existe pas de critère d'arbitrage autre que politique entre les théories (le plus fort et le plus influent gagne). Il y avait d'ailleurs sans doute un malentendu sur ce point, car l'anarchisme ne conduit pas à nier le progrès : en critiquant une science coercitive acoquinée avec l'Etat, il promeut une science modeste et alternative; une science ouverte, libre et tolérante, qui ne tente pas de dominer les autres formes de pensée en s'imposant par de fausses évidences. Mais c'est un autre débat que je souhaiterais ouvrir ailleurs sur ce forum, si possible.

Lakatos offre une vision complexe du fonctionnement des sciences, en montrant comment les programmes de recherche génèrent leurs propres stratégies de défense, qui peuvent faire l'objet d'un arbitrage au sens où vous l'entendez.

Pour ce qui est des présupposés des théories, j'aime beaucoup la théorie de Quine. D'après lui, nos théories engagent nos croyances sur le monde, et même engagent notre monde lui-même, puisque ce sont elles qui "peuplent" notre monde. Un marxiste "voit" dans le monde des phénomènes de domination, il y a de la "Domination" dans son ontologie, un freudien voit des manidestations de Ca ou que sais-je encore. Bien entendu, sa théorie s'applique d'abord aux théories physiques (on n'observe pas certaines particules mais elles "existent" car elles sont nécessaires à notre schème conceptuel).

Je crois que cela va plus loin que la théorie de Kuhn qu'évoque Appollon, pour lequel il n'y a de monde que dans nos théories, dans les sens où nos théories nous engagent sur ce qui existe.

Je vous rejoins sur ce point : la notion de valeur au sens où je l'ai employée, ne se réduit pas à la notion de paradigme, mais plutôt à un ensemble de croyances, de manières de voir et de sentir qui oriente l'observation. Cette orientation est à comprendre dans un sens individualiste plus que sociologique.

Effectivement le mot race était utilisé à cette époque dans le sens de peuple partageant une culture commune (on disait la race française, la race allemande). C'est dans ce sens, par exemple, que Jules Ferry parle du devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures.

L'esprit du temps était au racialisme. Le juger avec nos catégories contemporaines n'a guère de signification.

Dans le fil de la discussion, votre point de vue me fait penser que le relativisme est un écueil aussi dangereux que l'anachronisme (peut-être plus car il est dans l'air du temps et donc séduisant a prioiri). Naviguer entre les deux requiert un solide sens de l'équilibre.

Votre argument conciste à dire que lorsque j'utilise le mot racisme, son sens est incomparable avec le contexte de la fin du XIXè siècle. Cet argument dérive de l'idée de paradigme, dont la conséquence est que les concepts sont incommensurables d'une époque à une autre. Par exemple, quand Newton utilise le mot "gravité", c'est dans un sens autre que celui d'Einstein. Il y aurait entre les deux une rupture linguistique, sociologique et technologique. On ne devrait donc pas dire que la théorie de la relativité est supérieure à celle de la gravitation, mais les comprendre sur des plans différents. Au bout de cette attitude, il y a le danger de ne plus pouvoir rien comparer et d'être paralysé par le scepticisme.

Ce relativisme ne me paraît pas satisfaisant au niveau intellectuel et pratique. Je crois au contraire qu'on peut "discuter" avec les auteurs anciens et que leur préoccupations n'étaient pas si éloignées des nôtres.

Le programme de colonisation tel qu'il a été entrepris par la IIIè République, particulièrement par les socialistes et radicaux sous l'impulsion de Ferry, reposait bien sur une idée de distinction des races dont la conséquence était une discrimination entre les hommes. Même si cette distinction était justifiée par un projet civilisateur, qui pouvait en effet se donner l'apparence d'une forme de générosité.

Vous devez savoir que le statut des citoyens colonisés de l'Empire était d'aileurs un statut spécifique : celui d'indigène, qui ne donnait pas accès aux mêmes droits que le citoyen blanc.

Le fait qu'à l'époque les expositions coloniales (où l'on exposait les indigènes en cage comme des animaux) remportaient un succès extrêmement populaire, ne signifie pas que le concept de race était incomparable, mais simplement que le racisme était un sentiment beaucoup plus répandu dans les moeurs.

Si l'on y regarde de près, il existe un lien direct entre les théories raciales développées par certaines sciences proches de la médecine à la fin du XIXè (anthropométrie, phrénologie, hygiénisme, eugénisme) et les idéologies développées par les régimes totalitaires dans les années 30. L'objectif du régime nazi était d'instaurer une division mondiale du travail selon les compétences des races, en fonction de critères scientifiques. On peut faire une lecture "technocratique" de ce pouvoir totalitaire, de même que pour le régime soviétique.

nb : pardon pour le rasoir d'Ockham, j'ai perdu ma pierre à aiguiser :icon_up:

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Cela m'a du moins donné l'idée de développer la notice du Wikipédia qui était quasi inexistante sur lui (ce qui est assez incroyable). Après tout, il a été sénateur de mon cher département.

Les bios de Rousseau, Proudhon et Mably sont aussi à améliorer si tu as le courage !

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Votre argument conciste à dire que lorsque j'utilise le mot racisme, son sens est incomparable avec le contexte de la fin du XIXè siècle.

Non pas incomparable, juste différent avec des nuances plus ou moins fortes, contextuelles.

Par exemple, quand Newton utilise le mot "gravité", c'est dans un sens autre que celui d'Einstein. Il y aurait entre les deux une rupture linguistique, sociologique et technologique. On ne devrait donc pas dire que la théorie de la relativité est supérieure à celle de la gravitation, mais les comprendre sur des plans différents. Au bout de cette attitude, il y a le danger de ne plus pouvoir rien comparer et d'être paralysé par le scepticisme.

Mais voyons Einstein n'est pas le seul à avoir utilisé le mot après Newton et lui aussi à bénéficié du travail de ses prédécesseurs. Seule une connaissance approfondie du sujet permet de saisir les nuances et les glissements de sens. À telle point que précisément ces changements ne sont pas intuitifs.

La république de Platon, ne s'appellerait pas république aujourd'hui mais dictature oligarchique.

Tient au fait dictature sous les Romains serait aujourd'hui quelque chose comme "loi sur l'état d'urgence".

Et d'ailleurs Loi chez les juifs suivant Abraham n'avait rien à voir avec notre droit positif d'aujourd'hui.

Et par ailleurs juif pour Hitler et "juif" pour un chrétien ou un juif ne recouvre pas du tout la même chose.

G le Bon donne l'exemple de la démocratie : le terme pour un américain désigne plutôt un moyen de se protéger contre l'état, et chez nous plutôt le moyen de savoir comment l'état va régler la vie de la communauté.

Il ne faut pas faire preuve de tant d'imprudence avec les mots des anciens ou des autres sous prétexte de la similitude orthographique alors même que la plupart de nos mots courants ont plusieurs sens.

Tient un bel exemple.

De la liberté des anciens comparée à celle des modernes. Benjamin Constant (1819)

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Lakatos offe une vision complexe du fonctionnement des sciences, en montrant comment les programmes de recherche génèrent leurs propre stratégies de défense…

Exact mais raison de plus pour adopter un relativisme de méthode.

Votre argument conciste à dire que lorsque j'utilise le mot racisme, son sens est incomparable avec le contexte de la fin du XIXè siècle. Cet argument dérive de l'idée de paradigme, dont la conséquence est que les concepts sont incommensurables d'une époque à une autre. Par exemple, quand Newton utilise le mot "gravité", c'est dans un sens autre que celui d'Einstein. Il y aurait entre les deux une rupture linguistique, sociologique et technologique. On ne devrait donc pas dire que la théorie de la relativité est supérieure à celle de la gravitation, mais les comprendre sur des plans différents. Au bout de cette attitude, il y a le danger de ne plus pouvoir rien comparer et d'être paralysé par le scepticisme.

Il faut distinguer ce qui est vrai de ce qui marche. Les véritables lois de la physique sont inaccessibles, nous pouvons seulement émettre des conjectures d'après l'expérimentation. Au bout du compte, les lois que nous attribuons à la nature se perfectionnent ce qui ne veut pas dire qu'elles soient vraies mais juste qu'elles marchent. Le système de Newton est un paradigme, si vous n'en sortez pas tout fonctionne : vous calculerez avec justesse le temps que met une pomme à tomber. Pareil pour le système d'Einstein mais le système d'Einstein est supérieur car il a une assiette plus large et une même cohérence.

NB : on dit Occam ou Ockham :icon_up::P

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Je précise à toutes fins utiles (bien que Bastiat ait répondu pertinemment sur le sujet) que je ne suis pas un relativiste mais que j'ai le souci de la nuance, donc de préciser le sens des mots utilisés.

Quand Jules Ferry dit race, il ne l'emploie pas comme Hitler.

Loin de moi de justifier le colonialisme mais quand on lit Jules Verne, on comprend mieux le point de vue de l'époque : dans un Capitaine de Quinze ans, par exemple, il oppose des noirs d'Amérique aux noirs d'Afrique. Il considère les uns supérieurs aux autres car plus civilisés. Point de vue étranger à Hitler.

C'est la source de contresens perpétuels fait par des non-historiens (mais aussi parfois par certains historiens) quand il s'agit du passé.

Ceci dit des radicaux, comme Clémenceau, critiquaient fortement la notion de races supérieures ou inférieures. Et la colonisation a toujours été combattue en France par diverses personnalités et courants de pensée.

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Ceci dit des radicaux, comme Clémenceau, critiquaient fortement la notion de races supérieures ou inférieures. Et la colonisation a toujours été combattue en France par diverses personnalités et courants de pensée.

Tout à fait. Clemenceau s'est d'ailleurs opposé à la politique coloniale de Ferry pour cette raison, me semble-t-il.

PS: je croyais que "Clemenceau" ne prenait pas d'accent. :icon_up:

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Je connais naturellement la distinction de la liberté des anciens et des modernes, comme tous les étudiants de sciences politiques.

Comme je disais, naviguer entre anachronisme et relativisme requiert un solide sens de l'équilibre. Les nuances que vous introduisez sont très utiles.

Pour aller plus loin il faudrait analyser si la colonisation reposait sur une notion de race au sens culturel, comme vous l'entendez, ou bien au sens d'un savoir issu des sciences médicales, biologiques et humaines comme je l'ai argumenté.

Merci de vos précisions. Très instructif. Je reste ouvert sur ces questions.

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Pour aller plus loin il faudrait analyser si la colonisation reposait sur une notion de race au sens culturel, comme vous l'entendez, ou bien au sens d'un savoir issu des sciences médicales, biologiques et humaines comme je l'ai argumenté.

Je répondrais les deux ! Aussi importe-t-il de distinguer ce qui relève d'un sens ou d'un autre.

En fait la colonisation ne reposait sur aucune notion raciale mais avait besoin de justifications culturelles ou scientifiques.

La colonisation reposait avant tout sur la volonté de puissance appuyée sur une technologie supérieure.

Mais la force brutale a besoin d'alibis surtout quand cette force brutale est exercée par des "civilisés" à l'encontre de "sauvages". Jules Verne parle d'ailleurs dans le roman cité précédemment de "guerres civilisatrices" indispensables en Afrique.

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